26 juin 2014
Elle est partie. Elle est partie durant la nuit du sols-
tice. La lune rousse souriait et semblait l’appeler. La
dernière fois que je l’ai aperçue au fond de l’écran
noir, sa tête penchait dangereusement vers le sol. De
ses yeux jaillissaient des larmes de sang.
8 novembre 2013
La pluie cogne au carreau mais elle n’entrera pas. Je n’entrerai pas non plus dans son eau. Il n’est plus temps pour moi d’ouvrir le cri. Ma tête aspire au silence d’une chevelure dans le vent. Assise à la table de travail, mon ombre cherche le mot qui lui rendra sa lumière. Mais quelle heure est-il ? Traversant les gouttes, la lune caresse le coin du lit, semble m’appeler de son lointain frémissement.
26 mai 2014
Cela fait plus d’une semaine que je guette la petite
fille dans mon écran noir. Elle fait sa vie sans se pré-
occuper de moi. Je n’ose pas me retourner. Le lilas en
fleurs embaume tous les matins à huit heures précises et
la fillette compte ses galets. Elle les dispose un par un
mais quand elle se trompe, elle défait tout et recom-
mence. Elle semble attendre quelque chose ou quel-
qu’un. Comme Pénélope et sa tapisserie sans fin.
17 avril 2014
Dans le refuge de la brume, les doigts feuillettent les
gouttes une à une. Yeux mi-clos à la recherche impro-
bable de la couleur ou d’un effluve. La tête aérienne.
Aucune ombre ne se promène dans la chambre aujour-
d’hui. Les fantômes se sont évaporés avec mon rêve.
26 février 2014
J’ai l’appétit des heures pleines et lentes, là où le silence côtoie la lumière froide du crépuscule. La fenêtre embuée renvoie mon visage un peu vieilli de ces minutes à contempler le rouge du ponant. Ce soir les rides sont des étoiles au coin des yeux.
Dans le cadre du projet "Hair in the Wind", en soutien aux femmes d'Iran, proposé par l'artiste Antje Stehn, Lydia Padellec lit son poème "Cri incandescent des femmes debout".