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Critiques de Marianne Maury Kaufmann (38)
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Ciment

J’ai , tout de suite, été en voyage dans ce quartier du Nord. J’ai imaginé toutes ces briques rouges que je connais bien.

J’ai beaucoup aimé les passages en italiques qui « humanifient » les personnages.

C’était un joli moment de lecture que je ne peux que vous recommander de lire !
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Ciment

A Audaincourt, dans le Nord de la France, la cimenterie est le poumon de la ville. Les ouvriers habitent le bas de la commune. Les ingénieurs respirent un autre air. Leurs villas sont construites en hauteur ; il faut gravir soixante-douze marches pour les atteindre. Gilles Leturck, le narrateur, et ses parents occupent l’étage inférieur d’une de ces maisons à deux étages : le Belvédère ; la famille de son cousin, Daniel, possède l’étage supérieur, agrémenté d’une grande terrasse. Ce lieu est le témoin de toutes les réunions familiales. « Bref, lorsqu’on était sur cette terrasse, on avait tout le pays à ses pieds. » (p. 21)





Des photos immortalisent les évènements et permettent d’observer les évolutions de chacun. Gilles grandit dans un environnement peu propice à la confiance en lui, alors que Daniel a reçu une éducation attentive et aimante. Chacun a pris la place qui lui était offerte. Celle de Daniel est grande, son cousin a composé avec le peu d’espace qui lui a été attribué. Les seuls repères de ce dernier sont les comparaisons. C’est par elles qu’il observe sa cellule familiale. Sa mère est différente des mères fringantes, mais aussi de celles des familles pauvres et elle ne se comporte pas comme sa tante.





Dans ce récit, Gilles livre des morceaux de son existence. Il décrit son enfance, son adolescence, ses amours et son entrée dans l’âge adulte. Cela ressemble à des tranches de vie, mais c’est la sienne qu’il déroule. Ses pensées sont ciselées et délicates. Il les livre avec son vécu émotionnel, avec une grande part d’innocence. Il n’est pas habitué à être le centre de l’attention, aussi, ils sont empreints fortement de sa perception de son entourage. Il confie les évènements qui lui semblent importants, sans toujours déceler leur poids. Le tableau est peint par petites touches. Le lecteur les relie et s’étonne de la multitude de sentiments cachés dans le resserrement du texte. La suggestion est si prégnante qu’il l’entend alors qu’elle n’est pas énoncée. C’est la raison pour laquelle il est difficile de parler de Ciment, car les faits se camouflent dans les interlignes, les silences et les confidences en apparence anodines.





J’ai beaucoup aimé ce roman délicat.




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Varsovie-Les Lilas

Méfiez-vous de ces espionnes qui vous écoutent aux terrasses ou aux zincs des bistros, qui vous suivent dans la rue ou vous observent aux arrêts d’autobus. Elles n’ont qu’une hâte : rentrer chez elles et écrire, écrire jusqu’à trouver le mot juste qui vous épinglera définitivement sous la vitre d’un livre.



Marianne Maury-Kaufmann pourrait être cette sorte d’entomologiste collectionneuse. Illustratrice, elle campe chaque semaine dans Version Femina, d’un trait cruellement tendre, une version moqueuse voire caustique de ses contemporaines, dont elle ne se désolidarise pourtant jamais. A celles et ceux qui ont la chance de l’avoir pour « amie » sur Facebook, elle offre régulièrement ses petits sketches de la vie quotidienne, si bien ciselés qu’ils réveillent notre regard assoupi sur le monde.



Avec Varsovie-Les Lilas, son deuxième roman, elle nous livre une version plus grave de la vie en nous faisant monter dans un autobus parisien où Francine, son héroïne, voyage sans but précis la journée durant. Sans but précis, vraiment ? En fait, en empruntant le 96 qui passe en bas de chez elle et l’emmène tantôt vers Montparnasse, tantôt vers la Porte des Lilas, Francine cherche à qui parler. Ce n’est pas d’être veuve qui l’a rendue muette. Ce ne sont pas ses rendez-vous avortés avec Roni, sa fille, qui ne lui en laisse pas placer une, qui lui rendront la parole. Non. Francine est née juive à Varsovie en 1939. Elle a donc beaucoup de chances de vivre encore, à Paris, aujourd’hui. Mais ce qu’elle a à dire est trop lourd, trop massif. Elle a eu trop de mamans avant de retrouver la sienne, cette Dorota qui est réapparue devant elle un beau jour du printemps 1945, comme un fantôme, avec toujours « deux ans de moins sur ses papiers » mais « cinquante de plus dans le corps ». Dorota ne racontera rien à sa fille. Francine, elle, ne peut rien raconter à personne de ces années arrêtées et enterrées dans un coin de sa mémoire d’enfance.



Francine continue donc à traverser inlassablement Paris, gentiment toquée. Les lignes de bus ont leurs habitué•e•s. Pourquoi un jour descend-elle avec celle qu’elle a surnommée en secret « la Bougie », pourquoi la suit-elle dans la rue, où trouve-t-elle l’audace de l’aborder, le courage de lui demander : « Vous aussi, vous êtes seule ? » La Bougie est une drôle de fille, qui pourrait être la sienne. Elle s’appelle Avril. Elle va devenir la raison de vivre de Francine, qui n’avait jamais pensé qu’elle pourrait en avoir une, de raison. Avril à Paris. Jusqu’au jour où…



En filmant Francine en plans très serrés, c’est aussi un portrait de la capitale que nous livre « MMK », un Paris saisi à bras-le-corps dans sa mauvaise saison, celle des pavés humides, des lumières de Noël qui pèsent sur les âmes solitaires. Elle mêle tellement les vies croisées et leur décor qu’elle semble pétrir une pâte urbaine de rues, de boutiques, de lampadaires, de façades ouvertes sur l’intime, de paumé·e·s en tout genre, pâte que ses mots précis, ajustés, font lever lentement en nous, jusqu’au dénouement, simple et lumineux. Gracié.



Montez dans le 96 avec Francine, vous ne le regretterez pas.
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Ciment

« Du feu qui est en toi dépend la chaleur de ta vie.

Mais où, en moi, devais-je le chercher, ce feu ? »

Dans une petite ville du Nord assemblée autour d’une cimenterie, deux familles alliées cohabitent au « Belvédère », un pavillon de deux étages, dont la terrasse domine la ville. C’est Gilles qui raconte et se souvient de ses débuts dans la vie, de son adolescence, de ses amours bancals, de sa carrière éphémère de disquaire, de sa mère endeuillée avant sa naissance, de son père privé d’enfance et d’ailleurs, des jalousies et des mensonges de deux familles qui s’épient et traversent drames intimes et collectifs, vécus, ressassés, enfouis, exhumés.

Est-ce sa formation d’architecte qui lui a donné ce trait sûr, qu’elle reporte chaque semaine sur Gloria, son héroïne de BD ? Après Varsovie-Les Lilas, le nouveau livre de Marianne Maury Kaufmann, Ciment, est un solide bâti de situations dessinées au plus près de chacun des personnages qu’elle projette l’un après l’autre sur la scène de son récit. Son art scénographique repose sur une micro-écriture qui débusque avec précision, d’un scalpel attentif, tantôt empathique tantôt cruel, tous les détails et tous les recoins de la vie et des âmes. Il en résulte, pour ce roman d'apprentissage, ce qu’on pourrait nommer une densité légère, qui fait de chaque paragraphe une petite nouvelle à lui tout seul, l’ensemble échappant comme par magie à la pesanteur descriptive. Il n’y a pas chez notre autrice de tartinage psychologique, pas de décor empâté. Mais les touches successives d’un pinceau phénoménologique si fin qu’on s’étonne qu’il produise des impressions si fortes. Seul soulignement que se permette Maury Kaufmann de temps à autre : le sceau de l’italique, qui dénote les manières de dire d’un personnage et authentifie sa parole.

Comme dans la musique contemporaine, cette micro-écriture engendre ces micro-intervalles qui dérangent l’harmonie classique de la littérature, faisant écho par moments à ce que fut l’ébranlement existentialiste. Il en résulte une familière étrangeté, comme si cette science particulière de l’écriture de fiction avait produit une science fiction de la vie quotidienne, extrayant de celle-ci ses vérités inaperçues et augurant du futur qui la guette.





PS : C'est Guillaume Wallut qui a accueilli ce roman au sein de la maison qu'il a fondée, Cent mille milliards, rompant il y a dix ans déjà, par l'édition à la demande, avec les principes ruineux pour l'environnement de l'édition traditionnelle.




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Varsovie-Les Lilas

Voilà un roman terriblement touchant... Il distille une grande mélancolie, à travers son héroïne, Francine. Une femme à l'automne de sa vie, une vie qu'elle semble avoir traversée en s'excusant d'exister. C'est que l'histoire de Francine, née Edda à Varsovie en 1939, est lourde de souffrances indicibles, celles qui pèsent sur les survivants de la Shoa. Si elle, elle a échappé de peu aux camps, elle ne s'autorisera jamais à vivre normalement et sera dans l'incapacité de trouver sa place dans le monde. Elle a une fille pourtant et même une petite-fille, mais un océan d'incompréhension et de non dits a érigé entre elles un mur invisible. Et Francine crève de solitude. Elle passe ses journées dans le bus 96, montant, descendant sans but véritable, en observant avec une acuité dénuée de toute bienveillance l'humanité qui s'agite.... Comment pourrait-elle être bienveillante ?

Et pourtant elle ne rêve que d'une main qui se tendrait, d'une oreille qui l'écouterait pour enfin rompre la digue de ses émotions.



Elle n'est pas forcément sympathique au premier abord cette Francine. Pourtant très vite le cœur se serre devant tant de détresse, et on assiste avec empathie aux petits riens qui vont bouleverser sa vie, à cette rencontre, toxique, mais salutaire qui aussi paradoxal que cela paraisse, va l'amener sur le chemin de l'ouverture ...



Lisez-le, laissez-vous porter par la plume de Marianne Maury Kaufmann, délicate, pudique et à la fois précise et directe qui vous fait toucher du doigt la solitude urbaine, tout en faisant jaillir un peu de lumière du fond du désespoir...
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Gloria

Nous avons là une bd détente destinée essentiellement à un public féminin de type plus de 40 ans, élevant seule un ado, citadine et certainement un peu bourgeoise sur les bords.



On n'aura pas de mal à trouver une page de ce strip dans le magazine Version Fémina. Ce premier opus compile certaines des strips tirés du magazine en question.



Sympathique, pleine d'entrain, affublée d'une mère envahissante et d'un fils ado chéri, elle décompresse avec les copines et le shopping. Gloria est toujours au bord de la crise de nerfs !



Il n'y a pas vraiment d'originalité tant cette femme peut ressembler à ses lectrices qui s'attacheront forcément. Ce n'est pas mon genre de lecture mais je suis tombé dessus par hasard. Pour moi, cela manque singulièrement de souffle ! On s'ennuie ferme à cette lecture.
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Gloria en vacances

Voilà une BD plutôt rigolote, très dans l'air du temps! Gloria est une jeune femme, normale, complètement, loufoque, un peu. Quand arrivent les vacances, elle met en scène des anecdotes drôles, croustillantes, inconvenantes... Des histoire très courtes qui se lisent petit à petit, ou tout d'un coup, pour illustrer le quotidien d'une trentenaire qui se débat avec ses questionnements.

En toile de fond, le "chéri", assez accessoire, ce qui rend le tout plutôt drôle aussi.

Les dessins sont comme les textes, frais, sans prétention, sympathiques, juste pour nous faire passer un bon moment.
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Varsovie-Les Lilas

Marianne Maury Kaufmann est illustratrice, peintre et auteure. Son dernier roman publié aux Éditions Héloïse d'Ormesson, Varsovie - Les Lilas aborde le thème de la solitude des personnes âgées et du pathos qu'elles traînent derrière elles et dont elles aimeraient bien se délester. Si seulement elles savaient comment s'y prendre...



Francine fuit. Chaque minute, chaque jour, chaque rencontre, chaque souvenir. Elle fuit. À bord du 96, bus dont elle connaît chaque recoin, chaque arrêt, chaque chauffeur. Elle fuit. Elle écoute et observe. Parler ? Dire ce qui lui brûle le palais ? Elle en crève d’envie mais elle a oublié, tout comme pleurer.

Lorsqu’elle croise Avril dans le 96, elle sait immédiatement qu’elle aussi tente d’échapper à sa vie…



Passer ses journées dans le bus plutôt que dans son petit appartement, être en mouvement pour ne pas cogiter, telle est la recette de Francine pour rompre sa solitude et éviter de ressasser son passé. Francine est du genre taiseux. Communiquer, elle ne sait pas, elle n'a jamais su. Depuis l'enfance Francine trimbale une lourde histoire familiale. Un père qu'elle n'a quasi pas connu, une mère avec laquelle elle partagera les camps de concentration. Son aplomb l'en sortira, mais en est-elle seulement sortie ? Puis Paris. Un mari, une fille, une petite-fille. Francine a toujours eut besoin d'être en mouvement. Depuis qu'elle est veuve et avec le poids des années, elle n'arpente plus la Capitale à pied, mais en bus. Le 96. Terminus Porte des Lilas. Cette ligne, Francine la connaît parfaitement. Tout comme les chauffeurs. Elle leur a même donné des surnoms. Observer les passagers et le temps qui s'écoule telle est la principale occupation de Francine. Des amis, elle n'en a pas. Elle voit bien un couple toutes les semaines, mais les visiter relève plus de la corvée que du plaisir. Francine est désespérément seule et ne fait aucun effort pour rompre cette solitude jusqu'à ce qu'elle rencontre une jeune fille, Avril. Grâce à cette dernière, Francine deviendra un peu moins invisible aux yeux des autres jusqu'à entretenir l'espoir que l'ambiance des Fêtes de fin d'année la gagne et qui sait qu'un chauffeur de bus ne la dépose devant chez sa fille pour le Réveillon.



Bien que la plume de Marianne Maury Kaufmann rende la lecture de Varsovie - Les Lilas agréable, voire à certains moments poétique, il m'a manqué un je ne sais quoi pour monter dans le 96 et accompagner Francine dans sa quête. Ses non-dits, ses secrets, ses silences assourdissants, sa solitude m'ont terriblement pesé, très certainement parce que les bus parisiens regorgent de Francine. Heureusement, ce voyage organisé par les 68 premières fois, se termine par une note d'optimisme et d'espoir.


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Varsovie-Les Lilas

Francine est âgée et veuve, coupée de sa fille avec laquelle elle ne s'entend guère. Elle ne supporte pas de rester immobile et passe ses journées dans le bus. A l'approche de Noël, au cours d'une de ses pérégrinations, elle rencontre Avril, une jeune femme gothique perdue qu'elle surnomme la Bougie et prend sous son aile. Mais elle est bien mal remerciée en retour, et renvoyée à son éternelle solitude.



Un joli portrait d'une femme terriblement solitaire, acariâtre et méchante, qui pourrait paraître antipathique, mais s'avère généreuse sous sa carapace. Le récit, qui ne fait pas l'impasse sur l'enfance traumatisante de Francine, prend dans le dénouement des allures de conte et, sans laisser de souvenirs impérissables, se lit avec plaisir.


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Varsovie-Les Lilas

J’ai aimé partager la vie de Francine, son enfance trouble, sa vie de famille décousue, sa « vieillesse » perdue. La nécessite que Francine a de bouger, comme pour échapper à quelques chose, comme pour sortir de la réalité et du quotidien. Son besoin de lien social afin de tromper la solitude. Si elle n’arrive pas à avoir ce lien avec ses proches (sa famille et ses amis), elle le retrouve avec des inconnus qu’elle croise dans le bus, jusqu’à la rencontre. L’idéalisation de cette jeune femme qu’elle va suivre et finir par adopter, finir par jouer un rôle de mère, jusqu’à la demande de trop ? Jusqu’à la prise de conscience. J’ai aimé le rythme du roman qui nous fait parcourir Paris et nous fait sauter de bus en bus, mais attention toujours la même ligne. La prise de conscience du personnage est également intéressante, comme s’il avait fallu tout ce chemin parcouru pour qu’enfin Francine s’ouvre aux siens. Bon moment de lecture.
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Varsovie-Les Lilas

***



Francine pourrait vivre dans le bus tant elle y passe la majeur partie de son temps. le 96 est sa deuxième maison. Ne supportant pas le silence de son appartement, elle erre dans Paris, à la recherche d'une oreille capable d'écouter son histoire...



Lu dans le cadre des 68 premières fois, le roman de Marianne Maury Kaufmann ne sera pas une grande découverte pour moi.



Malgré l'histoire intéressante, l'écriture travaillée et à l'image du personnage de Francine, détachée et froide, je n'ai pas réussi à m'attacher à cette femme enveloppée dans une grande solitude.



Une vie bien triste, au milieu des silences... Ce besoin de mettre des mots sur son histoire et chercher chaque jour une oreille où les glisser... Un roman qui a le mérite d'être juste et de mettre l'accent sur l'absolue nécessité de dire les blessures, les douleurs et les peurs pour avancer vers la liberté...
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Varsovie-Les Lilas

Qui est cette petite vieille dame qui chaque jour parcourt la ligne 96 d'un bout à l'autre, dans ce Paris de veille de fêtes ? De la gare Montparnasse à la Porte des Lilas, elle nous fait passer devant l'église Saint-Sulpice, la Place des Vosges, le Paris chic et bobo des deux côtés de la Seine, La Grande épicerie, le Bon Marché, tout un monde ! puis par les rues populaires de Belleville et de Ménilmontant.



Paris tient un rôle important dans ce roman, le Paris de ceux qui s'y croisent sans se voir, de ceux aussi qui échangent un sourire, un mot gentil, dans le bus ou le métro. Francine fait partie de ces derniers, elle qui cherche une oreille prête à l'écouter. A plus de 80 ans, elle en a vécu des choses, depuis la douleur de la guerre et de la Shoah, le décès de son mari, l'indifférence de sa fille qui la laisse bien un peu seule et ce grand silence qu'elle voudrait combler, quelquefois.



Les thèmes de la vieillesse et de la solitude bien sûr imprègnent ce texte, mais sans larmoiements. Francine est plutôt une vieille ado, un peu facétieuse, observatrice (elle affuble tous les chauffeurs de bus de surnoms!), disponible aux rencontres. Elle se fait un peu avoir, en se mettant à la disposition de cette femme marginale à qui elle donne tout, écoute, cadeaux, services, argent. Mais donner, c'est aussi une façon de recevoir, n'est-ce pas ?



De rencontre en rencontre, Francine s'achemine doucement vers les fêtes de Noël, vers un possible partage, encore une fois, avec sa famille. Lucide, prête à ce que seront ses derniers moments, lucide et sereine.



C'est calme et doux, apaisé et sensible, drôle parfois, émouvant toujours. Un joli deuxième roman.
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Varsovie-Les Lilas

Dans ce court texte tout en subtilité Marianne Maury Kaufmann nous conte la solitude de Francine et son incapacité à communiquer. Francine n'est plus toute jeune, veuve, peu liée à son unique fille, alors, pour passer le temps, elle se fond dans l'anonymat de la grande ville en sautant de bus en bus et en observant les autres.

Elle sent bien qu'elle est passée à coté de sa vie, elle qui traîne derrière elle le boulet de la Shoah (ce pourrait être autre chose), toujours soumise aux diktats de son mari (ça l'arrangeait bien de ne pas prendre de décisions). Maintenant qu'elle est tout à fait seule que faire de sa vie, elle qui est la solitude incarnée? Elle ne peut rester en place, sa bougeotte perpétuelle est en fait un appel au secours. Elle aimerait tant communiquer avec les gens qu'elle croise dans le bus et dont elle invente les vies mais il y a un blocage dans sa tête et souvent ce qu'elle entreprend n'aboutit qu'à des relations manquées.

Le jour où elle rencontre une autre paumée qui semble avoir besoin d'elle, elle se sent revivre. Elle se toque de cette marginale qui donne un sens à ses interminables journées d'errance. Il lui faudra du temps pour admettre la toxicité de cette rencontre mais sa vie a repris du sens.

Ce n'est peut-être pas assez abouti mais j'ai lu ce roman comme un émouvant conte de Noël. J'ai ressenti de l'empathie pour cette Francine que, pourtant, l'auteure ne nous décrit pas sous son meilleur aspect. Ce second roman est une réussite et maintenant, en prenant le bus, je vais penser à celles qui y passent leur journée pour fuir la solitude.

Sélection du premier semestre 2019 des 68 premières fois
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Varsovie-Les Lilas

Sans vouloir faire de la psychologie à deux sous, tout le monde sait bien que, derrière leur nez rouge, les clowns cachent des cœurs gros comme ça et que, si leurs chaussures sont si grandes, c’est pour pouvoir contenir toute la mélancolie qui les leste. Ainsi en va-t-il de Marianne Maury Kaufmann.

D’elle, on ne connaissait que la légèreté colorée d’une Gloria pétillante d’humour et de mauvaise foi, voici qu’elle nous révèle, à mots comptés, une Francine à la douloureuse transparence, traînant, le cœur lourd, ses casseroles de plomb sur la ligne 96 des bus parisiens.

Elle est agaçante cette Francine, petite souris grise et terne glissant sans bruit dans sa propre existence, toute à l’observation de celle des autres, prisonnière à perpétuité de son histoire sans joie, de son appartement trop propre, du trapèze de ciel qui s’offre à sa vue, de son incapacité à créer un vrai lien, même avec sa propre fille. Elle est surprenante de jeter soudain son dévolu sur cette jeune femme étrange et évidemment, éminemment, exagérément toxique, croisée sur sa ligne de bus, sa ligne de vie habituellement sans surprise. Elle est émouvante, pour finir, lorsqu’ elle accepte de mettre pied à terre pour entrer, enfin, de plein pied dans sa vie.

Malgré les chaos du chemin, les déviations qui déboussolent et donnent l’impression de se perdre, l’éclairage parfois un peu terne, la température aléatoire, le style sobre, fluide et enlevé de Marianne Maury Kaufmann donne envie de suivre sa ligne jusqu’à un terminus joliment surprenant.


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Varsovie-Les Lilas

Lorsque j’ai tourné la dernière page du deuxième roman de Marianne Maury Kaufmann, "Varsovie-Les Lilas", je me suis demandé ce que je pourrais en dire, ce que pourrais écrire. Ma lecture eut une saveur mitigée, faite de hauts et de bas. Pour preuve, j’ai dû relire le début pour me remémorer l’histoire.



Francine, l’héroïne, charrie derrière elle une vie de chagrin du temps où elle s’appelait Eda et vivait à Varsovie. Elle ne raconte pas, elle ne le peut pas. Alors, elle bouge. Avant, elle marchait, désormais elle prend le bus, le 96 plus précisément et passe sa journée à vadrouiller d’un arrêt à l’autre. Sa fille, Roni, elle ne la voit presque pas et la voir est douloureux. Son mari, Jean, est décédé. Dina, sa voisine "retouchière", elle la fuit. Restent les chauffeurs de bus qu’elle affuble de surnoms, mais auxquels elle n’adresse pas davantage la parole. D’ailleurs, "Les machinistes se posent sans doute parfois la question de savoir ce qui leur vaut cette compagnie, même si, à leur poste, rien n’étonne plus. En tout cas, ils ont bien compris qu’elle ne va nulle part… Ils ont aussi compris que son nulle part elle y va seule. Elle est seule dans la vie tout court, supposent-ils." Drôle de femme cette Francine qui un jour rencontre une jeune fille… Avril de son prénom… A elle, sera-t-elle capable de parler ?



Le début du roman me fut difficile, j’avais l’impression qu’il ne se passait pas grand-chose, je ne comprenais pas ce que cherchait Francine, je courais après elle sans savoir où elle allait, ni moi non plus. Et puis, la plume de l’auteure, parfaite pour décrire l’agitation, mais aussi les ombres et parfois la lumière m’ont cueillie et j’ai continué. L’écriture reste pour moi le bon point de ce roman, je l’ai trouvée belle. Mais ça n’a pas suffi. Pas davantage les cliffhangers que l’auteur utilise pour doper l’attention du lecteur, ni même la fin, pourtant pleine d’espoir, ou encore le personnage de "Poutine" qui seul a su m’attendrir.



Alors pourquoi ? Pourquoi n’ai-je ressenti aucune empathie ni pour Francine ni pour la Bougie, ou plutôt Avril. Pourquoi n’ai-je pas été touchée par la vie, les failles, les faiblesses, les chagrins sans doute, de ces femmes ? Pourquoi ne leur ai-je à aucun moment trouvé quelconque intérêt ? Sans doute parce que je n’ai pas tout compris de l’objectif visé. Plus sûrement parce ce n’était pas le bon moment pour moi de lire une telle histoire.



Je le regrette, mais ce roman m’aura laissée à la porte du bus 96.


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Varsovie-Les Lilas

Livre qui ne mène nulle part et manque de cohérence;on voudrait partager l'errance et l'incapacité à vivre le quotidien de cette femme,on se retrouve enfoncés dans un méli mélo d'anecdotes décousues et n'attirant aucune sympathie pour cette bourgeoise en goguette
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Varsovie-Les Lilas

Participer à un jury littéraire me permet de lire des livres que je n’aurais jamais choisis moi-même. Ceux-ci peuvent aussi bien me réserver de belles surprises qu’être des occasions manquées. Dans ces déceptions, il y a bien sûr les mauvais romans dont le niveau général n’est pas à la hauteur du Prix. Parfois, c’est le genre littéraire que je ne maîtrise pas. D’autres fois, je rencontre aussi des histoires, dont je reconnais la qualité d’écriture, mais dont le charme ne fonctionne pas sur moi.



« Varsovie – Les Lilas » fait malheureusement partie de cette dernière catégorie. Malgré une belle langue, il n’a pas retenu mon attention. J’ai trouvé le texte brouillon et déstructuré. Je n’ai pas vraiment compris l’objectif de l’héroïne, de toutes ses actions et de tous les personnages qu’elle croise. Son errance, ses rencontres, le lien entre le passé et le présent… rien ne m’a pas paru évident. Plus globalement, je n’ai pas cerné l’intérêt de cette histoire et je n’ai ressenti aucune émotion. Ce roman est seulement passé sous mes yeux, sans s’imprégner dans mon esprit.



Je pense simplement que ce court texte et moi n’étions pas compatibles. Mais comme disait un grand philosophe (qui n’a pas fait carrière) : Ce n’est pas parce que je n’aime pas qu’il faut en dégoûter les autres. Je vous laisse donc le libre choix de lire ou non ce livre et d’en apprécier la lecture. Vous m’en direz des nouvelles…
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Varsovie-Les Lilas

Emouvant, sincère, doux comme de la soie, malgré les trombes d'une pluie glacée. Ce roman est le canevas d'une vie chaotique dont on aime d'emblée l'héroïne. Superbement écrit, dans ce style cher aux érudits de l'art à son summum, la grâce est là, le verbe haut. Les phrases sont semblables au regain littéraire. L'incipit : « Tiens, un texto. Francine consulte sa messagerie. »Glisse subrepticement les affres de la solitude en fissures morales. On devine un antre triste, pathétique, sans bruits ni mouvements. Une Francine seule à seule en écho sourd de ce silence dont on sait qu'il va gagner sur tous les points. Et pourtant ! La lumière est là. Francine va trouver son souffle en prenant régulièrement le bus le 96 à Paris, en échappée mémorielle dont elle connaît tous les chauffeurs, tous les habitués. La parabole de la fuite est pourtant ici, sur l'asphalte des jours sans où ce qui pourrait détruire Francine la relève en vertu attentionnée à autrui. Ses habitudes sont des soupapes de survie. On aime ses trajets, ses arrêts. Cette sociologie urbaine qui délivre ses diktats et cette femme d'un âge certain, veuve en recherche de sens. Les incompréhensions, les non-dits, les freins qui la retiennent ne sont en fait qu'une pudeur de femme qui n'ose plus. Même avec sa fille, sa petite fille méconnue pour elle, trop vivante. Francine quête son pain dans le 96 . Et là ! Francine va rencontrer une jeune femme, Avril. Se glisser dans sa vie, en mimétisme. Ne rien dire de plus. Ce roman est d'une beauté grave. Les larmes coulent mais elles sont l'authentique et le pur. L'émotion est un écrin de plénitude. « Elle remonte son ruban éternel de solitude et de silence. » On reste au fond du bus le 96 à observer Francine. Ses belles mains meurtries d'un Varsovie de terreur et d'abandon. Ce que Les Lilas auront accordé par l'effort et la tendresse, la gloire d'un bus métaphorique. Ce roman est éblouissant, majeur, intime par la confidence de l'auteur pour son héroïne. Même « S'il pleut une eau froide en vagues abandonnées. » Varsovie-Les-Lilas est ce roman qui reste à jamais. Il ne s'oublie pas. le lecteur attend la suite. Il veut savoir l'après. Il ne veut pas quitter le bus le 96. Il se promet de prendre ce dernier dans un périple parisien et peut-être verra t'il Francine. Marianne Mary Kaufmann vient de mettre au monde un deuxième roman époustouflant qui se lit en symbiose avec chaque mot. Publié par les Editions Héloïse d'Ormesson . Culte.
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Varsovie-Les Lilas



Pourquoi ce titre ? Est-ce une ligne de bus parisienne ? Pas tout à fait : Varsovie, c’est la ville de naissance de Francine et Les Lilas, le terminus du bus qu’elle emprunte systématiquement tous les jours. Alors les chauffeurs, elle les connait bien, elle leur a même donné un surnom à tous mais … jamais elle ne leur parle. Francine, elle ne parle à personne si ce n’est qu’à elle-même. Habitude prise pendant son mariage. Jean était prêt à prendre tout en charge mais à condition qu’elle se taise. Difficile de briser sa solitude maintenant qu’il n’est plus là. Et pourtant elle a des choses à raconter Francine. D’abord sur son enfance malheureuse elle qui est née pendant la seconde guerre mondiale, trimbalée à gauche et à droite au point de ne plus savoir qui est sa véritable mère. Francine, c’est une rescapée des camps de concentration, qui n’a du son salut qu’à son aplomb extraordinaire auprès d’un jeune adolescent «Emmenez-moi ! » : à quatre ans c’est de la présence d’esprit et une sacrée force de caractère ! Francine voudrait se confier car elle ressent viscéralement le besoin de parler, de libérer la parole, de faire ressortir tout ce qui est enfoui en elle. Mais à qui ? Aux psys, aux amis d'autrefois ? En tout cas sûrement pas à sa fille dont la relation dès le départ a mal commencé : c’est bien simple « en accouchant, elle a eu l’impression d’aller à la selle » ! Et si elle engageait la conversation avec cette drôle de fille, celle qu'elle a croisée dans son bus « la fille de la « rue du four » ? Pour être seulement écoutée, elle est prête à tous les sacrifices. Mais la bonne oreille attentive n’est pas toujours celle qu’on croit !

Très perplexe lors de la lecture des premiers chapitres car l’écriture surprend dès le départ, le lecteur se retrouve projeté littéralement dans la tête de Francine, pèle mêle dans ses pensées, brutes de fonderie. Une écriture tourmentée qui se déverse sur le lecteur comme un flot impossible à endiguer. C’est souvent un joyeux cafouillis dans lequel il est facile de se perdre. Mais très vite le charme de la vieille femme bougonne agit. Qui ne connait pas dans son entourage « une Francine » ? Finalement Francine est très attachante.

Le livre est agréable à lire, il va à l'essentiel, sans chichi. On est au milieu des gens que Francine croise sur son chemin, quels qu'ils soient, les gens de tous les jours, de notre quotidien, avec leurs dimensions uniques ... ils nous intriguent davantage au fil des pages, de l'avancée du voyage intérieur de Francine et des préjugés qui explosent...

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Varsovie-Les Lilas

Le second roman de Marianne Maury Kaufmann met en scène Francine, née le 16 mai 1939 à Varsovie. On la retrouve plus d’un demi-siècle plus tard dans un bus parisien avec qu’une rencontre ne vienne changer sa vie.



L’histoire de Francine débute bizarrement, dans le bus parisien 96, celui qui assure la liaison entre la Porte de Lilas et la Gare Montparnasse. Si par hasard vous l’empruntez un jour, vous pourriez très bien la croiser, car elle y vit. «Dire qu’elle y vit est une façon de parler, naturellement. Mais c’est presque vrai. Francine passe quasiment tout son temps dans le bus. La seule chose qu’elle n’y fait pas, c’est dormir. Si on lui proposait, d’ailleurs, il est probable qu’elle accepterait de bonne grâce d’être emportée au garage à la fin de la tournée. On ne lui propose pas. Disons que Francine vit dans le 96 le plus clair de son temps – qu’il est plus réaliste d’appeler le moins obscur.»

Car le côté obscur, Francine le porte depuis sa naissance ou presque, le 16 mai 1939, à Varsovie. Pas plus ses parents qu’elle ne devinent qu’ils n’auront guère plus d’une année de vie commune à partager. Son père s’engage dans l’armée Anders qui deviendra l’armée polonaise de l’Ouest. Sa mère, qui a obtenu son diplôme de médecin, est raflée et part avec Francine vers les camps. «Heureusement, elle ne sait pas encore que rien de ce qu’elle a rêvé n’adviendra, heureusement, elle ignore l’horreur qui le remplacera.»

Francine sera libérée, mais conservera de cette expérience ce traumatisme qui se concrétise par l’impossibilité de rester quelque part sans bouger. Imaginant peut-être qu’une vie «normale» l’aidera à surmonter ce besoin irrépressible, elle se marie. Mais son époux ne peut qu’assister impuissant à ses escapades incessantes. C’est d’abord à pied qu’elle arpente la capitale, puis les musées avant de se rabattre, l’âge venant, sur les bus. Entre temps, elle s’est retrouvée seule, ce qui n’a pas arrangé les choses.

Il y a bien son rendez-vous hebdomadaire, le repas chez Gérard et Sandra. Mais cela fait bien longtemps qu’elle considère ce rituel comme une corvée. D’ailleurs Sandra «en a marre des survivants, de leurs cicatrices et de leurs obsessions». Ce soir-là, elle pourrait leur raconter qu’elle a croisé un regard dans le bus et que cette femme a éclairé son après-midi. Mais elle préfèrera se taire. Et tenter de la revoir.

Quelques temps plus tard sa vie aura changé. «Toutes les vieilles habitudes sont obsolètes. Pleine d’une énergie neuve qu’elle ne sait à quoi employer, elle n’est plus qu’une toupie qui tourne autour de son idée fixe, dans un monde resté désespérément semblable.»

Avril, qu’elle a surnommé la Bougie en raison de sa stature très rigide, a accepté de partager sa solitude avec elle. Et même si elle est toxique, leur relation va balayer ses – mauvaises – habitudes.

Dans ce court mais percutant roman, Marianne Maury Kaufmann réussit à faire le lien entre les drames d’hier et d’aujourd’hui et à réunir les rivières souterraines qui emportent le cœur de deux femmes vers des rives mouvantes.


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