Citations de Lisa Bresner (41)
Sur ces paroles le buffle ferma les yeux et le Bouvier vit scintiller des étoiles sous ses paupières.
Sans effort il prit les cornes du buffle et ne put s'empêcher de pleurer. Quand ses larmes roulèrent sur les poils noirs du buffle, celui-ci disparut et telle une comète traversa la nuit pour s'accrocher tout près de la lune.
(p.18 - LE BOUVIER ET LA TISSERANDE)
J’ai l’impression de vivre avec trop de sens
L'œil d'une fleur s'endort
Le saule se courbe
À peine a-t'il tendu la main vers ses seins
que ses petits pieds se dressent
lotus en l'air
Son chignon éclate
Des nuées de mèches se dérobent.
Elle murmure des noms intimes, des choses mignonnes:
"Continue mon amour, ne relâche pas ton effort!"
L'arbitre des élégances
"Ton corps contient le mien
mon corps contient le tien
ensemble un cercle parfait.
Laissons les remords aux tristes
car l'Océan des Souffrances a déjà recouvert la terre.
Aux quatre coins
dépêchons-nous de semer les pépins du plaisir."
UN ADULTE REMARQUABLE
Un enfant reconnu pour sa grande intelligence avait été invité à déjeuner par un haut dignitaire.
- on peut être très intelligent lorsqu’on est jeune, ce n 'est pas pour autant que l'on sera remarquable une fois adulte, dit l'un des convives.
L'enfant répliqua :
-Plus jeune, vous étiez sans doute un génie !
Le convive ne sut quoi répondre et tout le monde éclata de rire.
Ba San dit à Guo Guo:
"La prochaine fois, si vous perdez quelque chose et que vous savez où, ne vous compliquez pas la vie: cela signifie simplement que vous ne l'avez pas perdu."
Pourquoi n’avons-nous jamais appris à sculpter ? Est-ce que l’argile, les rochers, le marbre renferment des fantômes que nous ne devons pas réveiller ? La forme reste invisible à l’œil. Elle est blottie au plus profond du moindre caillou, si l’on casse le caillou pour trouver une forme, il ne reste que les éclats de caillou et la forme est brisée. Le vent et la pluie nous servent de burin et d’alliage. Chaque saison sculpte de nouveaux arbres, des fleurs différentes et des montagnes autres. Le temps se charge de les sauver.
"A ton avis, qu'est-ce qui est le plus éloigné de ton village, le soleil ou Pékin?"
Ba San répond:
"C'est Pékin qui est le plus loin."
Mong Mong [son père] se fâche :
"Pourquoi réponds-tu sans réfléchir?"
Ba San montre le soleil du doigt et dit :
"Le soleil, je le vois tous les jours dans le ciel, alors que Pékin, je ne l'ai jamais aperçu."
- D’une toise sont les montagnes, d’un pied les arbres, d’un pouce les chevaux, d’une ligne les hommes. Lointains, les arbres sont dépourvus de branches ; lointaines, les montagnes sont privées de rochers ; lointains, les hommes n’ont pas d’yeux… Connais-tu la merveilleuse histoire de ce peintre dont le paysage était si parfait qu’il était entré dedans et s’y était perdu ?
NÉE TROP TARD
La vieille épouse de monsieur Lu mourut de vieillesse et Lu se remaria avec une femme beaucoup plus jeune que lui. Comme la jeune mariée semblait triste, Lu lui demanda:
- Es-tu malheureuse parce que je suis vieux ?
Elle répondit que ce n'était pas la cause de sa tristesse.
-Trouves-tu que je ne suis pas assez riche ?
Elle dit que ce n'était pas non plus à cause de cela.
-Alors pourquoi es-tu malheureuse ?
La femme répondit :
-Parce que je suis née trop tard pour te voir jeune.
Du temps des tigres sacrés, le sage Bouddha se retira sur la colline du grand pin chinois et convoqua tous les animaux du Royaume.
(p.6)
Aujourd’hui j’ai eu treize ans, mon père est parti de chez nous, il m’a promis de revenir pour m’emmener en Chine avec lui.
Lundi, il faisait froid, un peu nuit, tombée très vite, ce n’était déjà pas normal.
Mais lundi ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça.
Il pleut partout
Un homme fut surpris par une averse au milieu de la route. La pluie tombait à grosses gouttes mais il ne semblait pas pressé de rentrer chez lui. Un autre passant qui courait pour éviter d’être trempé lui demanda :
Il pleut à verse, pourquoi marchez-vous aussi lentement ?
A quoi bon se presser, il pleut aussi devant !
Comme la nature est belle ! mais malheureusement notre vie est beaucoup trop courte.
... j'espère qu'ils ne se lasseront pas de leur effort ?
La taille de ses boucles d'oreilles, des perles sans doute, est la même que celle de ses tétons.
Pour compter, les enfants chinois utilisent un boulier. Certains élèves, à l'école de Ba San, calculent plus rapidement avec ce boulier qu'avec une calculatrice électronique.
LES DEUX SALAIRES
Un musicien très talentueux et très pauvre proposa à un riche marchand de lui donner un concert de cithare en échange de mille taels. Le marchand appela ses amis pour qu'ils se divertissent eux aussi.
Le musicien interpréta trois mélodies plus belles les unes que les autres. Chacun écoutait la musique avec émotion; puis il posa son instrument et s'inclina avec respect devant le marchand en attendant son salaire.
- les sons que tu viens de jouer, je ne peux le toucher comme des taels, dit le marchand. Je vais t'offrir un son en échange du tien et te paierai donc ta musique par une autre.
Sur ces paroles, le marchand fit tinter les mille taels de sa bourse sans lui donner un seul.
Écris "lèvre",
puis "bouche",
ajoute le souffle,
termine par le cœur...
Tu as écrit "amour".
Écris "pas à pas",
ajoute une rivière,
ajoute un arbre,
puis un enfant.
Tu as écrit "je me promène".