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Critiques de Mona Chollet (645)
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Sorcières

Attention, ce livre n'est pas, comme je l'ai cru niaisement, un livre sur les sorcières à proprement parler. Non, il s'agit d'une étude fort intéressante sur les sorcières modernes, qui sont chassées, bousculées, mises à mal, réduites à néant, encombrantes et j'en passe.

Et oui, de nos jours, il ne fait pas bon vivre d'être une femme, et qui plus est, une femme avec du talent et intelligente.

Dans cet essai sociologique, Mona Chollet, s'exprime très bien sur le sujet, son sujet. L'écriture est fluide et passionnante, pas difficile pour un sou.

La sorcière d'antan ne se trouve pas bloquée au Moyen-Âge, que nenni ; elle ne fut pas persécutée uniquement par les catholiques, les protestants s'y sont mis également avec une joie toute enfantine. de même, on a souvent comparé la sorcière avec le juif, en en faisant une figure d'un antisémitisme forcené. Enfin, le démonologue est très souvent, pour ne pas dire toujours, un homme.

Quatre parties dans ce livre ; tout d'abord la femme qui a des velléités d'indépendance, les célibataires et les veuves principalement. Elles seront exclues de certaines professions et menacées, intimidées et en proie au chantage. Point de salut pour les femmes indépendantes.

Dans la seconde partie, elle nous parle des femmes qui ne veulent pas d'enfants, qui font le choix de la stérilité. Attention ! Menace ! Ces femmes-là sont assurément des sorcières car elles n'aiment pas les enfants.

La troisième partie nous montre toute la haine et le dégoût qu'inspirent les vieilles femmes, les ménopausées, enfin toutes celles qui sont sur le déclin, ou devrais-je plutôt dire incapable de procréer et que les hommes quittent pour une plus jeune.

Enfin, il sera question de la médecine face aux femmes, de l'appropriation du corps de celles-ci par les médecins, et la misogynie des docteurs face aux infirmières, aux sage-femmes etc. La partie sur l'accouchement est un petit bijou.

Bref, vous l'aurez compris, tout cela est passionnant, et Mona Chollet régle ses comptes à toutes ces persécutions qui, encore de nos jours, en 2018, fragilisent la femme, les femmes mais également les petites filles, femmes en devenir.

Ce qui ressort de ce livre ? Les hommes ont une peur bleue de ces femmes libres, faisant fi d'un désir d'enfant ou d'un compagnon. Et de cette peur découlent toutes les injustices faites à ces femmes, ces "sorcières" des temps modernes.

En refermant ce livre, je me suis interrogée : mais quand donc finira cette effrayante "chasse aux sorcières" qui nous fait reculer plutôt qu'avancer ?

Mystère.

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Sorcières

Au moment d'écrire ce billet et d'exprimer mon ressenti de lecture, je me rends compte que cela ne va pas être aisé. "Sorcières" est un essai qui parle des femmes et s'adresse d'abord aux femmes, l'essentiel de ce qui est abordé dans ce livre sera donc impossible à appréhender en tant qu'homme, si ce n'est par le biais de l'empathie. Rarement je ne me serai autant senti un intrus comme ici, même si c'est par procuration.

Le propos et les arguments de Mona Chollet sonnent haut et fort.

Il est facile de comprendre le sentiment de révolte qui prévaudra en fin de lecture si l'on est une femme, au mieux, il y aura entendement et empathie pour les hommes, car au-delà des faits et des développements, il y a une évidence limpide : ce qui est une réalité pour les unes reste assez abstrait pour les uns.

Je vais commencer par louer la plume de l'auteur et la parfaite structuration de l'ouvrage, car s'agissant d'un essai ou d'une enquête, il n'est pas évident de maintenir l'intérêt constamment comme c'est le cas ici, bravo.

Il s'agit d'un sujet clivant, incontestablement, dès le départ on désigne une victime et un coupable.

Ouvrage protéiforme par excellence, cet essai va nous amener progressivement à prendre conscience d'une réalité incontestable, en commençant par l'Histoire bien sûr, j'ai apprécié que l'auteur ne se limite pas à des statistiques ou à des faits ressassés. Connaissiez vous le "Marteau des sorcières" ? Moi pas, ou comment un ouvrage décrivant ce qu'est une sorcière a pu servir de référence à des générations de magistrats jusqu'à devenir une règle dans l'inconscient collectif des européens du moyen-âge. La somme de ce qui a pu en rester de nos jours en termes de convictions et d'expressions est édifiante.

S'ensuivront des contes, des écrits religieux, des films, le tout parachevant le travail de sape dans l'inconscient collectif, y compris et surtout dans celui des femmes.

Il sera question bien sûr du désir d'enfanter et de la maternité, ainsi que de stérilité. J'ai été fasciné par le travail de recherche et la démonstration de l'existence d'un carcan implacable, véritable machine à broyer les femmes, enfin surtout celles qui sont réfractaires à la norme attendue. Le développement proposé est parfait de sensibilité et de justesse quand l'auteur aborde la psychologie autour de ces thématiques avec des témoignages choisis, la dissimulation du mal être est fréquent, entre culpabilité et révolte, le curseur comportemental est très large.

Il sera aussi question de l'image et de la place de la femme dans la société, le critère retenu étant souvent son âge, une injustice de plus si l'on considère le "deux poids, deux mesures" avec le traitement réservé à l'homme. Là encore, la somme de témoignages est éloquente et pertinente, mais surtout l'analyse se révèle extrêmement instructive.

Ce billet commence à être assez copieux, c'est un livre qui demanderait à être débattu tant il est foisonnant et générateur d'idées, je vais donc conclure en louant la justesse de ton de l'auteur, pas tendre non, mais pas inutilement agressive non plus (Rassurez-vous Mona Chollet, vous n'êtes pas une harpie).

Je vais louer également une certaine objectivité, elle n'hésite pas à se moquer de certains mouvements féministes (extrémistes) en soulignant leurs contradictions et autres excès.

Plus que les hommes, la véritable cible est la société patriarcale et sa perversité, j'ai apprécié la justesse et la pertinence de ses analyses, j'ai été impressionné par la somme de recherches et surtout par ce talent à présenter un tout cohérent qu'il est si facile d'entendre.

Je note quand même que l'auteur se limite exclusivement (et sagement) à une critique du patriarcat américano européen et chrétien, qui n'est pas le pire refuge de nos sorcières actuelles.

Il y a bien sûr mes regrets de ne pas évoquer ici les questionnements et autres idées qui me sont venues à l'esprit au cours de cette lecture, et notamment le caractère insoluble autour d'une certaine thématique.

Voilà, il me reste à dire que j'ai adoré cette lecture, et surtout à remercier Doriane (la sorcière), son billet enflammé m'a littéralement impressionné.
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Beauté fatale

Je vous avoue qu'au début, j'ai eu du mal avec les affirmations de ce livre. La situation des femmes n'était pas si terrible, selon moi : on a le droit de vote, on peut travailler, on n'appartient à personne d'autre que nous-mêmes, et si différence de salaire il y avait, cela ne devait pas être si important puisque seule une poignée de personnes s'en plaignait.



J'ai grandi dans la campagne profonde, loin de tout magazine people ou de tout H&M tentateur et je ne remercierai jamais assez mes parents de ne jamais m'avoir particulièrement poussée à la féminité. Parce que grâce à cela, jamais je ne me suis rendue compte de la pression exercée sur les femmes. Pour moi – comme pour d'autres, certainement – cette victimisation, ce cri du « nous sommes toutes manipulées » n'était qu'une vaste mascarade. Moi qui déteste faire les boutiques, je n'achète de vêtements que quand j'en ai vraiment besoin (un chiffre : en cinq ans, j'ai dû dépenser à peu près 65 euros pour m'habiller). Moi qui n'ai pas de goût particulier pour le maquillage, je n'en mets que pour les grandes occasions. Je n'ai jamais acheté un seul magazine, un seul poster, ni même regardé une seule émission « girly » – que ce soit de la télé-réalité ou des séries.

Bref : le complexe mode-beauté est pour moi une notion aussi lointaine que la Lune. le seul moyen par lequel il a pu m'atteindre, c'était le poids (et pour le coup, on peut dire qu'il ne m'a pas ratée ! Cf. ma critique d'Anorexie 10 ans de chaos).



Mais j'avais des amies aux théories toutes plus complotistes (et donc : agaçantes) les unes que les autres. Les hommes nous oppriment, nous sommes manipulées, les femmes ont trop de pression sur elles… Cela me faisait bien rire. Je ne me sentais pas désavouée parce que je n'étais pas en talons, pas plus que je ne me sentais critiquée en étant en jupe (un coup de chance ? Un aveuglement innocent ?).

Comme je ne vivais pas tout cela, je niais cette vérité. Sans songer un seul instant que d'autres n'avaient pas ma chance (ou ma cécité), qu'il était possible que je sois tout simplement passée entre les mailles du filet. Mais si on peut échapper au complexe mode-beauté, il est impossible de ne pas être influencé par l'image des femmes dans les films, les clips, les séries, les journaux, la radio ou les affiches. Croire qu'on ne subit aucune influence est une preuve de grande stupidité.



Mona Chollet pointe du doigt chacun des messages cachés des publicités (récemment élevées au rang d'art cinématographique, on croirait rêver !), des séries télévisées (si vous avez regardé Gossip Girl ou Sex and the City, vous ne les verrez plus de la même manière), des blogs et chaînes beauté (braves petites otaries…), et le pire : la presse féminine. Conseils pour maigrir, résumé d'une journée parfaite dans la vie d'une star, témoignages élogieux de ces femmes qui ont fait de la chirurgie esthétique, surabondance de pubs aux mannequins faméliques à côté d'articles traitant de l'anorexie, acclamation des maisons de marque, incitation à l'achat compulsif… Les messages sont bien là : il faut acheter, votre bonheur en dépend, et dépêchez-vous d'opérer votre corps pour le vider de toute personnalité ! Elle est d'ailleurs un magazine de référence pour toutes ces pépites. Et dire qu'il se proclame féministe…



J'ai acheté Beauté fatale alors que son propos n'avait rien pour m'attirer. Deux raisons : une cliente de la librairie où je travaille me l'a recommandé ; et deux jours plus tard, après avoir critiqué Jamais assez maigre, j'ai reçu un commentaire de Judithbou m'encourageant à le lire. Deux sources différentes et un seul message : ce livre est une valeur sûre, assurément.

Et en effet, c'est une valeur sûre. Non seulement c'est si bien écrit que ça en devient passionnant, mais en plus, on gagne en connaissances et en centres d'intérêt (Mona Chollet cite plein de sources, et l'envie me prend de découvrir certaines d'entre elles). C'est un essai sociétal, mais doté d'un humour tellement cynique que cette lecture m'a arraché à plusieurs reprises des hoquets de rire – jaune, le rire.

Et voilà, moi qui me croyais au-dessus de tout ça, je suis forcée de reconnaître que ces produits pour la peau que des amies m'ont encouragée à acheter ne servent à presque rien. Pourtant, j'ai poussé le vice jusqu'à aller me réapprovisionner de ma propre initiative ! Et ce produit naturel pour fortifier les pointes de cheveux, en ai-je vraiment besoin ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un livre qui pousse à l'introspection.



Mais ce qui m'a le plus choquée, c'est l'étouffement dans lequel vivent les stars. Je ne me rendais pas compte que c'était à ce point terrible. Les femmes, surtout, sont sans cesse épiées, scrutées en quête d'un faux pas – même en allant chercher les enfants à l'école ou en rentrant de la salle de gym. Ça m'a écoeurée. L'envie de m'exclamer : « Mais laissez-les respirer, bon sang ! Vous n'avez pas autre chose à faire ? La faim dans le monde, la pollution, la politique, ce n'est pas plus important que les hypothétiques poils de Madonna ? » Qu'est-ce qu'on s'en fout, qu'unetelle ait grossi ? Qu'est-ce qu'on s'en fout qu'une autre soit devenu otarie – pardon : égérie – de telle marque de parfum ? Et ce n'est pas tout ! L'auteure relève le témoignage d'une jeune actrice avouant que les questions des magazines n'étaient pas du tout ce qu'elle attendait. Elles ne tournaient pas autour de son rôle, de l'évolution de son personnage, de son avenir professionnel, ou même de sa perception du métier, mais de sa routine beauté, de son dernier coup de coeur shopping et de ses conseils minceur… Comme si c'était la seule chose qu'on attendait d'elle. le plus terrible, c'est que celles qui ne se plient pas à ces lois tyranniques sont vite évincées, et dans les règles !

Est-ce que les actrices/mannequins/chanteuses ne servent vraiment qu'à cela ? Leur jeu, leur style, leur voix ne sont donc que secondaires ? Pourquoi la presse féminine est-elle bourrée d'articles plus insipides et aveuglants les uns que les autres ? Pourquoi les blogs beauté fleurissent-ils sur Internet ? Pourquoi des femmes s'endettent-elles pour acheter le dernier sac à la mode alors qu'elles en ont cinq dans les placards ? Pourquoi multiplient-elles leurs possessions de chaussures ?



J'ai fini par croire (et maintenant j'en ai honte) que c'était naturel. Les hommes sont plus portés sur les « domaines sérieux » (la politique, la mécanique, les sciences), et les femmes sur les vêtements et le maquillage. C'est comme ça, c'est biologique.

Quelle merde, ce raisonnement… Aucun gène n'interdit aux femmes de faire de la politique ou de s'intéresser aux voitures. Aucun gène ne les pousse à être obsédées par leur poids. Certes, elles éprouvent le besoin de plaire (tout comme les hommes, par ailleurs, même si les moyens diffèrent), mais pourquoi en deviendraient-elles hystériques à l'approche des soldes ? Pourquoi s'obstineraient-elles à acheter autant de produits beauté dont l'efficacité est au mieux minime, au pire à prouver ? Pourquoi veulent-elles autant contrôler leur silhouette ?



Réponse : ce n'est pas biologique, c'est culturel. Tout simplement.

Ensuite, quel est l'intérêt de réduire l'horizon des femmes à ce simple cercle ? Pourquoi en faire des écervelées préoccupées par leur manucure et leur tour de taille ? Comme le souligne Mona Chollet, c'est le fantasme de beaucoup d'hommes que d'avoir une belle godiche décérébrée. Pas besoin de cerveau, du moment qu'elle est jolie !



Toutefois, je me permets de souligner quelque chose. Si les préjugés sont particulièrement lourds à porter pour nous les femmes, ils ne doivent pas non plus être très faciles pour tous les hommes. Je pense à l'éternel « soit-un-homme-mon-fils ». Mon père n'a jamais osé pleurer devant nous, ses enfants, et mon compagnon était tout honteux et tout penaud le jour où ça lui est arrivé après une dispute. Si les clichés nous cantonnent au rôle de poupées, eux, ils les incitent à devenir des robots.

Pour exemple personnel, un client arrivant dans l'espace jeunesse de la librairie où je travaillais m'a demandé conseil pour sa prochaine lecture. Un peu surprise (il devait frôler la trentaine), je lui proposai divers titres. Aucun ne le satisfaisait, et je me suis finalement rabattue sur un ouvrage d'un autre genre : Les Fiancés de l'hiver (si vous ne connaissez pas, je vous en prie, achetez-le, empruntez-le, mais découvrez-le ! Il est magique…). Je me suis presque excusée : « J'ai vraiment adoré ! L'univers est magnifique, les personnages sont splendides et riches, mais je ne suis pas sûre que ça vous plaise parce qu'il y a une histoire d'amour au centre de l'intrigue… Ce serait peut-être plutôt pour un public féminin. » Ce à quoi il a répondu : « Vous savez, nous les hommes on n'est pas si différents de vous. Nous aussi on aime les histoires d'amour, sauf qu'on n'assume pas. » Finalement, c'est ce livre qu'il a emporté.

Je ne saurai jamais s'il lui a plu – c'est le plus frustrant, dans ce boulot. Mais c'est celui-ci qui l'a intéressé, et mes préjugés ont failli l'empêcher de le découvrir.



Bref. Beauté fatale est un essai terriblement bien documenté avec des sources si nombreuses qu'il y en a trois par page – je n'ose penser au nombre de jours ou même de semaines que l'auteure a dû passer à les décortiquer. C'est une écriture directe et fluide où transparaît l'humour noir. C'est un sujet de société qu'il est très important de lire et qui s'adresse tant aux femmes qu'aux hommes – oui, messieurs.

À découvrir de toute urgence.
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Sorcières

Je ne traiterai jamais plus personne de sorcière. Non pas que cela m'arrivait souvent. Mais je n'avais jamais pris conscience de ce que la sorcière n'était au fond qu'une invention des hommes afin de conserver leur pouvoir. Mona Chollet met au jour certaines peurs masculines, enfouies depuis des siècles derrière la haine des femmes libres. Les hommes continueront peut-être à avoir peur, mais espérons que cela ne se produise plus jamais au détriment des femmes.
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Sorcières

Après Beauté fatale où elle dénonçait l'injonction faite aux femmes d'être jolies et de se taire (pour résumer grossièrement ce brillant ouvrage), Mona Chollet décortique les atteintes faites aux femmes fortes, que ce soit par les hommes ou par les religions (majoritairement menées par les hommes). « Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femmes ces siècles de terreur ont-ils censurés, diminués, réprimés ? » (p. 3 & 4) Pour l'autrice, il s'agit de la femme indépendante, de la femme sans enfant et de la femme âgée. Comme dans son précédent essai consacré aux femmes, Mona Chollet cite de nombreuses penseuses féministes, mais illustre également sa démonstration de références populaires ô combien parlantes ! Les séries Charmed, Ma sorcière bien-aimée ou Buffy contre les vampires, les romans Moi, Tituba sorcière ou La servante écarlate ou encore le film Les sorcières d'Eastwick proposent des représentations différentes de la sorcière et il est passionnant de les croiser, de les comparer et de les opposer.



La sorcière, la vraie, celle qui terrifie le patriarcat – religieux ou non –, c'est la femme qui ne se marie pas, et/ou qui n'a pas d'enfant, et/ou qui a un emploi ou une activité en dehors du foyer, et/ou qui est financièrement ou socialement autonome. Bref, un être à l'égal de l'homme, et ça, mon brave Monsieur, évidemment qu'on ne peut pas laisser faire ! Je passe sur les siècles de violences patriarcales, paternelles, matrimoniales, gynécologiques, obstétriques et institutionnelles : au mieux, vous en avez entendu parler ; au pire, vous les avez subies. Alors, libérer la parole est plus que jamais nécessaire, comme c'est le cas actuellement avec #MeToo. Parce que cette libération, c'est permettre à la vérité d'exploser, mais aussi – pourquoi pas – aux incantations de résonner. Tremblez, oppresseurs de tout poil, la sorcière n'a peut-être plus de balai volant ou de chaudron bouillonnant, mais elle a toujours de grands pouvoirs !
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Sorcières

La sorcière est pour beaucoup d’entre nous la méchante des contes de fée, vieille et moche elle symbolise le mal face à la jeune, belle et innocente jeune fille. Pourtant depuis toute petite j’ai toujours eu un faible pour les sorcières qui souvent ont bien plus de personnalité que les héroïnes au cœur tendre qui attendent passivement le prince charmant. Et si comme à l’instar du Loup dans nos contes pour enfants la sorcière était un personnage injustement mal aimé ?



Mona CHOLET décide d’éclairer nos lanternes et de rendre aux Sorcières ce qui est aux Sorcières. Les Sorcières ce sont d’abord et avant tout des femmes qui à l’époque de La Renaissance ont été victimes d’une chasse visant à les exterminer. En d’autres mots un génocide, un pogrom, une extermination de masse. Bref dans l’histoire le fait peut paraître anecdotique mais il n’en est rien, bien au contraire. Cette extermination ne visait pas toutes les femmes ce qui évidemment aurait été suicidaire pour la race humaine. La chasse aux sorcières est beaucoup plus sordide que ce que nous pouvons imaginer. Qui est visé, qui sont les sorcières d’alors ?



Tout a commencé par le démantèlement de l’ordre des Béguines qui permettaient aux femmes seules (souvent veuves) de vivre libres, en communauté sans qu’un homme ne les dirige et sans qu’elles n’aient décidé d’être nonnes. Cette indépendance et cette absence de soumission au patriarcat, que ce soit à un mari ou à dieu, dérangeait beaucoup ces messieurs. Démanteler les Béguines fut donc les prémices de la chasse aux Sorcières. La chasse de ces femmes qui défient les conventions sociales de l’époque en étant indépendantes, célibataires, autonomes, voire tout ça à la fois. Elles exerçaient souvent la médecine, faisant office de sages-femmes mais aussi via une connaissance des plantes et des remèdes pointue et transmise de mère en fille pour soulager les maux. Le pire est que beaucoup reconnaissaient leur talent et avaient recours à leur aide. Pourtant cela ne les a pas sauvées. Au contraire. Pas assez dociles, de telles femmes ne peuvent être que sous la coupe du diable (ben oui il faut bien un homme quelque part). Toute femme qui n’est pas soumise à la domination patriarcale est un danger potentiel. Le premier chef d’accusation de ces femmes accusées de sorcellerie était d’ailleurs dans la majorité des cas l’arrogance.



En d’autres termes ces femmes ont été jugées et condamnées au bûcher car elles étaient indépendantes et qu’elles avaient du caractère. Indomptables malgré l’ingénuité de l’époque dont ces messieurs faisaient preuve pour les briser. Je vous suggère d’aller voir sur internet ce qu’est une bride de mégère, cela en dit long… La haine des Sorcières alla même jusqu’à condamner des générations de félins, le chat étant le plus fidèle compagnon de la sorcière dans l’imagination commune de l’époque. Quelle hérésie, en l’absence de chats les rats proliférèrent et la peste s’installa. Mais bon on avait sauvé les âmes de ces diablesses de Sorcières et de leurs chats, suppôts de Satan. Ouf on l’a échappé bel !



Une fois exterminées les sois disant Sorcières, la voie était libre pour ces messieurs qui se sont réservés l’exercice de la médecine, pillant sans vergogne les connaissances des Sorcières dont les connaissances étaient basées sur l’expérience et la pratique. Si certains remèdes ne sont pas des plus efficaces il faut quand même rappeler que la plupart des substances utilisées en obstétriques sont des dérivés des plantes utilisées par les Sorcières. Beaucoup des remèdes étaient pour l’époque pertinents et surtout accessibles aux pauvres. Les médecins qui ont alors pris la place des sages-femmes ont déclenché une épidémie de fièvre et un nombre important de femmes sont mortes en couches. Pourquoi ? Tout simplement car ces messieurs qui accusèrent les sages-femmes d’être sales, passaient de la dissection d’un corps à un accouchement sans s’être lavés les mains. Nous avons bien progressé depuis ? Certes mais encore aujourd’hui une femme qui se plaint de douleurs dans la cage thoracique est traitée à cous d’anxiolytiques alors qu’un homme est redirigé vers un cardiologue. Et puis il suffit de voir la prise en charge des femmes atteintes d’endométriose, l’utilisation de la pilule à la liste d‘effets secondaires potentiels impressionnant (personne ne voudrait tenter de la réduire… ?) sans oublier l’époque pas si lointaine des ablations d’ovaires et de clitoris censés résoudre des problèmes qui en fait n’en étaient pas (trop forte libido, tendance à la masturbation… ça c’est de la maladie super grave !).



Cette chasse aux Sorcières, aujourd’hui encore se poursuit, les femmes sont encore bien trop souvent jugées sur leur physique et subissent de plein fouet l’injonction à demeurer jeune, du moins en apparence, le plus longtemps possible.

Messieurs vos rides et vos cheveux blancs vous donnent charme et charisme mais mesdames non ! La moindre des chose serait de vous rendre présentable, allons !

Les cheveux blancs font « négligés », la ménopause est tabou son arrivée sonnant comme une date de péremption, le non désir d’enfants est plus mal perçu chez une femme que chez un homme, de même que sa volonté de faire carrière.

Bref Mona CHOLET balaie tous ces plafonds et ces injustices qui fondent les inégalités entre les 2 sexes encore aujourd’hui car nous sommes encore pétris du modèle de l’autorité patriarcale.



Mais les plus grandes victimes ce sont les femmes qui ont passé la cinquantaine. Prendre de l’âge, arborer des chevaux blancs, ne plus être féconde, ne plus pouvoir enfanter donc ne plus avoir d’utilité pour la société. Plus les femmes vieillissent, plus elles sont renvoyées au stéréotype de la Sorcière. Vous avez déjà vu un vieux monsieur être qualifié de Sorcier vous ? Non. Tandis qu’une femme surtout si elle est un peu revêche…



Un chapitre de ce livre revêt une importance particulière dans le développement de Mona CHOLLET, c’est celui qui nous parle de la pression sociale qui pèse sur les femmes en matière de maternité. Il y a une injonction sociale à être mère qui n’existe pas pour les hommes que l’on incite toujours à l’autonomie et l’indépendance. Dans l’image d’Épinal la femme veut se marier et avoir des enfants et c’est le bonheur suprême, l’homme lui se fait passer la corde au cou et assume les frais liés aux enfants. Son objectif c’est sa carrière.

Je conçois très bien les développements de l’auteur sur ces mères qui se sentent emprisonnées dans la maternité parce qu’elles ont cédé par convention sociale. Je regrette par contre qu’il ne soit pas question de femmes qui n’ont renoncé ni à avoir des enfants ni à avoir une carrière. Pourtant cela existe et toutes les femmes n’ont pas un partenaire qui s’investit moins qu’elles dans l’éducation des enfants.



Alors j’avoue, au vue de tout ce qui est décrit dans ce livre je suis sans conteste une Sorcière parce que je revendique mon indépendance, le droit à mener ma vie, mes relations, ma carrière … comme je l’entends. Et comme les chiens ne font pas des chats une belle lignée de Sorcières est prête à prendre la relève. Mais n’oublions pas qu’il existe quelques Sorciers aussi et qu’ils sont de plus en plus nombreux à se dresser aux côtés des Sorcières.

Un livre intéressant et même s’il est parfois un peu manichéen il est souvent révélateur de ces discriminations tellement ancrées qu’elles en viennent à passer inaperçues. Les relever ne peut être que bénéfique !

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Sorcières

Femmes = Sorcières ! Mona Chollet associe les deux et il est clair qu’au fil des siècles, la sorcière avait souvent un visage féminin, qui plus est vieille, laide, sale etc….. Elle est parée de tous les vices, est ramenée souvent au ras du sol, on lui attribue souvent un manque d’intelligence et traitée comme telle et si c’était tout le contraire : si justement c’était parce qu’elle détenait certaines connaissances, qu’elle parlait vrai, qu’elle faisait peur qu’on lui faisait porter tous les malheurs de la société….



Il faut souvent être femme pour comprendre ces maux mots, ces attitudes dans la vie de tous les jours et pas seulement dans notre entourage mais aussi à tout niveau où, normalement, on pourrait penser que la femme est aussi bien considérer que l’homme, ni supérieure, ni inférieure….. Juste à l’égal de l’homme. Mais vous comme moi nous écoutons les statistiques….. C’est loin d’être gagné.



Grâce à cet essai, Mona Chollet, relève, et parfois de façon très petinente, ironique et très documentée, ces petits affronts qui jalonnent nos vies. Après une longue introduction dans laquelle elle revient sur l’histoire des Sorcières jusqu’aux mouvements féministes actuels avec ses figures de proue, le récit se divise en quatre parties.



Parler des choix de vie, du non-désir de maternité (j’ai trouvé très courageux et lucide le fait d’aborder ce thème),, de la vision des femmes vieillissantes matures et enfin de la relation femme et médecine, Mona Chollet aborde tous ces sujets et à un moment ou à un autre on se retrouve dans ses mots, dans les situations, dans certaines blessures. Je n’aurai pas pensé faire le parallèle entre sorcières et femmes mais finalement quand on analyse son argumentaire le rapprochement est évident.



J’ai lu cet essai presque comme un roman tellement il est finalement le récit de situations que vivent des millions de femmes, en silence parfois souvent, c’est un essai-roman sur les femmes qui assument leurs vies, des femmes fortes….. des Sorcières, qui ne veulent pas plier, qui n’acceptent pas de se taire, des justiciaires dont le combat est sans fin pour être ce qu’elles sont, qui elles sont et qu’on les accepte comme telles.



J’ai aimé qu’elle ne fasse que revendiquer l’égalité entre hommes et femmes, sans chercher la querelle, mais mettre en évidence des faits, constations sur la différence de traitement si l’on est homme ou femme (et particulièrement sur l’homme et la femme avançant en âge).



J’y ai fait des découvertes en particulier sur les mouvements américains comme WITCH et sur les femmes qui ont marqué les mouvements féministes: Gloria Steinem, Susan Sontag etc…. Je ne connaissais pas les prises de position très justes de Martin Winckler par exemple. J’ai retrouvé des situations vécues par moi ou des proches dans lesquelles je n’avais pas compris qu’il s’agissait d’une différence de traitement (comme quoi on apprend à tout âge) entre les sexes en particulier dans le domaine médical.



C’est une lecture dans laquelle je me suis retrouvée, reconnue, qui m’a fait du bien mais qui me dit également que le combat n’est pas fini, mais sera-t-il fini un jour ? Les femmes ne sont pas des sorcières, elles sont femmes.



Mona Chollet parle principalement de la force des femmes, de certaines femmes, mais toutes ne sont pas de cette trempe. J’aurai aimé qu’elle évoque également les femmes qui subissent, qui souffrent oui mais celles-là ne sont pas des Sorcières elles ne sont que les victimes…… C’est un essai qui fait du bien car il permet également de se rendre compte que nous ne sommes pas seules, uniques, que d’autres pensent et vivent les mêmes situations, qu’elles ne sont pas responsables, mais victimes.



C’est un essai que tout le monde devrait lire : hommes, femmes et aussi adolescentes pour ne pas tomber dans certains stéréotypes, pour ne pas laisser la porte ouverte à certaines attitudes, pour apprendre à dire Non ou Stop.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Réinventer l'amour

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants …. et tout s'arrête ? Non, non et non, c'est justement à partir de ce moment-là que tout commence et que ça devient intéressant. Dans ce bouquin, Mona Chollet mène une enquête très complète sur le couple hétérosexuel, sur la place de la femme dans le couple, dans la société, dans l'art.



Comme pour tout travail journalistique de qualité, la thèse est très bien argumentée et très bien documentée. de très nombreuses références sont citées, qui sont autant d'invitation à approfondir ce sujet épineux et ô combien central dans nos vies…



Mona Chollet passe en revue le traitement de l'actualité, depuis la presse people jusqu'aux événements tragiques (le féminicide de Marie Trintignant), le monde de l'art, avec par exemple une analyse des peintures, oeuvres d'hommes, pour des spectateurs masculins, qui souvent montrent la femme comme un objet, soucieuse de son apparence et en position d'attente ou de séduction. La littérature n'échappe pas à son analyse: Belle du Seigneur, les châteaux d'Eros, Histoire d'Ô, …



Elle revient aussi sur les normes sociales qui « incitent fortement » les femmes à travailler leur apparence de jour, femme qui est souvent aimée comme une icône, une figure idéalisée et désincarnée, sans aucun droit à être un estomac, des intestins, poilue, transpirante, saoule, … Et surtout cet impératif à rester en retrait par rapport aux hommes, souvent moins diplômés, car socialement la femme doit se montrer plus faible qu'eux. Ces normes sociales qui nous disent :



♫Il vous faut

Être comme le ruisseau

Comme l'eau claire de l'étang

Qui reflète et qui attend

S'il vous plaît

Regardez-moi je suis vraie

Je vous prie, ne m'inventez pas

Vous l'avez tant fait déjà



Vous m'avez aimée servante

M'avez voulue ignorante

Forte vous me combattiez

Faible vous me méprisiez

Vous m'avez aimée putain

Et couverte de satin

Vous m'avez faite statue

Et toujours je me suis tue ♫

(Anne Sylvestre – Une sorcière comme les autres)



Et bien sûr, elle aborde l'épineux sujet de l'amour, où l'on attend de la femme qu'elle soit passive, soumise, dans l'attente (♫J'attendrai le jour et la nuit, j'attendrai toujours ton retour …♫) , et espérant un amour « romantique », un amour « éternel » qui la comblera de bonheur, puisque c'est de l'homme et de son rôle de mère que viendra son plus grand bonheur. D'ailleurs pour certaines féministes américaines, le masculin et le féminin sont créés à partir de l'érotisation de la domination et de la soumission, et ce type de relation, envisagée comme une relation d'autorité, une relation hiérarchique, devient la clé pour une vie amoureuse heureuse.



L'absence de machisme, entre mecs, est souvent interprétée comme un signe d'homosexualité. Mais le pire probablement, c'est que chacun intègre inconsciemment son rôle, femme ou homme, ce rôle que la société attend d'elle ou de lui…



Alors, certes oui les choses bougent, depuis quelques décennies quand même. Par exemple, mes parents ont eu deux filles (mon père d'ailleurs s'avouait soulagé de ne pas devoir partager le pouvoir et l'autorité avec un fils !) et, conscients de la « vulnérabilité » du sexe faible, ils nous ont poussées à entreprendre de « belles études », ce qui nous autoriserait à claquer la porte en cas de maltraitance physique (la hantise de ma maman). Mais cela s'est limité aux études. Rien n'a été fait sur le plan émotionnel ou relationnel. Ils ne nous ont pas appris à être indépendantes, à nous sentir fortes et responsables, à ne compter que sur nous, à ne rien attendre de nos futurs maris, à vivre pour nous. Pire, je me souviens avoir été éduquée à me taire et à ne pas répondre aux questions (des amis de mes parents ou de la famille) qui m'étaient directement posées. Non, c'était mon père qui s'en chargeait …



Alors oui ce livre m'a fait énormément de bien. D'abord j'ai pris conscience de cet état des choses et de mon propre comportement, mes propres automatismes. Ensuite j'ai compris que je pouvais (devais même) sortir de ma position attentiste, que je n'étais pas obligée de me taire en public, que je pouvais (devais ?) changer d'amis, d'activités et de loisirs pour échapper à l'ascendant de mon mari (c'est plus fort que lui, il doit forcément marcher sur mes platebandes, et comme il est beaucoup plus charismatique que moi, dès qu'il arrive, je passe dans l'ombre, je tombe dans l'anonymat).



Ce bouquin nous invite aussi, nous les femmes, à renoncer à l'amour de l'amour et à aimer avec courage, avec audace en assumant le risque de l'échec. Lisette Lombé (une poétesse belge dont j'ai déjà parlé ici même) a d'ailleurs écrit un très bon conte électro sur ce sujet (je pense qu'elle présentera à Avignon cet été en festival off et j'espère qu'il sera publié bientôt). Il nous encourage à être nous-mêmes en amour, à ne pas nous dévaloriser systématiquement, à ne pas nous effacer, à pratiquer la spontanéité et le franc-parler. Cela contraindra les hommes à montrer leur vrai visage : soit ils acceptent que nous soyons leur égale soient ils s'en fuient. Et alors n'ayons pas peur de dire : bon débarras …
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Chez soi

Mona Chollet est en train de prendre une place à part dans l’édition française et on ne va pas s’en plaindre car la dame a la plume alerte et un certain talent pour synthétiser les problématiques dans l’air du temps.

Ah et puis zut, si, quand même, on va s’en plaindre (un peu).

Monet Chollet est une journaliste de gauche, ca c’est certain, mais pour qui écrit-elle ? Son premier chapitre se veut une vengeance contre ceux (notamment ses collègues et son compagnon) qui se moquent de son tempérament casanier. Mais la valorisation de l’aventurier ne vaut que pour un petit milieu, le sien. Aimer sa maison, n’accepter de s’en éloigner que pour un temps circonscrit et un exotisme limité est le choix d’une majorité de Français qui n’ont aucune envie de ressembler à Nicolas Bouvier.

Mona Chollet écrit donc pour ses pairs et son discours ressemble parfois et sans mauvais jeu de mots à un plaidoyer pro domo. Le 2nd chapitre ressemble assez à cet égard aux conversations d’une soirée de copines: j’ai-encore-trop-regardé-Instagram-mais-j’ai-quand-même-réussi-à-finir-mon-article. Eh bien, on est content pour elle, mais en gros on s’en fiche.

Écrire pour ses pairs, pourquoi pas? Reste la posture.

Souvent, Chollet fait dans la connivence et l’auto-dérision, c’est assez drôle: « Moi, en revanche, je reste toujours admirative devant un salon cosy ou une décoration de Noël réussie. Je pourrais fonder un nouveau courant du féminisme : le courant « poule mouillée ». Mais il y a déjà beaucoup de livres de « bonnes copines » et on attend autre chose d’une journaliste du « Diplo ».

On attend l’acuité d’un regard neuf et la balle tirée contre son camp, parce qu’on ne lit pas uniquement pour se satisfaire de certitudes béates. Souvent, là encore, Chollet fait mouche. Quand les tenants de la sobriété heureuse vantent la tiny house et le refus de tout superflu, elle les renvoie dans les cordes d’une pichenette: « Les adeptes du small living occupent donc exactement la place qu’un ordre social inique leur assigne. Ils se contorsionnent pour entrer dans le placard qu’on veut bien leur laisser et prétendent réaliser par là leurs désirs les plus profonds. »

Mais au fur et à mesure que les chapitres défilent, il faut bien avouer qu’on lit surtout ce qu’on veut entendre (quand on vote à gauche). Il faudrait pouvoir travailler moins. Les hommes font moins souvent le ménage que les femmes. La colocation, c’est bien. Il faut une politique sociale du logement. Le thé, c’est chouette, Desesperate housewives c’est nul. Il ne faut pas avoir peur des squatteurs, d’ailleurs mon frère en est un.

Et de fait , on lit beaucoup ce qu’on a envie de lire et surtout on lit ce qu’on sait déjà. La bibliographie est copieuse mais à la manière de Wikipedia. Des références universitaires, un peu, et beaucoup d’articles (Le Monde, Libération, Elle). En y cherchant ce que je pourrais lire de vraiment consistant, je ne suis tombée que sur des valeurs sûres: Bachelard, Woolfe, les Pinçon-Charlot…

Et je me suis fait la réflexion que Mona Chollet, pour les professions intellectuelles intermédiaires, c’était comme le blog de Mimi Thorisson pour les mères de famille : un idéal presque accessible. On pourrait presque faire la même tarte aux pommes après s’être promené dans les bois en cueillant des champignons si on n’avait pas un Picard au coin de la rue. On pourrait presque faire le même livre que « Chez soi » avec un bon fil rss si on n’utilisait pas son ordinateur surtout pour vérifier que les amis sur Babelio nous ont bien likés. Mona Chollet, finalement, c’est la copine qui a réussi. Si j’ose dire: c’est nous, en mieux.
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Sorcières

Les sorcières, ce sont nous toutes : toi, qui préfère faire carrière plutôt que de rester à la maison pour élever tes enfants, moi qui souhaitais travailler à temps plein et aussi pouvoir élever mes enfants sans reproches, jugements et avec des infrastructures (garde, école, etc) qui me le permettent, elle qui n'en veut pas des mioches et veut vivre "comme un homme" et qu'on lui foute la paix !

- Vivre comme un homme ? tu veux dire quoi par là ?

- Travailler, gérer son argent, son emploi du temps, sa vie sans charge mentale autre que la sienne...

- Ah ! En un mot, "vivre", quoi ?! pourquoi tu rajoutes "comme un homme" ?

- Cherche et tu vas trouver !



Car, nous verrons avec Mona Chollet, que ce qui est une évidence pour la gente masculine est loin d'être aussi facile pour nous, les femmes. Non, elle n'exagère pas, elle dit tout simplement ce qui est, au fil des époques, des âges aussi (pas simple de vieillir pour une femme et bien plus difficile socialement, culturellement parlant que pour un homme)...



Au fur et à mesure de la lecture, elle nous fait nous interroger sur des choses que nous avons tendance à penser "de fait" ou "de droit", alors qu'il n'en est souvent rien. Certains retours sur L Histoire font froid dans le dos. On voudrait ne pas y croire tant c'est inconcevable. Mais les faits sont là...



Beaucoup crie au loup, à la supercherie, au féminisme exacerbée et ont tendance à ridiculiser et/ou montrer du doigt toute personne (homme ou femme) qui refuse ces clivages. le ridicule ne tue pas. Mais il contraint souvent au silence... Alors, que nous en soyons convaincus ou non, lisons Sorcières, et que chacun se fasse son opinion en son âme et conscience...



"Aller débusquer, dans les strates d'images et de discours, ce que nous prenons pour des vérités immuables, mettre en évidence le caractère arbitraire et contingent des représentations qui nous permettent d'exister pleinement et nous enveloppent d'approbation : voilà une forme de sorcellerie à laquelle je serais heureuse de m'exercer jusqu'à la fin de mes jours."
Lien : http://page39.eklablog.com/s..
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Réinventer l'amour

Exceptionnel et passionnant, le livre de Mona Chollet est une merveille d’édification, d’érudition et d’humour.

Le vieux mâle blanc hétérosexuel cisgenre que je suis en est tout retourné.

La lecture de Réinventer l’amour est d’utilité publique.

J’ai adoré sa subtilité subversive, la fluidité de son propos même pour interpréter le glauque et le complexe.

J’ai beaucoup aimé ses références : modernes ou classiques,littéraires,cinématographiques, artistiques etcétéra..Mona Chollet pioche dans l’univers des séries ( « L’effet Don Draper » est extrêmement drôle mais aussi tellement bien vu!).

Elle dynamite Belle du seigneur que j’avais tant aimé avec une pertinence implacable.

Elle rebondit sur Eva Illouz pour bien marquer ses accords et désaccords ( le neo-libéralisme n’explique pas tout !).

Elle s’entoure d’une sororité littéraire exemplaire : Anne-Marie Dardigna, Judith Duportail, bell hooks, Manon Garcia etc…



J’ai été très convaincu par son dernier chapitre sur les fantasmes masochismes où elle parle d’elle avec beaucoup de sincérité et analyse finement Histoire d’O.

Et son travail sur Des hommes, des vrais est est un véritable morceau d’anthologie !!! Exemple :Guy Georges, le tueur de l’Est parisien, arrêté en 1998 pour viol et meurtre de 7 femmes, a reçu des dizaines de lettres de femmes qui veulent remplacer sa mère ou conquérir son cœur !!!



« Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles » est à mettre entre toutes les mains et fera un excellent cadeau du Papa Noël pour tous les mâles heteronormés (et pour tous les autres aussi évidemment)

Merci Mona Chollet pour cette lecture si stimulante.

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Réinventer l'amour

Après sorcières, je suis à nouveau totalement convaincue par cet essai de Mona Chollet. Elle étudie cette fois les dégâts que cause le patriarcat dans les relations amoureuses.



Elle fait référence à sa propre expérience, à des cas connus de tous, à des écrits féministes, des films ou des romans. Ces multiples exemples et le style agréable en font une lecture facile et pas du tout un pavé indigeste. De plus, l’auteure n’est jamais dans l’excès et la démesure, ce qui rend ses démonstrations d’autant plus percutantes à mon sens.



Comme dans Sorcières, elle nous démontre comment chacun peut être imprégné par une culture, sans même en avoir conscience, qui va orienter notre comportement. Ici c’est donc le patriarcat qui est sur la sellette : comment les petites filles rêvent d’un prince charmant qui viendra les sauver, comment les jeunes femmes perpétuent cette quête, pourquoi ont-elles tendance à se dévaloriser alors que les jeunes garçons partent dans la vie plein de morgue, comment cette supériorité masculine peut conduire à des comportements violents etc…Pourquoi les hommes refusent de parler de sentiments, pourquoi les femmes assument toute la part émotionnelle dans le couple ?



Voilà certains des nombreux sujets abordés par l’auteure avec tact et intelligence. Je me suis interrogée sur des choses qui me semblaient évidentes auparavant en la lisant. Franchement un essai à lire par tous, hommes ou femmes, tout le monde s’enrichira !

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Réinventer l'amour

Après Beauté fatale et Sorcières, Mona Chollet continue d'explorer les constructions sociales qui emprisonnent et empêchent les femmes. Dans ce nouvel ouvrage, elle démontre que l'hétérosexualité est un piège pour l'amour, voire un tue-l'amour, tant il doit au patriarcat dans sa construction et les représentations qu'il véhicule. « Les hommes hétérosexuels expriment leur désir pour les femmes au sein d'une culture qui les encourage à mépriser et haïr ces femmes. » (p. 18 & 19) Alors, l'hétérosexualité sans le patriarcat, est-ce possible ? Mona Chollet ouvre des pistes de réflexion en se fondant sur d'autres penseuses et penseurs des relations humaines et amoureuses. Elle interroge par exemple la vie commune : souvent décidée par commodité – notamment quand le couple devient famille et compte des enfants –, elle s'accompagne du vieux démon de la charge mentale pour les femmes, chargées d'être les gardiennes et les intendantes du foyer, au service dévoué et prévenant des hommes. « Refuser de cohabiter permettrait de savoir si on est aimée pour soi ou pour les services que l'on rend. Cela permettrait aussi à certains hommes d'acquérir quelques compétences utiles et de devenir des personnes entières. » (p. 51)



L'autrice s'attaque à la pénible injonction de la douceur ! Non, les femmes ne sont pas par nature douces et tendres et délicates et mignonnes et calmes et tout ce qui a trait à une certaine fragilité ! Et elles n'ont certainement pas à l'être dans le cadre amoureux. « Notre organisation sentimentale repose sur la subordination féminine. » (p. 55) De fait, minorer ses ambitions pour ne pas gêner son compagnon, ne pas le mettre en insécurité, c'est injuste pour la femme, mais aussi contreproductif pour la société tout entière ! Cette dernière perd ainsi des compétences, mais surtout cela entretient le mythe de l'homme fort qui dessert autant les femmes... que les hommes ! Eh oui, ces derniers gagneraient à ce que le patriarcat soit renversé, tant dans la vie professionnelle qu'amoureuse !



Passons au sujet des violences. Celles-ci sont multiples : physiques, hélas et évidemment, psychiques également. L'appropriation sexuelle mâtinée de colonialisme et de fétichisme est une version perverse de domination masculine, comme toutes les formes de sexualisation et d'objectification des femmes. Ces messieurs doivent cesser de brandir l'excuse inappropriée du traumatisme et de la douleur pour se dédouaner de leurs comportements cruels. « Tout le monde a des défauts, mais cela ne justifie en rien la violence, l'intimidation ou la déstabilisation. » (p. 108) Aux femmes aussi d'apprendre à ne plus être attirées par la violence : ce n'est pas sexy, ce n'est pas séduisant, ce n'est pas attendrissant. La violence n'est jamais une forme d'amour, pas plus que l'amour-passion n'est un idéal absolu à atteindre. « Nous avons appris à érotiser la domination masculine. » (p. 8) Et le dévouement amoureux et sacrificiel de la femme est une forme d'amour déviante : il n'y aucune beauté à se mettre en retrait pour satisfaire les désirs – parfois délirants – d'un compagnon tout puissant, ou posé comme tel. La dépendance affective et économique explique certes cette soumission, mais excuse-t-elle les hommes qui en profitent ? Réfléchissez un peu, vous avez la réponse ! L'autrice – ni moi, avec mes mots maladroits – ne disons qu'il faut cesser d'aimer avec force, mais tout mérite toujours d'être interrogé. « Non, les femmes n'ont pas tort d'aimer comme elles aiment, avec audace et courage. Il n'en reste pas moins que l'asymétrie contemporaine des attitudes féminines et masculines à l'égard de l'amour pose de nombreux problèmes. » (p. 161)



Ce qu'appelle Mona Chollet de ses vœux, c'est une rivalité féminine qui se transforme en sororité. Elle démontre aussi clairement que les hommes ont aussi tout à gagner à ce rééquilibrage des attentes et des implications amoureuses dans le couple hétérosexuel. « Au sentiment d'illégitimité systématique inculqué aux femmes répond le sentiment masculin d'être dans son bon droit, quoi qu'on fasse. » (p. 109) Les fantasmes féminins méritent d'être entendus et partagés par tou.te.s les partenaires. Mais ce qu'il faudrait – vœu pieu ou possibilité véritable ? –, ce serait réinventer l'amour. « Nous pourrions tenter d'inventer une esthétique qui repose sur l'identification plutôt que sur l'objectification ; qui célèbre le bien-être des femmes, plutôt que l'entrave et la standardisation de leurs corps. » (p. 225) Tenter, c'est déjà agir.



Cet ouvrage rejoint évidemment et sans attendre mon étagère de lectures féministes. Autant que cela me sera permis et possible, je le mettrai entre toutes les mains, féminines et masculines. Cette lecture est profitable à tous, c'est une certitude. Il n'est jamais trop tard pour essayer d'aimer mieux, ou a minima d'aimer moins mal, avant tout pour se respecter et s'accorder à soi-même amour et respect.
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Sorcières

Sorcières fut le dernier ouvrage des lectures cursives que j'ai découvert. (ma lecture date de début mai) Et j'affirme sans hésitation que ce fut une excellente découverte !

J'avais déjà entendu parler brièvement de cette œuvre, mais c'est tout, je n'avais pas réellement cherché à m'y intéresser davantage. Le fait que cet essai soit présent dans les lectures cursives de français me permit donc de le lire. Et quelle découverte !



Avec La cause des femmes de Gisèle Halimi, ces deux œuvres furent mes préférées découvertes dans le parcours.

J'ai trouvé cette lecture extrêmement intéressante et aujourd'hui, je comprends mieux le succès que cet ouvrage a eu.

Alors oui, il y a certes eu des soirs où j'étais fatiguée, pas concentrée dans ce que je lisais, pas assez investie, et je trouvais cela compliqué à lire. (ce qui est vraiment faux, en réalité) J'ai eu du mal à rentrer dans le récit, au début, je l'avoue. Mais il y a eu d'autres soirs où je me concentrais un peu plus, et où je trouvais juste cela passionnant.



Cet essai est poignant, vraiment. C'est une claque, et il m'a fait me rendre compte de choses dont je n'avais même pas conscience. C'est incroyable.



Alors oui, c'est vrai, j'ai probablement un regard très différent, beaucoup moins mature, sur ce texte, que la plupart des personnes qui l'ont lu. L'ado de seize ans que je suis le reconnait haha. Néanmoins, je suis extrêmement heureuse d'avoir pu découvrir cette œuvre !



C'est un texte très riche avec de nombreuses références, et tellement puissant !



J'ai beaucoup aimé cette lecture. Cet ouvrage mérite son succès et il mérite d’être lu. Sincèrement.
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Chez soi

Dès que j'ai eu connaissance de cet essai je savais que je le lirai car je suis une casanière, j'aime être chez moi, dans mon nid et dès que je le quitte je me sens un peu orpheline, en manque et n'ai qu'une envie le retrouver surtout depuis que je vis dans une maison dans le bocage entourée de nature et où le silence n'est rompu que par le chant des oiseaux. J'en avais rêvée, je l'avais construite dans mon imaginaire et même si elle n'a pas tous les critères espérés, je me sens chez moi.



Difficile de résumer un essai mais j'ai trouvé que Mona Chollet abordait le thème du foyer de façon très complète, avec ses différentes ramifications, évoquant tout ce qui est lié au "Chez soi" que ce soit en tant que choix de vie (en solitaire ou pas), espace, lieu de vie (ville ou campagne), isolement ou pas, confort, fonctionnement (répartition des tâches ménagères et du couple, chambre commune ou pas), façon d'y vivre avec en autre l'apport des nouvelles technologies type internet, mais aussi l'architecture etc.... Elle y inclut quelques évocations sur sa propre façon de vivre, ses propres choix et déculpabilise les lecteurs des leurs car chacun cherche à trouver son lieu idéal, en accord avec sa vie, ses loisirs et ses aspirations personnelles. 



Je m'y suis retrouvée, je m'y suis sentie chez moi, j'ai souri parfois dans les descriptions ou cas évoqués , elle me rassurait également sur la validité de mes choix (même si je n'avais pas besoin de cela pour savoir que j'avais fait, pour moi, les bons choix) mais qui me font parfois me poser des questions surtout à travers le regard des autres. Il est truffé de références littéraires (en particulier H.D.Thoreau avec Walden mais également Virginia Woolf avec son essai Une chambre à soi (ou un lieu à soi suivant la traduction) cette dernière évoquant si bien l'importance du lieu de vie, mais aussi d'études et enquêtes scientifiques pour appuyer ses propos. Elle évoque également les nouveaux modes d'habitation (en particulier les tiny houses dont c'était le début : première édition en 2016) mais sans les changements, bien sûr, qu'a opéré dans nos comportements la récente crise sanitaire, confortant ou pas les choix de certains. En féministe affirmée qu'elle est, elle ne peut éviter de défendre la place de la femme au sein du foyer, son rôle primordial et toujours majoritaire au bon fonctionnement de celui-ci.



C'est une lecture passionnante et instructive pour qui s'intéresse à son lieu de vie, à son évolution avec des pistes sur les nouveaux comportements plus écologiques, plus communautaires ou intergénérationnels mais également source de réflexions sur ce que représente notre rapport à notre maison, à notre nid, à notre refuge et sur ce que cela révèle parfois de nous. Cela se lit grâce au ton presque comme un roman celui de la recherche, parfois ardue, de concilier lieu, prix, espace surtout quand le marché de l'immobilier s'enflamme, rend la quête impossible ou oblige à se contenter de ce qui entre dans les possibilités mais aussi comme l'histoire de nos quotidiens, de nos vies.



Je le recommande bien sûr à ceux qui aiment leur "chez soi" ou qui rêvent de le trouver, qu'ils en rêvent ou en ont le projet, celui qui correspondra exactement à leurs aspirations, à leur façon de vivre, n'ayant pas besoin d'être grand, ni beau mais seulement être le "nid" confortable auquel ils aspirent.



J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Sorcières

Ai parcouru cet essai sur les femmes dans les Sociétés et celles cataloguées de "sorcières" en particulier.



"La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable".



* Bien sûr, il y a eu celle de Blanche Neige de Walt Disney, avec ses cheveux gris filasse sous sa capuche noire, son nez crochu orné d'une verrue, son rictus imbécile découvrant une dent unique plantée dans sa mâchoire inférieure, ses sourcils épais au-dessus des ses yeux fous qui accentuaient encore son expressions maléfique".



Mais, même les sorcières inquiétantes, celle de Hansel et Gretel ou celle de la Rue Mouffetard, ou la Babayaga des contes russes, tapis dans son isba juchée sur des pattes de poulet, m'ont toujours inspiré plus d'excitation que de répulsion.



En 2016, le Musée Saint-Jean de Bruges a consacré une exposition aux "Sorcières de Bruegel", le maître flamand ayant été le premier peintre à s'emparer de ce thème.



Les grandes chasses aux sorcières furent faites à la Renaissance et non au Moyen Age comme on a tendance à le croire.



Les exécutions des "sorcières" ont été faites dans une grande majorité à la suite de condamnations dans des cours civiles ; et non, lors de l'Inquisition qui n'était préoccupée principalement que des hérétiques.



Bouquin très intéressant où la femme est bien souvent malmenée si elle n'entre pas dans le moule de la Société.



"Mais il peut y avoir une immense volupté - la volupté de l'audace, de l'insolence, de l'affirmation vitale, du défi à l'autorité - à laisser notre pensée et notre imagination suivre les chemins sur lesquels nous entraînent les chuchotements des sorcières.

A tenter de préciser l'image d'un monde qui assurerait le bien-être de l'humanité par un accord avec la nature, et non en remportant sur elle une victoire à la Pyrrhus ; d'un monde où la libre exultation de nos corps et de nos esprits ne serait plus assimilée à un sabbat infernal."



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Beauté fatale

Quel désenchantement, quel ennui et quel agacement j'ai eu à lire cet essai dont je me faisais pourtant une joie !



D'abord, la plume de l'auteure m'a semblé pompeuse et trempée dans le vinaigre, donc assez désagréable et puis surtout, son écriture ressemble à un long assemblage de citations (aux sources parfois fort discutables et qui bien souvent ne m'ont pas parlé, comme des blogueuses mode, des séries pour ados, type "gossip girl" ou bien encore des actrices inconnues au bataillon pour moi, dont Portia de Rossi qui revient longuement, tout comme le magazine "Elle" sempiternellement cité et manifestement honni de l'auteure).



Ensuite, Mona Chollet s'adresse à la femme française. Et donc, pardon, mais je ne coche qu'une case sur les deux, suis-je tout de même concernée ? Plus sérieusement, j'aurais aimé qu'elle ait le nez un peu moins dans le guidon ou le regard fixé un peu moins sur le nombril. Ah mais elle parle aussi de la femme américaine, pour systématiquement les opposer (et bien sûr jamais en faveur de cette dernière, va sans dire).



J'ai été très déconcertée aussi par certains manichéismes, amalgames et aigreurs. J'ai eu l'impression d'être prise pour une sotte car sans doute pas capable de faire preuve de discernement entre ce que nous rabâchent les magazines et la publicité. Et à ce sujet j'ai trouvé qu'elle mélangeait tout entre marketing, vedettariat (évidemment que les stars et les mannequins soignent leur image et nous vendent des produits !). Peu m'importe à moi qu'on tente de me vendre une crème anti-rides (qu'en bonne quadra je ne possède pas !), nous sommes tous soumis à la pression consumériste. A nous de faire le tri. Quant à la grossophobie, au jeunisme et au racisme de l'archétype de la beauté incarnée dans les médias qui l'ignorait ?



Mona Chollet nous parle aussi de dérives, dont les exemples sont tellement poussés à l'extrême qu'ils ne concernent qu'une toute petite minorité et qui, soit dénotent d'un manque de jugeote, soit relèvent d'un mal-être profond.



A certains moments j'ai trouvé que l'essai partait dans tous les sens (on en vient à parler de DSK et Polanski, je veux bien mais alors pourquoi pas aussi l'excision, le voile, la lapidation pour adultère ?).



Bref, soit que les arguments ne m'ont pas convaincue, soit que j'ai trouvé que l'auteure enfonçait des portes ouvertes, je n'ai pas eu le sentiment de réfléchir et d'être éclairée en la lisant.



J'envisageais de lire "Sorcières", mais s'il fait preuve de la même acuité j'ai peur de ne pas être intéressée finalement. Et puis l'auteure ne surfe-t-elle pas sur le marketing (du féminisme ici en occurrence) qu'elle dénonce elle-même ?



Je sais que mon avis va à contre-courant de l'avis général sur ce livre et même cette auteure. Nous lisons, ne l'oublions pas, avec notre subjectivité et notre sensibilité et ce n'est ici que mon ressenti et ma propre réflexion.











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Réinventer l'amour

C'est fait, j'ai lu le dernier Mona Chollet. Contrairement aux autres ouvrages de l'auteure, je l'ai découvert dans sa version audio.



Le sous-titre parle de lui-même : «comment le patriarcat sabote les relations sexuelles». Ça peut sembler radical mais ça prend tout son sens à la lecture de l'ouvrage.



En effet, l'épanouissement des femmes dans les relations hétérosexuelles semble difficile à atteindre dans le schéma classique de cohabitation amoureuse. La domination masculine s'impose dans toutes les sphères sociales, économiques et culturelles et ses représentations romantiques nous sont données à voir dans la pub, le cinéma et la littérature. Pas étonnant qu'elle soit ancrée jusque dans nos structures mentales. Nous nous conformons à notre genre souvent sans même nous en rendre compte.



En effet, la femme doit être plus petite, ne pas prendre trop de place, ne pas être trop brillante, ni trop ambitieuse. En fait, c'est parfait quand elle reste au foyer... En revanche, l'homme doit être fort, gagner plus, ne pas montrer ses sentiments, rire et parler fort, s'imposer. Ce que l'on appelle la virilité et qui peut devenir extrêmement toxique, notamment dans le cadre des violences conjugales. Mona Chollet leur dédie un triste chapitre exposant les violences faites aux femmes exercées par les hommes. Rien ne justifie les coups, ni les insultes, ni l'alcool, ni une «âme tourmentée», ni le génie. Elle se penche sur une analyse du traitement médiatique du cas Marie Trintignan - Bertrand Cantat. Édifiant.



Elle met à jour un concept que je découvre ici, le travail émotionnel, la plupart du temps réalisé par les femmes, qui est le fait de prendre soin de la relation, d'échanger et d'entretenir le lien et l'amour. Et qui vient s'ajouter à la charge mentale.



Le reste de l'essai traite de l'érotisation du corps des femmes et comment dans les représentations elles sont souvent infériorisées, reléguées au stade d'objet, que ce soit dans le porno ou dans la littérature érotique.



Bien sûr, on peut tenter d'en sortir en développant d'autres manières d'aimer et de faire couple, comme par exemple l'union libre ou la non-cohabitation, qui permet d'avoir plus de temps à soi, de moins faire le ménage et d'être plus indépendante.



Comme toujours, Mona Chollet fait un travail remarquable de recherche, c'est intelligent et pertinent. Elle étaye sa réflexion d'expériences personnelles, apportant un touche de sympathie et de la subjectivité à l'ensemble. C'est une bible, un ouvrage féministe de référence.



Elle se taxe elle-même de «féministe poule mouillée» et j'aimerais qu'elle s'affirme un peu plus. Les faits sont là et avec de tels arguments, elle peut se permettre de taper un peu du poing sur la table. Mais pas trop, ça ferait trop mec !



Je précise qu'entre temps j'ai lu «king kong théorie», un concentré de colère, tout aussi intéressant !







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Beauté fatale

Troisième lecture de Mona Chollet après Sorcières et Réinventer l’amour. Autant j’ai été emballée par les deux autres essais, autant je termine ce livre avec un sentiment mitigé.



Cette fois, l’auteure se penche sur les diktats de la mode, de l’industrie du luxe en général et du cinéma : Mince, jeune, belle et blanche tu seras, sinon point de salut !



Sont abordés les problèmes d’anorexie, de sexisme dans les milieux concernés, de réduction de la femme à un objet, de surconsommation de produits de beauté ou de mode etc…Le principe est toujours le même, Mona Chollet émaille ses réflexions par des références à des auteurs féministes ou des faits divers, des films ; etc.

J’avoue que cette fois je me suis souvent ennuyée du fait de beaucoup de répétitions et d’un sujet qui tourne un peu en boucle.



Contrairement à ses deux autres essais, il m’a semblé également que le ton était plus aigre et l’auteure semble régler des comptes avec le magazine Elle ou le couturier Lagerfeld, à juste titre car ce sont des caricatures mais j’attendais plus de cette lecture. Elle enfonce souvent « des portes ouvertes » : les mannequins femmes objets, les ados anorexiques, la surconsommation voulue par les grandes marques du luxe. On le sait tout cela et j’attendais un plus que je n’ai pas trouvé alors que je l’avais trouvé dans ses autres essais. Moins fin, plus ennuyeux donc une petite déception pour moi.

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Sorcières

Non, non, ce livre ne parlera pas des filles qui ont étudié à l’école de magie de Poudlard. Parce qu'elles, ce sont de vraies sorcières…



Non, plus terre à terre, Mona Cholet va nous parler de ces femmes accusées d’être des sorcières et qui n’en était pas.



Une vraie sorcière, telle que Minerva McGonagall, ne se serait jamais laissée brûler sur un bûcher ! Elle aurait changé tous ces juges laïcs en lombrics rampants. Na !



Le problème, c’est que les sociétés n’ont jamais aimé que des gens vivent différemment des autres, en marge de leurs règles. Et nous ne parlons pas des sociétés du Moyen-Âge, mais de celles de la Renaissance ! Comme quoi…



Quand des femmes, veuves ou célibataires, indépendantes, avec du savoir médical, avaient décidé de vivre sans être sous la coupe d’un père, d’un mari ou d’un fils, ça faisait grincer des dents et on finissait toujours par crier haro sur le baudet et à intenter des procès à ces pauvres femmes qui avaient voulu, ô les folles, vivre de manière indépendante !



À croire que nous foutons vraiment la trouille aux mecs lorsque nous refusons d’être des petites choses fragiles, des femmes à protéger, que nous parlons d’indépendance, de vivre sans compagnon, de faire des bébés toutes seules (♫) ou pire, quand on se rebelle ou qu’on se dresse devant le mec qui voulait nous agresser, sans peur dans nos yeux, mais avec la flamme qui dit "Viens, approche mon gars et tu vas voir ce que tu vas prendre dans ta gueule"…



Cette étude ne sera pas consacrée qu’aux chasses aux sorcières, aux femmes indépendantes, veuves, impertinentes… Mais l’autrice abordera aussi une bonne partie des problèmes rencontrés par les femmes dans le Monde et au fil du Temps.



Bizarrement, nous sommes souvent réduites à notre utérus et à notre condition de femme. Trump a attaqué Hillary sur sa condition de femme, se gaussant d’elle lorsqu’elle devait aller aux toilettes (Trump ne doit jamais pisser ou chier, lui !)…



Encore de nos jours, certains hommes ont souvent tendance à nous proposer, avec cynisme, de retourner à nos casseroles et à nos gosses. Et surtout, de nous occuper de notre mari ! Oui, la femme n’est bonne qu’au ménage, à s’occuper des autres (et de son mari) et à pondre.



Parce que la femme, pour être épanouie, doit faire des gosses ! Seule la maternité en fera une vraie femme et gare à elle si un jour elle ose dire à voix haute qu’elle regrette d’avoir eu des enfants, que ça lui a gâché sa vie. Tout le monde lui tombera sur le râble.



Idem avec les femmes qui veulent vivre seules, indépendantes, sans homme, sans enfants… Nous sommes en 2021 et c’est toujours mal vu. Il faut s’en justifier sans arrêt et tout le monde vous dira qu’un jour, vous le regretterez de ne pas vous être mariée ou d’avoir refusé d’avoir des enfants.



Moi, je suis pour être une tata, pas une maman. Je suis une super tata (je me jette des fleurs) et j’en ai ma claque aussi de devoir me justifier parce que n’ai rien voulu faire grandir dans mon utérus. M’envoyer en l’air, oui, prendre du plaisir, oui. Pour les gosses, je laisse ça aux autres. Ça en défrise toujours certaines ou certains…



Pour conclure (dans le foin), cette étude qui nous parle de la place des femmes dans la société, du féminisme, de nos droits obtenus de haute lutte (une dure lutte), du fait que certains ne veulent pas partager le pouvoir avec la moitié de l’humanité, que certaines femmes, elles-mêmes, préfèrent rester dans le rang, ne se lit pas d’une seule traite.



Les sujets sont vastes, denses et il vaut mieux être au calme pour en apprécier toutes les informations données. C’est 230 pages d’un condensé qui ne se boit pas d’un coup, tant on a envie aussi de grimper au mur devant toutes les injustices dont nous furent les victimes, nous les femmes. Et dont nous sommes toujours victimes !



Le plafond de verre est toujours sur nos têtes et nos droits, chèrement acquis, peuvent disparaître du jour au lendemain, sans que nous nous en rendions compte.



Gare à nous, les sorcières des temps modernes, qui refusons le maquillage, la teinture pour nos cheveux et qui, lorsque nous vieillissons, ne bénéficions pas de la sagesse que les mecs acquièrent, eux, avec les cheveux gris !



Putain, on s’est quand même bien fait baiser durant tout ce temps ! Parce que même sans être une petite chose fragile, même sans vivre avec un homme castrateur, même en possédant une grande liberté d’action, même en ayant fait mes propres choix, on s’en prendra tout de même plein la gueule du fait de notre sexe féminin.



Une étude sociologique à lire et à faire découvrir.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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