Citations de Lydia Padellec (118)
Photo de famille
Le frémissement des lèvres
Avant le sourire
Premier été
entre ses petits pieds
glisse l'océan
(" Sur les lèvres rouges des saisons")
Chemin de vie
Traversé de brise iodée
l'arbre dans le bleu
(" Sur la trace du vent")
Je regarde mon grand-père : des mésanges dansent autour de lui et un merle sifflote dans le magnolia. Il sourit et me fait un clin d’œil.
Un papillon blanc
Dans la brise légère –
Tiens, un haïku !
Je termine d’attacher ensemble des feuillets pour constituer mon premier carnet de haïkus. Il est tout simple, mais j’en suis fière. Je vais pouvoir inscrire mes petits poèmes.
Départ du train
souvenir de ses baisers
sur mes doigts tremblants
(" Poèmes inédits")
26 juin 2014
Elle est partie. Elle est partie durant la nuit du sols-
tice. La lune rousse souriait et semblait l’appeler. La
dernière fois que je l’ai aperçue au fond de l’écran
noir, sa tête penchait dangereusement vers le sol. De
ses yeux jaillissaient des larmes de sang.
Je t'écris inlassablement
à la lisière des arbres
attentive aux notes qui tombent
et à ta voix secrète
La poignée de la porte est moite
La poignée de la porte est moite. Un rayon s’y
reflète comme un sourire. Un lézard minuscule et
doré se faufile par la serrure. Vers l’extérieur. Le
panneau de bois transpire du parfum des fleurs et
du cri jouissif de la mésange.
J’ouvre la porte. Le bleu m’envahit. Entièrement.
Mon amie Yuki est japonaise. Elle est arrivée en France en septembre pour la rentrée des classes. Son père est diplomate et voyage beaucoup pour son travail. Après la catastrophe de Fukushima, il a décidé de quitter le Japon.
Il aime beaucoup la France et dit que c’est le pays des poètes, d’Arthur Rimbaud, de Jacques Prévert et de Robert Desnos. Yuki parle très bien notre langue. Son père souhaitait qu’elle la connaisse le plus tôt possible.
Il y a dans l’air
l’odeur de l’ombre
qui se mêle
au feuillage pourpre
de novembre
humus et écorce glacés
la sève ne s’écoule plus
l’arbre captif aux racines
frissonne devant la nuit
qui d’un coup vif
s’abat sur la ville
La fille te tourne le dos…
La fille te tourne le dos. Visage en profil perdu,
orienté vers une surface d’un jaune, orangé : une
toile, une fenêtre ouvrant sur un jardin peut-être ?
Tu lui emboites le regard, posé sur ses cinq tiges
malingres couronnées d’une tache blanche. Des
perce-¬neige, l’épure d’une floraison ?
Statue que vient humaniser le mouvement du
cou, la tête penchée vers la droite, la chevelure
noire et drue, coupée court.
…
// Colette Nys-Mazure (Belge 14 mai 1939 - )
N’imprègne pas trop le paysage
de ta présence
le souvenir en sera moindre :
un banc près de la mer
une brise glaciale
pas même un sourire
juste un frisson collé
à un arbre mort –
Le ressac aboie contre toi.
Chute vertigineuse
vide abyssal
ne plus penser à rien
et pourtant –
Un sourire pointe
fantoche de l’insomnie
brise cent fois mes nerfs.
Ne plus attendre –
La tapisserie du souvenir
s'effiloche en silence
Ulysse ne reviendra plus
Entre la cime
et l'abîme
nous choisirons
la terre brune
labourée de regards
de mains nouées
au vent à la pluie
nous choisirons
un lieu un chemin
un brin d'herbe
caressé par l'éclair
(" Cicatrice de l'avant -jour")
Puis survient un enfant, sorti de je ne sais où, qui dans sa course, dans son sillage, colore le chemin. Les arbres. L’automne. Les ombres deviennent chatoyantes et la forêt une mer rousse qui jouit en silence : deux visages s’embrassent sur les lèvres muettes du temps.
Tu suis un chemin …
Tu suis un chemin, en parallèle, entre deux nuages. Il n’est jamais loin et semble te regarder du coin de l’œil. Entre chaque miette de bitume, il zigzague insaisissable comme une abeille, te titille les neurones jusqu’à plus soif. Tu écoutes son souffle à travers chaque particule de vent, afin de démêler cette apparence brutale et percer au jour sa fragilité. Sa force aussi.
A Hervé Martin
Entre la cime
et l'abîme
nous choisirons
la terre brune
labourée de regards
de mains nouées
au vent à la pluie
nous choisirons
un lieu un chemin
un brin d'herbe
caressé par l'éclair
Galets
Lumière érubescente – gravir
le roc – graver la pierre
d’une empreinte préhistorique –
un oiseau gracile – une grue –
échappée d’un origami – glapit –
Soleil pourpre au parfum
de genêt – rêve étrange –
cicatrices – des cailloux grenats.
5 septembre 2020
17 avril 2014
Dans le refuge de la brume, les doigts feuillettent les
gouttes une à une. Yeux mi-clos à la recherche impro-
bable de la couleur ou d’un effluve. La tête aérienne.
Aucune ombre ne se promène dans la chambre aujour-
d’hui. Les fantômes se sont évaporés avec mon rêve.
Clair de lune -
Un petit chemin
Vers la mer immense