Mélissa K.C.

Mon rêve à moi serait d’avoir un cabinet, dans un quartier sympa, où je pourrais soigner des vieux comme des enfants, et où mon nom serait fièrement écrit sur une plaque à l’entrée. Voilà ce que je souhaite. Le docteur Rivera, elle, pense que je devrais venir travailler dans son hôpital. Elle m’a d’ailleurs proposé un poste. Et même si je pense que c’est une bonne opportunité qui me permettrait d’accumuler de l’expérience, je ne suis pas encore sûre d’avoir envie de suivre le rythme d’un hôpital. En fait, pour le moment, j’ai envie de souffler un peu, de prendre mon temps. Rien ne presse. Je viens de finir quatre longues années de stress et j’ai envie de prendre mon temps. Mon père m’a proposé de prendre une année sabb

Il ne voulait pas faire durer des choses, vouées de toute façon à l’échec, et il n’était pas question qu’il entretienne une relation à distance, surtout avec moi. Sur le coup, je n’ai pas compris son argument, et c’est là qu’il m’avait expliqué que j’étais trop jolie et que j’attirais trop les hommes pour qu’il puisse me laisser en toute tranquillité à des milliers de kilomètres de lui. Il n’avait pas confiance en moi parce que j’étais trop jolie, mais surtout parce que j’étais trop jeune. Il avait sa carrière à bâtir et il avait besoin de toute sa concentration. Un super connard lui aussi. J’ai mis du temps à m’en remettre. D’ailleurs, je ne sais pas si on oublie vraiment son premier amour.

Evan était un gars bien. Il a six ans de plus que moi, soit vingt-quatre ans à l’époque de notre rencontre. C’était mon premier amour, ma première vraie relation, mon premier partenaire sexuel, le seul à avoir rencontré mon père. On s’aimait, mais il était très carriériste. Quand l’opportunité de partir en Europe s’est présentée, avec à la clé un super stage dans une des maisons d’avocat les plus réputées de France, la question du choix ne s’est même pas posée : il partait, pour une durée indéterminée qui n’a toujours pas pris fin à l’heure actuelle, et cela fait maintenant trois ans.

Harrys, vous l’aurez deviné, c’est mon père. Le père le plus incroyable et le plus cool du monde. Franchement, j’ai une chance incroyable de l’avoir dans ma vie. Oui, il a fait de moi la femme-enfant que je suis aujourd’hui. Mais ne le jugez pas, c’est un père célibataire. Il m’a élevée seul, et pour ça, je lui serai reconnaissante à vie. Il est d’ailleurs mon héros, le centre de ma vie, mon univers, mon tout. Sans lui, je n’ai rien et je pense que c’est réciproque.

Oui, la mode, je suis fan. Dans le milieu dans lequel j’ai grandi, on l’est tous. Ne me jugez pas, je n’ai fait que prendre ce que l’on m’offrait sur un plateau d’argent.