Un autre roman de la sélection des 68 premières fois avec une plume étrange, mélancolique et poétique, emprunte de textes de rap qui clament les amours qui s’effritent, les regards qui s’affrontent. Après la fête est un premier roman de Lola Nicolle, responsable du pôle Littérature des éditions Delcourt.
Voilà un roman qui aurait pu me parler, tant la situation de Raphaëlle et Antoine correspond à la mienne. Tant je sens ce moment de bascule approcher. Fin de l’enfance, de nos jeunesses, début de l’âge adulte que l’on rêve, que l’on idolâtre, que l’on fantasme. Le moment où on finira par comprendre pourquoi nos parents et grands parents relatent sans cesse l’époque de leurs bancs d’école, de l’odeur des tables de bois, des rires des copains dans la cour. Car ce moment de bascule là a quelque chose d’irréversible, de glissant, d’effrayant…et d’exaltant à la fois comme au bord d’un précipice.
Ce qui frappe d’abord, c’est la poésie. Le verbe. Lola Nicolle a une parfaite maîtrise de sa langue et ça se ressent, c’est doux, fort, on a envie d’en lire encore un peu plus, de s’immerger parfaitement dans ce langage qui nous caresse, nous affronte. Même encore aujourd’hui où la littérature est davantage à la beauté de la phrase qu’au scénario, c’est rare d’avoir une telle beauté dans un roman. Rare d’avoir envie de surligner des passages entiers tant ils vibrent. Mais ce qui frappe peut aussi lasser. A force de lire des merveilles, tout finit par se ressembler et parfois on se surprend à soupirer, à vouloir tourner les pages plus vite, à s’ennuyer un peu.
Ça c’est quand la mélancolie n’est pas partagée, c’est une forme d’ennui passager, fugace mais qui colle à la peau, qui poisse et qui rend l’ensemble si lent, si tragico-dramatique qu’on avance à reculons dans un roman d’à peine 150 pages. C’est dommage. Car la mélancolie suinte partout dans Après la fête. Parce que c’est le temps des séparations. La séparation des corps et des coeurs quand tous deux ne vibrent plus à l’unisson, quand ils se détachent lentement, sans vraiment ne plus s’aimer mais tout simplement par indifférence progressive. La première rupture. Puis les retrouvailles, fulgurantes, explosives, l’autre apparaît alors dans tout ce qu’il nous a manqué. Puis de nouveau la descente. La séparation entre ce que nous étions et ce que nous sommes, la nostalgie d’un temps de fête, de danse et d’alcool. Nostalgie d’une bande d’amis dont on se sent à part, à l’écart.
Oui, Lola Nicolle conte bien les séparations. Et les habitudes. La manière d’habiter la ville, d’habiter Paris, d’habiter la banlieue, la cité. Il y a une forme de poétique sociale, poétique des corps, poétique décor. Oui l’autrice décrit bien cela. L’autrice décrit bien. Mais elle décrit trop, et ça lasse. Lasse de voir les mêmes temps, les mêmes phrases, le même rythme. Lasse d’entendre les mêmes pensées poético-romantiques à chaque fin de chapitre. Lasse de rester dans cette mélancolie poisseuse qui bien après colle encore la peau.
En résumé
Après la fête n’était finalement pas fait pour moi. Parce que je n’y suis pas, justement, dans cette mélancolie pesante qui plane sur ce roman. Pas moyen de me reconnaître en eux, en ces personnages pourtant si caractéristiques de ma génération. Alors je ne retiens que quelques phrases, la façon d’habiter la ville et ce langage qui, dans ces premières pages, m’aura réellement coupé le souffle.
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