Citations de Maïté Bernard (89)
Comment doit réagir une maîtresse de maison quand un cadavre s'invite chez elle? En lui offrant son hospitalité à la fois discrète et cordiale. En effet, vivant ou mort, on doit toujours sortir de chez vous charmé.
Une femme qui a beaucoup reçu maîtrise l'art de causer sans parler d'elle, et c'est ainsi, de phrases toutes faites en questions bienveillantes, qu'elle avança discrètement dans ce qui était le meilleur petit déjeuner qu'elle avait fait depuis au moins un an.
Félicity Jones, dont le nom était connu dans tout le vice-royaume du Rio De La Plata pour être la référence absolue en matière de savoir-vivre, n'avait plus dans sa cuisine, qu'une table, deux chaise, un seau, un faitout, deux tasses, deux assiettes, deux couteaux et deux fourchette.
Elle hésita en reconnaissant de la compassion sur le visage de Natanael. Il ne s’étonnait pas qu’elle puisse penser, mais elle restait quand même une femme, c’est-à-dire une personne guidée par ses émotions, et il n’avait pas l’air d’imaginer que son cerveau puisse s’être mis en marche dès qu’elle avait aperçu la morte. Tant pis, elle n’aurait pas d’autres opportunités.
Oui, un avocat, c'était bien, mais Ava avait aussi son réseau, et dès ce soir, ses fantômes et elle seraient de retour sur la scène de crime.
Mais je pense qu'un jour tu vas devoir sortir de ta cachette et assumer que tu veux devenir un consolateur, et je dirais même plus, assumer que tu veux devenir un grand consolateur.
— Qu'est-ce qu'il aurait fallu que je dise ? Vas-y, apprends-moi le genre de conversation appropriée dans un pub. Et ne me dis pas que j'aurais dû parler du temps ! Qu'est-ce que ça a de si intéressant ?
— Quand même, ça décide de ta journée.
— Mais même pas ! Les Anglais savent qu'ils vivent dans un pays où il pleut, donc ils font ce qu'ils ont à faire, qu'il pleuve ou qu'il pleuve !
Angharad et Ava étaient de ces consolateurs qui pensent qu'il ne faut pas s'embarrasser de circonvolutions avec les fantômes et oser employer les mots "mort" ou "mourir", mais aussi présenter ses condoléances au défunt, de manière qu'il intègre tout de suite qu'il a vraiment perdu la vie.
Il faut renoncer. Il faut accepter la perte irréversible, la souffrance qui va avec. [...] On doit faire le deuil de ce qu'on aime vraiment et je dirais que le problème du deuil est intimement lié à celui de l'amour, à notre manière d'aimer ce et ceux que l'on aime. Si on aime quelqu'un en ayant toujours une peur incontrôlée de sa mort, ou en n'imaginant pas qu'il mourra, ou en refusant de s'y préparer ou même d'y croire, comme si cette personne était indestructible et immuable, ou indispensable, on aura probablement les pires difficultés à accepter la séparation et faire le travail de deuil.
- J'étais venue ici pour passer des vacances avec ma fille et ses amis, poursuivit Victoire sans perdre son calme. À cause de vous [Edward], j"ai dû renoncer aux visites que nous avions prévu aujourd'hui. Bref, j'ai fait le deuil de mon projet. Nous faisons tous les jours des choix, donc tous les jours des deuils. Ça vous paraît anodin?
[...]
- Qu'en est-il du renoncement à notre jeunesse? La beauté s'en va, la force aussi, et la mémoire, et l'agilité, qu'elle soit physique ou intellectuelle. Bien plus douloureux, non?
[...]
- Pourtant, continua Victoire, nous devons tous accepter ce deuil de ce que nous avons été.
Tout lui semblait neuf. Le pépiement des oiseaux, la couleur de l'herbe, les parfums, même les cailloux. Dans l'air vibrait sûrement les premiers papillons, les premières abeilles, les premières coccinelles. Tout était né il y avait quelques jours, en même temps qu'elle. [...] Ici comme ailleurs, des gens mourraient et parfois, cette mort n'était pas une libération. Mais elle était là maintenant, modeste, curieuse, travailleuse, et bientôt elle ferait partie de ceux grâce à qui tout est à sa place dans le monde.
- L'inauguration a lieu a dix-huit heures trente. J'aurai beaucoup de monde à accueillir mais tu peux venir la voir, bien sûr.
Et il était ressorti. "J'aurais beaucoup de monde à accueillir." Traduction : Fous-moi la paix. "Mais tu peux venir la voir, bien sûr" : Comme si ça pouvait t'intéresser, à ton âge !
Ce n'était pas exactement rassurant, mais Harald n'était pas exactement une peluche, et c'était tout le réconfort qu'il lui apporterait.
Vivre à Jersey, telle était la question centrale. Vivre là où elle était censée passer le reste de son existence. Elle sentit un mélange d'affolement et d'excitation. C'était trop tôt, elle avait tant de choses à faire et à voir, et elle s'aperçut qu'elle avait toujours pensé qu'elle ferait ses études avant de revenir ici définitivement.
Revenir dans les îles Anglo-Normandes était chaque fois synonyme de liberté et de travail.
Règle numéro 11 de l'art du consolateur : Ne pas rendre sa vie plus compliquée qu'elle ne l'est déjà en ayant une vie amoureuse instable.
Règle numéro 3 de l'art du consolateur : Vous ne pouvez pas voler. Vous ne pouvez pas traverser les murs. Vous ne pouvez pas vous télétransporter. Ce sont les fantômes qui peuvent faire tout ça. Vous n'avez aucun super pouvoir, vous n'êtes pas un super héros, vous êtes juste un humain.
Me calmer ? Me calmer ?! Je suis morte ! Ca t'est déjà arrivé ? Non. Alors, ne me dis pas de me calmer.
Pour rendre tout le monde heureux, il suffisait de cacher ce qu'elle était.
Ecartée, remplacée, je n'en sais rien. Je ne me sous-estime pas. J'ai des qualités. J'ai vraiment envie de bien faire, j'ai de l'imagination, je suis travailleuse et organisée, mais j'ai seize ans, je ne connais rien à la vie, comment Est-ce que je peux leur apporter de l'aide ?