Maureen Boigen

Débloquer l’accès à notre vie passe par le déverrouillage des lieux d’enfermement. Les liens peuvent alors se rétablir plus justement. Lors des constellations, nous voyons combien nous pouvons rester coincés dans des attentes inconscientes, que ce soit vis-à-vis de notre famille ou de personnes qui nous sont chères, y compris nos enfants.

 Il existe une conscience inconsciente qui lie les membres d’un système et impose dans celui-ci des lois implicites qui se situent au-delà de la loyauté. Il ne s’agit pas d’entendre les lois comme des lois morales, mais comme des lois naturelles, si leur transgression engendre de la souffrance, leur respect permet de guérir. […] Chacun est pleinement responsable de ce qu’il fait : les conséquences de chaque action faite par chaque composant du même groupe finissent par retomber sur tout le système si le responsable n’en assume pas la charge.

Notre corps résonne avec le ressenti ; les humeurs et les émotions sont toujours reliées à des sensations corporelles. Pensons au rouge de la honte, à l’angoisse qui serre la gorge, à la crispation de la colère. Les émotions contiennent aussi des directions corporelles : la joie rend léger, la tristesse alourdit et tire vers le bas, la honte donne envie de disparaître, le dégoût amène à se détourner, l’angoisse pousse à fuir, l’amour élève et déploie le cœur.

Le monde se dirige vers des technologies de plus en plus avancées. Réussira-t-on à nous faire oublier l’essentielle nécessité du lien de proximité physique ?

Quand un enfant arrive au monde, il a des besoins d’amour et de relations avec ses parents, et les premiers liens d’attachement participent à cette appartenance. Sa situation de dépendance fait de celle-ci une question de vie ou de mort. Si le milieu familial est insécurisant, l’enfant développe des peurs de perdre ses parents, d’être abandonné, voire de mourir.

La culpabilité – telle qu’elle est vécue dans les blessures infligées à autrui – conduit automatiquement et aveuglément au besoin et à la pression de payer et d’expier, que nous percevions ce besoin consciemment ou non, et quelles que soient nos idées ou notre idéologie pour justifier notre action. L’expiation aveugle demande toujours une sorte d’action autorestrictive et souvent même autodestructrice comme si on se disait « je veux devenir comme toi à qui j’ai fait du mal » ce qui, par exemple, peut entraîner des maladies ou favoriser leur développement.

Une constellation n’énonce pas la vérité. Le processus se déroule en fonction des informations qui se manifestent de façon phénoménologique. Ce qui est montré à travers les représentants, c’est ce qui demande à être intégré par le ou la cliente. Il arrive que le processus de la constellation prenne une direction inattendue sortant des images mentales prédéfinies, en montrant la réalité possible qui peut être d’un autre ordre que celle initialement perçue.

C’est notre loyauté familiale et ancestrale qui nous conduit, à notre insu, vers des comportements de blocage par rapport à nos désirs et à nos projets de vie (symptômes physiques ou psychiques, maladies, manque de confiance, angoisse, état de mal-être). Le travail avec les constellations permet d’assumer les charges inhérentes à notre propre existence plutôt que d’être le réceptacle du passé douloureux des générations antérieures.

Face à une menace, le groupe élimine ce qui crée du désordre et/ou de l’instabilité pour l’équilibre familial. Ce mécanisme d’autoconservation rétablit ainsi une force nécessaire pour continuer à avancer en dépit des difficultés rencontrées mais, dans le champ de la conscience systémique, cette exclusion ne laisse pas tranquille. Le tissu familial comporte alors des trousqui nécessitent d’être remaillés d’une façon ou d'une autre.

En naissant héritier d’une place qui lui est assignée dès sa conception, l’enfant est attendu dans la mémoire de cette place tissée d’attentes, d’angoisses, de désirs non réalisés et d’identifications connues et inconnues. Toutes ces alliances mémorielles participent à sa venue au monde. Ce seront des projections différentes selon le rang auquel l’enfant arrive, l’imaginaire maternel étant différent pour chacun de ses enfants.