Avec un modèle comme vous, je ne pouvais avoir que l'excellence pour but.
Devant tant de simplicité dans l'infortune, Gabrielle a quelques scrupules à se plaindre. Une silencieuse leçon de courage vient de ses parents démunis, désorientés et pourtant ouverts à la vie et silencieux. Ne doit-elle pas, comme eux, faire front ? Accepter l'avenir sans rien oublier du passé ?
Le jeune homme prête à peine attention à ce que dit sa femme. Il est lui aussi subjugué, ébloui par la forêt féerique qui entoure le hameau du Fuchsloch. Pour tout autre que lui, ces paysages ne pourraient n'être qu'un décor de verdure. Mais, après six ans d'absence, il est ému aux larmes de respirer à nouveau l'odeur des champignons, des sapins et des nombreux ruisseaux où viennent s'abreuver les sangliers et les biches. La splendeur de la nature éveille en lui des émotions dépassant de loin tous les discours. Un album de famille défile devant ses yeux, si bien qu'il en oublie sa femme, assise à son côté.
Constantin était intelligent, primesautier, séducteur et vantard. Hippolyte ne pouvait pas rivaliser avec son jumeau sur le terrain des filles, mais il avait pour lui le courage, la droiture et la santé morale dont son frère semblait dépourvu. Constantin rappelait à Hippolyte un passé joyeux et facile, mais Hippolyte ne faisait pas l'effort de renoncer à sa condition de garçon solitaire, cultivant un esprit de frustration, de révolte et de tristesse. Constantin , lui savait que tant que son jumeau n'aurait pas disparu de son horizon, il lui serait impossible d'organiser sa propre existence.
- Vous délirez, dit Viktoria pour tenter une esquive.
- Non point ! Vous avez bien travaillé pour un certain IgorCoudouchi ?
- C'est exact.
Viktoria se trouble. Il faut qu'elle tienne bon ; elle a juré de ne jamais rien dévoiler à personne.
- Il vient d'être confondu dans une histoire de vol de document ultrasecret; affirme Heinrich en mentant effrontément.
- Mon Dieu ! Je l'ignorais !
- Faisons simple, Viktoria. Ce papier de toute première importance doit être envoyé en Russie par l'intermédiaire d'Isabelle de Freudeneck et le seul lien qui existe entre la châtelaine et l'agent de Berlin, c'est vous !
Une bouffée de chaleur monte aux joues de Wolfang.
- Heinrich, je crois que tu fais erreur...
- S'il te plaît, Wolfang, ne me complique pas les chose. Je sais ce que je dis. Si tu as été nommé ici pour ton premier poste alors que tu as eu des notes exceptionnelles, ce n'est pas par hasard.
Oui, j’ai pitié quand l’injustice prime. Oui, j’ai une conscience, et mieux vaut en avoir une dans ce monde.
Est-il plus flatteur pour un homme d’être le premier à posséder une femme ou d’être préféré par elle ?
C’est du passé. On ne remue pas les vieilles cendres : on les jette.
De " la lie du peuple" jusqu'au sommet de la hiérarchie sociale, elle aura eu à affronter les sarcasmes, les humiliations, les menaces, en fait une sorte de refus viscéral de tout ce qu'elle incarne et dont ses ennemis ne perçoivent pas l'importance.
Sa future femme n'est pas encore revenue sur terre. A quoi pense t-elle, avec ce air d'angélique indifférence ? A l'avenir de son couple régenté par sa mère ? Ou à son union ratée avec Sternenberg ? De son côté, Samuel sent son bonheur menacé avant même d'en avoir goûté les fruits. Un instant, il se dit qu'il était un célibataire heureux... Doit-il se réjouir ou se désoler de son sort ?