AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Liliane Schraûwen (40)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Librairie mon amour, H.S. 8

Une ode à l’amour... celui des livres. Une passion dévorante qui se traduit par ici des textes courts, tantôt émouvants, tantôt amusants, parfois incongrus ou complètement loufoques. Un bel hommage à ces milliers de pages que nous dévorons, nous lecteurs, libraires, auteurs ou amateurs de mots et qui nous transforment au quotidien.
Commenter  J’apprécie          2090
Librairie mon amour, H.S. 8

Chouette petit texte publié chez Lamiroy. Difficile decréer un climat en si peu de lignes mais exercice réussi par le gentil Thierry-Marie qui anime les soirées littéraires depuis des années à Espace Art gallery, reprenant le flambeau laissé depuis le décès de Robert Paul, père de ce projet. Comme toujours, Thierry-Marie déploie une écriture fine et fluide, pleine de sensibilité. Un petit livre qu'on lit en vingt minutes e forcément d'une traite. Idéal pour mettre dans sa poche (vu le format rikiki) et à lire dans le tram, le métro ou durant une heure de pause au bureau.
Commenter  J’apprécie          1960
La fenêtre

Encore un livre-cadeau reçu dans le cadre de la dernière Masse critique de mai 2017 par les éditions M.E.O., maison d'édition belge. Et le plaisir est encore plus grand quand il y a, jointe au livre une petite lettre me souhaitant une agréable lecture. Liliane Schreaûwen, La fenêtre.

Lecture difficile, il s'agit d'un roman bien sombre, l'histoire d'une femme dont l'auteur ne nous donne que l'initiale de son prénom L .

L est une petite fille ayant un père brutal et qui l'humilie, L. se réfugie dans ses rêves. Elle devient femme, rencontre son mari, a des enfants, puis son mari se met à la frapper, l'histoire se répète. L. veut mourir, mais "on" l'en sort, L. est alors placée dans une institution pour se soigner, elle ne parle plus. L. passe son temps dans ses pensées qu'elle nous livre, pas drôles ses pensées.

Dans sa chambre, une fenêtre, fermée, pas de poignée, avec derrière un ciel gris. L. ne s'est jamais approchée de cette fenêtre qui lui fait peur, cette fenêtre représente le monde extérieur, celui dont elle a une frousse bleue.

Le livre se termine par cette phrase dite par L. "Je voudrais qu'on brise la vitre. Je veux qu'on ouvre la fenêtre". Et on peut espérer l'espoir d'une vie meilleure pour L.

J'ai été happée par les pensées de L. Elles sont tellement "vraies", elles parlent tellement bien de la souffrance de L. que je me suis demandé si ce L. qui correspond à la première lettre du prénom de l'auteur n'était pas l'histoire de l'auteur, mais c'est un roman, pas une biographie. J'ai lu ce livre

avec beaucoup d'attentions, il m'a remuée au plus profond de moi au point que j'ai parfois eu "mal". Merci Liliane Schraûwen.
Commenter  J’apprécie          544
L'alphabet du destin

26 lettres dans l'alphabet : 26 lettres illustrées tout à tour par un prénom d'Alexia à Zoltan

26 Instantanés qui s'enchainent sur une durée de 26 heures de Lundi 1 heure à Mardi 2 heures

26 prénoms, 26 heures, 26 récits : Est-on dans un recueil de nouvelles ? Pas vraiment, j'ai plutôt vu ce livre comme un relais, avec passage de témoin à chaque heure qui se termine. Et je vous l'avoue, moi qui ne suis pas familière des nouvelles et souvent un peu réticente à les aborder, j'ai aimé ce procédé qui relie ces femmes et ces hommes, d'heure en heure, d'une façon très naturelle. À aucun moment le lien ne semble forcé : Alexia appelle Benoit, qui boira un café là où Camille est serveuse, qui voit passer un père et son petit Didier, etc…

Si vous voulez en savoir un peu plus sur chacun d'eux je vous invite à lire la superbe critique de saigneurdeguerre (https://www.babelio.com/livres/Schrauwen-Lalphabet-du-destin/1376145/critiques/2863170) qui présente succinctement chacun de ses 26 personnages

Là où l'auteure m'a heureusement surprise, en plus de ce passage en douceur d'un personnage à l'autre, ce sont par les liens qu'elle tisse adroitement entre eux tous. L'une st la femme de l'autre, celle-ci la soeur de celui-ci, ces deux là travaillent ensemble, et l'on retrouve au fil des pages des personnages rencontrés précédemment sous un jour complètement nouveau, puisque vus par une autre personne, et ces visions peuvent ou non converger. C'est surprenant et addictif.

En quelques pages à chaque fois, elle nous délivre un portait cohérent, fouillé : nous entrons dans la tête de chacun des protagonistes, nous connaissons leurs pensées, nous vivons avec eux ce court moment. Nous n'en saurons pas plus, ou alors un petit peu par le truchement d'un autre de ses prénoms, lié à celui en cours. Et ceci d'une écriture fluide et précise en même temps.

Et paradoxalement, je n'ai pas souffert de la brièveté de ces rencontres. J'ai pensé à ce jeu auquel vous avez du vous livrer aussi, où assis à la terrasse d'un café, le temps de leur passage, vous imaginez le destin des promeneurs. On ne sait pas ce qu'ils vont devenir, ces promeneurs ou ces personnagess, mais on a aimé ce moment avec eux.

Je remercie infiniment Babelio et les éditions Quadrature pour ce livre reçu lors de la masse critique de Janvier. Ces opérations sont souvent le moyen de découvrir des horizons nouveaux, qui seraient restés inconnus.

Commenter  J’apprécie          4618
Irréversible

A la lecture de cet étrange roman, un malaise vous gagne et vous étreint.

Et pour cause, vous voilà dans la tête d’une personne étrangère à elle-même. Une personne capable d’avoir plusieurs identités : être humain, homme ou femme, caillou, feuille… ou je ne sais quoi d’autre.

Brrr, puis le froid vous saisit car le bourdonnement tumultueux des mots, des pensées du narrateur vous bouscule. Vous êtes au coeur de ses questions, de ses pensées confuses, obsédantes comme cette main-araignée menaçante qui l’accompagne toujours. Et au fur et à mesure de la lecture l’angoisse vous gagne encore, comme elle gagne le narrateur qui ne comprend pas qui il est, ce qu’il fait là dans cette pièce quasiment vide, et ce qu’on attend de lui. Car il sait, il sent qu’on l’observe.

Heureusement, une petite tâche sur un des murs, qui prend pour lui des dimensions d’île-continent, lui permet d’avancer dans ses raisonnements, non pas ses raisonnements à ce stade-là, mais plutôt ses idées, ses suppositions. Et ce qu’il découvre de lui-même, mais est-ce vraiment lui, est perturbant pour le personnage et glaçant pour le lecteur.



L’écriture et le style, d’une grande simplicité, vous emmènent cependant dans un lent crescendo de pensées. Dans une lente remontée en puissance de souvenirs, ou plutôt de résurgences, à chaque fois que le narrateur émerge de son état catatonique : des blancs, des sons, des mots, des phrases, des pensées, des flash-back… C’est très bien décrit et peu à peu s’éclaire pour le lecteur le statut du narrateur. Il perçoit puis comprend ce que fait André, puisque tel est son nom, dans cette pièce où des voix murmurent, où la conscience s’agite, où la réalité revêt des atours flous, élastiques, spongieux.

Quant à la fin, elle est… comment dire. Et bien non, lisez !



Je remercie Babelio et les éditions E.M.O. pour cette singulière lecture qui vous tient viscéralement scotché sur votre chaise à essayer de déchiffrer ce qui se cache derrière cette tâche.

Commenter  J’apprécie          416
Irréversible

« Mais qu’est-ce que je fais là, et comment j’y suis venu ? »

Voilà les questions que se pose l’homme. Assis sur une banale chaise en bois blanc bon marché. Il est là dans cette pièce aux murs nus. Totalement nus. Totalement ? Non ! Il y a cette tache… Peut-être est-ce une île… A moins que ce ne soit un continent ?

Quelqu’un l’observe peut-être… Il n’en est pas certain… D’ailleurs, il n’est certain de rien… Il n’a aucune notion ni du temps, ni de son existence antérieure. Peut-être même a-t-il été un simple caillou ou une plante…



Critique :



Liliane Schraûwen a l’art de rendre très crédibles ses histoires. La preuve une fois de plus avec « Irréversible ».

Si on prend en pitié ce personnage semblant souffrir d’une amnésie totale, il faut toutefois admettre qu’il ne semble guère pâtir de sa situation. Mais s’il est là, seul dans cette pièce, c’est que « quelqu’un » l’y a amené.

Petit-à-petit, le lecteur découvre le passé de cet homme qui fut même conseiller juridique d’une grande entreprise après des études universitaires de droit. Son existence nous est rapportée, sous forme de bribes, par le personnage lui-même… mais aussi par des rapports « extérieurs ». Rapports médicaux ? Rapports de police ?

Nous suivons les pensées de l’inconnu, alors qu’il semble devenir de plus en plus comme une plante. Une plante sans souvenirs, sans rêves, sans aspirations… Jusqu’à ce que des images surgissent. Mais sont-elles imaginaires où véritablement liées à sa propre histoire ?



Liliane Schraûwen entretient le suspense tout en dévoilant de plus en plus d’informations qui poussent le lecteur à tenter de deviner qui est cet individu et pourquoi il est là. Ferez-vous partie de ceux qui auront de bonnes intuitions quant à la fin de l’histoire ?



L’auteur (Liliane n’aime pas que l’on féminise ce nom) livre ici un roman qui tient de la psychologie, de la psychiatrie… et surtout de la philosophie. C’est très surprenant ! Oserez-vous l’aventure ?

Commenter  J’apprécie          398
L'alphabet du destin

Notre alphabet compte 26 lettres. Chacune d'elles est l'initiale d'un prénom de l'un des protagonistes de ces nouvelles. Loin d'être des nouvelles indépendantes, elles se complètent vu que les personnages se croisent pour le meilleur et pour le pire. Les nouvelles s'enchaînent tout naturellement, mais malgré le fil conducteur n'en forment pas pour autant un roman… Encore que…



A comme Alexia… Une femme qui vit en compagnie de démons qui l'empêchent de dormir. Elle sait que tout cela est irrationnel. Elle est seule et se rappelle Nicolas qu'elle a tant aimé. Elle se souvient aussi de Benoit qui l'aimait plus qu'elle ne l'aimait lorsqu'ils étaient étudiants.

B comme Benoit. Qui donc peut l'appeler en pleine nuit ? Sûrement un problème à la garde que les internes ne peuvent pas solutionner…

C comme Camille. Camille travaille à l'aéroport de Zaventem. Il fait nuit et pourtant des gens vont et viennent, s'attablent pour prendre un verre ou manger un morceau. Mais cet homme que fait-il là ? Il a l'air égaré. Il ne ressemble ni à un voyageur, ni à une personne venue en attendre d'autres, ni à un des multiples employés qui oeuvrent dans l'aéroport. Cet homme est beau et il semble souffrir. Elle craque pour les hommes qui souffrent, ceux qui ont un air tourmenté…

D comme Didier. Il est quatre heures du matin. Quatre comme à peu près son âge. Didier ne comprend pas ce qu'il fait là dans cet immense endroit pour aller prendre l'avion et se rendre chez Mamy. Son papa lui tient la main trop fort et l'oblige à marcher bien trop vite. Didier préférerait être dans les bras de sa maman. Mais où est-elle ? Il n'a même pas pu l'embrasser avant de partir…

E comme Elaine. Elle est seule dans son lit et garde son smartphone à portée de main. Sa mère est vieille et vit seule et pourrait avoir besoin de l'appeler. Et puis, il y a aussi Tanguy, l'homme marié qu'elle aime et qui n'est pas là ce soir. Il lui a promis qu'il divorcerait parce que c'est elle qu'il aime… Mais il y a le petit qu'il ne peut se résoudre à abandonner…

F comme Fabian. Il en a marre de ramasser les poubelles des autres. Marre de son équipe. A force de ramasser les immondices, il a le sentiment que quoi qu'il fasse, il ne peut que sentir mauvais. Il est devenu un tas de fumier. Voilà ce qu'il est !

G comme Geneviève. Elle a mal dormi. Benoit à ses côtés ne cessait de s'agiter. Puis il s'est rendu dans la salle de bain. Plus tard, elle a entendu sa voiture démarrer. Sans doute un appel de l'hôpital. Pourtant, celui-ci est organisé de telle sorte qu'il y ait toujours du personnel compétent. Mais il est comme ça, Benoit. Son téléphone toujours allumé. Ah, ce que Geneviève aimerait qu'ils puissent vivre des moments seuls au monde sans risquer de voir son chéri partir sur les chapeaux de roues. Son homme qui conserve une grande part de mystère, sur son passé notamment…

H comme Hyppolyte. Cela fait un an qu'il vient se faire aider par madame Geneviève Lahor. Il déteste être en retard… Tout comme il ne supporte pas que les autres le soient. Son épouse, Yvonne, l'a quitté. Selon sa fille, Isabelle, qui ne souhaite pas qu'il s'approche de ses enfants, c'est parce qu'il est psychorigide. Il ne supporte aucun imprévu dans son existence. Elle a coupé les ponts. Pourtant, l'imprévu, c'est le désordre, et le désordre c'est l'anarchie.

I comme Isabelle. Baudouin, son fils, entre dans l'adolescence alors qu'elle a l'impression qu'elle, elle vient de la quitter. Elle est si lasse. Si fatiguée. Toutes ces tâches ménagères, conduire son plus jeune chez la logopède, le plus grand au foot… Et le travail au supermarché avec l'abominable monsieur Jacques ! Sans oublier les fins de mois difficiles : les prêts à rembourser pour la maison, pour la voiture…

J comme Jacques. Il est assez malin pour ne jamais se placer dans son tort. Quand il harcèle le personnel, ce n'est jamais devant témoins. Les caissières de la grande surface n'en peuvent plus. Il est partout et ne laisse jamais passer une occasion de réprimander dédaigneusement. Pas un subalterne n'échappe à ses remarques désobligeantes. Un vrai petit kapo lubrique.

K comme Kadija. Elle est infirmière. Cela fait trois mois qu'elle est amoureuse. Amoureuse d'une femme. Bien entendu, il n'est pas question que sa famille l'apprenne, surtout son frère. Ce serait considéré comme un crime. Pas facile de se retrouver avec Odile. Celle-ci est journaliste et leurs horaires réciproques ne rendent pas les choses faciles d'autant qu'elles ne vivent pas ensemble…

L comme Lucas. Il est policier depuis vingt ans. Et il en a marre. Marre des automobilistes, des cyclistes, des piétons, de tous ces gens qui ne respectent pas le code de la route. Marre des tués qu'ils soient assassinés ou suicidés ! Marre de sa femme, Sylvie… L'usure du temps. Pourtant, elle est encore bien mignonne. Marre de son ado de fils, Dany, son nez toujours plongé dans son smartphone et qui ne parle presque plus…

M comme Mado. Elle vit dans la rue. Elle n'aima pas les flics. Même s'il y en a des gentils. Il y a deux méthodes pour mendier. L'une consiste à baisser la tête, l'autre, au contraire à regarder les gens, à leur sourire, à leur dire des paroles aimables. La seconde fonctionne clairement mieux. Chaque jour, il faut bien choisir le coin où s'asseoir. Faut éviter les quartiers trop riches : on s'en fait vite chasser. Faut trouver le bon endroit, près d'une banque ou d'un magasin. Mais la vie reste compliquée, surtout pour une femme seule dans la rue. Faut parfois se disputer pour un bon coin. Elle a appris à se méfier de tout et de tout le monde. Vivre dehors, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour la santé…

N comme Nicolas. Il est kiné. Il passe sa vie à soulager les maux des autres. Il est célibataire. Il se souvient d'Alexia qu'il a follement aimée autrefois mais qui avait des sautes d'humeur, des déprimes profondes, des secrets enfouis qu'elle refusait de partager. Il a fini par la quitter… Pour ne pas sombrer avec elle…

O comme Odile. Elle est journaliste. Des mois d'enquête qui vont mettre à jour les dessous de table, les comptes offshores, les exilés fiscaux… Bienvenue en Macronie, en Poutinie ou en Trumpie… Mais elle sait que tout cela ne servira pas à grand-chose. Des gens vont revêtir des gilets jaune fluorescents pour manifester leur colère, certains s'en prendront à des magasins obligeant les commerçants à baisser leurs volets… Parfois définitivement…

P comme Pierrick. Il a commencé à travailler dans une imprimerie juste après ses études secondaires. Il vient de recevoir un appel inquiétant. Son épouse, Isabelle est à l'hôpital. Un malaise au travail. Et c'est une collègue de sa femme qui le prévient. Pas même un appel de la direction ! Et ce fichu Monsieur Jacques qui la harcèle n'a même pas daigné le prévenir ! Heureusement, il peut compter sur sa mère, Yaëlle, et sur sa soeur, Camille.

Q comme Quynh. Elle est esthéticienne dans un centre médical… Où elle ne se sent pas toujours à sa place au milieu des médecins, kinés, et autres intellos… Ils sont sympas et elle s'y sent bien plus utile que dans le salon d'esthétique où elle officiait auparavant. Elle est d'origine vietnamienne par sa mère d'où ce prénom. le seul point sur lequel ses parents, divorcés, semblent d'accord, c'est qu'elle aurait pu « faire des études ». Mais comment penser aux études avec des parents en plein divorce ?

R comme Rachid. Rachid est déjà bien engagé dans la voie du jihad. Il aimerait bien pouvoir en parler avec son copain. Mais jusqu'à quel point peut-il lui faire confiance ? Bah ! de toute manière, il ne le verra plus. Il est bien décidé ! Pourquoi pas la ceinture d'explosifs ? Il s'agit de tuer le plus d'infidèles possible. Paraît que c'est écrit dans le Coran. le Coran, il ne l'a pas lu. Les livres, sacrés ou non, c'est pas son truc. Et puis qu'est-ce qui compte ? Lire ? Etudier ? Non ! Ce qui compte, c'est agir !

S comme Sylvie. Elle est institutrice. Elle reconnait Rachid, l'un de ses anciens élèves. Un garçon rêveur et solitaire. Elle fut l'une des rares personnes à être gentille avec lui. Son père n'était pas tendre et sa mère laissait faire. Elle l'aimait bien et voulait l'aider. La seule à être gentille avec lui, avec sa grande soeur, Kadija. Grande soeur qui elle aussi avait été son élève. Sylvie n'a pas envie de rentrer. Pas envie de retrouver Lucas qui lui tire la gueule depuis des semaines sans même qu'elle sache pourquoi. Pas envie de retrouver Dany, son adolescent, véritable caricature de l'ado dont les notes s'effondrent. Elle devrait peut-être prendre rendez-vous avec le seul prof qu'il semble encore apprécier, monsieur Tanguy Delmare.

T comme Tanguy. Il n'en mène pas large. Il a obtenu in extremis, grâce à un copain qui travaille à l'aéroport, deux places pour le Maroc. Il est dans l'avion. Son fils dort à ses côtés. Il est dégrisé. Et là, il revit les dernières heures écoulées et sa dispute avec Béatrice…

U comme Ursula. Elle est hôtesse de l'air. Elle adore son métier pour fatiguant qu'il soit. Pas de routine ! Elle se verrait mal dans un bureau ou à la caisse d'un supermarché. Jamais de vraies attaches. Elle en a connu des hommes. Depuis peu, il y a Victor. Il ne lui a pas caché que lui, il avait aussi connu beaucoup de femmes. Mais cette fois, c'est du sérieux…

V comme Victor. Il adore jouer avec les chiffres. Il est comptable. Il est sur une grosse affaire. Pour la première fois, il s'occupe d'un dossier de blanchiment, histoire d'aider les plus riches à être encore plus riches, pendant que d'autres crèvent de solitude et de froid dans la rue. Il n'a pas l'habitude des états d'âme de ce type. Son ami Nicolas déteindrait-il sur lui ? En temps ordinaire, il serait sorti dans une de ces boîtes où ni les filles ni l'alcool ne sont farouches. Mais là, il n'a plus de pensées que pour Ursula…

W comme Wendy. Fragile et déséquilibrée. Victor l'avait aimée. Pas comme les autres blondes. Mais à l'époque, il n'était pas prêt pour un tel tsunami. Avec Wendy, c'étaient les montagnes russes. du rire aux larmes. C'était épuisant. Elle est bipolaire… Ou borderline comme certains préfèrent le dire. Là, elle semble au fond du trou et incapable de remonter. Quarante ans. Pas de mec. Pas d'enfants. Plus de boulot…

X comme Xavier. La quarantaine à peine franchie, il est quasi chauve et à l'air d'un vieux. Mais à vingt ans déjà, il faisait vieux. Des lunettes de myope. Un léger strabisme. Les autres se moquaient de lui… Plus ou moins gentiment… Quant aux filles, il ne fallait même pas y songer. Il y a bien eu Quinh et surtout Emma. Tout le monde le trouvait gentil, mais c'est tout. Il se retrouve désespérément seul. Heureusement, il aime ce qu'il fait. Il est dessinateur de bandes dessinées et il connaît son petit succès. Sur un site de rencontres virtuelles, il a rencontré une certaine Yaëlle…

Y comme Yaëlle. Grâce à Baudouin, son petit-fils, elle a découvert Internet et les sites de toutes sortes. Alors, elle s'est créé un faux profil, tout en gardant son vrai prénom. Elle n'a pas trop menti, juste rajeunie d'une bonne quarantaine d'années…

Z comme Zoltan. Il est Hongrois. Depuis quelques mois, il fréquente un café à Saint-Gilles. Il y retrouve des étrangers comme lui, des « officiels » et des sans-papiers. On y discute. On boit. On se bagarre parfois… Et on se demande ce qu'on fait là, loin de la famille, des amis… C'était mieux là-bas… Beaucoup ne vivent que d'expédients… Honnêtes ou malhonnêtes ! Lui, au moins, il a ses papiers, un boulot, un logement, même si c'est en ramassant la merde… des autres ! Mais ce soir, il y a cette jolie fille qui le regarde qui lui sourit, cette Odile. Il lui propose de se rendre chez lui. Elle accepte…



Critique :



Liliane Schraûwen réussit une belle performance en liant ces vingt-six portraits d'une façon naturelle et crédible. Quand on en a fini avec un portrait, on enchaîne avec le suivant. le personnage A nous conduit à B qui nous emmène à C et ainsi de suite, Z nous ramenant à A. L'auteure suscite notre curiosité à propos de chacun d'eux. Elle nous les présente. Elle nous expose leurs pensées. Nous, pauvres lecteurs ou pauvres lectrices, nous aimerions savoir ce qu'ils deviennent… Et là, l'autrice, est-ce par pur sadisme ? nous abandonne ! A nous d'imaginer ce qu'ils deviennent, si un jour ils se recroiseront, s'ils surmonteront leurs peines de coeur et viendront à bout de leurs soucis. Liliane Schraûwen ouvre des portes sur des personnages et leurs pensées intimes, mais se refuse à les refermer. A chacun, à chacune d'imaginer, s'il en a envie une (ou des) suite(s) à ces vingt-six destins. Elle ne porte pas de jugements. Au lecteur de se faire son idée.

Son écriture est sublime et naturelle. Elle rend les personnages tellement vivants que très vite nous croyons les connaître, peut-être même parmi nos connaissances…

D'elle, je n'avais lu (et fait lire à mes élèves) que « Louise du bout du monde ». Un roman jeunesse très apprécié de mes pioupious quoique un peu triste même si la fin était un happy end.

Une remarquable autrice dont il me tarde de découvrir d'autres oeuvres.

Commenter  J’apprécie          3114
A deux pas de chez vous

1. « La critique est aisée, et l’art est difficile. »

Vous êtes critique littéraire ? Il vous arrive de descendre un flammes un ouvrage que vous n’avez même pas lu jusqu’au bout ? De préférence celui d’un auteur qui a déjà publié et dont la notoriété est en pleine ascension ?

Faites attention si vous vous rendez à une Foire du Livre ou dans un quelconque salon littéraire…



2. Le plagié magnifique

Hégésippe Pierrard est un vieil écrivain très réputé, nobélisable, fraîchement élu à l’Académie française. Il est occupé à mettre la dernière main au roman qui, selon lui, sera son chef-d’œuvre, « Eclairs Noirs ». L’œuvre de sa vie ! Des années qu’il y travaille ! Un jour, il se rend à l’aéroport pour se rendre au Québec, toujours accompagné de la mallette qui contient les trois cahiers spiralés et son ordinateur portable car, où qu’il aille, Hégésippe Pierrard ne se sépare jamais de son manuscrit. Se rendant à la librairie de l’aéroport, il dépose sa mallette pour compulser des revues. Quand il veut la reprendre, elle n’est plus là… Les semaines passent… Aucune nouvelle du manuscrit. Hégésippe Pierrard est désespéré. Un jour, lisant un livre candidat au Goncourt, dont il est un des membres du jury, un livre phénoménal, « le meilleur des cinquante dernières années », Les feux de l’orage, il découvre son texte disparu…



Le Maître et Margueritte

Maître Hazaël, Jacques Dupont pour l’état-civil, est un expert ! Un expert en escroqueries ! Il est aidé en cela par sa complice, Bianca. Un truc qui marche fabuleusement bien, c’est la voyance « gratuite » par téléphone. Bianca écoute l’appel, recueille des tas d’informations, puis prétexte qu’elle a beaucoup d’autres appels et qu’elle ne peut continuer à ne s’occuper que d’un cas, mais elle transmet le numéro de téléphone de son complice, « un grand Maître » (qui est à côté d’elle et ne perd pas une miette de la conversation). Evidemment, les consultations avec un tel grand Maître sont loin d’être gratuites…



Les risques du métier

Ainsi donc, vous êtes dentiste ! Avez-vous jamais songé à quel point le métier que vous pratiquez est dangereux ?



Race de bourreaux

On dit que ce vieil homme est un ancien fonctionnaire qui a aménagé dans ce quartier pourri suite à quelque problème rencontré dans sa vie. Des personnes l’ont vu s’effondrer en se tordant de douleur. Personne d’a daigné appelé les secours. On prétend même qu’une dame se tenait tout près de lui…



Courir, c’est mourir un peu

Il court ! Il court ! Mais pourquoi donc et où se rend-t-il ainsi ? Le sang ! C’est l’image du sang qui le fait courir ! Au fond des bois, il y a cette cabane à l’abri des regards où il a tout ce qu’il faut pour tenir durant des mois… Mais quel est ce monstre qu’il a dans la poitrine et qui le dévore de l’intérieur ?



Le Choix de Sophie

Sophie. Souvent, il a pensé qu’il ne la méritait pas. Il est terne, banal, sans rien de ce charme qui fait que les filles se pâment pour un homme. Elle, elle est jolie, séduisante, brillante, intelligente… Sa seule excentricité à lui, c’est sa collection d’armes… Et elle déteste ça ! Il rentre chez lui, et elle n’est pas là. Le temps passe. Toujours pas de Sophie ! Son téléphone reste muet. Il téléphone à sa mère, à ses amies, à ses relations de travail, à ses connaissances. Personne n’a vu Sophie ! Ses affaires sont encore là, dans la chambre. Il regarde dans les armoires. Tout est bien là ! Mais qu’est-ce donc que cet étrange paquet ?



Brève rencontre

Mathilde B., une enseignante de 47 ans, vit seule avec son fils adolescent. Elle semble n’avoir d’intérêt que pour son métier. Pourtant, un homme qu’elle ne connaît pas et qu’elle n’a jamais vu la contacte pratiquement tous les jours via des messages sur son PC. Afin de briser sa solitude, elle lui répond. Il VEUT mieux la connaître ! Il VEUT entendre le son de sa voix ! Il VEUT la rencontrer ! Va-t-elle céder ?



Douleur savoureuse

Vous êtes blonde et jolie ? Alors, vous êtes la proie parfaite pour l’éventreur !



Le jour du chien

Un chien peut-il causer la mort de deux individus et en blesser quatre autres ? Oh, je sais à quoi vous pensez ! Un pitbull échappant à son maître et… Pas du tout ! Cela s’est passé sur une autoroute…



Lettre morte

Marie aimait son jardin… Au point d’y mourir de froid !



Critique :



J’adore l’écriture de Liliane Schraûwen. Les mots coulent comme les eaux limpides d’un ruisseau pour se transformer parfois un torrent impétueux.

Face aux centaines de livres que j’accumule, il n’est pas facile d’en choisir un plutôt qu’un autre. C’est parfois le hasard qui s’en charge et il lui arrive de très bien faire les choses.

Face à l’œuvre de cet auteur (je ne mets pas ce mot au féminin car Liliane de supporte pas ça) j’ai souvent du mal à choisir et je lis un bout par-ci, un bout par-là. C’est d’autant plus tentant que madame Schraûwen écrit énormément de nouvelles. Je le dis et je le répète, c’est un genre trop souvent méprisé dans le monde francophone européen, et c’est regrettable. Dans « A deux pas de chez vous » que je considère comme un bijou, elle nous propose onze nouvelles à caractère universel, même si les Belges, et les Bruxellois en particulier, y trouveront des touches qui ne sont pas sans leur rappeler certaines personnalités, par exemple. Le titre même de son ouvrage fait référence à un monument du cinéma belge « C’est arrivé près de chez vous » qui a vu éclore un acteur au talent fou, Benoît Poelvoorde.



Dans « Le plagié magnifique », la victime se nomme Hégésippe Pierrard. Voilà un prénom qui fait concurrence à ceux qu’Amélie Nothomb nous sert parfois. Sachez que ce prénom est très rare et que l’âge moyen des personnes encore en vie qui le portent est de 90 ans ! Les Hégésippe célèbres furent surtout des hommes politiques du début du XXe siècle. Il y eut tout de même un Hégésippe Moreau (poète, journaliste et écrivain, 1810-1838) … Si vous cherchez un prénom original pour votre enfant…



Pour introduire chacune de ses nouvelles, Liliane rédige un « article de journal » comme des millions que l’on trouve dans la rubrique des faits divers. C’est très bien amené.

Voilà un ouvrage qui se déguste comme une boîte de pralines.



Petit bémol pour cette œuvre d’orfèvrerie : ce livre n’est plus disponible à la vente… A moins de contacter l’auteur, Liliane Schraûwen, qui en a peut-être encore quelques-uns…

Commenter  J’apprécie          308
Exquises petites morts

17 nouvelles :

1. Le bus du matin

C’est une jeune fille sage se rendant à son examen de latin. En face d’elle dans le bus, un jeune homme. Il a l’air endormi, mais il semble souffrir. Il est beau ! Si beau ! Jamais elle n’en a vu d’aussi beau. Délicatement, elle pose sa main sur sa cuisse…



2. Le timide

Cela fait des jours qu’il la regarde. Chez les femmes, mêmes les plus belles, il y a toujours un détail qui cloche. Chez elle non ! Bien sûr ! il suffit de voir comment elle se déhanche pour s’en persuader même s’il ne l’a jamais vue nue, et pour cause ! Dans le train, il s’assied en face d’elle. Pourtant, jamais leurs regards ne se croisent. Va-t-il oser franchir le pas et l’aborder sous un prétexte aussi futile soit-il ?



3. Dominique ou Dominique ?

Dominique est un prénom épicène. Si vous ne savez pas ce que c’est, adressez-vous à Amélie Nothomb !

Dominique est de retour auprès de lui. Nu sur son lit, il dort. Ils eurent ensemble des moments merveilleux, mais Dominique ne saurait oublier le mal qu’il lui a fait ! Au point que Dominique a longtemps hésité entre se tuer et le tuer…



4. Collection Romances

Elle est infirmière… Enfin, presque, aide-soignante plus précisément. Elle croit au grand Amour tel qu’on le rencontre dans ces livres qu’elle achète par brouettes entières dans un magasin de seconde main, ces bouquins où l’amour finit toujours par triompher. Oh, elle s’est déjà beaucoup plantée, notamment avec ce médecin ! Elle y était presque, et puis, crack ! zim ! boum ! Raté ! Mais contrairement à d’autres, elle sait qu’elle va y arriver ! Elle sait qu’elle va croiser par hasard celui avec qui elle filera le parfait amour. Justement, ce trentenaire qui lit un livre tout froissé, là, dans ce café… Elle sait que c’est lui que le destin lui a réservé !



5. Le pied

Marie-Lou et Pierre sont issus du même village. Ils ont fait leurs classes primaires ensemble en toute complicité. Les études secondaires, à la ville, les ont séparés. Le jour où Marie-Lou prend le train pour se rendre en ville afin d’entamer ses études supérieures, elle est abordée sur son banc de gare par Pierre. Lui aussi se rend en ville pour étudier. Ils sont face à face dans le train. Marie-Lou lui demande l’autorisation de poser ses pieds sur ses cuisses pour les reposer. Beaucoup d’hommes sont sensibles aux seins ou aux fesses. Pierre, tout en appréciant également ces deux parties du corps, est particulièrement attiré par les pieds…



6. Par un petit trou de ver

Vitalis est vieux. Très vieux. Il sait que la mort ne saurait tarder. Il espère juste qu’elle surviendra, par exemple, lorsqu’il sera dans son fauteuil devant la télé sans qu’il ne se rende compte de rien. Il redoute de glisser dans sa salle de bain et d’agoniser durant des heures ou des jours sans que personne ne s’en rende compte. Enfants et petits-enfants ne se manifestent que de temps en temps. Peut-être faudra-t-il des jours pour qu’on découvre son cadavre. Il décide de se rendre dans le parc près de chez lui, s’assied sur un banc, regarde la vie qui l’entoure, puis ressent un coup, à l’épaule sans doute…



7. Rabelais, Victor et moi

Rabelais disait vrai ! Certains bébés sortent par une des oreilles de leur maman ! C’est écrit dans le livre. Maman a toujours dit que si c’est écrit dans un livre, c’est que c’est vrai ! Pas comme sur Internet !



8. Aglaé

Aglaé est une écrivaine célèbre. Nous lisons les mails envoyés par une admiratrice qui est folle d’elle (folle tout court). Elle ignore si ce mail parviendra à Aglaé, alors, elle se lâche, elle lui dit tout ce qu’elle pense d’elle… Y compris qu’un jour elles vivront ensemble et que sans doute elles se marieront !



9. Une ville qui n’existe pas

Une ville qui n’existe pas pour pouvoir dire et faire tout ce qui ne peut être fait ici et maintenant…



10. La rupture

C’est par téléphone qu’elle apprend que tout est fini…



11. La petite mort

Petite mort, syn. fam. d’Orgasme.

(Dictionnaire de l’Académie française)

Il est là dans cette soirée mondaine où la plupart des célébrités ne sont connues que d’elles-mêmes comme telles. Il est beau et il le sait. Il entretient sa forme. Non ! Il ne désire ni devenir mannequin ni acteur. Il est écrivain et il espère se faire remarquer par une éditrice, ou une journaliste. Mais que voit-il ? Ce corps a l’air ravissant… Mon Dieu, vu de face, c’est celui d’une vieille à la peau flétrie, aux seins pendants, aux rides qui se marchent les unes sur les autres tant il y en a…

12. Un homme à la fenêtre

Suzy rentre chez elle après une soirée entre copines… Et copains ! Elle a fait la connaissance de Matthieu. Il est plutôt sympa et la raccompagne jusqu’à son nouvel appartement. Il n’y a pas encore de rideaux aux fenêtres. Elle lui fait visiter son logement jusque dans sa chambre. Il meurt d’envie de… Elle aussi… Mais que voient-ils par leur fenêtre ? Un homme penché à son balcon en vis-à-vis. Bon, d’accord, il n’est pas à portée immédiate, mais il ne doit rien rater du spectacle qu’ils offrent vu que la chambre est éclairée… Vont-ils éteindre ? Hm ! La présence de ce voyeur leur fait un effet… Hm…



13. Au flanc d’un homme

Bien sûr, les hommes sont lâches, souvent violents. Mais il arrive qu’on en vienne à les regretter quand on se retrouve seule dans un grand lit tout froid…



14. Le voyeur

Il aime la mer, les dunes. Autrefois, il photographiait les oiseaux qui dansent dans le ciel. Aujourd’hui, il se contente de les observer avec ses jumelles. Tiens ! Voilà un jeune couple. Ils sont magnifiques. Ils doivent avoir entre quinze et vingt ans. Son perchoir surplombe le creux de la dune où ils s’allongent. Grâce à ses jumelles, il peut voir jusqu’au grain de peau de la fille…



15. La chance

C’est formidable ! Elle vit dans un pays où on ne connaît pas la guerre, la faim, les grosses catastrophes naturelle… Eh puis, il y a aussi ces saint-bernards qui sont là pour vous écouter lorsque vous pensez à partir : une bonne lame en acier inoxydable, une corde bien solide, le gaz…



16. Coup de foudre

Il est là attendant le vol qui va le mener de Bruxelles à New York. Soudain, il sent un regard peser sur lui, sensation étrange, désagréable… Qui est-ce ? Un policier ? Il a beau tourner la tête, il ne voit personne qui l’observe. Serait-ce le stress ? Non ! Il perçoit ce regard qui le pénètre…



17. La belle endormie

Elle est si belle, si jeune… Il découvre son corps magnifique en soulevant le drap qui le recouvre. Elle ne bouge pas. Il n’a jamais vu une femme si belle…



18. Éros et Thanatos

Il aime être seul. Ce n’est pas pour rien qu’il exerce un boulot depuis chez lui, seul, face à son ordinateur. Il a trouvé son Eden, son paradis… Le cimetière, il se l’est approprié… Et c’est là qu’il l’a vue… Il savait que c’était elle qu’il attendait depuis toujours, elle qu’il retrouverait désormais chaque semaine…



Critique :



Les nouvelles sont un genre peu apprécié en France et en Belgique. Dommage ! Je trouve qu’il y en a de fabuleuses. Certains auteurs, certaines autrices parviennent à transformer en autant de récits passionnants chacun de leurs courts textes. Liliane Schraüwen fait partie de ces autrices qui savent rendre attrayantes des nouvelles qui semblent parfois banales jusqu’à la chute finale qui désarçonne le lecteur qui n’a rien vu venir.

La « petite mort » est une expression qui n’a rien à voir avec LA mort. Elle désigne ainsi l’orgasme, le paroxysme du plaisir sexuel. Vous voilà prévenus. La grande faucheuse n’a rien à faire ici. Encore que… Pour autant, ne vous figurez pas qu’automatiquement vous êtes face à des textes coquins qui vont éveiller en vous des orgasmes à la lecture des aventures vécues par d’autres.

Aïe ! Je viens de perdre les neuf dixièmes des lecteurs potentiels ! … Heu… Revenez ! Je plaisantais ! Je voulais vous faire marcher… Pas courir pour vous enfuir !

Plus sérieusement, ces histoires, très éloignées les unes des autres par leur contexte et leur style risquent de ne pas toutes vous plaire tant il y a de genres différents. Si vous n’aimez pas la cruauté, certaines seront à éviter, tandis que d’autres vous précipiteront dans un univers de science-fiction ou de fantastique. Mais toutes auront un rapport avec le sexe et la jouissance.

Le texte 8, « Aglaé » me rappelle furieusement l’histoire vécue par Amélie Nothomb victime d’une harceleuse qui a été jusqu’à pénétrer dans l’immeuble de l’autrice belge…

Commenter  J’apprécie          301
L'alphabet du destin

Liliane Schraûwen et Quadrature ont placé la barre très haut en matière de nouvelles avec cette dernière publication 2021 pour la maison néolouvaniste consacrée à l’édition de la nouvelle francophone. Si chaque texte peut se lire isolément, les 26 nouvelles qui composent ce recueil – qui s’égrènent comme les lettres de l’alphabet – constituent cependant un tout intrinsèquement lié. Peut-être cette nouveauté, cette originalité se marque-t-elle par le format du livre, légèrement différent des habitudes.



Cela commence avec Alexia, qui souffre d’insomnie et d’angoisse nocturne et qui ne trouve d’autre solution pour conjurer ses cauchemars que d’appeler Benoît, son ex. Celui-ci, réveillé en pleine nuit, revoit son passé avec Alexia et prétexte qu’il doit retourner travailler à l’hôpital. En réalité, il s’arrête à l’aéroport pour se fondre dans l’anonymat des voyageurs. Il se fait repérer par Camille, une serveuse qui cherche le grand amour et collectionne les aventures. Et ainsi de suite, avec des personnages de A à Z, en alternant hommes et femmes, sur 26 heures de temps. Et nous sommes ainsi plongés dans les histoires de ces 26 personnages, aisés ou pauvres, mariés ou célibataires, jeunes ou vieux, 26 histoires qui interagissent les unes avec les autres, tissant des vies, des destins qui ne sont pas du tout étrangers les uns aux autres.



Ces histoires personnelles, c’est la vie, la vraie vie et Liliane Schraûwen les raconte avec justesse, avec finesse, avec puissance. Sa plume forte et riche en émotions fait mouche. Elle explore les relations humaines, les choix, les décisions mais aussi les hasards apparents qui peuvent bouleverser une, voire plusieurs vies et qui forgent – ou brisent – des destins humains. En quelques pages à peine, elle brosse des portraits intimes, riches d’humanité.



L’alphabet du destin est vraiment un très beau livre. Il est peut-être trop tard – si vous n’êtes pas à proximité d’une bonne librairie belge – pour le glisser sous le sapin mais il constitue un très beau cadeau en toutes circonstances !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          161
Exquises petites morts

Parmi les trois propositions d’édition de mai de la maison M.E.O., j’étais curieuse de découvrir la plume de Liliane Schraûwen, dont des textes ont aussi été publiés chez Luce Wilquin et Quadrature.



« La petite mort », c’est ainsi que l’on désignait l’épilepsie dans la médecine ancienne. Cette expression a pris un sens figuré et familier pour désigner l’orgasme. Au fil de dix-sept nouvelles, Liliane Schraûuwen explore le sentiment amoureux et tout particulièrement le désir : celui qui naît au premier regard ou au premier contact physique, celui qui se contrôle voluptueusement, celui qui domine, celui qui veut posséder à tout prix. Les jeux sado-masochistes, le voyeurisme, le harcèlement, les fantasmes s’invitent dans le sentiment amoureux. Ce qui est intéressant, comme le dit la quatrième de couverture, c’est le moment où les choses dérapent, où la puissance se fait dominatrice, où le jeu érotique devient mortel.



Bon, il me faut avouer que les écrits sur l’intimité amoureuse, l’érotisme, ce n’est pas trop mon goût. Alors, pourquoi, e demanderez-vous, ai-je demandé ce livre ? Eh bien, il faut que je vous avoue qu’après quelques nouvelles bien écrites mais trop « physiques » à mon goût, mon attention a été réveillée grâce à les nouvelles Rabelais, Victor et moi » et Aglaé. La première met en scène une jeune ado qui croit dur comme fer que les bébés naissent par l’oreille, comme Gargantua, la seconde imagine une autre ado totalement fan d’une autrice, Aglaé (qui ressemble furieusement à une certaine Amélie N.) qui lui écrit des lettres de plus en plus pressantes jusqu’à une rencontre tragique avec son idole. L’humour de ces deux textes a relancé mon intérêt pour toutes ces situations amoureuses qu’analyse Liliane Schraûwen avec finesse.



J’ai aussi été touchée par la nouvelle La chance, qui dresse le portrait impitoyable de la moderne solitude des coeurs, de l’égoïsme, l’indifférence, l’irresponsabilité générées dans notre société. J’ai aussi aimé la dernière nouvelle du recueil, Eros et Thanatos, qui évoque une autre forme de solitude et un fantasme particulier. Le titre de ce dernier texte résume à lui seul les subtils aléas du sentiment amoureux.



Au final, je ne regrette pas du tout cette découverte, cachée sous une couverture soignée.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          140
L'alphabet du destin

Cette fois-ci, j'ai pris le temps de compter. "L'alphabet du destin" de Liliane Schraûwen est le neuvième recueil de nouvelles de la maison Quadrature que je termine, le neuvième plaisir d'une lecture de qualité, le neuvième ouvrage élégant. Des nouvelles, mais qui cette fois, à mes yeux, forment un tout. Une histoire aux multiples facettes.



J'ai adoré cette série de portraits, d'extraits de vie, de rencontres de hasard ou pas. Nous sommes lundi, il est une heure du matin et c'est Alexia qui ouvre le bal des vingt-six, vingt-six comme les lettres de l'alphabet. Alexia qui "…ne dort pas. Cette nuit, comme toutes les nuits, le sommeil se refuse à elle." Alexia que Nicolas a quittée, alors elle pense à Benoît, son amour de jeunesse et l'appelle…Benoît, B comme Benoît, jusqu'à Zoltan, Z comme Zoltan. Nous sommes mardi, il est deux heures du matin. Ainsi tout au long de ces vingt-six heures, vingt-six personnages, treize femmes et treize hommes vont se croiser. Certains se connaissent et d'autres non. Certains ont déjà échangé et d'autres non. Certains reviennent hanter les autres textes et d'autres pas, certains sont heureux et d'autres moins.



Vingt-six nouvelles et en même temps, un véritable roman dans lequel l'auteure nous parle de la vie de tous les jours "Isabelle soupire…Et le boulot. Et la maison à rager, les jouets à ramasser, le linge à lessiver, à repasser. Les repas à préparer…", de gens qui nous ressemblent, de leurs heurs et malheurs, leurs amours et leurs désamours, leurs enchantements, leurs regrets. L'écriture est d'une grande fluidité, simple comme les personnages, mais travaillée, ciselée, expressive. Elle est d'une grande sensibilité, économe de mots inutiles, soucieuse du détail précis. En un mot, l'ouvrage est extrêmement bien écrit. Chaque nouvelle est habilement reliée à la précédente par une rencontre qui annonce le personnage suivant, une anecdote qui fait référence à un nom prononcé précédemment, un détail qui rappelle quelqu'un.



Réciter cet alphabet particulier fut un énorme plaisir. Liliane Schraûwen réussit là un très bel ouvrage.



Merci aux Editions Quadrature pour cette lecture.

Commenter  J’apprécie          74
Exquises petites morts

Une auteure et une maison d'éditions de mon pays que je n'ai pas encore découvertes, Exquises petites morts, un titre intriguant tout comme la couverture, un buste et deux corps entrelacés, point de départ de cette belle lecture.



Un recueil de nouvelles, ce n'est pas mon genre préféré mais j'avoue que je commence à l'apprécier.



Savez-vous ce qu'est l'exquise petite mort ? C'est ce que l'on nomme, le plaisir, l'orgasme, la jouissance. Un recueil qui parle de l'amour, du désir, de la jouissance qu'il provoque en nous et ce pourquoi nous serions prêts à tout.



18 nouvelles au total , l'amour existe à tout âge, que ce soit :



- Le bus du matin : une adolescente est attirée par un bel inconnu et se laisse emporter jusqu'à l'embardée.



- Le timide : celui qui trouve toujours un défaut à toute femme, il a enfin trouvé son idéal. Sera-t-elle sans surprise?



- L'âme soeur : être prêt à tout pour la découvrir, en profiter, la garder. Prêt à tout vous avez dit ? oh oui même à l'impensable.



- Rabelais : j'ai adoré cette nouvelle, une belle fiction, un bébé par l'oreille ?



- Aglaé et lecture inclusive est une de mes préférées. Comment une relation peut-elle évoluer, basculer. On identifie rapidement notre Amélie nationale et ses fans.





C'est une écriture que j'ai aimée, parfois poétique, tendre mais aussi violente ou cruelle. Les chutes sont à chaque fois surprenantes, ce que j'ai adoré.



Liliane Schraûwen nous parle de rêve, d'espoir, de découverte, de désir, de jouissance, de fantasme parfois avec une certaine violence d'ailleurs mais elle nous parle aussi de passion, de rupture et de solitude.



Et tout à coup tout bascule souvent avec violence, il y a le temps qui passe et la façon dont se termine l'amour, la passion. Qu'en reste-t-il au final.



J'ai beaucoup aimé le basculement à chaque fois, la rupture du charme ou le retournement de situation.



C'est une plume de talent à découvrir. Merci beaucoup aux éditions M.E.O. pour cette découverte.



Ma note : 9/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          75
La fenêtre

Merci à masse critique pour cette lecture fort étrange..

Chant en duo puis en solo, a la première et à la troisième personne du singulier. Le livre parle de L. et de sa vie passée et présente.

Qui est elle? Qui est je? une schizophrène? une démente? une dépressive?

Ça parle de maternité et de la souffrance de l'absence des enfants, de l'amour et de la violence, de la famille et de son absence, des bonheurs de la vie et des coups reçus.

Un livre compliqué a suivre, a l’écriture cependant hypnotique. Un livre désespéré et sans réponses...
Commenter  J’apprécie          71
Le secret

J'ai trouvé ce court roman pour ados dans une cabane à livres et j'en ai aimé le contenu qui s'adresse à des jeunes à partir de 15 ans je dirais.

Lolya est en pleine crise d'adolescence, persuadée que personne ne la comprend, en rogne contre sa mère mais attentive à son petit frère. Elle est amoureuse et hésite entre plusieurs prétendants.

Le jour où elle découvre sa mère en pleurs alors qu'elle ne craque jamais, elle se doute qu'un secret pèse sur la famille.

Commenter  J’apprécie          40
Dictionnaire de citations pas comme les aut..

Droit de cité pour le droit de citer, comme aime à le préciser l’avant-propos (p 9)

– 70 : C comme changement : « C’est fastidieux d’être toujours le même » dit Michel Foucauld, cité dans Le figaro Littéraire (1995). Je lui opposerai (en contradiction, à moins qu’on ait décidé de changer) la phrase de Daniel Pennac dans Cabot-Caboche (même page) : « Le problème avec la vie c’est que, même quand ça ne change jamais, ça change tout le temps. » Alors est-ce fastidieux ou pas, finalement ? Je pense que Pennac en a illustré pleinement le piment avec sa saga des Malaussène.

Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2022/12/07/liliane-schrauwen-et-yannick-ziegler-dictionnaire-de-citations-pas-comme-les-autres/
Commenter  J’apprécie          40
L'alphabet du destin

À n'en pas douter l'auteure se livre la pour nous à un exercice , périlleux dans le genre, où elle excelle en tout et pour tout de A à Z

Elle nous y emmène et d'emblée passé le premier étonnement, conquis nous tombons vite sous le charme de cette profusion hautement intéressante et instructive de ses écrits passionnants

La suivre certes de A jusqu'à Z presque étonnés de devoir arriver à la fin de son essai



Commenter  J’apprécie          40
Exquises petites morts

Les histoires traitent toutes du désir naissant, des premiers émois à l’acte sexuel proprement dit. Et, à travers son écriture, l’auteure arrive à nous faire ressentir les émotions des protagonistes.



Par contre, j’ai été très étonnée de constater que, dans plusieurs nouvelles, le désir s’accompagne souvent de violence, voire d’une certaine cruauté. Les dérapages sont fréquents et on se trouve même plus d’une fois dans des situations de viol avéré ou de meurtre. Et c’est là que le titre du recueil prend tout son sens.



Les différentes nouvelles sont bien construites avec, à chaque fois, une chute étonnante qui provoque une réaction : sourire ou choc.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
Commenter  J’apprécie          40
A deux pas de chez vous

En manque d'un bon auteur belge, je me suis laissé tenter par ce recueil de nouvelles de Liliane Schraûwen, qui m'avait déjà bien diverti avec deux autres recueils: « Instants de femmes » et « Race de salauds ».



C'est du belge, ça se passe en Belgique et c’est toujours gai de retrouver dans un livre des lieux ou des personnages que l’on connaît bien (petite digression, si je peux me permettre: vous aussi, vous prenez plaisir à retrouver dans un livre des lieux ou des personnages que vous connaissez bien ? Je me plais à croire que je ne suis pas le seul. ;-) Mais pourquoi aime-t-on cela ? Une sorte de fierté de retrouver son quotidien recevoir une sorte de notoriété ? Dites-moi…).



L’idée est amusante: l’auteure part de onze faits divers; j’imagine qu’ils sont fictifs, mais ils auraient très bien pu être réels. À chaque fois, il s’agit de quelques paragraphes en une colonne qui semble être extraite d’une page de journal. Et puis l’auteure imagine l’histoire qui se cache derrière chaque fait divers.



À chaque fois, on lit le fait divers et puis on s’amuse à découvrir ce que Liliane Schraûwen aura pu imaginer.



On rencontre un auteur qui trouve un moyen extrême pour se faire connaître, un autre qui se fait voler son grand oeuvre, un mage escroc, une femme qui se délecte à voir mourir un homme dans la rue, une femme qui se fait ensorceler par un sadique, et j’en passe.



La lecture est divertissante, le style fluide est agréable, mais ces qualités sont ternies par le fait que la moitié des nouvelles ont un côté un peu fade ou trop prévisible. Les deux recueils que j’avais lus précédemment m’avaient laissé un meilleur souvenir.



Bref, je recommanderais ce livre pour la bonne idée d’imaginer l’histoire derrière un fait divers et pour la réussite de certaines de ces nouvelles, comme la première, qui est fort amusante, et la dernière, qui est triste mais tellement poétique. Mais sans plus.
Commenter  J’apprécie          42
L'alphabet du destin

J'aime beaucoup les écrits de Liliane Schraûwen. C'est donc avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu son dernier recueil de nouvelles. Chaque nouvelle porte le titre d'une lette, correspondant à un prénom, le tout se présentant dans l'ordre alphabétique.



Et, alors que je pensais lire un simple abécédaire, il découvre que L'alphabet du destin est une suite de nouvelles qui, mises côte à côte, constituent une histoire continue.



Les personnages sont très différents, d'âge, de sexe et d'origine variés. Au fil des chapitres, nous découvrons que certains d'entres eux se connaissent et c'est alors un véritable microcosme qui se dévoile à nous. Je trouve que cette écriture est très riche car chaque personnage se raconte mais parle aussi des autres, ce qui nous permet d'enrichir l'image que l'on se fait d'un personnage.



Chacun d'eux se trouve à un tournant de sa vie, ce moment crucial où il fait le point sur ce qu'il vit (le boulot, la vie de couple, les rêves restés au placard, le quotidien morose et routinier…). L'occasion de prendre de grandes décisions.



Les relations humaines et les liens amoureux sont au coeur de ce recueil. Certains vivent le début d'une belle histoire qui doit encore s'écrire tandis que d'autres peinent à faire le deuil d'un amour perdu ou tentent de l'oublier dans d'autres bras. Des thématiques plus graves se dégagent aussi : la solitude, les violences conjugales, la religion, etc.



Comme toujours avec cette auteure belge, les histoires sont racontées avec beaucoup d'empathie et sans aucun jugement. Chaque personnage se raconte simplement, avec ses qualités et ses faiblesses.



Un beau recueil de nouvelles totalement ancré dans notre époque actuelle, avec sa diversité et ses failles. Des personnages attachants auxquels on s'identifie.



Une lecture très agréable.



Remerciement aux Editions Quadrature et à Babelio pour cette lecture.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Liliane Schraûwen (54)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Princesses Disney

Laquelle de ces princesses a du sang royal

Cendrillon
Ariel
Belle
Tiana

10 questions
3 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}