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EAN : 9782260054542
304 pages
Julliard (20/08/2020)
4.03/5   859 notes
Résumé :
Sixtine, jeune femme très pieuse, rencontre Pierre- Louis, en qui elle voit un époux idéal, partageant les mêmes valeurs qu’elle. Très vite, ils se marient dans le rite catholique traditionnel et emménagent à Nantes. Mais leur nuit de noces s’est révélée un calvaire, et l’arrivée prochaine d’un héritier, qui devrait être une bénédiction, s’annonce pour elle comme un chemin de croix. Jusqu’à ce qu’un événement tragique la pousse à ouvrir les yeux et à entrevoir une a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (249) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 859 notes
Ce premier roman est le récit poignant d'une émancipation, celle de Sixtine, jeune femme pieuse qui se libère de l'emprise d'une secte catholique intégriste tendance extrême-droite. Une lecture forte qui a fait écho à la formidable mini série diffusé sur Netflix, Unorthodox , qui racontait la fuite d'Esther de son milieu juif orthodoxe.

La première partie est remarquablement édifiante. Avec minutie, Maylis Adhémar décrit les rites de cette frange catholique fondamentaliste. L'immersion est totale, presque ethnographique. Même si j'avais déjà vu des reportages sur ce sujet, j'ai été interloquée par la violence de ce milieu. A l'égard des femmes d'abord. On colle au pas de Sixtine, à son ressenti, à son chemin de croix qui débute avec sa grossesse qu'il faut endurer les dents serrés, une tisane aux feuilles de framboisier étant vu comme le mal car soulageant des douleurs voulus par Dieu. Violence tout court lorsqu'il s'agir de mêler religion à la xénophobie et au nationalisme le plus extrême, jusqu'à organiser des opérations coups de poing contre les ennemis de la « bonne France ».

Cela aurait pu donner lieu à un récit manichéen et caricatural mais l'auteure parvient à trouver le ton juste, la bonne distance pour se concentrer sur l'évolution de Sixtine. Au départ, elle ne veut pas forcément s'émanciper, on lui a bien trop appris que l'extérieur, l'autre c'est le Diable. Son désir de liberté est bine plus organique, plus instinctif : elle va devenir mère et veut sauver son enfant.

Le scénario mis en place est très bon, avec un point de bascule tragique qui sert de catalyseur à la fuite de Sixtine. C'est à partir de là que je suis moins convaincue par la deuxième partie, celle de l'ouverture au monde qui va lui donner envie, cette fois, de s'émanciper totalement sans perdre sa foi. Son combat intérieur est bien rendu, entre petites avancées et reculs, mais le chemin d'émancipation est très convenu avec beaucoup de clichés. Il n'était pas nécessaire, à mon avis, d'aller aussi loin dans les antipodes, entre les squatteurs, la ferme autogérée et une solidarité, certes réelle et bienveillante, mais qui ressort un peu trop gentillette. J'ai un peu décroché à ce moment-là ...

... pour me raccrocher aux interstices du récit : ces très belles lettres écrites par la grand-mère de Sixtine à sa fille, la mère de Sixtine. Une autre temporalité, une autre fuite du milieu familial, dans l'autre sens. En fait, les personnages des mères, celle de Sixtine et sa belle-mère auraient pu être passionnants à condition d'être plus mis sur le devant de la scène.

Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois #4


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Sixtine fait le mur de la Chapelle !
Quoi de mieux que de donner un prénom désuet ou composé à son enfant pour afficher son statut social et montrer qu'on n'est pas n'importe qui. Dans la bourgeoisie tradi de province, c'est très tendance et cela ouvre les portes des rallyes et du paradis. Il faut faire chauffer la particule.
Sixtine est une jeune femme très pieuse et vulnérable, barrettes, socquettes blanches et robe sage à fleurs, élevée à l'hostie par une mère bigote. Sa grande soeur est rentrée dans les ordres. Elle, elle est toujours aux ordres. Inutile de remonter vos montres à gousset, l'action ne se déroule pas en 1913, mais bien en 2013.
Sixtine rencontre puis épouse Pierre-Louis Sue de la Garde, après quelques galoches en latin, langues presque mortes. Grande école et petit esprit, le jeune homme de très bonne famille, est engagé dans le mouvement des Frères de la Croix, secte fondée par le Père André, sorte de gourou qui ne s'est jamais remis de Vatican 2. Vade retro dans le rétroviseur !
La destinée de Sixtine est toute tracée : études abandonnées, carrière de mère au foyer d'une ribambelle de têtes bien blondes et bien peignées, messes et diners mondains. Un chemin de croix.
Après une nuit de noce calamiteuse où la fonction reproductive bannit toute notion de désir et de plaisir, Sixtine tombe enceinte et traverse une grossesse difficile. Son mari, qu'on imagine le cheveux court avec son pull noué sur les épaules, est occupé à chasser du gauchiste et à organiser des expéditions punitives contre le Mariage pour Tous, les punks à chiens, les étrangers, les homosexuels et autres créatures du diable. Un croisé bien barré.
Sous l'emprise de sa mère, de son mari et de sa belle-mère, Sixtine vit dans la repentance perpétuelle. Plusieurs évènements vont l'amener à réagir contre l'intégrisme religieux et la fachosphère qui l'étouffent.
Dans ce premier roman très réussi de Maylis Adhémar, j'ai particulièrement apprécié la finesse du propos. Dans ce récit d'émancipation qui fréquente les extrêmes, il aurait été facile, comme je le fais, pour forcer le trait de la rébellion, de transformer sainte nunuche en actrice porno, de découvrir sous son voile un crop top « Blanquérisé », de passer du bénédicité au livre rouge, des culs bénits aux culs nus, de Valeurs Actuelles à l'Humanité. Or, si Sixtine fuit l'intégrisme et sa famille, elle ne perd pas sa foi et ne renie pas son éducation. Elle se confronte seulement au monde et c'est en devenant mère qu'elle trouve le courage d'échapper à son milieu pour protéger son enfant du dévoiement de sa religion. Elle ne trahit pas ses valeurs, elle les adoucit.
L'auteure insère aussi à son histoire des correspondances qui raconte le parcours inverse et caché de la mère de Sixtine. On a parfois la généalogie honteuse. Ce roman très bien construit interroge donc aussi la transmission et l'héritage familial. Il témoigne que si les enfants ne choisissent ni leur prénom, ni leur éducation, ni leur religion, ils peuvent en grandissant mettre le cligno et changer de direction, souvent par réaction.
J'ai trouvé la seconde partie du roman moins réussie car on sent l'auteure plus à l'aise dans la description de milieu bourgeois et catho dont elle connait les codes pour y avoir grandit que dans celle des communautés de marginaux, plus fumeurs d'herbe qu'artistes et pratiquant l'amour libre. Sixtine n'a pas le gêne zadiste. La confrontation donne néanmoins lieu à des épisodes assez drôles.
Au final, même si l'héroïne a tendance à se poser un peu trop de questions face à des évidences, Bénie soit Sixtine (quel titre génial !) propose une belle ode à la tolérance et à l'ouverture d'esprit, saint ou pas.
Ainsi soit-elle.
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Quand j'ai résumé le début de ce roman qui m'a happée à une collègue, celle-ci m'a répondu : « mais c'est de la caricature ... ! ? » Hélas non, je peux en parler pour avoir côtoyé ce milieu : un groupe qui forme une secte au sein de l'église catholique, qui refuse Vatican II, des gens intolérants, qui voient le mal partout, des intégristes redoutables quant au harcèlement moral dont ils sont responsables sur la jeunesse.


C'est avec cette minorité que Maylis Adhémar commence ce récit passionnant. Sixtine, donc, sixième enfant de la famille Duchamp rencontre Pierre Louis Sue de la Garde au cours d'un mariage, alors qu'elle est assise à la table des célibataires (pratique courante dans ce milieu afin de provoquer quelques rencontres propres à marier des jeunes « comme il faut »), et ne tardera pas à se marier avec lui. (Je vous laisse découvrir les détails de cette rencontre et de cette union et de la nuit de noce qui suit).

Et voilà notre Sixtine mariée, rapidement enceinte, et prise dans le carcan familial des « Sue de la Garde », géré par une belle mère sectaire, peu ouverte à la négociation, et qui SAIT ce qui est bon ou pas pour ses ouailles.

Le mari Pierre Louis ? détestable, fidèle à l'éducation qu'il a reçue, on peut d'ailleurs se demander s'il est responsable ou victime de cette éducation assistée par les « Frères de la Croix » qui brandissent allégrement cette croix pour inciter à la haine et à la violence. Membre de la « milice », il se plaît à aller casser le gauchiste, molester le païen, pourfendre le musulman parce que son Dieu, c'est le vrai, le bon et lui, Pierre-Louis sorti de l'X, détient la vérité.

Sixtine quant à elle, est un bel exemple de la femme privée de liberté, comme toutes ses belles-soeurs qui ont fait des études pour ensuite tout abandonner et élever seules cinq ou si rejetons sans compter sur l'aide du père, et qui devront accoucher dans la douleur, dire "Amen" aux décisions du mari, de la belle-mère et se plier sans se plaindre.

Suite à un grave incident, Sixtine est accueillie chez belle-maman, séjour qui se passe mal pour la bru qui ne peut d'ailleurs pas non plus compter sur l'aide de sa propre mère...

Alors Sixtine s'enfuit avec Adam, son bébé, elle se retrouve dans un village en Aveyron, intègre la communauté, fait connaissance d'une nouvelle paroisse, conserve sa pratique religieuse qui s'adoucit, réfléchit, observe, chemine, évolue, même si cela lui semblera bien difficile en raison du poids de l'éducation qu'elle a reçue, oscillant entre ses croyances et ses principes et la philosophie de ses nouveaux amis, gentils, tolérants, abusant souvent des agréments de l'existence sous forme de substances illicite ou pas, à l'attitude extrême en comparaison avec sa vie passée.

Et Sixtine se pose mille questions, troublée par ce qu'elle peut lire sur internet concernant son ex-communauté, perturbée par un secret de famille qu'elle découvrira (et qui se dévoilera eu lecteur tout au long du récit).

Ce merveilleux roman est l'histoire d'un accouchement dans la douleur et le doute, d'une naissance ou plutôt de la renaissance d'une jeune fille qui va s'ouvrir telle une fleur et commencer à goûter à cette vie qui lui était interdite, la vraie vie, la vie ordinaire, mais elle va devoir se reprogrammer et se libérer du prêt à penser qu'on lui a servi depuis son enfance.

Je me suis apaisée avec Sixtine tout au long de ce pèlerinage vers la liberté, un peu comme si j'avais pris sa place.

Un très beau premier roman, qui conduit à espérer que d'autres suivront !

Challenge multi-défis.
68 premières fois.
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Quand elle épouse Pierre Louis Sue de la Garde, Sixtine est une jeune femme lumineuse, un peu naïve et... très pieuse. Aussi lorsque leur nuit de noces s'avère une catastrophe, et sa première grossesse un chemin de croix, Sixtine prie et s'accroche avec courage et abnégation. Il faudra la naissance de son fils et un événement dramatique pour qu'elle trouve la force de rompre avec sa famille et sa belle-famille, qui ne lui parlent que de devoir et de Dieu...

Sans ébranler sa foi, une fuite salutaire qui ouvre le monde à Sixtine qui, n'en n'ayant pas pleinement conscience, a fui des catholiques intégristes. Des ultras d'extrême-droite, homophobes, misogynes et racistes, qui à l'intérieur visent à limiter la réflexion et à embrigader l'autre, et luttent à l'extérieur avec violence contre ceux qui ne pensent pas comme eux, c'est à dire le reste du monde. D'ailleurs ils se nomment eux-mêmes les croisés, c'est tout dire.

Un premier roman très réussi, aussi émouvant qu'édifiant, où le dévoiement sectaire de la religion catholique (qu'on peut mettre en parallèle avec celui d'autres religions) est parfaitement mis en scène par Maylis Adhémar, qui sans aucun doute connaît bien le milieu dont elle parle.
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Trois générations se succèdent, empruntant des itinéraires opposés, comme si à chaque fois les valeurs qui construisent un destin devaient être bafouées par les enfants.

C'est Sixtine qui ouvre le bal, si l'on peut dire, et si bal il y a, ce serait l'une de ces rencontres destinées à éviter que la progéniture n'aille se fourvoyer dans des mésalliances désastreuses pour les traditions. Et la tradition, ici, c'est celle d'une religion envahissante, jetant son ombre grise sur tout ce qui pourrait donner du sel à la vie. Si les jeunes filles se lancent dans des études, parfois prestigieuses, c'est pour mieux dégoter le futur père de leur nombreuse descendance, marquée du sceau de la convenance et des exigences d'un Dieu peu magnanime. C'est ainsi que Sixtine croise sur son chemin balisé Pierre-Louis, le gendre idéal. Mais rapidement la jeune femme va comprendre que l'homme qu'elle a épousé cache des tendances pour une idéologie extrémiste.

Les femmes ont une place bien claire dans cet échiquier. Ce sont les futures mères de nombreux petits croisés, mis au monde dans la douleur. de mère en fille, les transmissions ne laissent aucune place à l'empathie. Et pourtant…les lettres qui sont intercalées entre les chapitres consacrés à Sixtine laissent entrevoir un passé bien différent.

Le roman épingle sans concession les excès d'une religion dont les textes fondateurs sont interprétés, au mieux au premier degré, et au pire avec une intention claire d'asservir les adeptes. Comme dans la plupart de ces mouvements , le statut de la femme est celui d'une paria, qui porte en elle le péché originel et responsable de la concupiscence des hommes.

Sans jeu de mots, la mauvaise foi règne en maître au sein des fidèles, aveuglés par un discours manichéen et fermé.


Le roman est fort bien écrit et bien construit, et on reste au fil des pages suspendu au destin de Sixtine et au dénouement des recherches sur ses origines.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
28 octobre 2020
Dans son premier roman, Maylis Adhémar nous plonge dans les milieux intégristes pour nous aider à sortir de toute emprise.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
21 septembre 2020
Une jeune femme rompt avec la secte catholique intégriste où elle a été élevée et mariée. Etonnant premier roman de Maylis Adhémar
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
17 septembre 2020
Avec Bénie soit Sixtine, Maylis Adhémar plonge le lecteur dans une communauté religieuse intégriste et livre un récit d’émancipation. En véritable équilibriste, elle parvient à nous parler de l’emprise d’une secte sans remettre en cause la foi catholique, à dresser un cheminement vers la liberté sans jamais imposer de direction.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Culturebox
16 septembre 2020
La romancière dessine un très beau portrait de femme. Elle nous fait partager sans relâche les émotions de sa jeune héroïne, la violence de l'emprise sectaire, les inquiétudes qui accompagnent l'émancipation, l'éveil des sens, la naissance de l'amour maternel, au sens intime et non codifié comme l'imposait son milieu.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Bibliobs
16 septembre 2020
Avec « Bénie soit Sixtine », Maylis Adhémar signe un premier roman éblouissant sur une jeune femme sous l’emprise d’une communauté catholique intégriste. Un récit en partie inspiré de son histoire personnelle. Entretien.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
C’était en 1999, Sixtine avait dix ans et participait à son troisième camp d’été pour jeunes des Frères de la Croix, où elle avait certainement aperçu Pierre-Louis, où elle avait suffisamment remarqué ce fort en gueule de quinze ans, déjà beau, déjà homme, pour imprimer son nom dans ses souvenirs. C’était ce dernier camp avant que son père, Bruno Duchamp, n’impose son veto. Non, mes enfants n’iront pas dans un camp où l’une de mes filles se fait traiter de traînée parce qu’elle joue au football ! Cela va trop loin, beaucoup trop loin ! Il avait même tapé du poing sur la table. Les Duchamp ne le savaient pas, mais Madeleine était la cause de cette colère profonde et de cette décision sans appel dont Muriel avait tant souffert. Au camp, alors qu’elle rassemblait les troupes juvéniles pour répéter un oratorio, Madeleine Sue de la Garde, responsable en chef de la chorale, avait interpellé fermement une fillette filiforme ayant pris l’initiative de taper dans un ballon de foot avec quelques garçons de son âge. Or, Sixtine portait un short et Madeleine avait sorti un mètre ruban. Le règlement du camp des Frères de la Croix interdisait le port de bermuda de plus de cinq centimètres au-dessus du genou. Sixtine était à neuf. Elle avait dix ans, un corps maigrichon, une bouille enfantine, des cuisses de garçon. Madelaine avait publiquement imposé cette mesure, lui demandant d’aller se rhabiller et de ne plus jouer au foot avec les garçons. L’oratorio avait été une vraie réussite. Le visage de l’humiliatrice ne s’était jamais effacé des circuits neuronaux de Sixtine. Il était là, seul, sans nom accolé, il était là dans les replis de l’hippocampe.
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Le médecin de famille des Sue de La Garde consulte les résultats du test sanguin, il ausculte, vérifie la tension, pose quelques questions, puis prescrit une échographie chez un gynécologue. Le mot donne la chair de poule à Sixtine.
- Vraiment, c'est nécessaire d'aller chez un... ?
-Ah oui, vous en avez un ou je vous recommande quelqu'un ?
-Non je n'ai personne ici.
Elle n'ose pas lui dire : je n'y suis jamais allée. C'est pourtant la vérité. Muriel a toujours dit à ses trois filles que le gynécologue n'avait aucune utilité jusqu'au jour de l'accouchement. "Vous n'êtes pas des trainées !"
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Le père Mathias, grand ami de Pierre-Louis et aumônier des Frères de la Croix, agite l’encensoir au-dessus de ses chaussures à boucles d’argent. L’encens, les chants, les chapeaux roses ou verts des invitées, la robe laiteuse de Sixtine, la consécration des époux à l’Immaculée Conception, genoux à terre, regards tendus vers la statue de la Vierge de Fatima. « O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, et conduisez au ciel toutes les âmes », tout cela est particulièrement réussi. Dans l’assistance, on est ravi. Et le père Mathias monte en chaire.
- Mes enfants, sur vos épaules repose une lourde tâche, celle d’être des époux catholiques dans un monde païen, celle d’être des parents de nouveaux petits croisés qui devront grandir au milieu de ce peuple renégat. Pierre-Louis et Sixtine, tous les enfants que Dieu vous donnera seront une grâce et une grande bénédiction. Comme disait notre fondateur, le frère André, « en ces temps de décadence et d’apostasie, cela devient même un devoir ». Chers Pierre-Louis et Sextine, et vous, peuples des fidèles, inculquez la foi catholique et romaine à ces enfants que nous espérons nombreux. Je ne peux que vous inviter à suivre les commandements édictés dans la Genèse : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la !
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Elles sont douze, comme les apôtres, mais aucune d’entre elles n’oserait faire la comparaison.
— Nous ne sommes que des femmes, répète Sibylle à l’assemblée en guise d’introduction.
Douze femmes à genoux dans une sacristie froide et humide. Elles fixent la croix du Christ, puis baissent leurs yeux vers le sol. Elles prient. Notre Père,Je vous salue Marie, Credo, consécration au cœur immaculé de Marie. Elles se relèvent, se sourient. Rebelles au temps présent, vierges du XXIe siècle. On les retrouve sagement assises sur des chaises en bois. Sibylle est au premier rang, le frère Louis-Marie se lève. L’enseignement du jour s’appelle « La pureté des jeunes filles et comment résister aux attaques de Satan ».
Le frère Louis-Marie parle :
— Je vais vous lire un texte écrit il y a cinq ans par le frère André, l’un de ses derniers textes : « Le premier rempart de la pureté est la pudeur ». « Pour la Vierge Marie, “toute la richesse est à l’intérieur”. Ainsi les femmes et les jeunes filles doivent veiller à garder ce mystère qui est intérieur, intime, contrairement à l’homme qui est plus tourné vers l’extérieur, de façon naturelle. Or, malheureusement, je vois, même en ces lieux saints, de plus en plus de jeunes femmes qui oublient ce qu’est la pudeur : tête semi-découverte dans l’église, bras nus, jupe trop courte, décolleté trop large, y compris le jour de la sainte eucharistie. Et je ne parle pas du monde, où les corps se déchaînent sans garder raison ! C’est à vous, filles de Dieu, femmes de croisés, d’être le rempart de la pureté. Pour cela n’oubliez pas la pudeur. Dédaignez les habits trop moulants, trop courts, trop transparents. Ils dévoilent votre mystère et suscitent la convoitise des hommes. Faites confiance à vos pères et à vos maris. Ils sauront vous dire si votre tenue est susceptible d’éveiller les désirs naturels de l’homme. Comme le dit le catéchisme du concile de Trente, le mari “doit régler sa famille, corriger et former les mœurs de tous ceux qui la composent, et contenir chacun dans son devoir”. »

Sibylle se lève, tend des feuilles dactylographiées aux onze autres. C’est un argumentaire, explique-t-elle, pour défendre la chasteté et la pureté dans le monde apostat. Sibylle se penche sur le texte et énumère :
— Un, la pureté est la condition du Salut.
« Deux, la chasteté et la modestie permettent de cultiver une vie intérieure profonde.
« Trois, les femmes légères qui oublient ces principes troublent les hommes volontairement et deviennent la cause du péché.
« Quatre, l’acte sexuel a été voulu par Dieu uniquement pour enfanter.
« Cinq, la société apostate nous fait croire que l’acte sexuel est une source de plaisir pour les femmes délurées qui le pratiquent : le plaisir sexuel féminin est une invention, imaginée pour faire sombrer les femmes dans le péché. Les femmes ne peuvent tirer de la sexualité un plaisir au sens charnel du terme.
« Six, la recherche du plaisir par l’homme pousse à tomber dans l’égoïsme.
« Sept, la femme et l’homme doivent respecter la chasteté aussi dans le mariage.
« Huit, la femme mariée doit entendre les besoins naturels de son mari.
« Neuf, la luxure apporte la tristesse et le désespoir.
« Dix, résister au vice est une victoire devant Dieu.

Elles repartent le cœur empli de joie, les filles de la Milice de la Croix. Missionnaires, leurs pas glissent sur la chaussée du monde pécheur. Les dix commandements dans leur sac à main. Elles les feront leurs, elles les partageront. Ce soir, douze femmes résisteront au vice pour l’amour de Dieu. Sixtine est fière. Elle fait partie de ces apôtres du nouveau temps. Une joie pure s’immisce dans son cœur. Elle n’est pas seulement une femme sur le point d’enfanter, mais une résistante, une combattante de Dieu, une héroïne de la chasteté.
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Nous avions refusé le catéchisme, le baptême et la première communion quand tu avais douze ans. Nous pensions que le temps nous donnerait raison. Nous nous sommes trompés. Ces choses-là te plaisent vraiment, elles s’accrochent à toi jusqu’à changer ta voix et ton visage, tes manières et le motif de tes pendentifs dorés. Nous pensions la crise passagère. Comme tant d’adolescents cherchant un sens dans cette vie qui n’en a pas. J’aurais dû m’en rendre compte. Depuis ce jour où tu es entrée chez les Bertier, où Marie-Liesse dans sa robe blanche immaculée t’a souri sous la croix et le rameau. 
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Une rentrée littéraire chasse l'autre, à peine avons-nous le temps de digérer les livres sortis l'automne dernier qu'ils en arrivent de nouveaux. Parmi cette nouvelle vague, deux romans nous ont particulièrement tapé dans l’œil en abordant avec finesse des thèmes d'actualité.
- La grande ourse, Maylis Adhémar, éditions Stock, 20,90€ - Ceci n'est pas un fait divers, Philippe Besson, éditions Julliard, 20€
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