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Citations de Maryam Madjidi (139)


La pierre

Un homme est assis, seul, dans sa cellule.
Il tient dans une main une pierre, dans l'autre
une aiguille à coudre.
Il creuse la pierre avec la pointe de l'aiguille.
Il grave un nom.

Chaque jour, il taille, il sculpte ce nom dans la pierre.
Ça lui évite de perdre la raison dans sa prison.
Ce nom c'est Maryam. Elle vient de naître et pour tenter
de combler son absence auprès d'elle, il lui fabrique
un cadeau qu'il espère lui donner un jour.
Il a trouvé cette pierre dans la cour de la prison
et en cachette, il a réussi à dérober
une petite aiguille à coudre.
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"Les photos des jeunes pendus à des grues dans les rues de Téhéran paralysaient ses mains pour un instant et le coeur serré, il aspirait une longue bouffée de cigarette, soupirait, murmurait quelques vagues mots de désolation et reprenait sa déambulation somnambulique dans les cercles concentriques de la Toile, en passant d'un site à l'autre.
Je te répétais sans cesse d'arrêter ça, de ne plus regarder ces images choquantes et terrifiantes...
Tu me répondais que c'était la seule chose qui te restait , la seule chose qui restait de ton combat: "t'informer, rester Informé, Informer les Autres..".......
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"La Mort est assise les jambes croisées sur les montagnes de l'Alborz qui surplombent Téhéran."
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"Je déterre les morts en écrivant ..C'est donc ça mon écriture?Le travail d'un fossoyeur à l'envers. Moi aussi j'ai parfois la nausée, ça me prend à la gorge et au ventre.
Je me promène sur une plaine vaste et silencieuse qui ressemble au cimetière des maudits et je déterre des souvenirs, des anecdotes, des histoires douloureuses ou poignantes; ça pue parfois.L'odeur de la mort et du passé est tenace.Je me retrouve avec tous ces morts qui me fixent du regard et qui m'implorent de les raconter.
Ils vont me hanter comme mon père, qui se réveillait en sueur chaque nuit durant des années.Invisibles, ils suivent mes pas............parfois je me retourne brusquement dans la rue et je vois des bouches effacées! "
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"Son bébé.Soudain, elle prend conscience qu'elle est enceinte.
Ma mère porte ma vie mais la" Mort" danse autour d'elle en ricanant, le dos courbé; ses longs bras squelettiques veulent lui arracher son enfant; sa bouche édentée s'approche de la jeune femme enceinte pour l'engloutir ......
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J'aurais aimé ramasser les lambeaux de tes rêves, les sauver, les enfiler comme des perles dans ma guirlande de mots à moi, et l'accrocher au sommet d'un arbre pour que ça bouge et vive encore.
Te réveiller. Te ressusciter. Noircir tes traits, mettre du rouge sur tes joues, sur tes lèvres, t'injecter de la vie pour que tu chantes, tu ries, tu cries mais à rien faire, tu te diluais silencieusement dans une eau imaginaire.
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Et puis un jour tes mains ont remué la terre d'une maison de campagne que tu avais achetée à deux heures de Paris. Tu disais que c'était ton rêve, un grand rêve que tu poursuivais depuis vingt ans. Tu t'y retirais chaque week-end puis parfois tu y restais la semaine aussi, tu voulais aller finir tes jours là bas, prendre ta retraite dans ce champ. Tes mains creusaient la terre, la retournaient, y plantaient des graines et tu t'efforçais de la fortifier sans engrais chimiques ni pesticides. Tu cultivais "bio". Tes doigts robustes à la peau dure en sortaient fièrement des courgettes, des pommes de terre, des concombres que tu posais comme une victoire sur la table de la cuisine sous le nez de ma mère. La campagne te permettait de renouer avec ton enfance passée dans les vergers du nord de Téhéran où avec tes cousins tu participais à la cueillette des fruits chaque été. Je t'ai rarement vu aussi apaisé et heureux qu'au fond de champ, à y travailler jusqu'au crépuscule.
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E
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Maryam Madjidi
Durant toute mon enfance et mon adolescence, je priais pour que mes parents se taisent devant mes amis. Je voulais même les présenter en disant : "Voici mes parents, ils sont muets, hélas."
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Dans le ciel, il n'y a plus le moindre vol, la moindre plume.
Il n'y a plus que ces tours de silence dressées comme d'immenses points d'interrogation dans les yeux de la petite fille.
Une nuit, elle en est sûre, elle a vu sa mère dans le jardin, au pied de l'arbre, enterrer ses rêves, un par un, à côté de ses jouets à elle.
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Je voudrais me taire quand on me demande mes origines. Je voudrais raconter autre chose, n'importe quoi, inventer, mentir. Je voudrais aussi qu'on me pose d'autres questions, des questions inattendues, déroutantes, même absurdes, qu'on me surprenne. Et en même temps, je me vautre dans mon petit monde exotique et j'en tire une fierté jouissive. La fierté d'être différente. Mais toujours cette gêne, cette voix intérieure qui me rappelle que tout ça ce n'est pas moi, que je me cache derrière un masque, celui de l'exilée romanesque. Je vous le donne, ce masque, prenez-le, je le dépose entre vos mains.
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C'était le premier voyage, le premier retour à la terre-mère, la première descente vers l'origine. Une descente ou une chute, je ne sais pas. J'ai failli perdre la tête. J'ai glissé sur mon identité. Je suis tombée.

Il y a eu d'autres retours par la suite. Des retours plus courts, plus apaisés, plus lucides, moins déchirants, et la tête était bien vissée sur son socle. Je me suis relevée.
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La peur tout doucement vient se loger dans le regard du père et de la mère, elle envahit la maison, la rue, le quartier, elle se faufile dans les conversations anodines avec les voisins, avec les commerçants. Les plats mijotés ont un goût de peur, les soirées entre amis aussi. Les voix familières laissent échapper des accents étrangers. Les mains que l'on serre peuvent cacher des objets tranchants dans leur paume. Une simple plaisanterie peut se changer en menace. Partout, tout le monde peut dénoncer.
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Abbâs, c’est une étoile filante : il n’aura pas une longue vie parce que son cœur, un jour, ne pourra plus contenir tout cet amour à donner.
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2003 - le foulard rouge
Je vais chez ma tante Ameh Aziz. J'attends pour traverser la rue. Soudain, je vois en face de moi une voiture de police qui s'arrête net en crissant des pneus. Deux femmes intégralement voilées en sortent et attrapent une jeune fille au foulard rouge et qui porte des espadrilles découvrant des ongles vernis violets. La fille se débat, les femmes la frappent au visage, elle crie, appelle au secours, l'une la gifle, l'autre tire ses cheveux.
J'apprendrai plus tard qu'il s'agit des "Fatmeh Commando" : la milice des bonnes moeurs.
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Enfin, je t'attrape dans mes bras [la grand-mère de la narratrice]. Je plonge ma tête dans ton cou et je respire mon enfance. (p. 185)
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On efface, on nettoie, on nous plonge dans les eaux de la Francophonie pour laver notre mémoire et notre identité et quand c'est tout propre, tout net, l'intérieur bien vidé, la récompense est accordée: tu es désormais chez les Français, tâche maintenant d'être à la hauteur de la faveur qu'on t'accorde. Etrange façon d'accueillir l'autre chez soi. Un contrat est passé très vite entre celui qui arrive et celui qui "accueille"; j'accepte que tu sois chez moi mais à la condition que tu t'efforces d'être comme moi. Oublie d'où tu viens, ici, ça ne compte plus. (p. 135)
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Elle pensait au début que la langue lui jouait un tour. Le persan s'était déguisé en français pour un temps et bientôt il réapparaîtrait à nouveau. Puis elle dit que le persan n'avait peut-être jamais existé, que c'était un rêve. Ensuite, elle sombra dans une profonde mélancolie en pensant que le persan était mort, comme meurent les personnes, les animaux, les végétaux, comme tout ce qui vit sur cette terre. Une langue peut donc mourir ? Mais se ressaisissant, elle envisagea un temps de l'enseigner à tout le monde.... (p. 137-138)
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En exergue

La vie n'est pas une plaisanterie,
Tu la prendras au sérieux,
mais au sérieux à tel point,
Que les mains liées, par exemple, dos au mur,
Ou dans un laboratoire en blouse blanche,
avec d'énormes lunettes,
Tu mourras pour que vivent les hommes,
Les hommes dont tu n'auras même pas vu le visage.
Et tu mourras tout en sachant que rien n'est plus beau, que
rien n'est plus vrai
Que la vie"

Nâzim Hikmet
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en exergue

"La patrie n'est qu'un campement dans le désert"- Proverbe tibétain
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