Citations de Ludovic Lancien (87)
L'idée d'une race supérieure n'est pas l'apanage des nazis, mais les abominations perpétrées par leur parti politique ont durement impacté l'inconscient collectif. Et Julien, comme les autres Rônin, s'est intéressé de près aux travaux de l'Ahnenerbe. Du moins à leur finalité. Existait-il un peuple primitif, une caste des ténèbres à l'origine de l'humanité ?
Tout comme lui, le jeune garçon appartenait à une famille de Adi Dravida, la caste répertoriée Intouchable la plus peuplée du Tamil Nadu. Aînés de leurs fratries, ils occupaient leurs journées à mendier, sébile à la main. Parqués dans des bidonvilles en périphérie de la ville, ils devaient remonter les ruelles en direction des quartiers des Brahmanes, membres des plus hautes castes de la tradition hindoue.
Parvenus en ville, ils marchaient jusqu'au coucher du soleil pour espérer grappiller quelques roupies. La plupart du temps, ils ne récoltaient que brimades et regards noirs. Surtout ne jamais répondre, ne jamais relever le menton, sous peine de graves représailles. Comme eux, des centaines de millions d'Intouchables foulaient chaque jour le sol indien.
Les Impurs. Relégués au plus bas de l'échelle des causes du système hindou, le sort de ces individus était scellé avant même leur venue au monde.
Ici comme ailleurs, leur vie ne signifiait rien.
Nous vivons dans un monde où nos gouvernements affirment que la question du climat est une menace existentielle tout en consacrant des subventions massives aux industries de combustibles fossiles.
Il est facile d'endoctriner les masses. Pour peu que suffisamment de fous soient prêts à entendre le message.
- Je ne suis pas fou. J'ai simplement conscience d'une autre réalité.
La bête sommeillait en lui, une tumeur ancrée au plus profond de son être. La mort de sa petite amie l'a fait exploser en plein vol, brisant au passage les chaînes de ses pires démons.
Un escalier en pierre conduisant au rez-de-chaussée disparaissait dans les ténèbres, et le policier s'y engouffra sans hésiter. Des graffitis tracés à la bombe l'accompagnèrent durant son ascension. Des dessins débiles, style adolescent amoureux transi, bariolaient les murs en briques. Parvenu sur le palier, le pinceau de sa torche accrocha l'un d'eux et manqua de le faire vaciller.
Pour son professeur de fac, chaque être humain faisait partie intégrante d'une sous-culture. Qu'elle soit musicale, cinématographique, sportive, voire sexuelle, nous aspirions tous à développer un sentiment d'appartenance. Il estimait que l'homme possédait deux identités distinctes: la première, due au lien familial, était innée. Une filiation immuable et définitive, gravée dans notre ADN. Venait la seconde identité ou l'empreinte de l'âme. Plus ou moins marquée, celle-ci variait en fonction des croyances et des sensibilités, si bien que les subcultures étaient en évolution permanente. Ce besoin d'adhérer à un clan devenait si prégnant pour certains que le rejet de la norme était synonyme de liberté.
Quelle autre espèce d'animale que l'homme était capable de s'autodétruire avec autant d'acharnement ?
Les mamans sont les seuls super-héros dont nous oublions de faire l'éloge.
Il est des trajets qui ne s'oubliaient pas.
Qui, par leur puissance évocatrice, rameutaient les souvenirs pour les plaquer de force sur les rétines. Accéléraient le pouls jusqu'à en avoir mal au coeur et provoquaient une explosion au creux de l'estomac, une cascade d'émotions qui dégringolaient, fourmillaient sous la peau.
Leur intouchabilité les condamnait de toute manière à une existence vide de sens.
Que pouvaient-ils craindre de plus ?
Même la mort s'envisageait comme une bénédiction. Une délivrance.
"Les relations entre miliciens, policiers et partis politique reposent sur un jeu d'équilibre très fragile, où chaque mot peut faire basculer le pays dans une guerre civile."
"Les traditions sont tenaces. La Constitution indienne a aboli les discriminations au début des années 1950, mais l'Inde est un immense territoire, le plus peuplé au monde ! En théorie, l'évolution des mentalités est inscrite dans les textes de loi. En pratique, le gouvernement ferme les yeux sur ce qu'il se passe dans les régions rurales du pays."
"Des rouleaux de poussière se creusaient, tanguaient, voltigeaient dans l'air sec. Les maisons se raréfiaient, réduites à quelques baraques de terre enduites de chaux. Le circuit touristique était terminé. Place au monde réel, condamné à l'indifférence."
"_Vous me faites remuer des choses que je croyais enterrées, messieurs. Je ne m'attendais pas à rouvrir un jour ce chapitre de l'histoire indienne.
_Encore moins avec des policiers français.
_Vous n'avez pas tord. Mais les Indiens ont la particularité de ne pas avoir droit à la double nationalité. Je suis donc comme vous ! J'ai tendance à répéter que je suis indien de de peau, mais français de coeur. Et de papiers, ajouta-t-il en plaisantant."
"Et pour qu'un indic reste rentable, la méthode consistait à lui maintenir la tête tout juste hors de l'eau et à le "précariser". Une carotte qui l'obligeait ensuite à garder un pied dans le monde de la délinquance et à fournir toujours plus d'informations.
Parfois, le renouvellement d'un titre de séjour suffisait à tenir la taupe en laisse."
"Le propre de l'homme est de s'adapter à tout. Même à la douleur."
"Il y a toujours une part de vérité qui sommeille derrière chaque mythe."
"Les gamins découvrent la vie en banlieue, le béton, le froid. Pour eux, tout est à refaire, à reconstruire. Pour leurs parents, c'est la chance inespérée d'un nouveau départ. Le rêve occidental."