Louis Bromfield

PRÉCOCE AUTOMNE de LOUIS BROMFIELD

John Pentland est le patriarche d’une famille traditionnelle et conservatrice de Nouvelle Angleterre. Son fils Anson est marié avec Olivia, c’est un personnage falot écrasé par l’aura de son père. Olivia est une riche orpheline et c’est sa dot qui a convaincu Anson de se marier avec elle car il a une sainte horreur de ses origines irlandaises. Un été, Sabine ( nièce de John)qui vient de divorcer en Europe, forte tête et peu encline à se laisser intimider revient en famille pour quelques mois avec sa fille. Olivia attend beaucoup de sa présence pour faire bouger les choses dans cette famille stricte et rigide. Un bal est donné pour les enfants de Sabine et Olivia pendant lequel apparaît un nouveau voisin irlandais d’origine, O’Hara. Les choses vont effectivement bouger de façon inattendue d’autant que la tante Cassie, la plus figée et la plus fossilisée de la famille, veille avec sa malveillance coutumière.

Un roman qui fait penser à l’univers de James et WHARTON, dans un style différent, roman qui fait partie d’une trilogie avec La Colline aux Cyprès et Emprise. On peut néanmoins les lire indépendamment.

BROMFIELD a reçu pour ce livre le prix Pulitzer 1927

Nouvelle Orléans, la ville est occupée depuis qu'elle est tombée face à l'armée yankee. le général Wicks gouverne d'une main de fer avec sa terrible femme Louisa à ses côtés. Rigides, haineux, corsetés dans ce qu'ils appellent vertu et qui n'est autre que le reflet d'un esprit étriqué et mesquin, ils font de l'argent, et pour s'en procurer tous les procédés sont autorisés, sauf le meurtre, cela s'appelle pour eux être « malin ».



Le major Tom Bedloe en profite aussi pour être malin. Débauché, licencieux, d'une beauté animale qui fait frémir toutes les vieilles filles et se pâmer toutes les épouses, il profite de son extraordinaire attraction pour croquer la vie à pleines dents.

Trois femmes seront la perte de Tom.



D'abord la Lionne, courtisane, tenancière de bordel, femme intelligente et rusée, d'un grand sang froid, elle perd totalement la tête quand Tom se détourne d'elle au profit de la mystérieuse et vénéneuse baronne de Leiche.



Eliane de Leiche est aussi sulfureuse que magnétique et elle se sert de tous ceux qui pourraient lui permettre de mettre la main sur la fortune confisquée de la famille dont elle a été la perte.



Agnès Wicks, la fiancée de Tom, aussi belle qu'innocente, éduquée dans un univers corseté et rigide ou tout sentiment est absent, décide de rejoindre Tom et son frère David à la Nouvelle Orléans. le trajet ne sera pas de tout repos. Accompagnée de sa vieille tante Tam, celle qu'on considère comme une toquée avec ses idées idéalistes, elles vont fuir un bateau infesté par le choléra et errer dans les bayous de cette Louisiane suffocante et exubérante où leurs personnalités vont pleinement s'épanouir comme la végétation.

Agnès veut à tout pris rejoindre Tom, car elle sait que, malgré ses défauts, il est le souffle de liberté et de vitalité qui lui permettra d'échapper à son univers froid et étriqué.



Dans cette Louisiane étouffante et corrompue, décadente et sensuelle, les drames vont se nouer, tant de passion et de tragédies, sans espoir de rédemption.

Après son roman La Mousson, Bromfield retrouve les Indes pour ce roman. Moins épique et plus intimiste, il est centré sur un trio de personnages autour de qui vont graviter les autres figurants.



Bill Wainwright , riche américain, revient aux Indes pour son travail. Menant une vie dissolue, qui pourrait le conduire dans le ruisseau selon son ex-femme, il se fait promesse de se surveiller, de devenir sérieux et de ne plus retomber dans ses travers. Fini la vie de patachon.



Plus facile à dire qu’à faire, car la société où il gravite pousse à avoir des mœurs dissolues, à se livrer aux jeux, à la paresse et aux intrigues.

Sur place, Bill renoue avec un vieil ami d’université, Homer Buck Merrill, dont la vie est entièrement consacrée à améliorer le sort des pauvres. Ce dernier, devenu veuf, a souffert dans un mariage qui a détruit sa force vitale, il s’éteint telle une bougie. Son ami le Colonel Moti, qui observe les humains comme il observerait des insectes, imagine alors un stratagème avec Bill pour lui redonner le goût de vivre.



Carol Halma, ex-femme de Bill, se trouve aussi aux Indes. Jeune femme d’une vitalité et d’une beauté renversante, elle est l’objet de toutes les attentions et intentions d’un cercle de parasites ; Mrs Trollope qui s’attache à chacun de ses pas et qui devient une insupportable sangsue, la Baronne dont on devine très vite le rôle et le but envers Carol et M. Botlivala vulgaire et riche qui couvre Carol de bijoux et proclame leurs fiançailles.



En toile de fond, Bromfield nous tisse le portrait des Indes, les odeurs, les couleurs, la chaleur, la langueur qui gagnent les esprits, les Indes fascinantes et écrasantes.

Nos protagonistes ne s’attendent pas aux coups du sort qu’ils vont vivre, des chemins qu’ils vont emprunter et du destin bien farceur qui va les conduire à une issue inattendue.

Le héros moderne du roman est Pierre Radier.



Obscur mais doué écuyer dans un cirque de seconde zone, il se sent végéter, rien ne semble à la hauteur de son ambition démesurée qui le dévore tout entier. Il est jeune, beau, séducteur ; le monde lui tend les bras.

Chacune des femmes rencontrées lui servira pour son ascension vers le succès, la fortune, le néant.



Sa mère Mme Azaïs, fameuse dompteuse en Europe, qui après son tragique accident partira pour l’Amérique, sacrifiant tout pour Pierre, fils illégitime d’un riche banquier européen. Elle sent qu’il lui échappe, qu’il a honte d’elle et de sa vie étriquée et pauvre.



Johanna, cette jeune femme qu’il va séduire comme toutes les autres, il ne compte plus ses conquêtes, mais qui marquera son cœur à jamais.



Léah, riche et oisive qui voit dans cette relation sa dernière chance d’être heureuse et de connaître la passion, qui prend en main son éducation et fera de lui un homme du monde et lui donnera de quoi lancer sa première affaire avec Herman, ce petit homme effacé et insignifiant qu’il va flouer.



Hazel, riche héritière de 30 ans en train de se faner, qu’il épouse pour appuyer un peu plus sa fortune et son ascension et profiter des relations de son père, mais qu’il méprise au plus profond de lui.



Pierre Radier deviendra Paul Rader, abandonner son nom comme on abandonne son passé pour devenir un homme encore plus froid, sans passion, sans espoir ; quand on a tout que reste-t-il à conquérir à part user son âme jusqu’à la tragédie finale.

Livre d’une grande finesse psychologique sur une période charnière de l’Inde : des caractères puissants non outranciers, des personnages aux vertus et aux défauts équilibrés sans jugements moraux assommants et une grande fraîcheur de sentiments et de communion avec la nature

Un très grand roman

Complètement obsolète - stupide.

Chaque fois que je le relis, j'y trouve le même plaisir