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Citations de Maryam Madjidi (138)


Alors la petite fille aux grosses boucles noires imagine des dialogues avec des amis imaginaires. Elle s'invente des histoires. Des histoires qui consolent. Des histoires qui remplissent la buche du réel.
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Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. De belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et je les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu'il en sorte des fleurs embaumantes.
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J'étais une Robine des Bois de la scolarité. Une communiste du savoir. Je le partageais, je le redistribuais à ceux et celles qui en avaient besoin. [...]

J'étais aussi une experte de la triche. Lorsque la matière ne m'intéressait pas, je développais des talents de grugeuse. Récolter une bonne note en refusant de se soumettre à une matière qui n'avait aucun sens, c'était logique.
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J'ai glissé sur mon identité. Je suis tombée.
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« C’est extraordinaire d’être persane ! »
Oui c’est extraordinaire, vous avez raison. la révolution, deux oncles en prison, les prospectus dans mes couches, le départ in extremis, l’exil, l’opium de mon père. J’en suis consciente et j’en ai souvent joué de ce romanesque. Dans les soirées parisiennes intello-bourgeoises ou lors de la première rencontre avec un homme histoire de le charmer, mais aussi face aux voyageurs qui ont traversé l’Iran sur la route de la soie, face aux expatriés qui ont travaillé là-bas. D’habitude les gens ou entendu parler de l’Iran à travers les médias, les livres, les films. Tout ça est un peu lointain, irréel, mais là, ils ont face d’eux quelque chose de bien vivant. Alors je me faisais conteuse devant un public avide d’histoires exotiques et j’ai rajouté des détails et je modulais ma voix et je voyais les petits yeux devenir attentifs, le silence régnait certains, les plus sensibles ont même pleuré. Je triomphais.
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Il existe un cimetière situé à l’est de Téhéran, le cimetière de Khâvarân connu aussi sous le nom de « Lahnatâbâd », ça veut dire le cimetière des maudits. Lorsqu’un prisonnier politique était exécuté, ont jetait là son corps dans une fosse commune. Aucune inscription, aucune stèle, pas même une pierre. Terre vaste, aride et noire. Parfois de fortes pluies s’abattaient sur la ville et les corps mal enterrés réapparaissaient à la surface car le terrain était en pente. Alors les opposants allaient ré-enterrer leurs morts au nom de la dignité. Mon père y allait avec ses camarades. Ils vomissaient, ils en étaient malades pendant des semaines, ils étaient hantés par les images des déterrés mais peu importe, il fallait le faire. on ne pouvait pas laisser un corps sans sépulture. On ne pouvait pas laisser les camarades pourrir ainsi.
Terre maudite ou Terre sainte ?
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Te réveiller. Te ressusciter. Noircir tes traits, mettre du rouge sur tes joues, sur tes lèvres, t’injecter de la vie pour que tu chantes, tu ries, tu cries mais rien à faire, tu te diluais silencieusement dans une eau imaginaire.
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Tout comme j’étais à la fois française et iranienne, et au fond ni l’une ni l’autre.
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Je quitterai Drancy pour aller à Paris. Je quitterai Paris pour aller à Pékin. Je quitterai Pékin pour aller à Istanbul. Je quitterai Istamboul pour revenir à Paris. Je quitterai Paris pour revenir à Drancy.
Ulysse est rentré. Entre le départ et l'arrivée, je n'ai fait que me fuir moi-même en croyant fuir l'ennui.
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Toute ma scolarité s'est déroulée en ZEP : zone d'éducation prioritaire. Où se plaçait la priorité ? Qui était prioritaire ? Pour nous, ce sigle correspondait à zone d'éducation pourrie. On n'avait rien de prioritaire, bien au contraire nous avions le sentiment d'être relégués dans l'arrière cours de l'enseignement public laïc républicain. On ne comptait pas vraiment, personne n'aurait misé sur nous, on le savait, on le constatait chaque jour, chaque année scolaire, chaque passage à l'année supérieure, chaque étape franchie.
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Les profs dans mon collège appartenaient tous à l'espèce des Guerriers mais avec des sous espèces très spécifiques : les Guerriers vainqueurs, les Guerriers vaincus et les Guerriers vaincus devenus fous.
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Monsieur Gonzalez était le pire des Guerriers vaincus. Il avait démissionné depuis longtemps sauf qu'il avait oublié de partir.
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J'aurai aimé qu'elle continue de me maltraiter et de m'agresser. J'aurai aimé qu'elle se venge. Je ressentais une immense tristesse face à sa résignation, elle avait donné raison à la violence de mon père, à la violence de son père aussi probablement, à la peur qu'elle avait ressentie ce jour là et que j'avais vue clairement dans ce yeux bleus. Elle me démontrait que la loi du plus fort, la loi violente des hommes, gagne toujours, que la menace, l'intimidation et la peu l'emportent. J'en étais écœurée.
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Alors la petite fille aux grosses boucles noires imagine des dialogues avec des amis imaginaires. elle s'invente des histoires. Des histoires qui consolent. Des histoires qui remplissent la bouche du réel.
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- Je vais te dire comment j'ai rencontré le français. C'est encore une histoire qui va te plaire. J'allais avoir dix-neuf ans, c'était quelques mois avant de me faire emprisonner. J'étais chez des amis, on discutait politique comme toujours à cette époque, on fumait beaucoup et soudain quelques notes de piano se sont élevés au-dessus du brouhaha de nos paroles. J'ai tendu l'oreille, je me suis levé jusqu'à cette musique, et j'ai écouté le morceau en entier sans comprendre un seul mot, la tête penchée sur le vieux lecteur de cassettes. Je soupçonnais là quelque chose de très poétique et pathétique à la fois. J'étais séduit. Je demande ce que c'est. On me dit que ça vient de France, que le type qui chante s'appelle Brel. Ces mots, ces mots français, ces sons, ce ["r]" jamais entendu avant comme ça, et le son [e] comme dans "bonheur", "coeur", ça venait d'où tout ça ? Et j'avais envie de savoir, de déchiffrer leur sens caché, je voulais apprendre cette langue...
Je voulais comprendre les paroles de "Ne me quitte pas" de Brel un soir où j'avais à peine dix-neuf ans et un milliard de rêves dans la tête, puis j'ai découvert d'autres chansons, des livres aussi, j'ai eu le vertige de la littérature française, et j'en suis tombé amoureux.
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Magicienne Shirin, tu as transformé la pesanteur en grâce.
Jamais quelqu'un n'a aussi mieux porté que toi son prénom : Shirin veut dire "sucré" en persan.
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- Le persan est l'archet qui fait vibrer ton corps.
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La peur tout doucement vient se loger dans le regard du père et de la mère, elle envahit la maison, la rue, le quartier, elle se faufile dans les conversations anodines avec les voisins, avec les commerçants. Les plats mijotés ont un goût de peur, les soirées entre amis aussi.
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Je déterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers.
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Maryam Madjidi
Je suis une guirlande de mots accrochée à un arbre qu'un enfant montre du doigt.
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