Soldat 1.– Ils ont dû passer la ligne hier.
Soldat 2.– Pas sûr. Avec tous ces cadrieux qui traînent dans le coin.
Soldat 1.– Si je pouvais, je les planterais bien tous.
Soldat 2.– C’est le point de qui ?
more.– C’est le mien.
Soldat 2.– OK. Bonne chance.
Les soldats 1 et 2 partent. More a le champ de mines dans le dos. Il sort une cigarette de son paquet et la met à sa bouche.
More.– T’as du feu, gamin ?
More se retourne vers Zig et attend. Zig fouille dans sa poche et sort une petite boîte d’allumettes qu’il lui envoie.
Merci.
More allume sa cigarette et aspire une grosse bouffée.
Ça fait longtemps que t’es là, gamin ? (Zig se tait.)
T’es muet en plus d’être borgne ? (Zig se tait.) T’inquiète pas pour le fusil, la gourde se chargera de toi bien mieux. Je voudrais juste savoir combien de temps je vais devoir attendre. Il paraît que le plus coriace a tenu quinze jours. Quinze jours sans bouffer et sans boire, sans dormir, les deux pieds plantés sur sa gourde. Les gars racontent qu’à la fin, j’veux dire quand il a plus pu tenir dessus et qu’ils ont pété tous les deux, y avait plus grandchose à ramasser.
ZIG.– More, c’est quoi un cadrieux ?
MORE.– C’est quelqu’un comme toi.
Silence.
ZIG.– C’est quoi quelqu’un comme moi ?
MORE.– C’est un gars qui est contre le Pouvoir.
ZIG.– C’est quoi le Pouvoir ?
MORE.– C’est ceux qui dirigent la Zone.
ZIG.– C’est quoi la Zone ?
MORE.– C’est l’endroit que le Pouvoir dirige.
Silence.
ZIG.– C’est où la Zone ?
MORE.– C’est partout.