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Critiques de Maurice Lambert (36)
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Inspecteur Machard, tome 1 : La mort sous e..

Pour cause de liseuse non rechargée, j’ai dû abandonner temporairement le roman en cours et découvrir cette nouvelle policière des années 40 et gratuite ! Très bonne surprise, surtout en un si court format de 65 pages où nous retrouvons tout le nécessaire pour monter une intrigue, la dérouler et la résoudre !



L’auteur décrit ses personnages de quelques traits rapides et précis, bien suffisants pour s’intéresser à eux. Son écriture est agréable et efficace et j’aurais plaisir à continuer de lire les aventures de l’inspecteur Machard qui fait partie de la Brigade mobile et n’aime ni la pluie, ni la province !!



Pour de plus amples infos sur le personnage et l’auteur, je vous conseille de voir avec KiriHara qui spécialiste de cette littérature.



La 1/2 étoile de moins est pour une erreur grossière dans le déroulement de l’enquête : après 3 heures de farfouille par la police scientifique il est invraisemblable de trouver une preuve dans la poubelle !



Challenge 50 objets 2022/2023

Challenge Mauvais Genre 2022

Challenge Riquiqui 2022

Lecture Thématique Polar septembre 2022 : Héros récurent
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Commissaire Mazère, tome 1 : Le disparu du « ..

Le capitaine Léonce Paradis, j’ai l’impression de le connaître. Si, si. Je ne dis pas cela parce qu’il est rouennais. Je dis cela parce qu’il fait partie de ces personnes qui ne cessent de parler, pour dire toujours la même chose. Ce n’est pas que l’on ne sait plus comment les faire taire, c’est simplement que l’on sait que l’on ne pourra pas les faire taire et que, quoi qu’il arrive, ils parleront quand même, ils iront au bout de ce qu’ils ont à dire, même s’ils l’ont dit pour la cinquantième fois.

Là, le capitaine Léonce a le coeur léger, il va enfin pouvoir repartir ! Son cargo a été enfin réparé, il va pouvoir quitter le port de Rouen (très beau port, très belle ville, forcément pour moi). Il avait le coeur léger, jusqu’à ce qu’il rentre dans sa cabine et trouve un cadavre. Quand il revient avec un policier, le cadavre a disparu. Un classique, même si l’on se doute que le cadavre n’est pas parti tout seul. Qui l’a déplacé ? Et surtout, qui était cet homme ?

Pour enquêter, c’est un policier parisien qui est envoyé à Rouen, l’inspecteur Mazère. Oui, il va enquêter, oui, il va identifier le coupable, et, fait rare, nous connaitrons même le verdict du procès. Oserai-je dire que l’enquêteur en est fort dépité ? Je le dis. Et c’est aussi pour cette raison que ce court roman, qui se déroule non loin de chez moi, est aussi intéressant à lire.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Inspecteur Machard, tome 1 : La mort sous e..

Pauvre inspecteur Machard ! Si, si, j'insiste. Il appartient à la brigade mobile, et pourtant, dans le cadre d'une enquête des plus banales, il est envoyé à Beauvais. Pire : il pleut, il pleut, puis après, il pleut. Bref, il est tout sauf ravi de se retrouver dans cette ville de province qu'il ne parvient pas à trouver belle puisqu'il ne la voit qu'à travers un rideau de pluie. Oui, deux cent mille francs ont été volé à monsieur Leroy. Cependant, un homme aussi riche ne se soucie pas tant que cela de perdre une telle somme. Les enquêteurs de Beauvais pourraient enquêter, non ? Non. Quand l'inspecteur Machard arrive chez les Leroy, c'est pour constater qu'il a été assassiné quelques heures plus tôt. Cela change tout, ou presque.



L'oeuvre est courte, comme le voulait le principe de la littérature fasciculaire. Mais l'on peut faire court et faire cohérent, c'est le cas ici. Oui, l'inspecteur Machart est bougon, râleur, cela ne l'empêche pas d'enquêter très rigoureusement, s'appuyant sur des preuves, non sur des intuitions, encore moins en se laissant influencer par les proches. En effet, la soeur de la victime, mademoiselle Angélique Leroy, est persuadée que son vertueux frère s'est suicidé. Son fils, avec lequel il était brouillé depuis dix ans, veut récompenser toute personne qui aiderait à trouver le coupable. Nous rencontrons aussi les amis de la victime, et même si nous les voyons peu, ils sont tout de même bien campés.



Le dénouement est rapide, à cause du format utilisé, mais il est cohérent, crédible - et l'inspecteur Machart pourra enfin repartir pour Paris, non sans une dernière visite aux amis de la victime.
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Inspecteur Machard, tome 1 : La mort sous e..

Après avoir découvert le personnage de l’inspecteur devenu au fil du temps commissaire Mazère, me voici parti à la découverte d’un autre personnage récurrent de Maurice Lambert, alias Géo Duvic, un auteur, chansonnier et journaliste spécialisé dans la pêche, né en 1900.



Cet autre héros lambertien n’est autre que l’inspecteur Machard, qui deviendra également commissaire par la suite.



Les deux personnages (ainsi qu’un autre, A.B.C. Mine) se retrouvent, entre le début et la fin de 1940, dans les mêmes collections (« Police Express » des éditions A.B.C. ; « Collection Rouge » des éditions Janicot, dans des fascicules de 32 pages [double colonne pour la « Collection Rouge »] contenant des récits entre 7500 et 15 000 mots.



« La mort sous enveloppe » a été publié en 1942 dans la collection « Police Express » et met en scène l’inspecteur Machard.



L’inspecteur Machard arrive à Beauvais pour enquêter sur un vol de 200 000 francs, somme dérobée à un certain M. Leroy.



Mais, devant le domicile de la victime, c’est la cohue. Des badauds, la police, le parquet, tout le monde est là ! Tout ce déploiement pour un simple vol ? Non ! Car, entre temps, M. Leroy a été retrouvé mort, probablement empoisonné.



L’inspecteur Marchard va donc devoir enquêter sur un meurtre et ne tarde pas à trouver des preuves de cet empoisonnement…



Autant le dire tout de suite, dans cette enquête, les différences entre l’inspecteur Mazère et l’inspecteur Machard ne sautent pas aux yeux.



Même genre de héros, même genre d’enquêtes, même ambiance, même style d’écriture… on pourrait avoir tendance de dire « Cela ne valait pas le coup de faire deux personnages rien que pour cela ! ».



Peut-être bien. Pourtant, je serais tenté de répondre : « Mieux vaut deux bons personnages similaires qu’un seul mauvais ! ».



En fait, difficile de dire si le personnage est bon tant il marche dans les pas de ses prédécesseurs de la littérature fasciculaire de l’époque [commissaire Benoit, commissaire Lenormand, commissaire Jules Troufflard, commissaire Odilon Quentin…] et s’appuie sur l’image imposée aux lecteurs par des héros similaires plus populaires comme le commissaire Jules Maigret.



Mais, dans cette littérature fasciculaire, on sait que l’on ne va pas rencontrer des personnages fouillés, des intrigues exaltantes. La concision du format implique une esquisse des personnages et des intrigues simples.



Pourtant, dans cette littérature contraignante comme dans toutes les littératures, il y a des écrivains qui parviennent à exceller quand d’autres se contentent du minimum syndical et certains autres sombrent dans la médiocrité.



Ici, on peut dire sans se tromper que Maurice Lambert maîtrise parfaitement le format et, mieux, le traite comme un condensé de roman. Ainsi, il n’hésite pas à multiplier les personnages, tout en les traitant en superficie, à proposer une intrigue complète sans qu’elle soit trop complexe, à multiplier les suspects, les pistes, les fausses pistes…



Il n’y a que dans la résolution de l’énigme que l’auteur, comme beaucoup de ses confrères, use de son seul artifice propre à la littérature fasciculaire policière : la solution après coup via le héros racontant comment il a tout découvert ou à travers une confession orale ou écrite du coupable ou d’un témoin clef [même si on retrouve ce procédé dans certains romans, notamment dans les « Whodunit »].



Aussi, à la lecture d’une enquête de l’un ou l’autre des héros lambertien, le lecteur l’impression d’avoir lu un vrai roman, mais en plus concentré, en plus rapidement dévoré, mais sans ressentir de manque, car tous les ingrédients sont savamment dosés pour correspondre au format.



C’est une nouvelle fois le cas ici. La lecture de cette enquête est plaisante, l’intrigue, simple, certes, n’est pas dénuée d’intérêt [pour un récit fasciculaire], les fausses pistes sont présentes, et le style est très agréable.



On notera juste une ambiance qui se rapproche de l’univers Simenonien, contrairement aux enquêtes de Mazère que j’ai lu présentement, avec ce temps morne, pluvieux, boueux, que l’on retrouve souvent dans les enquêtes de Jules Maigret, surtout quand il se retrouve sur la côte bretonne.



Au final, Maurice Lambert démontre encore une fois qu’il navigue dans l’excellence dans ce format fasciculaire qu’il maîtrise à merveille.
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Commissaire Mazère, tome 3 : Mon oncle a disp..

Je poursuis ma découverte de la plume de Maurice Lambert, alias Géo Duvic, un auteur, chansonnier, amateur de pêche né en 1900 et probablement mort en 1968.



Pour ce faire, rien de tel, pour moi, de m’intéresser aux personnages récurrents des auteurs. J’ai de la chance, Maurice Lambert en a développé plusieurs, au moins quatre : le commissaire Mazère, l’inspecteur Machard, le commissaire Garnel et A.B.C. Mine.



Pour l’instant, mes lectures sont alternées entre Mazère et Machard, deux personnages de policiers assez proches (suffisamment pour qu’on puisse les confondre) dont on trouve des aventures dans au moins deux collections entre 1942 et 1945 : « Police Express » des éditions A.B.C. et « Collection Rouge » des éditions Janicot.



Si tous sont des fascicules de 32 pages, les premiers sont de petits fascicules carrés contenant des récits entre 7 500 et 10 000 mots et les derniers des fascicules plus grands, imprimés en double colonne et contenant des récits entre 10 000 et 15 000 mots.



« Mon oncle a disparu » est paru en 1944 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot. On y retrouve le commissaire Mazère.



Le commissaire Mazère doit marcher sur des œufs, il a été envoyé chez un ami du préfet pour enquêter sur la disparition de son oncle avec pour avertissement de prendre des pincettes.



Mais la légèreté avec laquelle les membres de la famille Grollet prennent la disparition du vieux Gravelot énerve le policier au plus haut point même s’il tente de le dissimuler.



Certes, le vieux a déjà fugué, mais, tout de même, on peut s’inquiéter pour un vieil homme qui n’arrive à se déplacer qu’à l’aide de ses béquilles.



La situation devient inquiétante quand il apprend que le vieillard s’est rendu dans une bijouterie récupérer ses bijoux pour une valeur de 2 millions et qu’il a fait un retrait de 680 000 francs à la banque.



Aussi n’est-il pas étonné d’être prévenu que le corps de Gravelot a été découvert même si c’est dans des circonstances étranges. Par contre, il ne s’attendait pas du tout à ce que l’on retrouve une deuxième fois, monsieur Gravelot mort d’une façon différente.



Désormais, je suis certain (même si je n’en doutais pas au vu de mes précédentes lectures) que Maurice Lambert était un auteur maîtrisant parfaitement le format court du fascicule de 32 pages ce qui n’était pas donné à tout le monde.



Encore une fois, l’auteur propose un récit policier qui correspond parfaitement à un roman en condensé comprenant, malgré le manque de place, tous les passages obligatoires du genre.



En effet, bien trop souvent, à la lecture de textes de ce format, rédigés par des auteurs avec moins de maîtrise, on a un peu la sensation que le texte a subi des coupes drastiques, que certains passages ont été sacrifiés, voire éludés totalement afin de rentrer dans les clous.



Ce n’est jamais le cas (jusqu’ici) avec les textes de Maurice Lambert.



En plus, l’auteur ajoute à cette qualité déjà prépondérante, un certain style et n’hésite pas à prendre, parfois, un peu de temps, pour poétiser ou amuser le lecteur. Il n’hésite jamais à appuyer sur un détail et d’en faire un leitmotiv ou un running gag (comique de répétition) voire, une sorte d’anaphore métaphorique (oui, le terme est compliqué à saisir tout comme il l’est à expliquer), utilisant la répétition d’un geste donc d’un acte visuel pour simuler un état d’esprit, qui, lui, n’est pas visuel. Je vous rassure, il ne le fait pas tous les temps, mais cela lui arrive et c’est fort agréable (et ça ne fait pas mal).



Cette fois encore, Maurice Lambert propose une intrigue simple (concision du format oblige) et qui tient, il faut bien le reconnaître, uniquement quand elle est retransposée dans son époque (une période où la police partait à la recherche de suspects à partir de portraits parlés) et ne tiendrait plus la route actuellement. Mais on ne peut reprocher à l’auteur de n’avoir pas su prédire l’avenir, non plus.



Intrigue simple, donc, mais qui elle aussi comporte tous les éléments d’une intrigue plus grande. Elle débute par un acte anodin, se poursuite en inquiétude, puis en mystère et en mystère par dessus le mystère. Se résout par une enquête, des interrogatoires, un peu de chance, de la clairvoyance. Et se termine par un rebondissement (prévisible ou non, tout dépend de la perspicacité du lecteur).



Que demandez de plus ? Un peu d’humour ? Il y en a !



Après, les seuls défauts que l’on pourra trouver au récit sont ceux qui sont inhérents au format : des personnages à peine esquissés, un manque de complexité de l’intrigue, des carences que l’on connaît et que l’on accepte quand on s’intéresse à la littérature fasciculaire.



Au final, plus on lit Maurice Lambert, plus on apprécie ses récits qui sont des sommets dans le monde du fascicule de 32 pages.
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Joyeux trépas, Mrs Walton !

En littérature populaire, quand on pense avoir fait le tour d’un sujet, on peut se rendre compte, après un temps plus ou moins long, que l’on s’est un peu trop vite reposé sur des certitudes.



C’est une nouvelle fois le cas au sujet de l’auteur Géo Duvic, que j’ai découvert sous le pseudonyme de Maurice Lambert à travers les enquêtes de trois de ses enquêteurs récurrents…



Je pensais avoir fait le tour des aventures du commissaire Machard, de l’inspecteur Mazère et du détective amateur A.B.C. Mine.



Si le cas est peut-être vrai pour les deux premiers personnages, par contre, pour le troisième, j’aurai mieux fait de m’abstenir de cette certitude.



En effet, voilà que je découvre, par hasard (et tardivement dans ma lecture) la présence d’A.B.C. Mine dans un roman (jusqu’ici, il apparaissait dans des fascicules et des nouvelles) : « Joyeux trépas, Mrs Walton », paru en 1946 dans la collection « Le Furet » des éditions SAGEDI.

Le millionnaire Benny Walton vient de mourir. Crise cardiaque, à même pas quarante ans ! Mais sa passion du Whisky qui lui valait le surnom de « Whisky Ben » est susceptible d’expliquer cette fragilité.



À peine la veuve se voit-elle confirmer hériter de la fortune de son mari, bien qu’elle le trompait et le détestait, qu’elle reçoit un message la menaçant de mort si elle refuse de verser cent mille dollars.



Ne prenant pas au sérieux la missive et refusant donc de céder, elle ne tarde pas à recevoir un second message promettant de tuer sa femme de chambre si elle ne s’exécute pas.



Quand la jeune femme décède malgré toutes les précautions prises, la mère de Ben et sa belle-fille acceptent de prévenir la police…



Voilà donc un petit roman d’un peu plus de 32 000 mots qui débute par la présentation des différents protagonistes de l’histoire après la découverte du corps sans vie de Benny Walton.



La mère, vieille femme acariâtre détestant sa belle-fille.



La veuve, jeune femme belle et inconsistante qui détestait son mari et le trompait allègrement.



Miller, un ami pique-assiette de Benny qui s’est installé à demeure.



Mr Parson, solicitor chargé des affaires de la famille Walton.



James, le vieux majordome dévoué à Benny Walton…



Viennent alors les premières menaces, dès l’ouverture du testament puis, après le décès de la femme de chambre, débarque la police, l’inspecteur King en tête, qui va mener l’enquête.



Face à l’absence d’avancée dans l’enquête, le commissaire fait alors appel à un ami français : A.B.C. Mine, ayant par le passé résolu plusieurs mystères…



C’est dire si A.B.C. Mine arrive tardivement dans le roman (dans les 20 derniers pour cent de l’ouvrage).



Dommage, car le lecteur n’a pas vraiment le temps de profiter de l’originalité du personnage et de son manque de savoir-vivre, de sa franchise et de son humour.



Pour autant, ce court roman propose des meurtres mystérieux, dont deux en chambre close, et un final à la Agatha Christie quand A.B.C. Mine réunit tous les protagonistes de l’affaire sur les lieux du crime afin d’expliquer comme il a découvert l’identité du criminel.



Enfin, ceux qui ont déjà lu les précédentes enquêtes d’A.B.C. Mine, et, surtout, l’une des deux nouvelles publiées à la suite d’un autre texte (et présente dans l’Intégrale numérique…) comprendront que Maurice Lambert s’est inspiré de l’arme du crime qu’il avait déjà utilisé dans la nouvelle « M. Mine et l’assassin courtois » paru chez Nicéa en 1945 dans un fascicule au titre éponyme dans lequel il est suivi par deux autres nouvelles d’autres auteurs.



Pour finir, si l’identité du suspect apparaît facilement après le troisième crime, cela ne retire rien au plaisir de lecture bien que l’on sente l’auteur un peu moins à l’aise dans ce format intermédiaire qu’il ne l’est dans le format fasciculaire de 32 pages.



Au final, un court roman mettant tardivement en scène le personnage attachant d’A.B.C. Mine et qui se lit très agréablement.
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Nous étions quatre

Maurice Lambert, je n’ai cessé de vous en parler, après mes lectures des différentes enquêtes de ses personnages récurrents : l’inspecteur Machard ; le commissaire Mazère et le détective A.B.C. Mine.



J’ai également évoqué l’auteur pour quelques fascicules policiers ne mettant pas en scène ces personnages.



Bref, vous devez maintenant savoir que Maurice Lambert est le pseudonyme de Georges Duvic (1900-1968), un auteur dont on sait peu de choses si ce n’est qu’il était également chansonnier et écrivait des articles sur la pêche.



Bref, j’ai lu un grand nombre de récits de l’auteur, mais tous, jusqu’ici, appartenaient au format fasciculaire, un format court et contraignant dans lequel Maurice Lambert s’était montré très performant.



La question que je pouvais me poser était alors de savoir comment l’auteur s’en sortirait dans un format plus long.



Pour avoir la réponse, je me suis lancé dans la lecture de « Nous étions quatre » un roman signé Géo Duvic (un des pseudonymes de l’auteur) d’un peu plus de 34 000 mots paru en 1942 aux éditions Hachette.



Quatre amis de très longue date sont réunis dans un chalet dans les bois pour quelques jours de chasse. Bien que quarantenaires, ils sont tous des célibataires endurcis, autant le riche hôte, que le médecin, le romancier célèbre ou le policier.



Après une journée de chasse, le soir, l’hôte évoque sa croyance en Satan et semble pour le moins perturbé. Soudain, des coups sont frappés à la porte, l’hôte va ouvrir et tout le monde croit apercevoir un trimardeur, mais, au moment où l’hôte pose une pièce dans la main de celui-ci, la pièce tombe au sol et l’individu disparaît comme par magie.



Pas le temps de se remettre de leurs émotions que des coups résonnent à nouveau à la porte, c’est une belle jeune femme qui prétend être tombée en panne de voiture non loin.



Les amis décident d’héberger la femme pour la nuit et de faire les réparations le lendemain matin avant de partir à la chasse, mais, au matin, l’hôte est retrouvé mort dans sa chambre, une balle dans la tempe… gauche, alors qu’il est droitier. Nulle trace de l’arme qui a causé la mort, sur les lieux.



Le policier, après avoir prévenu des confrères, monte se changer pour les recevoir et se rend compte qu’il manque une balle dans son revolver, qui se trouve dans sa veste. Indéniablement, son arme a servi à tuer son ami…



Maurice Lambert, ou Géo Duvic, pose en quelques lignes son intrigue qui repose sur plusieurs mystères. Qui a tué ? Pourquoi ? Pourquoi avoir pris le risque d’utiliser l’arme du policier, puis de la remettre à sa place ? Le meurtre a-t-il rapport avec la discussion à propos de Satan ? Pourquoi la victime semblait effrayée ? Qu’est-ce que cette histoire de trimardeur fantôme ? Qui est cette jeune femme ? A-t-elle rapport avec le crime ? L’assassin est-il un des amis ?...



Plein de questions, en effet, qui tiennent le lecteur en haleine, aidées en cela par une narration à la première personne qui rend l’enquête plus vivante et par la plume très fluide et agréable de l’auteur.



En cous de lecture, on redoute que les solutions finales soient tirées par les cheveux, comme le sont souvent celles des intrigues qui partent un peu trop dans tous les sens.



Ce serait mentir que de dire que les révélations sont à la fois totalement logiques et qu’elles puissent être devinées par un esprit cartésien et perspicace, mais, au moins, l’auteur ne sombre pas dans le grand guignol comme le firent certains auteurs à succès récents.



Bien évidemment, pour en arriver à ce résultat, il faut accepter de passer outre quelques détails ainsi que sur certaines omissions du narrateur qui ne révèle pas tout ce qu’il sait, laissant le lecteur un peu dans le flou.



Mais, si l’intrigue n’est pas sans faille, et bien qu’elle soit sensée être le centre du récit, c’est surtout et avant tout par le sens de la narration de l’auteur, par sa plume agréable et par sa maîtrise du genre policier que ce roman brille.



Car, une fois entamé, on le dévore sans répit jusqu’à la dernière ligne, aidé en cela par la taille modeste du récit.



D’ailleurs, l’éditeur de l’époque n’est pas dupe (et le lecteur non plus, du coup), car, pour faire passer le texte pour un roman de taille honorable, il a fait publier l’ensemble dans une police de caractère de bonne taille afin que le nombre de pages soit suffisamment conséquent, 190 pages là où, dans une mise en page classique 110 auraient été suffisantes.



On regrettera pourtant que les personnages ne soient pas un peu plus esquissés d’autant que les professions des différents protagonistes étaient propices à d’intéressantes situations.



Au final, Maurice Lambert fait court, mais bien, et parvient à tenir les lecteurs en haleine grâce à une intrigue qui débute rapidement et qui s’avère très mystérieuse dès le départ…
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Le diamant qui tue

« Le diamant qui tue » est un titre paru, initialement, sous la forme d’un fascicule de 32 pages dans la collection « Allo Police » des éditions A.B.C. en 1941…



Il est signé Géo Duvic.



Pour information, Géo Duvic (1900 - 1968) est un écrivain et parolier que les lecteurs de mes chroniques connaissent mieux sous un de ses pseudonymes : Maurice Lambert…



Pour rappel, Maurice Lambert est considéré par moi (ce qui est déjà pas mal) pour être l’un des auteurs ayant la meilleure double maîtrise du format fasciculaire, 32 pages, et du genre policier.



Parvenir à proposer, en seulement une dizaine de milliers de mots, à la fois une intrigue intéressante, des personnages suffisamment développés, des rebondissements, de fausses pistes et une solution acceptable à l’énigme n’est pas donné à tout le monde.



La preuve c’est que j’ai croisé très peu d’auteurs capables de cet exploit et Maurice Lambert, à travers les enquêtes du commissaire Mazère ou celles de l’inspecteur Machard ou, encore, d’A.B.C. Mine, en fait indéniablement parti.



C’est la raison pour laquelle, n’ayant plus d’épisodes de ces séries à me mettre sous la dent, je me suis penché vers ses récits indépendants.



C’est donc au « Le diamant qui tue » de passer sur le billard.



Le jeune inspecteur Jean Splitt est chargé de surveiller le plus gros diamant du monde qui est mis aux enchères à l’Hôtel Drouot. En laissant traîner ses yeux et aussi ses oreilles, il surprend les propos d’un diamantaire hollandais qui assure à son collègue qu’il ne mettra pas un rond pour acquérir la pierre, car tous les précédents propriétaires sont brutalement décédés.



Jean Splitt ne croit pas à la thèse du diamant maudit ou du diamant qui tue, mais, pourtant, quand il suit, par curiosité, le nouvel acquéreur, un riche Brésilien, il assiste impuissant à son assassinat en pleine rue. Il parvient tout de même à se lancer à la poursuite du tueur, mais celui-ci prend la fuite dans une voiture…



Tout d’abord, il est utile de préciser que bien que le fascicule d’origine ne possède que 32 pages, il contient presque le double de texte que les fascicules du même format.



Effectivement, l’intrigue se déroule sur 18 000 mots, ce qui laisse la place pour développer un peu plus l’intrigue qu’ordinairement.



Je dois aussi rappeler que ce texte a été publié quelques années (2 ou 3) avant les séries de l’auteur que j’avais dégusté.



Je ne sais pas si ces deux infos expliquent mon sentiment un peu mitigé à ma lecture, mais probablement.



D’ailleurs, en y réfléchissant bien, ce texte daté de 1941 a des airs, dans le sujet et dans le style de textes écrits dans les années 1930.



Pourtant, il ne me semble pas qu’il y ait trace de textes de l’auteur datant d’avant 1939, mais sait-on jamais.



À moins qu’il ne s’agisse d’une œuvre de jeunesse non publiée à l’époque et retravaillée par la suite… je ne sais pas.



Toujours est-il que le centre du sujet (que je ne peux dévoiler) était souvent usité dans les petits récits policiers dans les années 1920-1930.



Le héros lui-même, Jean Splitt, me donne l’impression de sortir de la décennie précédente.



Bref, peu importe, il est des fascicules policiers des années 1930 d’excellente facture, là n’est pas la question.



Le problème se situe plus dans une sorte de naïveté dans l’intrigue, dans la narration et dans les relations entre les personnages que l’on ne retrouve pas dans les séries de l’auteur que j’ai tant aimé.



Cela ne veut pas dire que « Le diamant qui tue » est un mauvais récit policier, mais juste que, d’une part, l’auteur n’utilise pas à bon escient (c’est-à-dire pour son intrigue) les 18 000 mots de son texte et que, d’autre part, sa narration n’est pas à la hauteur de ce qu’il m’a habitué et je ne crois pas que ce soient les deux années sensées séparer ce texte des séries qui explique cela.



Je ne crois pas non plus que le fait soit dû à la signature (Géo Duvic et non Maurice Lambert) à moins que l’on ne parte sur l’hypothèse d’un « nègre » pour écrire les textes signés de son pseudonyme, ce à quoi j’ai dû mal à croire.



Donc, reste le texte de jeunesse ou un certain manque d’inspiration.



Rebref.



« Le diamant qui tue » n’est donc pas un mauvais récit policier bien qu’il soit, comme je l’ai déjà dit, très naïf sous bien des aspects.



Le principal résidant dans son intrigue qui peine à être crédible. Les motivations du tueur, bien que Géo Duvic les lui fasse expliquer, ne tiennent pas la route.



Ensuite vient le parti pris de l’utilisation de l’espace. Car, la plupart du texte est dévolu à mettre en place l’ambiance de la salle de vente et non à l’intrigue policière et à sa résolution, ce qui oblige l’auteur à faire des grandes ellipses pour arriver à l’arrestation de l’assassin, ce qui est quand même dommage sur 18 000 mots alors que l’auteur n’en avait pas besoin sur 10 000.



Alors, que reste-t-il ? Un récit policier un brin naïf, pas plus mauvais que ce qui se faisait à l’époque, mais, malheureusement, pas meilleur non plus et, surtout, loin d’atteindre les sommets auxquels Maurice Lambert m’avait habitué.



Au final, un récit policier en deçà des épisodes des diverses séries de l’auteur et qui pêche, peut-être, par un manque d’expérience.
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Commissaire Mazère, tome 5 : L'affaire des ce..



Raaa, parfois, la littérature vous offre de plus belles rencontres que la vie (oui, je sais, énoncé ainsi, cela donne l’impression que j’ai une vie morne, et elle doit l’être pour beaucoup, mais je l’aime ma vie.)



Bref. J’ai rarement rencontré, dans ma vie, des personnes qui méritaient d’être connues. Mais, comme je suis un misanthrope, j’évite de rencontrer du monde. Ceci explique probablement cela.



Par contre, dans ma vie littéraire, j’adore faire de nouvelles rencontres. Je passe d’ailleurs mes journées à cela.



Récemment, je fis la connaissance de Maurice Lambert… de sa plume ou de ses textes, plutôt, l’homme étant décédé avant ma naissance et je ne suis pas doué de médiumnité (ce qui m’arrange, car je ne crois pas à cette pratique).



Toujours est-il qu’il y a peu, je fis la découverte de récits de Maurice Lambert, alias Géo Duvic, un auteur, chansonnier et passionné de pêche né en 1900.



Comme souvent, c’est par les personnages récurrents que je découvre un auteur. Ce fut encore une fois le cas à travers les enquêtes du commissaire Mazère, mais aussi de l’inspecteur Machard, deux policiers dont les aventures sont parues au début des années 1940 sous la forme de fascicules de 32 pages disséminés chez divers éditeurs et dans diverses collections (« Police-Express » des éditions A.B.C. ; « Collection Rouge » des éditions Janicot ; « Énigma » des éditions Nicéa… et probablement d’autres).



Le titre du jour, « L’affaire des cent minutes » met en scène le commissaire Mazère, est paru en 1945 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot sous la forme d’un fascicule de 32 pages, double colonne contenant un récit indépendant d’un peu plus de 12 000 mots.



Personne n’avait envie de se retrouver là, cette nuit, du moins, pas dans ces conditions. Pas plus le juge, le procureur, les agents, les membres de l’I. J., les trois couples, le commissaire Mazère que M. Deval… probablement moins encore M. Deval que son décès justifiait tout le désordre ambiant. A-t-on idée de se faire tirer dans la tête quand on invite des gens à admirer son beau diamant ?



Seul le docteur Ragot, le médecin légiste, prend la chose avec le sourire. Lui, du moment qu’il a un mort à examiner puis à découper, tout lui va…



C’est peut-être parce que le commissaire Mazère a autre chose à faire de sa soirée qu’il va résoudre cette affaire en cent minutes…



Et on retrouve une nouvelle fois le commissaire Mazère (pour l’instant j’ai dénombré 7 enquêtes, mais il y en a probablement plus… je l’espère, du moins).



Que pourrais-je dire de plus ou de différent de cet épisode que je n’ai déjà dit des précédents ou de ceux mettant en scène l’inspecteur Machard du même Maurice Lambert ?



Pas grand-chose probablement tant l’auteur m’a habitué à flirter avec l’excellence de la littérature populaire policière fasciculaire, du moins, dans le fascicule de 32 pages, un format sur lequel beaucoup d’auteurs se sont cassé les dents du fait des contraintes de la concision inhérente à ce format.



Difficile d’exceller quand on n’a ni la place de développer une grande intrigue ni celle de poser des personnages, une ambiance ou de prendre le temps d’habituer le lecteur à un style, à une plume.



Beaucoup s’y sont essayés, peu ont performé. Jusqu’ici, seuls quelques noms, dans mes lectures de ce format, se détachent : Charles Richebourg, René Thomas (alias Louis Thomas Cervoni) et dans une moindre mesure, René Byzance.



Je peux désormais ajouter le nom de Maurice Lambert (ou de Géo Duvic) à cette courte liste et le bougre n’est pas loin de prendre la tête du trio… d’ailleurs, je lui accorde volontiers.



Car Maurice Lambert parvient à chaque fois à proposer, sur 10 ou 12 000 mots, tout ce qu’un roman policier de l’époque doit contenir… sauf qu’il n’a pas la latitude d’un petit roman policier à sa disposition, mais seulement un quart, au plus, de cet espace.



Et pourtant, l’auteur ne donne jamais l’impression d’un manque quelconque dans son récit. À peine tait-il au lecteur un détail capté par l’enquêteur, afin d’aboutir plus rapidement à la découverte du criminel.



Bien évidemment, il ne faut pas s’attendre à une intrigue de folie capable de rivaliser avec celles des plus grands romans à suspens (mais qui attendrait cet exploit d’un fascicule de 32 pages ?). Comme toujours, l’intrigue est simple, mais bien menée (même si le lecteur devine le nom du coupable avant que Mazère ne l’annonce). D’ailleurs, elle comporte tous les éléments d’une intrigue : un meurtre, un mystère, des pistes, des fausses pistes, plusieurs suspects, plusieurs mobiles et une résolution sous forme de rebondissement.



Mais en plus de tout cela, Maurice Lambert démontre qu’il maîtrise à la fois le genre, sa narration et sa plume en plus d’une certaine dose d’humour et qu’il sait, au surplus, poser une ambiance en quelques mots tout en n’hésitant jamais à faire une petite étude de mœurs, autant du côté du prolétariat que de celui de la bourgeoisie… prenant souvent le côté des premiers, comme aurait pu le faire un Georges Simenon (qu’il faudra d’ailleurs que je découvre dans des formats similaires pour savoir si lui aussi avait ces facilités).



Ce dont je parle rarement, et qu’il faut souligner également, c’est l’art de l’entrée en matière de Maurice Lambert. Débuter un récit, quelle que soit sa longueur, n’est guère aisé, du moins si on veut capter immédiatement l’attention du lecteur. La chose est encore plus difficile dans un format court où l’auteur n’a pas le temps de tergiverser et où il doit aller directement au sujet. Et pourtant, Maurice Lambert parvient à chaque fois à proposer une entrée en matière réussie.



Ici, il s’attache à l’agacement de tous les protagonistes de la machine judiciaire obligés de se déplacer en pleine nuit alors que la plupart étaient occupés à bien d’autres choses (on notera également que l’auteur termine son récit sur une petite leçon de morale amusante… d’autant plus que je m’étais posé la question durant tout le récit puisque connaissant la situation du commissaire).



Côté humour, le décalage entre l’attitude du docteur Ragot et de tous les autres tranche et amuse.



Vient ensuite l’étude de mœurs à travers les propos, les sentiments, des invités et le fait que seuls le concierge ou le majordome semblent sympathiques au policier.



Que dire de plus ? J’ai adoré, comme tous les précédents titres. Adoré n’est pas un terme excessif si on le reporte au format (je n’attends pas la même chose d’un roman et d’un récit fasciculaire tout comme je n’attends pas la même chose d’une série B et d’un film à gros budget).



Au final, un excellent récit fasciculaire, comme toujours avec Maurice Lambert.
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L'affaire du Chat-Huant

Maurice Lambert est un auteur que j’apprécie tout particulièrement pour l’excellence rarement égalée de ses fascicules policiers.



Effectivement, cet auteur, de son vrai nom, Géo Duvic (1900-1968) œuvra beaucoup dans le domaine du fascicule policier et, en ce domaine, les récits mettant en scène l’ancien policier A.B.C. Mine, l’inspecteur Machard ou encore le Commissaire Mazère, au début des années 1940, constituent parmi les meilleurs que j’ai pu lire dans ce format, tant du point de vue du style, de la narration que des histoires…



Aussi, quand j’ai découvert que « L’affaire du Chat-Huant » mettait en scène le commissaire Mazère, je n’ai pas pu résister à l’envie de dévorer ce titre.



Pour information, alors que les autres enquêtes des personnages cités étaient parues dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot en 1943-1944, « L’affaire du Chat-Huant » est lui, paru aux éditions S.A.G.E. en 1945…

Un homme en suit un autre à la sortie du Palladium et pénètre, à sa suite, dans une sordire boîte de nuit, « Le Chat-Huant ». Là, l’inconnu suivi demande au patron de s’occuper de son suiveur.



Celui-ci, empoisonné à son insu, agonise après être rentré dans sa chambre d’hôtel et n’a que le temps de comprendre ce qu’il lui est arrivé et de graver, sur le plancher, à l’aide d’un morceau de verre cassé : « C H A T – H U… ».



Quand les policiers sont mandés sur place, ils constatent que la victime n’est autre que l’inspecteur Girard, un homme du commissaire Mazère. Ce dernier avait été dépêché dans un autre service pour enquêter sur une organisation criminelle de trafic de voitures.



Le commissaire Mazère décide de reprendre l’enquête de son affidé et ami afin de résoudre l’affaire, mais, surtout, de venger son inspecteur…



Je retrouve donc probablement le commissaire Mazère pour la dernière fois dans cette 8e enquête (sans compter les réécritures d’épisodes).



Une fois n’est pas coutume, le commissaire Mazère n’apparaît pas dès le début de l’histoire, puisque celui-ci est dévolu à l’assassinat de l’inspecteur Girard.



Maurice Lambert, d’ailleurs, s’évertue à retarder le plus longtemps possible la révélation sur le statut du « suiveur », laissant ainsi le lecteur dans le doute de savoir s’il a affaire à un gentil ou à un méchant.



D’ailleurs, l’auteur ne consacre pas l’entièreté des 126 000 mots de son texte pour développer son intrigue. Celle-ci demeure assez simple et n’est que prétexte à proposer des ambiances et quelques fausses pistes durant l’enquête de Mazère.



Maurice Lambert s’étant donc sur certains passages qui ne sont pas nécessaires à l’intrigue, mais qui permettent d’étoffer le texte et l’histoire et d’éviter l’impression que l’auteur se force à aller droit au but en raison de la concision de son texte.



C’est d’ailleurs une qualité que l’on retrouve dans presque tous les courts textes de Maurice Lambert, du moins ceux consacrés à des enquêtes policières.



Ce choix, s’il réduit le potentiel de l’intrigue, ne fait que renforcer la qualité de l’ensemble. De toute façon, Maurice Lambert sait que, même en consacrant un maximum de l’espace à l’intrigue, celle-ci ne pourra rivaliser avec celles de romans…



Pour autant, il n’oublie pas les passages obligés du roman policier en offrant, donc, de fausses pistes, plusieurs coupables, faisant alterner la suspicion du lecteur sur l’un ou sur l’autre tout en distillant des indices suffisamment vagues pour ne pas permettre au lecteur de se faire un avis tranché… quoi que.



Le commissaire Mazère est, une nouvelle fois, à peine esquissé (voire, pas du tout), un choix qui pousse le lecteur à calquer le personnage sur ceux qu’il connaît de la littérature policière et qui correspondrait au genre et à l’ambiance proposés. Inévitablement, tous ou presque ressortiront le commissaire Maigret.



Pour ce qui est du reste, bien évidemment, pour rentrer dans les clous du récit fasciculaire, le coupable ne va pas faire beaucoup de difficulté pour reconnaître les faits et même apporter des réponses aux nombreuses questions des enquêteurs (et des lecteurs) ce qui fait gagner beaucoup de place, il faut bien le reconnaître.



Cependant, comparé aux autres enquêtes du commissaire Mazère, il manque un petit quelque chose qui empêche cet épisode d’atteindre les sommets, mais, à défaut d’Everest, le lecteur se contentera d’Annapurna, ce qui est déjà pas mal, surtout dans le monde de la littérature fasciculaire policière.



Au final, un épisode légèrement en deçà des précédents, mais bien au-dessus de la plupart des récits policiers fasciculaires de l’époque.
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Trop tard Mrs Grant !

Maurice Lambert, de son vrai non Géo Duvic (1900-1968) est un auteur qui est entré dans mon palmarès des maîtres du fascicule policier grâce à son style, ses personnages et, surtout, sa maîtrise du format fasciculaire et du genre policier.



Effectivement, les enquêtes de ses personnages récurrents (le commissaire Mazère, l’inspecteur Machard, l’ancien policier A.B.C. Mine) m’ont enthousiasmé par la qualité littéraire, mais surtout par cette maîtrise rare du format fasciculaire, 32 pages (textes de 8 à 12 000 mots) et du genre policier au sein de ce format contraignant (parvenir à proposer une intrigue, des personnages, des suspects, de fausses pistes, des rebondissements et une fin qui tient la route) que j’ai rarement observé durant mes nombreuses lectures de fascicules…



Mais, après avoir dévoré les « séries » de l’auteur, je plonge maintenant dans ses récits indépendants.



C’est au tour de « Trop tard, Mrs Grant ! » de passer sur le grill.



Ce titre est paru en 1946 sous la forme d’un fascicule de 16 pages, double-colonne (texte de 11 500 mots) dans la collection « ÉNIGMA » des éditions Nicéa.



La collection « ÉNIGMA » est donc une collection d’un peu moins d’une vingtaine de titres qui ont pour particularité (du moins les premiers) de proposer, en fin de lecture, une grille de mots croisés permettant aux lecteurs de trouver l’identité du coupable…



« Trop tard, Mrs Grant ! » est le premier titre de cette collection.

La vieille Mrs Grant, outre le couple formé par son fils Terry et sa bru Norma, abrite dans sa propriété de Moor House, quelques invités (Sidney et Edna Turner, M. Graville) et quelques domestiques.



Quand au petit matin, le valet de chambre découvre Terry mort d’un coup de couteau, l’inspecteur O’Mara, chargé de l’enquête, peut s’étonner de la réaction des divers protagonistes.



Que ce soit la mère ou la femme du défunt, la peine ne semble pas le sentiment premier qui les anime. Quant aux autres… la tristesse n’est pas de mise.



Bien que tout semble indiquer le crime d’un rôdeur (vol des bijoux de la victime, une porte donnant vers l’extérieur demeurée ouverte), la vieille Grant pense que la meurtrière est sa propre bru, une épouse qui n’aimait plus son mari.



D’ailleurs, Norma Grant ne se sent pas à l’aise à Moor House et elle a bien raison…



Si la plupart de mes lectures précédentes des récits de l’auteur proposaient un récit plongeant dans un genre policier classique, ici, on sent que Maurice Lambert s’essaye au roman noir à l’américaine.



C’est probablement la raison qui le pousse à poser son intrigue aux É.-U.



Maurice Lambert cherche donc à offrir aux lecteurs une ambiance noire, pesante, avec un crime commis dans une propriété et la certitude, pour les lecteurs et l’enquêteur que le coupable vient de l’intérieur.



Mais, à l’intérieur, 5 survivants, en plus des domestiques.



Et les interrogatoires des divers protagonistes démontreront à l’inspecteur O’Mara, que chacun a un alibi incontrôlable (ils dormaient tous au moment du crime, mais ils dormaient seuls) et des réactions loin d’être habituelles dans ce genre de circonstance.



Peut-être est-ce contraint par le principe de la collection (la fameuse grille de mots croisés finale révélant l’identité du coupable) qui a imposé à l’auteur le déroulé de son intrigue, le système des interrogatoires, les non-dits et le fait que chaque protagoniste agit bizarrement et pourrait être l’assassin.



Sans doute, même, bien que l’on ai déjà vu ce genre de situation, notamment dans le « Whodunit », sous-genre cher à Agatha Christie dans lequel l’enquêteur regroupe tous les protagonistes d’un crime pour innocenter chacun avant de dénoncer le coupable.



D’ailleurs, la grille a un peu cette fonction, en plus ludique.



Il faut bien avouer que l’aspect ludique et le récit policier ont toujours fait bonne entente.



Que ce soit cette collection, la série des « 13 » de Georges Simenon pour le magazine détective dans laquelle 13 récits contaient chacun un crime avec suffisamment de détails pour que le lecteur devine seul le nom du coupable qui était donné la semaine suivante, « Les 5 dernières minutes » de l’inspecteur Bourrel à la télévision, j’en passe et des meilleurs jusqu’aux nombreux jeux de société s’appuyant sur le genre policier (« Cluedo » en tête).



Bref, c’est donc forcément une bonne idée. D’autant plus que, dans ce récit, on peut facilement se passer de remplir la grille (pour les plus fainéants, les plus impatients, ou les lecteurs de la réédition numérique qui, bien qu’elle comporte la grille, n’est pas un format pratique pour ce genre de sport) pour suivre l’enquête et obtenir la réponse.



Du coup, le passage par la grille n’est pas une obligation et le sauter n’entache en rien le plaisir de lecture.



Pour ce qui est du texte lui-même, je dois avouer que j’ai préféré les enquêtes des récurrents de l’auteur, mais plus parce que le genre abordé n’est pas le même que pour des qualités purement littéraires.



Cependant, l’ensemble est agréable à lire même si on peut tiquer sur la qualité de l’intrigue et surtout de sa conclusion bien que cette faiblesse soit principalement à mettre sur le compte du principe de la collection (la fameuse grille).



On notera, en plus, l’excellence de l’illustration de couverture.



Au final, à partir d’un principe ludique et sympathique (une grille de mots croisés pour découvrir l’identité du coupable), Maurice Lambert propose un récit qui pâtit un peu de ce parti pris, mais qui s’avère tout de même très agréable à lire.
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L'assassinat du spirite

Maurice Lambert, j’ai toujours aussi peu de choses à dire sur l’homme, dont je ne sais pas grand-chose si ce n’est qu’il est né en 1900, mort en 1968 et qu’il fut chansonnier et journaliste.



Par contre, sur l’auteur, j’ai beaucoup à vous conter à moins que ce beaucoup ne se résume qu’en quelques mots : un bon écrivain maîtrisant à la fois le genre policier et le format fasciculaire 32 pages, une double maîtrise relativement rare dans le domaine de la littérature fasciculaire.



Le jeune avocat Fred Laurent est invité, avec sa compagne, à participer à une soirée de spiritisme dans le château de Mme Delphin après avoir brillamment défendu le devin indien Itoka accusé d’assassinat.



À peine dans la demeure, une des invités, prétendant lire dans les braises de feu de bois, en regardant les flammes dans la cheminée, les prévient que quelqu’un mourra dans la nuit…



J’ai découvert la plume de Maurice Lambert à travers les aventures de certains de ses héros récurrents : le commissaire Mazère, l’inspecteur Machard et l’ancien policier A.B.C. Mine…



Ayant épuisé les textes concernant ces enquêteurs, me voilà lancé dans la découverte des récits indépendants.



Avec « L’assassinat du Spirite », l’auteur poursuit sa revisite des classiques du roman policier et des sous-genres souvent abordés.



Ici, le lecteur a le droit à un crime en chambre close avec une résolution à la « Whodunit », quand l’enquêteur réunit tous les suspects dans une même pièce pour expliquer le cheminement de ses réflexions et donner, au final, le nom du coupable.



Et l’auteur ne lésine pas en la matière en enfermant plusieurs personnes dans une pièce obscure à l’intérieur d’un vieux château, séparées du monde après l’écroulement sous la tempête de neige du pont permettant de communiquer avec l’extérieur.



C’est donc un récit un peu parodique que le lecteur découvre et ce d’autant plus que Maurice Lambert ajoute une pincée d’humour à travers les personnages de l’avocat et de sa femme, deux personnes cartésiennes plongées dans une foule d’hommes et de femmes croyant aux esprits, à la divination…



Bien évidemment, du fait du format court (12 000 mots), l’intrigue se révèle assez simple et la narration linéaire avec quelques facilités afin de proposer aux lecteurs plusieurs suspects, des fausses pistes, des rebondissements.



On pardonnera donc ces ficelles nécessaires afin d’empaqueter un texte agréable à lire et ce d’autant plus que l’ensemble est bien mené, que les genres abordés sont maîtrisés ainsi que la narration, l’aspect parodique et, qu’en plus, l’auteur met en scène un sympathique couple d’enquêteurs et saupoudre le tout d’une petite touche d’humour.



Au final, bon, si j’espérais que Maurice Lambert puisse me décevoir une fois privé de ses personnages récurrents, il n’en est heureusement rien.
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A.B.C. Mine, tome 3 : Le lecteur mécontent

Je poursuis des enquêtes de l’extravagant A. B. C. Mine (pour Annibal Blaise Cyprien), un sympathique et rondouillard rentier quinquagénaire qui aime se mêler des affaires des autres, surtout quand elles reposent sur des crimes.



L’auteur, Maurice Lambert (1900 - 1968), alias Géo Duvic, était également journaliste spécialisé dans l’art de la pêche.



Maurice Lambert se consacra principalement à la littérature populaire fasciculaire (même s’il s’exerça dans d’autres styles). Et c’est à travers les excellentes enquêtes du commissaire Mazère et puis de l’inspecteur Machard que j’ai découvert l’auteur, sa plume et, surtout son talent.



Car, Maurice Lambert, jusqu’à présent, ne m’a jamais déçu et m’a démontré qu’il avait une parfaite maîtrise du format fasciculaire 32 pages, un format très contraignant dans lequel très peu d’auteurs se sont épanouis (Charles Richebourg, René Byzance, J. A. Flanigham…)



Contraignant, car en 10 à 12 000 mots, il est extrêmement complexe de proposer des personnages denses, une intrigue digne de ce nom, une plume et de proposer la narration idoine, généralement linéaire.



Si, jusqu’à présent, malgré des personnages un peu classiques, Maurice Lambert était parvenu à offrir aux lecteurs de véritables romans policiers en condensés, avec tout ce qu’il faut dedans, une histoire, des rebondissements, de multiples suspects et une révélation finale, avec les aventures d’A. B. C. Mine, il ajoute à toutes ces qualités, celle d’un personnage complexe, sympathique, attachant, drôle…



« Le lecteur mécontent » est paru en 1945 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot, sous la forme d’un fascicule de 32 pages double-colonne contenant un récit indépendant de 12 800 mots.



Encore une fois, A. B. C. Mine se trouve chez son voisin et ami écrivain afin de profiter de sa compagnie, mais aussi de ses bonnes bouteilles.



L’ami (jamais nommé) a écrit et décrit de nombreux meurtres dans ses pages, mais a-t-on déjà essayé de l’assassiner, lui ? Lui demande Mine. En tout cas, lui a enquêté sur une affaire dans laquelle un écrivain célèbre de romans policiers avait été étranglé et sur lequel on avait trouvé un message signé : Le lecteur mécontent.



Alors, il avait dû enquêter avec son ami le commissaire Fantin, mais, bien vite, un second écrivain était retrouvé étranglé à son tour.



Sans piste, les deux enquêteurs décidaient alors de planquer chez le plus célèbre auteur de polars encore vivant afin de piéger le meurtrier…



Je retrouve avec plaisir A. B. C. Mine en souhaitant d’ores et déjà avoir la chance de découvrir d’autres enquêtes du personnage dans les textes de l’auteur que je ne possède pas encore (à condition de les trouver), car voilà la troisième et dernière enquête à me mettre sous la dent (me restera deux très courts textes publiés dans des fascicules-recueils).



A. B. C. Mine est fidèle à lui-même dans cette enquête. Débonnaire, souriant, l’air niais, semblant ne rien comprendre, il s’amuse comme un petit fou dans cette histoire de lecteur assassinant des écrivains de romans policiers.



Les suspects s’enchaînent, les pistes également, et pendant que Fantin part de droite et de gauche, Mine, lui, le conforte dans ses choix, mais prend d’autres chemins.



Certes, l’intrigue est un peu tirée par les cheveux et la résolution s’appuie un petit peu sur le hasard, mais le personnage emporte suffisamment l’adhésion pour faire passer cette petite pilule.



L’idée de base est intéressante (pour l’époque), des auteurs ayant pour métier de coucher des meurtres sur papier qui, à leur tour, sont victimes d’un meurtrier. Celle d’un lecteur en colère l’est tout autant.



Pourtant en moins de 13 000 mots on se doute que Maurice Lambert ne va pas pouvoir exploiter ces idées correctement et il a la bonne idée de ne pas tenter l’expérience.



Si dans les enquêtes de Mazère et Machard, les intrigues étaient le point fort (pour des fascicules de 32 pages), dans celles de A. B. C. Mine, l’atout est incontestablement ce personnage dichotomique, dont l’apparence est très éloignée de ce qu’il est au fond de lui.



Si dans les deux premières enquêtes A. B. C. Mine avouait à demi-mot qu’il avait fait partie de l’administration sans en citer le service, on apprend là qu’il faisait partie de la P.J.



On retrouve l’idée de « cambriolage moral », c’est-à-dire l’art de voler les informations aux gens dans des discussions qui ne ressemblent en rien à des interrogatoires, mais dont le but est tout de même de faire cracher l’autre. Ce « cambriolage moral » comme le nomme A. B. C. Mine, on le retrouvait déjà, avec plus de fantaisie, dans les méthodes de Marius Pégomas de Pierre Yrondy, puis, plus tard, avec plus d’empathie et d’apathie chez le commissaire Maigret, de Georges Simenon ou encore le commissaire Troufflard de René Byzance.



Sauf que chez Mine, c’est son flot de paroles et sa bonhomie qui endorment l’autre et le poussent à ne pas se méfier ni à contrôler ses propos.



Bien évidemment, le lecteur, content, celui-là, aura le droit aux fausses pistes, aux rebondissements et même à un double rebondissement final. Quoi demander de plus ?



Au final, l’auteur démontre une maîtrise parfaite du format et du genre et, en plus, met en scène un personnage à la fois drôle, sympathique, attachant, atypique et compétent. Excellent !
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Inspecteur Machard, tome 9 : Le pendu du tr..

Je poursuis ma découverte des enquêtes de l’inspecteur Machard, de Maurice Lambert, avec « Le pendu du transbordeur » un fascicule de 18 pages, double colonne, publié en 1946, dans la collection « Allo Police ».



En ce qui concerne l’auteur, Maurice Lambert est un alias de Georges O. Duvic, alias Géo Duvic, un auteur de littérature populaire et chansonnier né en 1900 et mort en 1968.



Sa production fut principalement dirigée vers le genre policier et, pour ce faire, il développa plusieurs personnages récurrents dont les deux principaux sont le commissaire Mazère et l’inspecteur Machard.



Tous deux vécurent des enquêtes réparties au sein de diverses collections chez divers éditeurs (« Collection Rouge » chez Janicot ; « Énigma » chez Nicéa ; « Police Express » chez A.B.C. ; « Ici Police » et « Allo Police » chez S.E.G...) entre 1942 et 1946.



« Le pendu du transbordeur » est une enquête de 12 600 mots mettant donc en scène l’inspecteur Machard.



Sur le port de Rouen, un petit matin, on découvre un homme pendu au pont d’un transbordeur.



Le médecin légiste constate que l’homme est mort d’une balle dans le cœur avant d’être pendu.



Ses papiers et les étiquettes des vêtements ont été arrachées pour empêcher l’identification, mais l’homme avait sur lui vingt billets de mille francs.



Devant le manque de résultat de la police locale, l’inspecteur Machard est dépêché de Paris.



La vêture de la victime ainsi que l’argent font penser à Machard qu’il s’agit d’un règlement de compte du milieu marseillais. Il décide alors de visiter les mauvais quartiers de la ville à la rechercher d’informations…



Je ne cesse de le clamer dès le premier titre de l’auteur que j’ai lu, Maurice Lambert maîtrisait à la perfection le format fasciculaire et suffisamment le genre policier pour réussir à performer dans un format donc la concision constitue le principal écueil.



Effectivement, la plupart du temps, l’auteur parvenait, ce que réussissaient rarement ses confrères, à proposer aux lecteurs un roman policier en condensé malgré le peu de mots qu’il avait à sa disposition (environ 10 000 mots par fascicule).



Il intégrait à son récit tous les passages obligés du roman policier : les fausses pistes, les nombreux suspects, les rebondissements…



Cependant, avec « Le pendu du transbordeur », le lecteur ne se trouve pas face au meilleur récit de l’auteur, la faute à une intrigue menée principalement par le hasard.



Certes, Maurice Lambert se dédouane un peu en agitant le spectre du fameux hasard, dieu des policiers et en précisant également que l’inspecteur Machard mène là une enquête dont il pourra avoir honte.



Mais cela ne suffit pas à hisser le texte à la hauteur des meilleurs de Maurice Lambert.



Malgré tout, l’ensemble se lit agréablement et on regrettera également la fin un peu rapide, voire brutale, malgré un double rebondissement.



Au final, pas le meilleur texte de l’auteur, mais un bon récit tout de même.
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Inspecteur Machard, tome 8 : Monsieur Benoit

Maurice Lambert, j’en parle beaucoup, ces derniers temps, même si je ne sais pas grand-chose sur cet auteur, Georges Duvic, de son vrai nom, à part qu’il est né en 1900, mort en 1968, qu’il fut aussi chansonnier et passionné de pêche au point d’écrire des articles sur le sujet dans un magasine spécialisé…



Heureusement, et c’est ce qui m’intéresse le plus, j’en connais davantage sur sa plume et ses personnages.



Notamment deux de ses héros : le commissaire Mazère et l’inspecteur Machard, deux enquêteurs littéraires que l’auteur fit vivre séparément dans des fascicules de 32 pages destinés à diverses collections chez plusieurs éditeurs (« Police Express » chez A.B.C. ; « Énigma » chez Nicéa ; « Rouge » chez Janicot… et d’autres encore) entre 1942 et 1946, pour les titres que j’ai identifiés.



« Monsieur Benoit » est une enquête de l’inspecteur Machard, publiée en 1944 sous la forme d’un fascicule de 36 pages contenant un récit indépendant de 12 500 mots chez… je ne sais pas, l’information n’est pas indiquée sur le fascicule.



L’inspecteur Machard est chargé de découvrir l’identité de l’assassin de Monsieur Benoit, un vieil homme tranquille retrouvé, un soir, poignardé dans le dos dans l’escalier de son immeuble. Rien ne lui ayant été dérobé, le vol ne semble pas le mobile du crime. Aussi, qui peut bien avoir intérêt à tuer un petit vieux sans histoire ? À moins que monsieur Benoit ne soit pas ce « petit vieux sans histoire » que l’inspecteur Machard imagine.



Je retrouve l’inspecteur Machard pour la 8e fois (après 6 enquêtes du commissaire Mazère) autant dire que je commence à bien connaître la plume policière de l’auteur et que je l’apprécie, sinon je n’aurai pas autant lu de ses textes en si peu de temps..



Il faut dire que Maurice Lambert s’est rapidement avéré un écrivain maîtrisant parfaitement le format contraignant du fascicule de 32 pages (des récits d’environ 10 000 mots), un format dans lequel peu d’auteurs ont réussi à s’épanouir et à performer tant les écueils sont nombreux.



Car, pour performer dans ce format fasciculaire, il ne suffit pas de savoir écrire, d’avoir une bonne histoire, de bons personnages, et une belle plume (ce qui permettrait dans un format libre de s’en sortir avec les félicitations).



Non. Il faut d’abord maîtriser le format. C’est-à-dire posséder tous les éléments suscités et, en plus, les faire entrer dans une petite boîte, sans que rien ne déborde, mais, aussi, sans avoir à faire des coupes drastiques qui seraient perceptibles et nuisibles à la lecture.



Aussi faut-il avoir une bonne histoire, mais suffisamment simple pour être contée avec concision. Des personnages attachants, mais qu’on peut dépeindre en quelques mots (voire, qui s’inscrivent dans l’image d’Épinal inhérent à la fonction ou au type du personnage). Être capable d’installer un style et une ambiance en quelques mots. Savoir aller droit à l’essentiel sans oublier, de temps en temps, de s’égarer un peu, mais à grande économie de phrases. Savoir écrire plaisamment et simplement.



Beaucoup moins facile qu’il n’y paraît. Qui peut le plus peut le moins, assure Aristote. Pourtant, tous ceux qui sont aptes à écrire un bon pavé ne le sont pas forcément à performer dans le fascicule (qui n’est pas un genre similaire à la nouvelle).



Maurice Lambert, lui, excellait dans ce format.



Jusqu’à présent, je n’ai pas trouvé un seul mauvais récit dans tous ceux que j’ai lus. À peine certains étaient-ils un peu moins bons que les autres, mais les autres sont excellents…



C’est une nouvelle fois le cas ici. Maurice Lambert parvient à donner tous les éléments d’une intrigue policière (simple, certes, mais intrigue tout de même) en seulement quelques pages. Il propose de fausses pistes (reposant, comme souvent et je serai tenté de dire « obligatoirement » sur des hasards ou des coïncidences). Plusieurs suspects, un rebondissement final.



Comme toujours, le coupable avoue rapidement (il n’a pas le temps de faire autrement, on arrive au terme du format).



En fait, les seuls défauts à trouver à ce récit sont ceux inhérents à la concision du format. Donc, rien de répréhensible puisque quand un lecteur s’attelle à un texte de cette taille, il sait déjà à quoi s’attendre (pas une histoire rocambolesque à la J.C. Grangé ou à la Franck Thilliez, donc).



Cependant, je dois avouer que l’auteur m’a un peu surpris. Je pensais avoir trouvé le bon coupable, me disant qu’il était l’assassin idéal, celui qu’on ne soupçonne pas, mais qui pouvait avoir les connaissances et l’opportunité. Mais non, je m’étais trompé. Raa, le bougre de Maurice Lambert. Un peu déçu, il aurait fait un beau coupable.



Au final, comme toujours Maurice Lambert flirte avec l’excellence dans un format fasciculaire pourtant pas évident à maîtriser.
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Commissaire Mazère, tome 2 : Série de trois

Je poursuis, un peu dans le désordre, ma découverte des enquêtes du commissaire Mazère de Maurice Lambert.



L’inspecteur Mazère, devenu par la suite commissaire, est un personnage né de l’imagination de Géo Duvic, un écrivain chansonnier, passioné de pêche né en 1900 et qui écrivit principalement des récits policiers.



Pour découvrir les enquêtes du commissaire Mazère, il fallait éplucher la production de l’auteur, car elles étaient réparties dans plusieurs collections chez plusieurs éditeurs (« Police-Express » des éditions A.B.C ou « Collection Rouge » des éditions Janicot, par exemple).



Mais l’auteur développa d’autres personnages récurrents comme le commissaire Machard ou A.B.C. Mine.



La plupart de ces aventures parurent sous la forme de fascicules de 32 pages à partir de 1942 contenant des textes allant de 7 500 à 15 000 mots.



« Série de trois » est initialement paru en 1944 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot, sous la forme d’un fascicule 32 pages, double colonne contenant un récit d’environ 15 000 mots.



Le commissaire Mazère, dépêché dans un petit port breton, vient de mettre un terme à un trafic international de drogue, via un cargo norvégien. Il en profite alors pour prendre des vacances bien méritées et fait venir sa femme Angèle afin de passer quelques jours sur la côte en sa douce compagnie.



Mais, Mazère est rapidement appelé par un confrère local pour donner son avis sur une mort suspecte. Certes, le défunt est mort d’une crise cardiaque, mais des traces de pas chez lui, alors qu’il était seul, laissent dubitatif.



Mazère constate qu’effectivement, l’arrêt du cœur a été provoqué par une tierce personne cachée dans la maison et qui a provoqué la terreur de celui que tout le monde savait être cardiaque.



La victime venait, en compagnie d’autres amis, faisant partie de ce que les gens du village appellent « Le club des célibataires » un groupe d’hommes aisés courant la gueuse et aimant le farniente, de gagner à une loterie portugaise.



Ceux-ci ont d’ailleurs tous reçu des lettres anonymes leur prévoyant le malheur à cause de ce gain à un jeu de hasard…



Mazère ne doute alors pas que l’assassin est à chercher parmi les survivants… ce qui lui est confirmé quand un second membre du groupe est retrouvé mort à son tour…



Me voici donc face à ma troisième enquête du personnage. Je l’ai découvert commissaire, puis retrouvé inspecteur (je lis dans le désordre en fonction des titres que j’arrive à trouver) et je le retrouve à nouveau commissaire.



Mais cet épisode, plus long que les précédents (15 000 mots au lieu de 7 500 pour le 1er et presque 10 000 pour le second) me permet d’en savoir un peu plus sur le policier.



Déjà, j’apprends qu’il est marié avec la jeune et douce Angèle.



Ensuite, et surtout, je connais désormais son prénom (qui n’était pas cité dans les deux précédents titres que j’avais lus) : Julien.



En ce qui concerne l’histoire, celle-ci m’a un peu fait penser à « Le chien jaune » de Georges Simenon, une enquête du commissaire Maigret, pour cette histoire d’un groupe d’hommes honorables ayant l’habitude pour se réunir au bistrot pour jouer aux cartes et dont les membres sont assassinés tour à tour. Si les deux affaires se déroulent sur la côte bretonne, l’ambiance du titre du jour est bien plus légère.



Cependant on y retrouve un peu une atmosphère simenonienne, notamment celle du « Fou de Bergerac », une enquête à laquelle prend part madame Maigret après que son mari ait été blessé et se retrouve alité.



Ici, Mazère tient bien sur ses deux jambes, et mène bien son enquête lui-même, mais les propos de sa femme le guident pour le mener vers la solution du problème.



Pour ce qui est de la deuxième partie de l’histoire, on y retrouve un peu de « L’assassin habite au 21 » de Stanislas-André Steeman, dont l’adaptation est sortie au cinéma deux ans auparavant.



Là aussi, l’ambiance n’est pas la même, mais on sent tout de même l’inspiration.



Par contre, sur cet épisode, on constate que l’auteur semble moins à l’aise que sur le format plus court des précédents. La maîtrise de l’histoire et du format est toujours là, mais l’auteur peine à profiter de l’espace supplémentaire pour offrir plus aux lecteurs. J’irais presque jusqu’à dire que, bien qu’il ait eu plus de latitude, son récit propose moins de choses que les deux précédents que j’ai lu.



Alors, certes, l’intrigue ne peut guère être plus exaltante du fait que le format est tout de même court. De ce point de vue, l’auteur met en place un roman policier en condensé et de bonne manière.



On y retrouve également une pointe d’humour et de légèreté. Mais c’est dans le reste que l’ensemble pèche un peu. Dans le style qui, sans être indigent ni indigeste, est dénué de ce petit grain de sel supplémentaire qui faisait que les deux précédents titres flirtaient avec l’excellence.



Ici, il se contente juste d’être bon, ce qui est déjà très bien, mieux que la plupart des fascicules de bon nombre d’auteurs. Mais c’est tout de même un peu décevant en ce qu’on pouvait penser qu’avec un peu plus d’espace, l’auteur parviendrait encore à hausser son niveau.



Tant pis.



Au final, un bon petit récit policier un peu décevant, car l’auteur avait placé la barre très haut avec les deux précédents titres que j’avais lu de lui…
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Commissaire Mazère, tome 1 : Le disparu du « ..

Je poursuis ma découverte d’un auteur, Maurice Lambert (alias Géo Duvic) et d’un personnage, le commissaire Mazère (ici, encore inspecteur), avec le titre « Le disparu du « Sagittaire » » un fascicule de 32 pages, paru en 1942 dans la collection « Police Express » des éditions A.B.C.



J’aimerais vous dire plein de choses sur l’auteur (même si, au final, seuls ses textes m’intéressent), mais je ne sais pas grand-chose à part qu’il serait né en 1900 mort probablement en 1968 et qu’il écrivait des romans, des fascicules, des chansons et des articles sur la pêche. Voilà tout.



Pour ce qui est du commissaire Mazère, suivre sa carrière littéraire n’est pas une sinécure, tout comme nombre de ses confrères, puisque ses enquêtes n’ont pas été regroupées dans une collection dédiée et qu’il faut, pour les découvrir, éplucher la production de l’auteur dans les différentes collections auxquelles il a participé. C’est la raison pour laquelle je lis un peu dans le désordre ses enquêtes puisque je l’ai découvert commissaire, dans « M. Untel assassin », et que je le retrouve aujourd’hui simple inspecteur.



À noter que l’on retrouve plusieurs enquêtes du commissaire Mazère dans la collection « Rouge » des éditions Janicot.



Un capitaine de cargo qui découvre un corps dans sa cabine, corps qui disparaît le temps qu’il aille chercher un policier, voilà qui pourrait passer pour une mauvaise plaisanterie ou un délire de poivrot. Pourtant, il n’en est rien, du sang sur les draps atteste du crime…



La police de Rouen, après une rapide enquête, fait appel à la police parisienne qui dépêche sur place l’inspecteur Mazère. Ce dernier va devoir identifier un cadavre qui a disparu et trouver son meurtrier avec de maigres indices à sa disposition.



« Le disparu du « Sagittaire » » confirme les impressions que j’avais ressenties à la lecture de « M. Untel assassin ».



Effectivement, les deux textes possèdent les mêmes qualités, des qualités assez rares dans le monde contraignant du fascicule de 32 pages.



Si l’on comprend aisément que les auteurs, en moins de 10 000 mots, vont peiner à proposer une véritable intrigue haletante, il en est cependant assez peu qui parviennent à offrir une intrigue condensée qui, sans atteindre des sommets de suspens, tient la route et contient tous les éléments inhérents au genre.



Ainsi, cette fois-ci, sur pas tout à fait 10 000 mots (à peine plus de 9 700), Maurice Lambert développe une véritable mini-intrigue qui démarre par une surprise, pour le marin, de découvrir un mort dans son lit. Ensuite, un mystère, avec la disparition de ce cadavre. Puis une enquête, pour découvrir l’identité du défunt, le mobile du meurtrier… Plusieurs suspects seront mis en évidence durant l’histoire. Puis l’auteur propose un rebondissement final.



Bien évidemment, tous ces éléments ne sont pas comparables à ceux d’un bon roman policier de 600 pages, mais, remis dans le contexte de concision, l’ensemble se révèle de très bonne facture.



Si on rajoute à cela une plume élégante, un peu d’humour, quelques descriptions plaisantes et un petit gimmick, élément récurrent dans le texte, ici, la couleur changeante du mouchoir dans lequel la veuve pleurniche, on obtient ce que le format peut proposer de meilleur et que de trop rares auteurs sont parvenus à atteindre (Charles Richebourg, René Byzance, J. A. Flanigham… entre autres).



Au final, Maurice Lambert offre au lecteur un condensé de bon roman policier et un modèle du genre dans le format du fascicule de 32 pages…
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L'assassin opère le samedi

Maurice Lambert est un des pseudonymes de l’auteur Georges O. Duvic (1900-1968), aussi connu sous le nom de Géo Duvic et dont j’ai beaucoup parlé (et toujours en bien) notamment pour son travail dans le genre policier et le format fasciculaire et, plus précisément pour les récits mettant en scène certains de ses enquêteurs récurrents (commissaire Mazère, inspecteur Machard, A.B.C. Mine).



De l’écrivain (également auteur de chansons et, il me semble, journaliste), j’ai eu également l’occasion d’apprécier sa plume dans le format roman avec, par exemple, récemment, « Nous étions quatre ».



Je reviens vers lui (comme chaque fois que l’occasion se présente) et vers le format fasciculaire avec un texte mettant en scène un personnage qui aurait pu être récurrent, mais dont je n’ai trouvé que deux enquêtes, ce qui est insuffisant pour l’adjectif avancé.



« L’assassin opère le samedi » est initialement paru sous la forme d’un fascicule de 32 pages, double colonne, paru probablement en 1943 (les fascicules ne sont pas datés) et dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot.



Il s’agit du premier titre de l’auteur publié dans cette collection. De nombreux suivront.



Chaque samedi depuis un mois un homme est retrouvé dans la rue le cœur transpercé par une longue aiguille. L’assassin signe son crime en laissant dans la poche de ses victimes une éphéméride portant la date du crime.



Le commissaire Garnel est chargé de l’enquête, mais les indices sont rares, voire inexistants, jusqu’à ce qu’une jeune femme prétende avoir surpris le meurtrier lors de son dernier crime et l’avoir suivi jusqu’à un immeuble dont elle fournit l’adresse au policier.



Ledit immeuble abrite une ligue de vertu et est habité par quatre hommes et une femme.



Le commissaire Garnel va tenter d’identifier, parmi eux, l’assassin qui opère le samedi...



Difficile de ne pas imaginer que Maurice Lambert se soit inspiré de « L’assassin habite au 21 » de Stanislas-André Steeman pour son court récit pour mieux le détourner.



En effet, si le roman de son confrère belge est paru quatre ou cinq ans auparavant, l’adaptation cinématographique qu’en fit Henry-Georges Clouzot, lui, n’a été diffusée que l’année précédente et, donc, peu de temps avant l’écriture de ce récit.



Mais, rassurez-vous, même si vous connaissez l’intrigue de « l’assassin habite au 21 », vous ne connaîtrez pas pour autant celle de « l’assassin opère le samedi » qui habite, lui, au 154.



Car si Maurice Lambert s’est probablement inspiré du célèbre roman (ou non moins célèbre film) il ne l’a pas plagié pour autant.



L’enquêteur du récit est le commissaire Garnel, un personnage de que l’on retrouve dans au moins un autre titre paru dans la même collection : « Affaire de famille ».



Je n’ai malheureusement pas trouvé d’autres traces du personnage jusqu’à présent.



On sait (du moins ceux qui ont lu les récits de Maurice Lambert) que l’auteur maîtrise parfaitement le genre policier et le format fasciculaire.



C’est une nouvelle fois le cas ici avec ce texte de 10 700 mots.



Pourtant, il manque un petit quelque chose pour que « L’assassin opère le samedi » se hisse au niveau des enquêtes des personnages récurrents de Maurice Lambert et il s’agit, justement, du personnage central. Si l’on met de côté A.B.C. Mine qui est, lui, un personnage plus fouillé que d’ordinaire dans le monde du format fasciculaire, le commissaire Mazère et l’inspecteur Machard, bien que légèrement esquissés avaient quelque chose pour les identifier, les différencier, un trait de caractère mis en avant, ou un trait physique... quelque chose, même minime.



Ici, le personnage du commissaire Garnel ne met rien en avant, comme la plupart des personnages de récits fasciculaires et c’est, ajouté à un brin d’humour, ce qui manque au titre du jour pour totalement convaincre.



Cependant, même dans l’état, le récit s’élève au-dessus de la production générale dans ce genre et ce format et offre un réel plaisir de lecture d’autant qu’on se demande, au fur et à mesure, si l’auteur va reprendre l’intrigue de « L’assassin habite au 21 » ou la détourner.



Au final, Maurice Lambert propose aux lecteurs un petit récit policier agréable à lire, mais légèrement en deçà de ce à quoi il nous avait habitués.
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La croisière du Noordland

Maurice Lambert, de son vrai nom Géo Duvic (1900-1968) est un parolier et auteur de littérature populaire fasciculaire.



Depuis que je l’ai découvert, je ne cesse de découvrir avec plaisir le moindre de ses textes tant je suis toujours conquis par son sens de la maîtrise du genre policier et du format fasciculaire.



Effectivement, le format fasciculaire, surtout celui de 32 pages, est un format très contraignant où il est extrêmement difficile de performer.



La plupart des auteurs qui s’y sont frottés se sont contentés, au mieux, de livrer des textes plaisants à lire, au pire, des purges et, la plupart du temps, de proposer le minimum syndical, c’est-à-dire un texte bouchant sans déplaisir un petit moment de lecture…



Rares sont ceux qui sont parvenus à offrir aux lecteurs de véritables romans policiers condensés, en maîtrisant à la fois son intrigue, ses personnages, le genre policier le tout mené d’une belle plume.



En la matière, le premier qui me conquit fut Charles Richebourg avec ses enquêtes du commissaire Odilon Quentin.



J.-A. Flanigham, que ce soit avec ses personnages récurrents ou ses courts romans noirs, est également parvenu à cet exploit (ajoutant à cela une excellente plume).



René Byzance, par moment, s’est hissé à hauteur de ces deux écrivains.



Mais, comment ne pas citer Maurice Lambert qui, à travers ses enquêtes du commissaire Mazère, celles d’A.B.C. Mine ou encore celles de l’inspecteur Machard, a toujours ou presque flirté avec l’excellence ?



Aussi, c’est toujours pour moi un plaisir de découvrir un nouveau texte de l’auteur.



Le récit du jour : « La croisière du Noordland » est un récit d’aventures plus que policier, publié sous la forme d’un fascicule de 32 pages, double colonne, dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot en 1943.



Il fait partie des enquêtes de l’inspecteur Machard.



M. Zogrophos, producteur de la boîte de production cinématographique Francex, est consterné par les séquences tournées pour le film « Tragédie au large »…



Selon lui, on ne croit pas du tout à la scène de tempête sur un bateau tourné en intérieur. Le décor n’est pas réaliste, les acteurs ne sont pas empreints de leurs personnages.



Aussi décide-t-il d’embarquer toute son équipe sur un vrai navire et les filmer au sein d’une véritable tempête.



Il loue, à cet effet, le cargo « Noordland » sur lequel tout le monde embarque pour une « croisière ».



Mais, outre un étrange professeur qui a payé le capitaine du bateau pour embarquer avec de mystérieuses caisses contenant des ustensiles médicaux, les gens de cinéma vont également faire la connaissance d’un mystérieux soutier un brin trop curieux pour être honnête…



Bien évidemment, avec ce résumé et sachant qu’il s’agit au final d’une enquête de l’inspecteur Machard, on se doute bien qui est le soutier…



Il faut dire aussi qu’à l’origine, le texte fut publié (comme les autres de l’auteur) au sein de collection généraliste de genre policier, mélangé avec d’autres titres écrits par d’autres auteurs et que rien ne signalait aux lecteurs s’il s’agissait d’une aventure mettant en scène un personnage qu’il avait déjà rencontré dans la collection.



D’ailleurs, je dois bien avouer que ce n’est que vers la fin de la lecture du fascicule original que je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une enquête de l’inspecteur Machard.



Car, jusqu’à cette révélation, le récit se dirigeait plutôt vers un récit d’aventures et rien ou presque ne laissait présager de la présence du récurrent de l’auteur.



D’ailleurs, cela se ressent à la lecture du texte qui pâtit du genre hybride abordé.



Effectivement, dans ses récits purement policiers, Maurice Lambert s’appuie, en les respectant, sur les codes du genre : un meurtre, des suspects, des fausses pistes, des rebondissements, une enquête, des indices, résolution, fin.



Ici, forcément, la plupart des éléments sont manquants et seul le personnage de Machard rattache réellement l’ensemble au genre policier.



Du coup, le texte manque cruellement de tout ce qui fait l’atout d’un récit policier de Maurice Lambert sans pour autant se révéler désagréable à lire.



Évidemment, l’auteur n’a pas perdu tout son talent dans l’affaire et il parvient à délivrer un récit plaisant à lire, mais celui-ci peine à arriver à la cheville des autres enquêtes du personnage.



Il faut bien avouer que, s’il est très ardu d’exceller dans un tel format à se confrontant à un genre extrêmement codifié, cela l’est encore plus quand on aborde un genre hybride et que l’on manque d’espace pour contourner celui-ci ou pour exploiter ses forces qui nécessitent une certaine latitude.



Au final, en s’éloignant un peu du genre policier tout en y gardant un pied, l’auteur perd les contraintes inhérentes au genre, mais qui sont également des ornières guidant sa plume vers un point final. Pas mauvais, mais loin de se hisser au niveau des autres textes policiers de l’auteur.
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A.B.C. Mine, tome 2 : Le vieillard aux timb..

Je poursuis ma découverte des aventures de A. B. C. Mine, un quinquagénaire rentier adorant les énigmes et les mystères, personnage né de la plume de Maurice Lambert, alias Géo Duvic, un auteur de littérature populaire qui œuvra dans les années 1940 à 1960.



L’auteur, bien que l’on sache qu’il était également journaliste spécialisé dans la pêche (ce qui le rapproche d’Henry Musnik), demeure de nos jours bien énigmatique.



Sa production fut principalement dirigée vers la littérature fasciculaire policière.



Je l’ai découvert à travers les enquêtes de deux de ses personnages récurrents : le commissaire Mazère et l’inspecteur Machard, et j’avais hâte de faire la connaissance avec cet étrange A.B.C. Mine.



Ce fut chose faite avec la première aventure du bonhomme : « M. Mine et l’homme immobile », une lecture enthousiasmante qui m’encouragea à déguster une seconde aventure du personnage.



Pour information, je n’ai identifié que 3 fascicules mettant en scène A.B.C. Mine, plus deux très courtes enquêtes publiées à la suite d’un texte de l’auteur chez Nicéa.



Les trois premiers titres ont été publiés dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot, vers 1944-1945, sous la forme de fascicules de 32 pages double-colonne contenant des récits indépendants d’environ 12 000 mots. Le reste a été publié aux éditions Nicéa à la fin 1945.



« Le vieillard aux timbres » est donc la deuxième enquête d’Annibal Blaise Cyprien Mine.



Alors qu’A.B.C. Mine est une nouvelle fois chez son voisin et ami écrivain (que l’on soupçonne être l’auteur en personne, du fait que l’épilogue est narré à la première personne, comme dans le premier épisode), et s’étonne que le plumitif multiplie les meurtres dans son roman, ce dernier lui rétorque qu’un roman policier nécessite toujours un cadavre, voire au moins deux pour multiplier les pistes.



Alors, A.B.C. Mine, pour le contredire, décide de lui raconter la fois où il fut appeler chez un vieillard collectionneur de timbres qui redoutait que ses proches ne l’assassinent pour mettre la main sur ses pièces les plus chères.



À cette occasion, il fit la connaissance d’hommes et de femmes cyniques qui bien qu’étant amis, fils, neveu, fille, femme, beau-fils du vieillard aux timbres n’en nourrissaient pas moins contre lui les plus vils complots…



Je retrouve donc avec plaisir le fameux Annibal Blaise Cyprien Mine, ce rondouillard quinquagénaire rentier qui, pour passer son temps, s’amuse à résoudre des énigmes.



À travers ce récit d’un peu plus de 12 300 mots, l’auteur nous livre une galerie de personnages à la fois pathétiques et sans foi, qui ne vivent que pour dépouiller le vieillard.



Si dans le premier épisode, l’auteur avait pris le temps de présenter le personnage à travers une narration omnisciente ou bien la narration à la première personne du voisin auteur dans l’épilogue, ici, c’est surtout à travers les yeux des convives qu’A.B.C. Mine est scruté. Bien évidemment, la vision est biaisée par la volonté même de Mine de passer pour un idiot inoffensif, sa principale stratégie pour ne pas éveiller les soupçons ou les craintes.



Mais également, cette fois-ci, au lieu de parler pour noyer le poisson et espérer des révélations, A.B.C. Mine est plus à l’écoute.



C’est, de toute façon, cette galerie de personnage qui est le point central du récit et, en cela, je ne peux m’empêcher de rapprocher le texte d’un autre publié quelques années plus tard : « Le mystère de la Cabretto » une enquête du commissaire Jules Troufflard de Renée Byzance.



En effet, tant dans les suspects que, parfois, dans l’allure de l’enquêteur, les deux récits sont assez proches.



Si je retrouve avec un immense plaisir A.B.C. Mine, force est de constater que le personnage, une fois mis en place, est un peu moins drôle, touchant et complexe que lors de la présentation liminaire. Son être tout entier est alors moins original ou bien me suis-je très rapidement habitué à lui, un peu comme une personne qui, à peine rencontré, donne l’impression de la connaître depuis des années.



Pour autant, dans le format très concis du fascicule 32 pages, A.B.C. Mine fait figure d’OLNI, tant il se démarque de ses nombreux congénères enquêteurs.



En ce qui concerne l’intrigue, forcément légère du fait du format court, elle est sympathique à suivre même si on devine un peu trop rapidement le rebondissement final et bien que ce rebondissement soit en fait un double rebondissement.



Mais cela n’entache en rien la lecture d’un tel récit qui, on le sait, n’est pas là pour nous ravir par son suspens haletant.



On notera que, tout comme dans certaines enquêtes du commissaire Mazère ou de l’inspecteur Machard, Maurice Lambert fait une nouvelle fois référence à la série « Nick Carter », ce qui laisse entendre soit du succès retentissant soit, plus probablement, du goût de l’auteur et de ses souvenirs de lecture de sa jeunesse.



Au final, même si le récit est un peu en deçà du précédent épisode, celui-ci s’avère être très agréable à lire et démontre, comme à chaque confrontation avec la plume de Maurice Lambert, que celui-ci maîtrisait parfaitement le format fasciculaire dans lequel je ne l’ai, jusqu’à présent, jamais vu faillir.
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