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3.93/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Michel Leymarie est un historien français, agrégé de Lettres modernes et docteur en Histoire. Maître de conférences (HDR) en Histoire contemporaine à l’Université de Lille III Charles-de-Gaulle, il est membre de l’IRHIS (UMR CNRS 8529) et chercheur associé au centre d’Histoire de Sciences po. Ses travaux portent sur l’histoire socioculturelle et politique de la France contemporaine.

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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Pour la première fois en 1906, la lutte pour le Goncourt est évoquée à l'aide de métaphores du domaine hippique. Le critique Marcel Boulenger parle ainsi d'écuries, de poulains et d'outsiders. Il prédit, bien à tort, que « le public finira par se désintéresser d'une épreuve où ce sont toujours les outsiders qui gagnent» et il esquisse une comparaison entre l'Académie française et l'Académie Goncourt, constituée en opposition avec son illustre aînée : On trouve moins d'incertitude dans les prix de l'Académie française : celle-ci est peut-être la véritable Société d'Encouragement pour l'amélioration de la race littéraire. Sur l'hippodrome Goncourt, c'est du steeple-chase ou de la course au trot: sport illégitime, comme on dit à Longchamp.
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Est également évoquée l’entrée au Panthéon de Péguy, que Vichy avait tenté d'annexer mais dont la mémoire et l'exemple avaient été aussi revendiqués par la Résistance. De ce fait, l'après-guerre marque le retour de l'écrivain patriote, débarrassé de sa gangue pétainiste. Jérôme, qui n'a pu se rendre le 5 septembre 1944 au pèlerinage de Villeroy pour le trentième anniversaire de la mort de son ami de jeunesse, entend bien voir honorée sa mémoire. C'est pourquoi, dans Le Figaro du 7 janvier 1945, il avance avec son frère une proposition : « Oui, mais Péguy d'abord», après Rolland. Dans L'Aube du 12 janvier. Gay et Schuman lancent, vite secondés par Vercors, Gabriel Marcel et les Tharaud, une troisième suggestion : « Romain Rolland, Péguy au Panthéon ? Oui, mais aussi Bergson. » Comme les familles respectives des disparus s'opposent à chacun des projets de transfert, les trois initiatives font long feu. Dans Le Figaro du 21 janvier, les deux frères en prennent acte :

Je ne vois pas plus M. Bergson enlevé au petit cimetière de Garches que notre cher Péguy arraché à la seule tombe qui lui convienne, et qui est celle de Villeroy, ou que Romain Rolland déterré de la tombe nivernaise de Clamecy où il a tenu à reposer. Moralité : il faut y réfléchir à deux fois avant de fusilier les gens, ou de les mener au Panthéon.
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«Quand, après la défaite de 1940, les nazis occupèrent la France,les écrivains français se trouvèrent aussitôt réduits, soit à collaborer, soit à se taire», écrit Vercors.

Les Tharaud, qui ont alors respectivement 66 et 63 ans, ne font ni le choix du silence, comme par exemple Jean Guéhenno, ni celui de l'action comme Marc Bloch. Il faut noter qu'aucune de leurs publications ne figure dans les listes Otto et Bernhard des livres interdits par les autorités allemandes - pas plus dans celle de septembre 1940 que dans celles de juillet 1942 ou de mai 1943 -, alors que certains ouvrages de leurs proches ou de leurs connaissances (Gillet, Rolland, d'Ormesson, Pernot, Chevrillon, Daudet, Bordeaux, Massis, Maurras, Bainville...) Ie sont.
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Nombre de leurs œuvres comblaient « parfaitement l'attente suscitée par les orientations du goût régnant », répondaient aux goûts, aux aspirations d'une époque.

Dans Le Petit Joumal du 5 décembre 1943, ils rapportent le propos de Barres selon lequel « l’immortalité pour un écrivain, c'est qu'on le lise dans vingt ans ». La plus grande partie de son œuvre, ajoutent-ils, est liée à la vie de son temps. « Ainsi s'explique beaucoup de son succès ; mais c'est aussi la raison pour laquelle certaines parties de cette œuvre paraissent désuètes. »

A bien des égards, celle des Tharaud est, plus de cinquante ans après leur mort, elle aussi désuète. À qui veut comprendre ce que furent les craintes et les aspirations d'un lectorat qui assura leur succès, elle offre la représentation d'un monde qui s'est éloigné de nous, vu par des hommes qui furent non pas des prophètes, mais l'écho sonore de leur milieu, et qui demeurent le miroir d'une époque finie. En cela aussi, leur œuvre nous intèresse.
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Maurice Barrés disait que ce sont les professeurs qui « font une immortalifé»: «Une fois que vous êtes enterré, vous êtes entre leurs mains. S'ils parlent de vous, vous êtes sauvé; s'ils font le silence, vous êtes foutu!...»
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Un littérateur me semble intéressant dans la mesure ou il nous permet de nous représenter les moeurs, les sentiments, les idées d'une époque.

Cette phrase, qui pourrait être la justification de leur biographie et un manifeste de l'histoire socioculturelle et politique, mérite qu'on s'y arrête. Qu'ont finalement représenté les deux frères, dans Ie double sens du mot ? La reconstitution de leur double itineraire permet d’évaluer leur poids et la place qu'ils occupent parmi leurs contemporains, de définir les acquis et les impasses que leur donnent leurs cadres de pensée, de préciser la représentation qu'ils se font de la France et du monde, et de la France dans Ie monde.

Ils sont en quelque sorte des baromètres du lectorat, non homogène, pour lequel ils écrivent et qui leur assure succès et notoriété. Ils permettent de saisir l'univers mental et social, les représentations, les aspirations, les refus, les passions d'une partie de la société et de cemer une époque. De prendre aussi la mesure de tout ce qui sépare de nous leur milieu et leur temps.

Jerome et Jean Tharaud, jadis célèbres, sont aujourd'hui oubliés ou négligés. C'est pourquoi leur histoire est aussi celle de leur oubli, et celle des raisons de cet oubli.
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Un malheureux accident pèse sur la candidature suivante : le 6 février
1930, me Garancière à Paris, Jean, au volant de son automobile Voisin, blesse mortellement le poète Auguste Dorchain, dernier représentant du mouvement du Pamasse et plusieurs fois en lice. Le cardinal Baudrillart, trouve que Jérôme parle légèrement de l'accident et lui conseille d'interrompre ses visites. Le directeur de la Revue des Deux Mondes lui manifeste une certaine froideur. « Celui qui fait les courses tue les gens, commente méchamment Léautaud, et celui qui écrit les assomme.»

Néanmoins, en mars 1932, Jérôme est de nouveau candidat, cette fois au fauteuil laissé vacant par la mort de Charles Le Goffic. Il fait quelques visites académiques - ainsi à Benoit, récemment élu, au cardinal Baudrillart, à Chevrillon, à Male et à Doumic. Il fait part de son intention au maréchal Pétain, qu'il semble connaître. Bordeaux lui promet sa voix. Mais Abel Bonnard est élu. Jérôme a «l'air bien tapé», note Claude Mauriac, qui rapporte le propos de son père.
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Le journaliste reproduit la réponse que fait Pétain à Churchill le 23 dans les notes qu'il prend lors de son entretien avec Lavai : « M. Churchill est juge des intérêts de son pays ; il ne l'est pas des intérêts du nôtre. Il l'est encore moins de l'honneur français. Notre drapeau reste sans tache... ».

Il la commente ainsi : Est-il dans toute notre histoire un dialogue plus pathétique que celui de ces deux chefs, hier alliés, aujourd'hui hostiles ?

Chaque phrase, chaque mot m'obsède, comme ils obsèdent tout le monde.
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(…) en janvier 1942. Duhamel, alors directeur en exercice, est élu à main levée Secrétaire perpétuel à titre provisoire. Mauriac et lui trouvent des alliés en Jérôme Tharaud, André Chevrillon, Georges Lecomte, Emile Picard, le duc de Broglie, l'amiral Lacaze, Maurice Paléologue.

Le rapport de forces évolue au sein de l'Academie : en 1942, le Grand Prix de littérature est attribué à Jean Schlumberger, membre fondateur de La NRF, le Prix du roman à Jean Blanzat, un des premiers membres du Comité national des Écrivains, et un des prix de poésie à la revue Poésie 42 de Pierre Seghers. L’année suivante, le Grand Prix de littérature revient au résistant Jean Prévost.
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(…) au terme de son discours, il se livre à l'éloge du coq des clochers. symbole national qui « réveille les gens endormis », mieux considéré par les étrangers que par nombre de Français. Ce faisant, il formule explicitement l'éloge de la liberté. Il refuse de considérer la défaite comme un juste châtiment et de s'abandonner «à la vague de dénigrement» qui caractérise les derniers mois. Il dénonce la « soif de pénitence, de renoncement, d'humiliation », « cette rage maladive de battre notre coulpe à longueur de journée» qui s'est emparée de ceux qui veulent une France prétendument nouvelle et ne s'en prennent pas seulement à « un régime écroulé », mais aussi « à la France, à son âme elle-même ».

Certes, ce propos patriotique sur le coq, à peine codé, n'est pas un appel ouvert à la résistance car l'enceinte où il est prononcé ne s'y prête guère. Mais l'opposition au discours doloriste, moralisateur et culpabilisateur des pétainistes inscrit clairement Jérôme Tharaud dans la petite frange résistantialiste de l'Académie française, loin de Bonnard. Il y trouve Duhamel et Mauriac qui «sauvent l'honneur», note Jean Guéhenno dans son Journal des années noires. Duhamel ne s'y trompe pas ; il écrit à Mauriac, résistant de la première heure, qu'avec son discours de décembre 1941 «Jérôme a été épatant ».
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