Du jour où j’ai accepté l’idée que je n’aimais que les garçons, je savais que le chemin simple , droit et sans questions par lequel toutes et tous devaient passer venait de fermer ses portes devant moi.
C'est aux mères qu'il faut demander des comptes, bien avant les pères ou les frères. Nos mères dont le seul carburant est le déni. Nos mèresqui ont usé de toutes leurs détresses pour écraser
désirs et élans. Nos mères, anges du foyer, qui toutes leurs vies n'ont fait qu'exposer à chacun de leurs souffles l'ampleur de leurs souffrances et de leurs abnégations pour désarmer la première envie qu'il nous viendrait de respirer hors de leurs étreintes dans un torrent de culpabilité.
Ma mère est très forte à ce jeu. En à peine quelques phrases, elle peut placer tout ce qui fait de moi un futur mari de choix. Les études, l’argent, l’héritage, l’absence de calvitie.
Maktoub. Le mot flotte dans l’atmosphère, prêt à traverser les lèvres. C’était écrit haut dans le ciel , inéluctable.
Ce n’est qu’une fois qu’on y perd pied, à l’instant où l’on est si habitué à ces gestes qu’on ne sait plus revenir en arrière, qu’on commence à comprendre dans quelle foutaise d’existence on s’est enfermé.