Alors que Maurice Pialat a une réputation d'acariâtre, je trouve que c'est un bon réalisateur et un très bon acteur. Je découvre qu'il a également des talents de romancier.
J'ai revu récemment "Nous ne vieillirons pas ensemble" un film que j'aime beaucoup, et j'ai lu dans la bande-annonce qu'il était adapté du roman éponyme.
Une fois n'est pas coutume je préfère le film au roman notamment parce qu'il est porté par deux acteurs cultes Marlène Jobert et Jean Yanne.
Pour autant, le roman est intéressant puisque que l'auteur s'y dévoile y compris sous ses aspects les moins glorieux. On y trouve aussi des personnages secondaires comme le frère de Colette qui n'est pas dans le film.
A travers ses personnages de Jean et Colette, Maurice Pialat donne à lire des éléments autobiographiques à une époque où il était peu connu et vivait une rupture amoureuse compliquée. C'est le moins qu'on puisse dire car Jean est souvent odieux voir violent avec Colette sa maîtresse. Ce côté brute épaisse au cœur tendre est bien marqué dans le roman car le narrateur peut faire part de ses sentiments.
La brutalité des propos de Jean qui ne veut pas divorcer de Françoise fait face à une Colette jeune et soumise, prête à accepter de se faire maltraitée par amour. Heureusement, elle réussira à échapper à l'emprise de cet homme qui se rend compte trop tard du mal qu'il lui a fait.
On comprend donc le très beau titre "Nous ne vieillirons pas ensemble" de ce roman brut sur la psychologie masculine.
Challenge Riquiqui 2021
Challenge XXème siècle 2021
Commenter  J’apprécie         180
J'ai reçu ce livre dans le cadre de la masse critique et je remercie Babélio et la Maison d'édition tout particulièrement pour le petit mot d'accompagnement !
J'ai trouvé la lecture de ce livre "éprouvante" : la fin d'un amour, un homme marié et sa maîtresse vont se séparer, un sujet "banal" pour un roman,mais le traitement de cette rupture n'a rien de romantique, au contraire, c'est comme si l'auteur cherchait à prouver que ces deux êtres n'ont plus rien en commun.Il n'ya jamais rien de tendre entre eux même dans leurs hésitations à se quitter.Ont-ils jamais eu à partager réellement quelque chose ?
Ce quotidien qui nous est décrit est sombre,où se trouvent les sentiments du début de leur relation, il n'y a que mépris et fuite.Et ce qui est une séparation devient bientôt un échange entre trois personnages quand l'épouse fait le lien entre l'amant et sa jeune amie....
Une écriture très concise sans fioriture, comme les sentiments des personnages qu'elle raconte....pas de poésie,ici !
Commenter  J’apprécie         50
J'aime beaucoup le cinéma de Maurice Pialat et je ne pouvais pas passer à côté du seul (?) roman qu'il ait écrit.
Le roman et le film ne diffèrent fondamentalement pas, le lecteur / spectateur y prend le même plaisir.
J'ai bien sûr vu et été secoué par le film qu'il a tiré de ce roman, notamment par le rôle d'inoubliable salaud campé par Jean Yanne (et qui forme - avec l'autre rôle d'ordure de "Que la bête meure" de Claude Chabrol - le dyptique du pire salaud du cinéma français d'après-guerre !).
Qu'il le fasse à l'aide de l'un ou de l'autre médium, Pialat confère à cette histoire de ménage à trois semi-autobiographique somme toute banale, une puissance dramatique unique : l'excellente direction d'acteurs dans l'un, et un talent d'écriture certain pour l'autre.
Dans un style ramassé, Pialat déploie la même énergie brute qui irrigue son cinéma, se met entièrement au service d'un récit où l'analyse psychologique se devine plus qu'elle ne s'expose de façon ostentatoire.
En tant que lecteur du XXIe siècle, ce qui ne laisse pas de me surprendre, est le surprenante résignation des personnages féminins qui est dépeinte en creux : une épouse qui n'ignore pas la relation extraconjugale suivie de son époux et va même jusqu'à partager avec lui la douleur de la séparation d'avec sa maîtresse (et tout cela, avant la révolution sexuelle de 1968 puisque le narrateur précise que les faits relatés remontent à 1966).
Commenter  J’apprécie         40
Lu rapidement, ce livre m'a fait découvrir Pialat... Et ne me l'a pas fait aimer !
Ce livre qui se dit autobiographique révèle un homme qu'on n'a pas envie de croiser, lâche, jaloux, égoïste... Inintéressant au possible !
Mais qui a l'honnêteté de ne pas se donner le beau rôle.
Commenter  J’apprécie         40
Tout le monde a vu « Nous ne vieillirons pas ensemble » de Maurice Pialat. Mais c’était un roman autobiographique avant de devenir un film. Publié aux Éditions l'Archipel, je l’ai lu il y a quelques jours dans le cadre d’une opération Masse Critique. Je remercie Babelio et l'éditeur pour cette opportunité.
Lire le seul roman écrit par le réalisateur m’intriguait. Ma curiosité n’a pas été déçue. Il est des livres qui sont de réels coups de poing. « Nous ne vieillirons pas ensemble » met en scène la faiblesse masculine. L’histoire est très simple : Jean a quarante ans, un boulot de cinéaste sans trop de succès. Il est loser, il gueule souvent, devient violent parfois et mène une double vie entre Françoise, son épouse depuis quinze ans, et Colette, sa maîtresse depuis six ans. Jean prend conscience qu’il aime Colette quand celle-ci fatigue de ses abus et commence à l'aimer moins, puis le quitte.
« J'aurais donc été le type du parfait goujat si je n'avais caché le meilleur de moi-même. »
Je dis souvent que l’amour est une corde constituée de filins qui se cassent petit-à-petit, à force de méchancetés. Lorsque le dernier se rompt, il n’est plus possible de rabibocher le tout. « Nous ne vieillirons pas ensemble » illustre parfaitement cette image personnelle et en cela a résonné en moi.
Un véritable coup de poing, je disais. Pialat dépeint son personnage sans aucune complaisance. Son portrait est totalement antipathique. Un homme pitoyable et raté, tant qu’il en devient odieux et violent envers son entourage. Il pense avoir suffisamment d’emprise sur les gens, au point d’avoir le droit de les malmener à sa guise. Colette en fait les frais, subit ruptures et réconciliations, violences et insultes, sans jamais rien dire.
« Non seulement t'es vulgaire mais t'es ordinaire en plus. »
L’écriture est puissante, les dialogues sont ciselés à la perfection. Les sentiments sont extrêmement bien rendus, au travers d’une écriture simple. On vit la souffrance de cet homme dont on ne connaissait finalement qu’un personnage public bien différent. On ressent la douleur de ses femmes. Les épisodes de vie, très courts et elliptiques, s’enchaînent comme autant de séquences de film et donnent un rythme haché au tout. Un choix de structure qui convient à merveille à la langue cassante et se met totalement au service de l’histoire, des personnages, de l’humanité qui se dégage d’eux, de la réalité ; et du malheur de Jean.
Un roman ancré dans la réalité.
Commenter  J’apprécie         30
De ce récit largement autobiographique, Maurice Pialat, ne nous parle que de scènes de disputes, de ruptures, de réconciliations. Il en résulte bien des répétitions de ces scènes mais elles servent à poser l’ambiance. Pialat autopsie cette histoire d'amour très clinique se veut grande simplicité avec des dialogues d'une grande justesse, avec des élans de brutalité. On se demande comment une femme peut encaisser tout ça ! La réponse : elle est amoureuse, follement, sous emprise ! Aujourd’hui, on parlerait tout simplement de violence à l’encontre d’une femme agonie d’insultes, d’injures, traitée comme …
Commenter  J’apprécie         10
Les personnages ne me sont pas très proches, mais l'art de les restituer dans la complexité de leurs histoires, émotions et sentiments, tout en
dialogues et en écriture très sobre, sans nous donner cependant l'impression de lire le scénario du futur film au même titre, est admirable.
Commenter  J’apprécie         10
Fort vite, Maurice Pialat a connu le déclassement social quand son père, marchand de bois, a été ruiné et qu'il a été confié à sa grand-mère. Un sentiment d'abandon qui agira toute sa vie comme une ombre menaçante et infusera toute son œuvre. Pas prolixe (une dizaine de films), il est revenu sur une existence hantée par ses blessures d'enfance et en a fait toute sa filmographie. Les personnages incarnés sur la toile sont LUI. IL est de la sorte le gamin abandonné dans « L'enfance nue », le prêtre torturé jusqu'au désespoir du « Soleil de Satan », le père de « Nos amours », etc. Un cinéma qui est devenu le ferment de ses angoisses, de ses blessures. Le tout souligné avec un talent proche du désespoir.
Commenter  J’apprécie         00