Ici règne le silence, règne aussi le ciel, c'est-à-dire la variation, d'une minute à l'autre, d'un moment du jour à l'autre, d'un jour à l'autre, de l'aspect du ciel, de l'éclairage, de la luminosité, quantitativement et aussi qualitativement, et de l'air, encore, qui ne se voit, mais auquel le corps accorde son attention, sa légèreté, son humidité, sa transparence, qui donne ou ne donne pas à l'aspect du ciel sa profondeur, son épaisseur de ciel dominant la crête des arbres massés en face de la maisonnette, au sommet du vallon, les agitant ou les figeant, comme en attente d'une catastrophe, ou encore les balançant mollement et régulièrement
Les oiseaux saluent le matin. La maisonnée est encore endormie, se repose du tonnerre subi. L'érable à présent est tout jaune, et quelques écharpes de brume s'accrochent aux crêtes des collines. Paix du samedi. Gouttes de pluie accrochées au carreau de la fenêtre. Un petit garçon s'est éveillé, a pronostiqué une belle journée.
A la tour, j'ai rapporté une stalagmite de glace, où une petite plante d'un vert cru, aux feuilles larges comme un trèfle, demeure prise, comme destinée à une éternelle fraîcheur, et se balance maintenant à la voûte, devant le seuil.
Il y a des instants qui ne durent pas, ne s'égalent pas, sont chacun parfaitement singuliers, où le paysage est tout autre : le noir l'envahit, la lumière très crue en éclaire avec une grande violence quelques détails, qui en deviennent la structure visible : le câble électrique qui pend au dessus du vallon, les cimes de quelques arbres qui suivent irrégulièrement le cours du ruisseau.
Que, si tu crois parvenir à l'essentiel,
l'essentiel n'est pas.
Que, si tu crois poursuivre la sérénité,
c'est sans sérénité
(non pas même donnée, mais reçue,
dans l'attention plutôt que l'attente).
L'être-le-temps.
voix très pure d'une pensée qui n'était ni de l'essence ni de
l'existence,
et qui déjà semblait obscure
aux affairés,
dangereuse autant que vaine aux puissants.