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3.78/5 (sur 62 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Barcelone , 1958
Biographie :

Maïté Carranza est née à Barcelone en 1958. Elle est professeur de littérature et d'histoire de la Catalogne depuis 1980. Elle a deux fils, et vit en Catalogne, à Sant'Feliu de Llobregat. En 1987, elle a obtenu le Premio Serra d'Or pour La vie est pleine de risques. Elle a écrit depuis, d'autres romans pour les enfants, qui ne sont pas encore traduits en France. Quand on lui demande pourquoi elle écrit pour les enfants, on sent que ça la fait rire, elle dit que c'est naturel, spontané, qu'elle se sent proche de leur monde. Maïté Carranza est quelqu'un de très vivant, plein d'humour, d'énergie, comme ses personnages.

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Bibliographie de Maïté Carranza   (9)Voir plus

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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Le jour où on lui a coupé l'électricité; elle m'a demandé si elle pouvait mettre sa nourriture dans mon frigo et si je pouvais lui charger son téléphone, car elle avait beaucoup de démarches à faire. J'ai répondu que non, très poliment. Je n'ai aucune envie de me retrouver mêlée à ses histoires. Mon mari, qui rouspète toujours parce que je m'occupe de ce qui ne me regarde pas, m'a dit que j'avais très bien fait.
Les petits me font bien de la peine, parce qu'ils n'y sont pour rien, mais je sais comment ça se passe. Ces gens-là, si tu leur donnes un doigt, ils te prennent un bras. Vaut mieux garder ses distances, chacun chez soi.
( p 37)
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Je m’habillais pour lui et me coiffais pour lui, mais un jour où il s’est approché en douce dans mon dos et m’a embrassée dans le cou, j’ai hurlé comme une folle, comme s’il m’avait poignardée. Même moi, j’ai eu peur de ma réaction parce qu’elle a été instinctive. J’ai ressenti de la panique, comme la première fois qu’il a mis sa main sous ma jupe et que je l’ai violemment écartée. Martin se fâchait, bien sûr. Tu es une fille compliquée, il me disait, tu en fais des histoires. Et moi, je ne disais rien. La nuit, je rêvais de lui et je l’embrassais, mais quand il était près de moi et que je sentais sa main sur ma peau et la chaleur de son souffle excité, je frissonnais et mon corps devenait rigide comme un cadavre. Je restais froide comme un glaçon et j’inventais des excuses pour prendre mes jambes à mon cou. J’ai eu du mal à me détendre et à m’habituer à son contact, à ses lèvres qui folâtraient sur mon cou, qui me mordillaient, me chatouillaient le lobe tandis qu’il me murmurait des mots doux à l’oreille. Je n’ai jamais pu supporter qu’il soit dans mon dos, mais petit à petit, j’ai pu m’accoutumer à ses baisers et éprouver du plaisir à ses caresses. Je reconnais que j’étais amoureuse. Je n’en avais pas le droit, mais je l’étais, ou je voulais l’être. Et au moment où je pensais que oui, tout allait bien, que j’étais une fille comme les autres, ça a recommencé. Et cette fois, c’était sans retour.
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Des comprimés pour se lever, des comprimés pour marcher, des comprimés pour dormir, des comprimés pour vivre. Elle présentait qu'il y avait trop de comprimés, que les comprimés lui dérobaient sa rage, étouffait son cri. Mais ils effaçaient aussi sa douleur.
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Le soir, je lisais. J’ai beaucoup lu. J’ai lu tellement de livres pendant ces années, probablement autant que d’autres dans toute leur vie. Lui, il n’aime pas les romans, il préfère les essais, il dit, et comme je les dévorais tellement vite, il en a emprunté à une bibliothèque sans aucun critère de choix. Un jour, il m’apportait Dumas, un autre Barbara Kingsolver et le suivant Orson Scott Card. J’ai lu de la romance, de l’histoire, de la science-fiction, du policier et finalement, saoulée de chaos et avide de découvertes, je lui commandais des titres et des auteurs. Mais il s’y prêtait de mauvaise grâce, parce que ça lui faisait perdre trop de temps et qu’il disait que la bibliothécaire le regardait de travers. Et alors, j’ai tout foiré à cause des bouquins. Je me rappelle parfaitement ce moment où j’ai gâché six mois de ma vie. Un jour, j’ai cogité sur le fait que les livres que je lisais passaient ensuite entre d’autres mains et j’ai eu l’idée d’y laisser un message. Bien sûr ! C’était très simple. C’était mon seul contact avec l’extérieur. J’ai choisi un livre intitulé Ali et Nino, de Kurban Saïd, un livre d’amour et de guerre, drôle et tragique que j’ai lu trois fois sans respirer. Je me disais que la personne qui choisirait ce livre serait quelqu’un de spécial et se rendrait compte que mon message était véridique. J’ai écrit quatre lignes sur un bout de page, pour expliquer qui j’étais et demander de l’aide. Le jour suivant, il a ouvert la porte en furie et m’a lancé le livre à la tête. Tu crois que je suis stupide ! il a crié, fou de rage. Il m’a frappée jusqu’à n’en plus pouvoir et m’a laissée dans l’obscurité. Trois jours sans manger, dans un état lamentable, blessée, sans lumière, sans musique, sans Friends. Oubliée dans un trou.
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J’arrête de respirer quelques instants, angoissée, en reconnaissant les paroles que j’ai entendues des millions de fois. Des paroles qui écrasent, qui blessent, qui nous ont marquées, elle et moi, et nous ont peu à peu empoisonnées. Maman s’est toujours rendue, a accepté sa défaite et a perdu la bataille avant de l’avoir menée. Je l’ai vue se taire trop de fois, baisser les yeux, pleurer doucement et se soumettre aux insultes. Non, Maman ne peut rien contre lui, elle est faible. Pousse-toi, Pepe, sors de là une bonne fois pour toutes ! crie enfin Maman dont la voix monte, en faisant un pas en avant, sans l’écouter, sans se laisser intimider, en levant le couteau d’un geste menaçant. Je remarque comment il tremble, aussi déconcerté que moi. Tu es folle ? Tu me menaces ? Ne me touche pas ! Que crois-tu donc faire ? Me poignarder peut-être ? Maman ne l’écoute pas et me tend la main gauche par-dessus sa personne. Indifférente à sa personne. Ce duel auquel j’ai assisté tant de fois, elle en remporte aujourd’hui la victoire absolue. Allez, Bárbara, elle répète calmement. Et moi, instinctivement, je prends sa main et je crois que ça y est, que tout est fini, que j’ai fait mon choix.

Mais il réagit violemment, m’agrippe à deux mains et me lance de toutes ses forces contre le mur. Je sens des craquements, mon corps qui s’écrase et s’effondre. Je ferme les yeux, et le cri de Maman résonne dans l’obscurité. Des coups, encore des coups, il veut m’écraser et me crever comme un rat, je sens ses bottes me frapper les côtes, le ventre, les cuisses. J’essaie de me protéger comme je peux avec les mains, jusqu’à ce qu’un coup plus violent que les autres m’enfonce la poitrine et me déchire la chair comme un poignard.
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Ces hallucinations se répétaient chaque nuit. Le chevalier et la dame l'observaient sans retenue. Chaque fois, il lui semblait qu'ils allaient dire
quelque chose, mais finalement ils se contentaient de la contempler en silence.
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Tu sais bien que, dans ce métier, il ajoute, on ne peut jamais être sûr de rien. Jusqu’à ce qu’on ait démontré le contraire, tout le monde est suspect. Et j’en suis encore revenu au suspect numéro un. Le garçon avec qui elle sortait. Ce Martín Borrás que j’avais interrogé un jour avant sa disparition définitive. On avait relevé des empreintes à lui dans le sac de Bárbara, mais aucune dans la cabine téléphonique. Quand je lui ai demandé où il se trouvait le vendredi à cinq heures quarante-cinq du matin, Martín Borrás n’a pas répondu immédiatement.
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À l’époque où il étudiait le soir, il a lu Crime et châtiment et il sait que cette connexion entre le crime et le désir morbide de l’assassin de s’en vanter est un fil conducteur. Mais soit il n’a pas été suffisamment habile, soit les suspects ont été plus malins. Par ailleurs, aucun crime n’a été commis, aucun corps qui puisse les aiguiller dans la bonne direction n’a été retrouvé. Le brouillard, qui cette nuit-là recouvrait la ville de Lérida, s’est épaissi avec le passage du temps. Et si un jour il a cru qu’une bourrasque le balaierait, maintenant, à contrecœur, il doit admettre que les pistes se sont définitivement effacées. La preuve irréfutable d’un lien avec la disparition de Bárbara n’a jamais pu être établie.

Il sort la fiche de chacun d’entre eux. Il les tient à jour et les passe à Sureda tandis qu’il récite de mémoire. Martín Borrás a actuellement vingt-six ans. Il habite chez ses parents, un chirurgien cardiovasculaire et une dirigeante d’entreprise informatique. Ils sont propriétaires d’un appartement de deux cent trente mètres carrés rue de Paris. Il a eu trois relations amoureuses et un nombre incalculable de flirts du samedi soir. Les filles ne durent jamais plus de quatre mois. La constance n’est pas sa vertu principale. Il n’a pas non plus terminé ses études. Voilà son dossier sur sa deuxième année à l’ESADE, en direction d’entreprise. Désastreux. Je suis sûr qu’il s’est disputé avec ses parents et qu’il a fini par arriver à ses fins.
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Un rat d’égout noir, de la taille d’un lapin, et qui au lieu de fuir, est resté à me regarder avec un air de défi, sans bouger. Moi et le rat, tous deux face à face. Et pourtant, il ne me dégoûtait pas. Il était répugnant, mais ne me dégoûtait pas. Il avait l’air dangereux, point. J’ai senti la chair de poule gagner mes bras et mes jambes et j’ai ressenti de la haine. Une haine primitive, tribale, ancienne. Je haïssais cette bestiole désagréable qui avait envahi mon territoire. Je me suis dressée pour lui montrer que j’étais beaucoup plus grande que lui et d’un coup d’œil, j’ai calculé la distance qui me séparait du balai. Mais il était trop loin et le rat me barrait la route. Alors, d’un bond, j’ai attrapé une chaise par le dossier et je l’ai menacé avec les quatre pieds. Moi, en train d’affronter un rat tel un dompteur de cirque, incroyable. Quand j’y repense, j’en ai l’estomac noué et je ne m’explique pas où j’ai trouvé ce courage. Le rat n’a pas reculé d’un millimètre, a lancé un cri, comme un lapin avant de mourir, et à cet instant je me suis jetée sur lui en criant : « Dehors, saleté de bestiole ! » Je ne le voyais plus comme un rat, je ne me souvenais même plus que les rats infligent des morsures et transmettent des maladies, ni qu’ils étaient des créatures répugnantes qui me faisaient paniquer. C’était un ennemi et je me défendais.
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Une femme qui aurait pu aller loin si elle avait patiemment démêlé l’écheveau de ses rêves, tirant sur le fil pour aller vivre à la campagne, pour s’acheter un camping-car et visiter le vaste monde ou terminer les études de médecine qu’elle a laissé tomber à la naissance de Bárbara. Parce que Nuria avait des projets ambitieux qui se sont estompés avec les naissances et se sont complètement volatilisés avec le cataclysme de la disparition de sa fille. Avant, elle avait des responsabilités, de l’influence et de nombreux atouts pour devenir surveillante d’un service hospitalier. La volonté qui était sienne quand elle était jeune pour escalader des montagnes, faire de la varappe et descendre des pistes de ski dans les Alpes, et qui faisait d’elle une jeune femme déterminée, est maintenant un souvenir indistinct, celui que lui renvoient les photos du passé qui semblent appartenir à une autre personne, à une étudiante en médecine enjouée et courageuse, la fille dont Pepe est tombé amoureux.
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