Marion Arrick

Elle a attaché ses cheveux aujourd’hui, m’offrant une belle opportunité pour embrasser son cou, mais je n’en fais rien. Elle n’est pas encore prête pour ça.
Je m’accroupis derrière le canapé puis rapproche mes lèvres de son oreille.
— Où que tu ailles, Charlie, tu ne seras jamais en sécurité. Je serai là, à t’épier, à attendre le bon moment pour attaquer.
Les poils de sa nuque se dressent en réponse. Elle aime ça, elle apprécie autant que moi ce jeu entre nous.
— Je te ferai crier, tu me supplieras d’arrêter, mais je n’écouterai pas parce que la colère aura pris le pas sur la raison et je serai guidé par elle. Je te punirai pour avoir tenté de m’échapper.
Je lui laisse le temps d’enregistrer mes paroles. Je ne vois pas son visage, mais je devine la couleur de ses joues à la teinte de sa nuque.
— Il n’y a qu’une chose qui reste à définir. Est-ce que tu crieras de douleur ou de plaisir ?
Mes doigts glissent dans le creux de son épaule, elle sursaute, mais elle ne se décale pas.
— Tout dépend de ce que je verrai en t’épiant, je suppose.
Je n’entends plus la respiration de Charlie, elle doit retenir son souffle, attendant le prochain geste de ma part.
Mon index et mon majeur remontent le long de sa nuque avant de se diriger vers l’autre épaule.
— Je sais être discrète, murmure-t-elle finalement. Tu seras peut-être le plus bruyant de nous deux.

Quand elle m’aperçoit, elle court immédiatement vers moi et se jette dans mes bras. Elle encercle ma taille avec ses petits bras et pose sa tête contre mon torse. Elle ne montre aucune hésitation, même quand elle sent l’holster sous ma veste.
[…]

- [...] j’ai eu la peur de ma vie, Laurenzo. J’ai eu tellement peur pour toi, peur qu’il ne t’arrive quelque chose, je ne veux pas te perdre.

Oui, elle est effectivement en train de pleurer.
Elle resserre davantage sa prise autour de ma taille et je passe également mes bras autour d’elle pour la rassurer.Son buste est désormais collé à mon
flingue, mais elle n’essaye pas de se dégager.
Elle ne veut pas me perdre. Elle est comme moi, elle ressent la même chose
que moi, nous avons besoin l’un de l’autre.

— J’ai ressenti la même chose quand je ne t’ai pas trouvée après la fusillade.

Mais ce n’était pas seulement de la peur, c’était plus que ça, j’étais terrifié, totalement angoissé, deux sentiments que je n’avais encore jamais ressentis. Je ne les ressentirai plus jamais, je vais la protéger, elle sera en sécurité avec moi, jamais plus je ne prendrai le risque de la perdre.

Elle tente de résister, elle ne veut plus de tendresse, mais ce soir, c’est tout ce qu’elle obtiendra de moi.
Finalement, alors que mes bras continuent de la maintenir contre moi, elle arrête de se débattre et entoure également mon dos de ses bras.
Elle recommence à pleurer. Je lui caresse à nouveau le crâne.
[...]

Elle s’accroche à moi comme à une bouée de sauvetage, comme si sa vie en dépendait, comme si j’étais la seule personne sur cette terre capable de la sauver et de la protéger du monde extérieur.
Stella est une femme forte, indépendante, sûre d’elle, prête à tout pour arriver à ses fins, mais cette fois-ci, c’était trop pour elle, et sa carapace s’est brisée. La voir aussi faible me rend à la fois fou de rage et extrêmement triste.
J’aimerais pouvoir ramasser tous les morceaux de sa carapace et les recoller pour elle, mais je ne peux pas. La seule chose que je puisse faire c’est de la prendre dans mes bras et lui montrer qu’elle n’est pas toute seule.


ADAMO

— Je ne veux pas que tu repartes, on va trouver une solution, ensemble. On se battra jusqu’au bout, ensemble. Je te veux à mes côtés jusqu’à la fin de mes jours, Stella, je ne veux plus être séparé de toi, je ne me vois pas vivre sans toi. [...] Tu es entrée comme un ouragan et tu m’as donné la bouffée d’oxygène dont j’avais besoin pour continuer. Je ne vais pas te mentir, tu l’as sans doute deviné, c’est le bordel ici, en ce moment, ma vie est vraiment merdique. Ce n’est pas la meilleure période pour en faire partie. [...] mais ma vie serait vraiment beaucoup plus merdique si tu n’en faisais pas partie. C’est sans doute égoïste de ma part de te demander ça, mais même si les prochains mois ou les prochaines années ne seront pas très marrants pour toi, j’ai besoin que tu sois là. Je veux que tu me donnes cette bouffée d’oxygène dont j’ai tellement besoin pour continuer parce que maintenant que j’y ai goûté je ne peux plus m’en passer. Je ne peux pas me passer de toi.

ADAMO

— J’ai besoin de toi, dis-je contre sa peau.

Ou plutôt, j’ai besoin de me perdre dans la chaleur de son corps pour réaliser
qu’elle est en vie, que je suis libre, et qu’un futur à deux nous attend.

— Est-ce que ça veut dire que nous sommes en couple ?

Sa phrase m’arrête dans mon geste, je pensais avoir été clair la dernière fois.
Je relève la tête et plonge mon regard dans ses magnifiques yeux bleus.

— Je pense sincèrement que tu es la femme faite pour moi.

Je me surprends à chaque fois, je n’ai jamais mis mon cœur à nu, mais c’est
la deuxième fois que je le fais avec Maléna.

— Ça ressemble fortement à une demande en mariage, répond-elle en riant.

Je suis plus que sérieux.

— Tu es trop jeune pour l’instant, mais un jour on se mariera. En contrepartie, il faut que tu me promettes de ne jamais me quitter.

Je sais que ce que je viens de lui dire fait de moi quelqu’un de faible, je viens de lui révéler ma plus grande peur : être abandonné.

Je serais même prêt à trahir ma famille pour garder avec moi le souvenir d’Aileen Abeltone. La plus belle et la plus gentille des femmes qu’il m’a été donné de rencontrer.

Je suis dans une phase mélangeant colère, tristesse, culpabilité, rage et désespoir. Je navigue entre ces différents sentiments depuis que j’ai appris sa mort. Et ce n’est pas près de s’arrêter.

Vous pensiez que ma vie était simple et que vous alliez connaitre mon
histoire idyllique avec une magnifique femme ? Vous aviez tort. La femme
qui m’était destinée est décédée. Personne ne réussira à la remplacer.

Je ne veux pas que quelqu’un la remplace. Je ne veux pas accepter sa mort. Je ne veux pas continuer ma route. Je veux qu’Aileen continue de vivre à travers moi parce qu’elle ne méritait pas de mourir. Nous sommes tous coupables de sa mort et je vais faire en sorte que personne ne l’oublie.

DRAGO

Ce rire, j’aimerais l’enregistrer pour le réécouter inlassablement jusqu’à la fin de mes jours. Cette Stella amusée, insouciante et joueuse, me plait autant que la Stella sérieuse, concentrée, et toujours en alerte.
[...]
Ses magnifiques yeux pétillent de joie, et je me perds encore une fois dans ce regard si pénétrant.
Je ne trouve rien à dire. Je suis devenu complètement muet. Son regard a un effet complètement dévastateur sur moi, il me fait perdre tous mes moyens.
Et elle semble être aussi muette que moi.
[...]
Je place ma main sur le bord de son visage et le relève avant de capturer ses
lèvres avec les miennes. Doucement, presque timidement, je remue mes lèvres contre les siennes.

ADAMO

Je ne sais pas pourquoi les mots n’arrivent pas à sortir et pourtant je ressens cet immense attachement envers elle, je ressens de l’admiration, de la fierté, de l’adoration.
De l’amour. Je suis amoureux d’elle, je ne peux pas le nier.
Je ne peux pas faire comme si mon coeur ne battait pas plus fort quand je suis avec elle, comme si je ne me sentais pas tout puissant quand je suis avec elle, comme si je ne ressentais pas une immense joie en la regardant, en l’admirant. Je ne peux pas non plus nier le fait que l’entendre parler ou l’entendre rire me comble de bonheur. Je ne peux pas nier qu’à chaque fois que ses yeux croisent les miens, j’en ai le souffle coupé.

ADAMO

Et pour la première fois de ma vie, je me sens mal, je me sens triste et j’ai envie de pleurer.
Une distraction. C’est tout ce que j’étais pour elle ? Une putain de distraction.
Wôw, je comprends mieux ce que ressentent toutes les femmes à qui j’ai dit la même chose.
C’est insultant, putain. Je ne suis pas une simple distraction ! Elle m’a fait une déclaration d’amour, je n’ai pas rêvé, elle voulait qu’on parte ensemble, qu’on vive une nouvelle vie ensemble, et maintenant, je ne suis qu’un bon coup pour elle ? C’est tout ? Foutaises !
[...]
Putain, j’ai la haine contre elle. Je lui ai proposé de rester avec moi et elle m’a jeté comme une merde.

ADAMO

Je ressens de la douleur, je ressens de la culpabilité et je ressens de la colère. En somme, je suis très loin d’accepter cette perte.
Aileen était celle qui m’était destinée, j’en suis persuadé.
J’en veux à Charlie de l’avoir entrainée dans notre monde. J’en veux à Lelio de ne pas m’avoir parlé du contrat sur sa tête. J’en veux à Bellochi de ne pas avoir réussi à la protéger. J’en veux aux membres du conseil de l’avoir fait tuer.
La seule chose que je regrette, la seule chose pour laquelle je m’en veux, c’est de ne pas avoir réalisé plus tôt qu’elle était la femme de ma vie. Il a fallu qu’on m’annonce sa mort pour que j’en prenne conscience.

DRAGO