Ludivine Bantigny &
Quentin Deluermoz vous présentent son ouvrage "
Une histoire globale des révolutions" aux éditions La découverte. Entretien avec Rémi Monnier. En partenariat avec Sciences Po Bordeaux et
Sud Ouest.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2916021/
une-histoire-globale-des-revolutions
Note de musique : © mollat
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“Liberté, égalité, fraternité“ : c'est beau comme devise ; dommage qu'elle soit platonique. (Maxime Lisbonne)
Il fallait injecter de nouveaux formatages et d’abord la grande idée qu’il n’y avait pas d’alternative.
La hargne à s'en prendre au service public et à qui y travaille, les attaques permanentes contre les fonctionnaires, les chômeurs, les précaires, contre celles et ceux qui se battent aussi pour des conditions de vie dignes, c'est le monde renversé, mis à terre : le monde à l’envers.
Ensauvagement : ce mot n'est pas réservé au passé. Il peut tout autant désigner la prédation qui enrégimente le vivant dans la sombre loi du marché. De ce point de vue, le capitalisme a toujours été ensauvagé : ses origines sont tachées de sang.
Si le nom de révolution a subi tous les assauts, il importe de revenir à ce que les révolutions ont d’essentiel sur le fond : rupture avec les routines de l’ordinaire, perte de légitimité des pouvoirs en place, extension du politique, effets de dévoilement sur les puissants. La révolution est une manière de rompre avec l’obéissance et l’allégeance.
L’événement révolutionnaire bouleverse le rapport à l’histoire, au passé comme au futur. Car ce qui arrive survient parfois en contradiction frontale avec ce que l’on attendait.
« Comment nous pourrions vivre » : en 1884, un socialiste anglais, William Morris, peintre et poète, imprimeur, enlumineur, traducteur, intitulait de cette façon le discours qu'il prononçait et par lequel il concluait : « Ce n'est pas une revanche que nous désirons pour les pauvres, c'est le bonheur. » Il voulait en finir avec les objets frelatés, succédanés et pacotilles « dont les gens, cessant d'être des esclaves, cesseraient d'être les preneurs ». Il soutenait aussi le droit à la beauté. Qu'on respire. Qu'on retrouve du temps pour des vies accomplies. Qu'on en finisse avec des productions ravageuses, superficielles et inutiles. Qu'on forge des villes et des vies belles, de l'art dans nos rues au lieu de la publicité, de l'espace et des couleurs. Au fond c'est bien de ça qu'il est question : du bonheur.
Impossible de laisser dire, comme l’a fait Richard Ferrand, que les grèves voudraient “conserver des inégalités“ (Ferrand qui parle tranquillement sous le coup d'une mise en examen pour prise illégale d’intérêt…).
« Je crois qu’aucun être humain ne peut être considéré comme clandestin. Ce mot devrait disparaître du vocabulaire. C’est humiliant pour la dignité. »
« Il faut pouvoir être désobéissant chaque fois que nous recevons des ordres qui humilient notre conscience. »
(Domenico Lucano , condamné pour incitation à l’immigration clandestine. Il avait lutté pour l’accueil de personnes réfugiées dans son village dépeuplé, développé leur formation professionnelle, relancé les traditions artisanales locales laissées à l’abandon faute de main-d’œuvre.)
On vous tue comme ça, pour rien, pour une allure, pour une mine. Une femme a l'air pauvre ? Fusillée. Un homme a l'air laid ? Fusillé. Si l'une pleure, c'est une « femelle d'insurgé ». Fusillée. « La douleur est une preuve de complicité. » Une jeune fille porte une cocarde rouge ? Fusillée. N'importe quel prétexte est bon pour vous faire suspecter. Mais de quoi au fond ? Souvent seulement d'être des prolétaires, des êtres qu'on méprise, dont on réduit la vie à rien. Pour Dumas fils vous n'êtes que des « femelles » : vous ne ressemblez à des femmes qu'une fois mortes, d'après lui. Peut-on vraiment expliquer autant de cruauté ?