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Citations de Maylis Adhémar (66)


Le médecin de famille des Sue de La Garde consulte les résultats du test sanguin, il ausculte, vérifie la tension, pose quelques questions, puis prescrit une échographie chez un gynécologue. Le mot donne la chair de poule à Sixtine.
- Vraiment, c'est nécessaire d'aller chez un... ?
-Ah oui, vous en avez un ou je vous recommande quelqu'un ?
-Non je n'ai personne ici.
Elle n'ose pas lui dire : je n'y suis jamais allée. C'est pourtant la vérité. Muriel a toujours dit à ses trois filles que le gynécologue n'avait aucune utilité jusqu'au jour de l'accouchement. "Vous n'êtes pas des trainées !"
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C’était en 1999, Sixtine avait dix ans et participait à son troisième camp d’été pour jeunes des Frères de la Croix, où elle avait certainement aperçu Pierre-Louis, où elle avait suffisamment remarqué ce fort en gueule de quinze ans, déjà beau, déjà homme, pour imprimer son nom dans ses souvenirs. C’était ce dernier camp avant que son père, Bruno Duchamp, n’impose son veto. Non, mes enfants n’iront pas dans un camp où l’une de mes filles se fait traiter de traînée parce qu’elle joue au football ! Cela va trop loin, beaucoup trop loin ! Il avait même tapé du poing sur la table. Les Duchamp ne le savaient pas, mais Madeleine était la cause de cette colère profonde et de cette décision sans appel dont Muriel avait tant souffert. Au camp, alors qu’elle rassemblait les troupes juvéniles pour répéter un oratorio, Madeleine Sue de la Garde, responsable en chef de la chorale, avait interpellé fermement une fillette filiforme ayant pris l’initiative de taper dans un ballon de foot avec quelques garçons de son âge. Or, Sixtine portait un short et Madeleine avait sorti un mètre ruban. Le règlement du camp des Frères de la Croix interdisait le port de bermuda de plus de cinq centimètres au-dessus du genou. Sixtine était à neuf. Elle avait dix ans, un corps maigrichon, une bouille enfantine, des cuisses de garçon. Madelaine avait publiquement imposé cette mesure, lui demandant d’aller se rhabiller et de ne plus jouer au foot avec les garçons. L’oratorio avait été une vraie réussite. Le visage de l’humiliatrice ne s’était jamais effacé des circuits neuronaux de Sixtine. Il était là, seul, sans nom accolé, il était là dans les replis de l’hippocampe.
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Nous avions refusé le catéchisme, le baptême et la première communion quand tu avais douze ans. Nous pensions que le temps nous donnerait raison. Nous nous sommes trompés. Ces choses-là te plaisent vraiment, elles s’accrochent à toi jusqu’à changer ta voix et ton visage, tes manières et le motif de tes pendentifs dorés. Nous pensions la crise passagère. Comme tant d’adolescents cherchant un sens dans cette vie qui n’en a pas. J’aurais dû m’en rendre compte. Depuis ce jour où tu es entrée chez les Bertier, où Marie-Liesse dans sa robe blanche immaculée t’a souri sous la croix et le rameau. 
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En pleine guerre mondiale, alors que les persécutions prenaient une ampleur folle en Europe, l’Argentine demandait aux Juifs en fuite de tenter leur chance ailleurs. Plus chez nous. Ailleurs, nulle part. Ils avaient honte de nous. La honte, voilà. C’est le bon mot. 
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Les enfants sont-ils toujours attirés par le contraire de leurs parents ?
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Le bois est un silence habité. Derrière la façade d'immobilité, se cachent des fourmilière travailleuses, d’innombrables cimetières de débris végétaux et de fruits en décomposition, d'infimes vestiges des amours du renard, des éclats de coquilles d’oeufs jamais éclos, les plumes échouées d’un roitelet noir happé par un vautour fauve. Le bois ne donne à voir à celui qui le regarde trop mal et trop vite qu'une infime partie de lui-même.
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Le père Mathias, grand ami de Pierre-Louis et aumônier des Frères de la Croix, agite l’encensoir au-dessus de ses chaussures à boucles d’argent. L’encens, les chants, les chapeaux roses ou verts des invitées, la robe laiteuse de Sixtine, la consécration des époux à l’Immaculée Conception, genoux à terre, regards tendus vers la statue de la Vierge de Fatima. « O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, et conduisez au ciel toutes les âmes », tout cela est particulièrement réussi. Dans l’assistance, on est ravi. Et le père Mathias monte en chaire.
- Mes enfants, sur vos épaules repose une lourde tâche, celle d’être des époux catholiques dans un monde païen, celle d’être des parents de nouveaux petits croisés qui devront grandir au milieu de ce peuple renégat. Pierre-Louis et Sixtine, tous les enfants que Dieu vous donnera seront une grâce et une grande bénédiction. Comme disait notre fondateur, le frère André, « en ces temps de décadence et d’apostasie, cela devient même un devoir ». Chers Pierre-Louis et Sextine, et vous, peuples des fidèles, inculquez la foi catholique et romaine à ces enfants que nous espérons nombreux. Je ne peux que vous inviter à suivre les commandements édictés dans la Genèse : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la !
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Les chapeaux des invitées forment un arc-en-ciel sous la nef. Pas un couvre-chef ne vient gâcher le délicieux tableau. La cérémonie est très réussie. Rite tridentin, flamboyante liturgie, en latin, propre aux catholiques romains depuis le XVIe siècle, devenue si rare, duo de prêtres en chasuble d’or…
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- Tu peux te lâcher, on n'est pas du même bord, on ne se recroisera pas. Vas-y, vide ton sac, ça peut te faire du bien.
- J'y arrive pas, j'ai honte. Je déteste être enceinte, pourtant c'est ma vocation. Nous en aurons cinq ou six. Mais moi, je suis trop faible, je n'y arrive pas, je hais mon corps, c'est comme si je me retrouvais enfermée dans un tombeau, ce n'est pas moi. Je n'arrive même plus à prier, je ne suis pas allée me confesser une seule fois depuis le début de ma grossesse et j'ai tant à dire. Tout me débecte, même [mon mari], le soir, quand je dois remplir mon devoir conjugal...
(...)
Sixtine se tourne vers la gauchiste hystérique qui a laissé tomber le sac de glace le long de son pantalon troué.
- Non, mais tu viens de quelle planète ?
- Pardon ?
- C'est quoi, ton truc, tu sors du Moyen-Age, t'es dans une secte ?
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[Sa mère] lui avait répondu : "Ça va passer avec le temps, tu sais, il vaut mieux que tu aies des boutons, sinon tu aurais été trop jolie, les hommes t'auraient trop courtisée."
Alors, jusqu'à ses seize ans, Sixtine avait enduré ce visage impur qu'elle exécrait, avait remercié Dieu pour cette épreuve, ce sacrifice.
(p. 219)
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- Vous officiez ici depuis longtemps ?
- Dix ans pile ! Avant, j'étais à Millau, j'étais l'aumônier de syndicalistes.
- Ah bon, il y a un aumônier chez les syndicalistes ? Je pensais qu'ils étaient tous anticléricaux !
- Haha, j'en suis le contre-exemple ! Je viens d'une famille ouvrière très engagée, mes parents travaillaient aux moines de Decazeville, à quelques dizaines de kilomètres d'ici. Pourtant, ils étaient de fervents catholiques, ils se sont connus à la JOC !
- La JOC ?
- Les Jeunesses ouvrières chrétiennes, un mouvement très actif dans les années soixante.
- Un mouvement de gauche ou de droite ?
- Bien de gauche, oui !
(p. 182-183)
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Jean-Paul II a dit que le corps humain, par son sexe, contient depuis "l'origine" la capacité d'exprimer l'amour. Il a dit encore que dans la vie conjugale, les relations charnelles sont le signe et l'expression de la communion entre les personnes. Le langage du corps est un pacte conjugal.
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Sybille se lève, tend des feuilles dactylographiées aux onze autres. C'est un argumentaire, explique-t-elle, pour défendre la chasteté et la pureté dans le monde apostat. Sybille se penche sur le texte et énumère :
- Un, la chasteté est la condition du salut.
" Deux, la chasteté et la modestie permettent de cultiver une vie intérieure profonde.
" Trois, les femmes légères qui oublient ces principes troublent les hommes volontairement et deviennent la cause du péché.
" Quatre, l'acte sexuel a été voulu par Dieu uniquement pour enfanter.
" Cinq, la société apostate nous fait croire que l'acte sexuel est une source de plaisir pour les femmes délurées qui le pratiquent : le plaisir sexuel féminin est une invention, imaginée pour faire sombrer les femmes dans le péché. Les femmes ne peuvent tirer de la sexualité un plaisir au sens charnel du terme.
" Six, la recherche du plaisir par l'homme pousse à tomber dans l'égoïsme.
" Sept, la femme et l'homme doivent respecter la chasteté aussi dans le mariage.
" Huit, la femme mariée doit entendre les besoins naturels de son mari.
" Neuf, la luxure apporte la tristesse et le désespoir.
" Dix, résister au vice est une victoire devant Dieu.

Elles repartent le cœur empli de joie, les filles de la Milice de la Croix.
(p.98 et 99)
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Sixtine rit,tout étonnée de son vocabulaire.
En face d'elle ,il y a le bâtiment blanc de la Banco de Argentina.De là, elle peut apercevoir le théâtre Kadima et de l'autre côté la synagogue.Une vieille dame les regarde ,assise sur un banc,en buvant de discrètes gorgées de maté à travers sa pipe.
--Alors ,mon Adam,on se lance?
Les bras de Sixtine saisissent le petit corps,le font virevolter dans le soleil de Moisés Ville.Hilare,Adam pose un pied sur la corde lisse.( Page 296).
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Cet effroyable projet de mariage pour tous. Ma chère Muriel, la France est en train d'être livrée aux sodomites. Nous devons prier. Et être forts.
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Dieu en a rappelé un, le diable s'est chargé de l'autre.
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- Tu as de la drogue sur toi, lance affirmativement le gendarme d'une trentaine d'années.
- Ben non, vous pouvez y aller.
- On va déjà lui faire le test, alcool et cannabis, allez hop, mets cette languette sur ta langue.
Sixtine s'approche.
- Pourquoi vous le tutoyez ? Vous le connaissez ?
Les gendarmes se retournent en hochant la tête.
- Bon, laissez-nous faire notre boulot. Moi, je vais fouiller cette porcherie. Tiens, facile, la voilà ta cache ?
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La Sainte-Colombe reconnaissait l’autorité du pape, même si on le jugeait trop laxiste, trop moderne, trop ouvert aux autres religions. Chez la Sainte-Colombe, personne ne se réjouit de la mort de Jean-Paul II. Au même moment, les Frères de la Croix remerciaient le ciel d’avoir rappelé le pape polonais, l’antéchrist selon frère André.
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1 Multipliez-vous!

Les Sorinières ,avril 2012

Ils se pressent.Qui atteindra en premier les quatrièmes et cinquièmes rangs?Qui pourra s'afficher juste derrière les rangées d'honneur,où trônent parents si fiers ,grands-parents bien droits,cousins très chics et neveux à bouilles d'anges?Ils sont au moins deux cents à jouer très poliment des coudes dans la chapelle de la Maillardière.( Page 11).
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Marc Pradel est finalement un simple produit de l'Eglise moderniste. Sans valeur véritable, faisant bonne figure à la messe et s'arrangeant comme il le souhaite avec les lois de Dieu.
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