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Citations de Maryam Madjidi (138)


La douce tristesse dans tes yeux. La timidité, tu n'osais parler cette langue étrangère, à la place des mots, tu souriais. Le sourire qui s'excuse, le sourire gêné de ceux qui ne parlent pas la langue du pays.
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La petite fille doit donner ses jouet aux gamins du quartier. Elle n'en a absolument aucune envie. Mais ses parents lui ont enseigné que la propriété est une vilaine chose. Ils ont lu ça dans un livre de Makarenko. Elle ne comprend pas ce que ça veut dire ce mot , "la propriété".
- Pourquoi je dois donner mes jouets ?
- Parce qu'on ne peut pas les emporter avec nous là-bas.
- Mais je veux pas.
-Ecoute, c'est beau de donner, tu comprends ?
- Non, je suis obligée de donner, c'est pas la même chose. Je veux pas ! (p. 20)
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Les Farmeh Commando sont des femmes qui s’attaquent à toute femme mal voilée ou habillée de manière provocante. De « manière provocante » veut dire dans l’intention de violer l’esprit pur et chaste de l’homme qui s’efforce de ne pas être tenté par ces créatures diaboliques mais qui a l’esprit tellement bien placé dans le cul et le sexe des femmes que le moindre poil féminin le fait sortir du droit chemin. P 69
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La petite fille de six ans et sa mère sont à la maison. La petite fille regarde sa mère, qui regarde par la fenêtre. La mère parle de moins en moins. Sa langue est réduite à la communication minimale, aux échanges utiles et vides du quotidien.
[....]
Déjà en Iran, les rêves de la mère disparaissaient peu à peu. En France, le peu qu'il restait tombait évanoui, un par un, sur la moquette de la chambre, juste en dessous de sa chaise.
Lambeaux de son exil forcé. Ses projets, ses ambitions, ces petits bouts de rien auxquels on tend et qui construisent une vie. Tout s'effritait et je te voyais t'effacer peu à peu, devenir de plus en plus floue, les traits de ton visage s'estompaient, ta voix devenait de moins en moins audible, tes gestes avaient la lenteur des personnages apparaissant dans les rêves, ni tout à fait réels, ni tout à fait des chimères.
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Elle voit les rêves de sa mère au-dessus de sa tête, elle essaie d'attraper ces oiseaux par mille ruses et elle n'y parvient pas.
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"Je déterre les morts en écrivant ..C'est donc ça mon écriture?Le travail d'un fossoyeur à l'envers. Moi aussi j'ai parfois la nausée, ça me prend à la gorge et au ventre.
Je me promène sur une plaine vaste et silencieuse qui ressemble au cimetière des maudits et je déterre des souvenirs, des anecdotes, des histoires douloureuses ou poignantes; ça pue parfois.L'odeur de la mort et du passé est tenace.Je me retrouve avec tous ces morts qui me fixent du regard et qui m'implorent de les raconter.
Ils vont me hanter comme mon père, qui se réveillait en sueur chaque nuit durant des années.Invisibles, ils suivent mes pas............parfois je me retourne brusquement dans la rue et je vois des bouches effacées! "
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Tu sais ce que ça fait d'être nulle part chez soi ? En France, on me dit que je suis iranienne. En Iran, on me dit que je suis française. Tu la veux ma double culture ? Je te la donne, va vivre avec et tu viendras me dire si c'est une "belle richesse" ou pas.
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Il était une fois les yeux de la mère

Elle passe des heures à regarder les yeux de sa mère.
Des yeux de sa mère sortent des mélodies muettes que la petite fille tente de transcrire sur des cahiers d'écoliers. Donner voix à tes yeux.
(...) Petite voleuse des bijoux de ton âme. Je préfèrerais te deviner,t'imaginer.
Je t'écris.
Je n'écris pas à "tu", à "toi", non, je devrais plutôt dire "J'écris toi".
Je barbouille ton visage de mes rêveries, je le mêle à mes mensonges, à tout ce qui me console, je plonge mes mains dans des pots de peinture à la recherche de tes yeux.
Je te trempe dans des liquides faits de fantasmes et d'angoisses et je te ressors de là, nettoyée, sublimée, transformée. Je voudrais te tirer à l'infini pour que tu ne meures jamais.
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La pierre

Un homme est assis, seul, dans sa cellule.
Il tient dans une main une pierre, dans l'autre
une aiguille à coudre.
Il creuse la pierre avec la pointe de l'aiguille.
Il grave un nom.

Chaque jour, il taille, il sculpte ce nom dans la pierre.
Ça lui évite de perdre la raison dans sa prison.
Ce nom c'est Maryam. Elle vient de naître et pour tenter
de combler son absence auprès d'elle, il lui fabrique
un cadeau qu'il espère lui donner un jour.
Il a trouvé cette pierre dans la cour de la prison
et en cachette, il a réussi à dérober
une petite aiguille à coudre.
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"Les photos des jeunes pendus à des grues dans les rues de Téhéran paralysaient ses mains pour un instant et le coeur serré, il aspirait une longue bouffée de cigarette, soupirait, murmurait quelques vagues mots de désolation et reprenait sa déambulation somnambulique dans les cercles concentriques de la Toile, en passant d'un site à l'autre.
Je te répétais sans cesse d'arrêter ça, de ne plus regarder ces images choquantes et terrifiantes...
Tu me répondais que c'était la seule chose qui te restait , la seule chose qui restait de ton combat: "t'informer, rester Informé, Informer les Autres..".......
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Je savais que je leur ressemblais. Malgré moi, malgré mon déni, mon refus de les accepter comme des frères. Ils étaient mes frères. Mes frères de misère, d'exil, de nostalgie, de tout ce que nous portions sur nos petites épaules d'écoliers, et ce poids nous l'avions en partage et nous devions avancer avec ça. Parfois, j'avais l'impression que dans nos cartables c'étaient pas des stylos, feutres, livres et cahiers qu"on portait mais un tas d'histoires pas très drôles et beaucoup de visages disparus.
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Maryam Madjidi
Baisser les yeux ou les fermer, ne pas regarder le trajet, ne rien identifier, se boucher même les oreilles, ne pas savoir où on va, ne rien pouvoir dénoncer par la suite, on ne sait jamais, tant de personnes se sont fait attraper, ne surtout pas parler, ne rien dire, se taire sous la torture, surtout sous la torture. La torture… la réalité insoutenable de la torture. P 38
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Je déterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers ?
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On est en France, il faut manger des croissants. On est en France, il faut apprendre le français. On est en France, il faut boire du vin. On est en France, il faut aimer le fromage qui pue. On est en France, il faut se comporter comme des français. Voilà, tu devrais être content, elle est si bien intégrée maintenant qu'elle refuse d'apprendre et de parler ta langue.
- Ce n'est pas ce que je voulais. Elle doit avancer avec sa double culture et garder ses deux langues car, qu'elle le veuille ou non, elle sera toujours un mélange des deux.
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Maryam Madjidi
[à propos des Iraniens tués dans les manifestations qui ont en novembre 2019]


J'aurais bien aimé voir l'indignation du monde entier face à cette barbarie, recevoir des messages de soutien et de fraternité, mais, en fin de compte, peu de bruit pour une telle injustice. Que valent tous ces visages anonymes face à la figure sévère et puissante du général Soleimani ? Que valent toutes ces vies assassinées, blessées, emprisonnées, comparées à la raison d'Etat, à ses forces obscures et au grand jeu diplomatique ? Le peuple iranien subit une double humiliation, pris entre le marteau et l'enclume, le marteau iranien, l'enclume américaine ou vice versa, peu importe ; il reçoit des coups sur sa tête de l'intérieur et de l'extérieur. Ses révoltes et ses aspirations à la justice sociale sont étouffées, son besoin de représailles et de vengeance est bafoué.
Humiliation de la part de son propre gouvernement qui depuis plus de quarante ans appauvrit la population.
Les manifestations de novembre ont été provoquées par la hausse du prix du carburant, une hausse de 50% pour les 60 premiers litres et un triplement du prix au-delà. Cela s'appelle la vie chère : 1 kilo de viande coûte environ 16euros à Téhéran, 1kilo d'oranges dépasse 1 euro, 1 kilo de fromage avoisine les 4 euros, 1kilo de riz est à plus de 3 euros. Je me souviens d'une phrase de ma grand-mère il y a quelques semaines : "Les morceaux de viande dans le ragoût sont aussi difficiles à trouver que la justice dans ce pays."


dans "Le 1" n°280 du mercredi 22 janvier 2020
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Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. De belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et je les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard.
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Maryam Madjidi
Tes blessures, tes écorchures, tes cicatrices, c'est le symbole de l'Iran meurtri et abîmé. L'Iran saccagé par les ayatollahs. Tu incarne cette jeunesse détruite, pas seulement la jeunesse, mais le pays tout entier.
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Je déterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers.
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Je déterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers. Moi aussi j'ai parfois la nausée, ca me prend à la gorge et au ventre. Je me promène sur une plaine vaste et silencieuse qui ressemble au cimetière des maudits et je Déterre des souvenirs, des anecdotes, des histoires douloureuses ou poignantes. Ca pue parfois. L'odeur de la mort et du panné est tenace. Je me retrouve avec tous ces morts qui me fixent du regard et qui m'implorent de les raconter. (p36)
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2003 - le foulard rouge
Je vais chez ma tante Ameh Aziz. J'attends pour traverser la rue. Soudain, je vois en face de moi une voiture de police qui s'arrête net en crissant des pneus. Deux femmes intégralement voilées en sortent et attrapent une jeune fille au foulard rouge et qui porte des espadrilles découvrant des ongles vernis violets. La fille se débat, les femmes la frappent au visage, elle crie, appelle au secours, l'une la gifle, l'autre tire ses cheveux.
J'apprendrai plus tard qu'il s'agit des "Fatmeh Commando" : la milice des bonnes moeurs.
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