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EAN : 9782850712524
202 pages
Cent Mille Milliards (15/05/2023)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Dans une petite ville du Nord construite autour de sa cimenterie, deux familles cohabitent, s'épient et se mentent.
Un jour, il y a un accident à l'usine.
Et puis un autre jour, elle ferme.
Qui tiendra debout ?
Qui tendra la main à qui ?
Ciment est un livre sur ce qui nous lie les uns aux autres.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« du feu qui est en toi dépend la chaleur de ta vie.
Mais où, en moi, devais-je le chercher, ce feu ? »
Dans une petite ville du Nord assemblée autour d'une cimenterie, deux familles alliées cohabitent au « Belvédère », un pavillon de deux étages, dont la terrasse domine la ville. C'est Gilles qui raconte et se souvient de ses débuts dans la vie, de son adolescence, de ses amours bancals, de sa carrière éphémère de disquaire, de sa mère endeuillée avant sa naissance, de son père privé d'enfance et d'ailleurs, des jalousies et des mensonges de deux familles qui s'épient et traversent drames intimes et collectifs, vécus, ressassés, enfouis, exhumés.
Est-ce sa formation d'architecte qui lui a donné ce trait sûr, qu'elle reporte chaque semaine sur Gloria, son héroïne de BD ? Après Varsovie-Les Lilas, le nouveau livre de Marianne Maury Kaufmann, Ciment, est un solide bâti de situations dessinées au plus près de chacun des personnages qu'elle projette l'un après l'autre sur la scène de son récit. Son art scénographique repose sur une micro-écriture qui débusque avec précision, d'un scalpel attentif, tantôt empathique tantôt cruel, tous les détails et tous les recoins de la vie et des âmes. Il en résulte, pour ce roman d'apprentissage, ce qu'on pourrait nommer une densité légère, qui fait de chaque paragraphe une petite nouvelle à lui tout seul, l'ensemble échappant comme par magie à la pesanteur descriptive. Il n'y a pas chez notre autrice de tartinage psychologique, pas de décor empâté. Mais les touches successives d'un pinceau phénoménologique si fin qu'on s'étonne qu'il produise des impressions si fortes. Seul soulignement que se permette Maury Kaufmann de temps à autre : le sceau de l'italique, qui dénote les manières de dire d'un personnage et authentifie sa parole.
Comme dans la musique contemporaine, cette micro-écriture engendre ces micro-intervalles qui dérangent l'harmonie classique de la littérature, faisant écho par moments à ce que fut l'ébranlement existentialiste. Il en résulte une familière étrangeté, comme si cette science particulière de l'écriture de fiction avait produit une science fiction de la vie quotidienne, extrayant de celle-ci ses vérités inaperçues et augurant du futur qui la guette.


PS : C'est Guillaume Wallut qui a accueilli ce roman au sein de la maison qu'il a fondée, Cent mille milliards, rompant il y a dix ans déjà, par l'édition à la demande, avec les principes ruineux pour l'environnement de l'édition traditionnelle.


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A Audaincourt, dans le Nord de la France, la cimenterie est le poumon de la ville. Les ouvriers habitent le bas de la commune. Les ingénieurs respirent un autre air. Leurs villas sont construites en hauteur ; il faut gravir soixante-douze marches pour les atteindre. Gilles Leturck, le narrateur, et ses parents occupent l'étage inférieur d'une de ces maisons à deux étages : le Belvédère ; la famille de son cousin, Daniel, possède l'étage supérieur, agrémenté d'une grande terrasse. Ce lieu est le témoin de toutes les réunions familiales. « Bref, lorsqu'on était sur cette terrasse, on avait tout le pays à ses pieds. » (p. 21)


Des photos immortalisent les évènements et permettent d'observer les évolutions de chacun. Gilles grandit dans un environnement peu propice à la confiance en lui, alors que Daniel a reçu une éducation attentive et aimante. Chacun a pris la place qui lui était offerte. Celle de Daniel est grande, son cousin a composé avec le peu d'espace qui lui a été attribué. Les seuls repères de ce dernier sont les comparaisons. C'est par elles qu'il observe sa cellule familiale. Sa mère est différente des mères fringantes, mais aussi de celles des familles pauvres et elle ne se comporte pas comme sa tante.


Dans ce récit, Gilles livre des morceaux de son existence. Il décrit son enfance, son adolescence, ses amours et son entrée dans l'âge adulte. Cela ressemble à des tranches de vie, mais c'est la sienne qu'il déroule. Ses pensées sont ciselées et délicates. Il les livre avec son vécu émotionnel, avec une grande part d'innocence. Il n'est pas habitué à être le centre de l'attention, aussi, ils sont empreints fortement de sa perception de son entourage. Il confie les évènements qui lui semblent importants, sans toujours déceler leur poids. le tableau est peint par petites touches. le lecteur les relie et s'étonne de la multitude de sentiments cachés dans le resserrement du texte. La suggestion est si prégnante qu'il l'entend alors qu'elle n'est pas énoncée. C'est la raison pour laquelle il est difficile de parler de Ciment, car les faits se camouflent dans les interlignes, les silences et les confidences en apparence anodines.


J'ai beaucoup aimé ce roman délicat.


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J'ai , tout de suite, été en voyage dans ce quartier du Nord. J'ai imaginé toutes ces briques rouges que je connais bien.
J'ai beaucoup aimé les passages en italiques qui « humanifient » les personnages.
C'était un joli moment de lecture que je ne peux que vous recommander de lire !
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Vidéo de Marianne Maury Kaufmann
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/marianne-maury-kaufman-ciment-53784.html Marianne Maury-Kaufmann s'est fait connaitre avec Gloria, ce personnage drôle et fantasque, image de la femme d'aujourd'hui qu'elle créa en 2005 et que l'on retrouve notamment chaque semaine dans Version Femina, le magazine du JDD. Deux ans plus tard, Gloria faisait l'objet d'un album. Elle continue aujourd'hui à amuser et séduire des milliers de lecteurs chaque dimanche.
Mais parallèlement, Marianne Maury-Kaufmann avant envie d'écriture. Il y eut « Pas de chichis », recueil de nouvelles puis les premiers romans « Dédé, enfant de salaud », et « Varsovie les Lilas », l'histoire de Francine née en 1939 à Varsovie et qui aujourd'hui passe ses journées dans le bus 96 qui mène aux Lilas. Librement inspiré de sa propre mère, ce roman bouleversant avait su trouver son public.
Voici le nouveau titre de Marianne Maury-Kaufmann, « Ciment ». Et là encore, l'autrice ne cache pas y avoir mis beaucoup d'elle-même, à commencer par la photo de couverture inspirée de sa grand-mère.
Nous allons suivre Gilles, sur plusieurs années. C'est lui qui nous raconte son histoire. Gilles est un gamin qui voudrait être aimé. Mais son père, Michel, est directeur de la cimenterie locale et n'a pas de temps à lui consacrer. Quant à sa mère, Virginie, elle semble ailleurs, désabusée, cachant son mal-être comme elle peut. Gilles va tenter de se construire comme il pourra, entre son cousin, son copain d'école, la prof de piano et les premiers émois. Mais derrière les apparences, la faille est plus profonde.
Et dans cette petite ville du nord de la France où la cimenterie est le lieu essentiel, bientôt, tout va se lézarder…
Roman d'apprentissage, roman sur la famille, les non-dits, le mal-amour, « Ciment » est un petit bijou de sensibilité, d'émotion, de poésie aussi.
Marianne Maury-Kaufmann prouve son talent de romancière
« Ciment » est publié aux éditions Cent mille milliards
+ Lire la suite
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