Citations de Natalie David-Weill (36)
L'animateur me regarda avec attention quand il me demanda quels étaient mes trois auteurs favoris.Sans réfléchir, j'annonçai : Gustave Flaubert, Philip Roth et Haruki Murakami.Il se mit à rire comme si ma réponse le rendait heureux.Il m'avoua qu'il aimait découvrir les goûts littéraires des autres, estimant que cela les définissait mieux que
n' importe quelle question qu'on pouvait leur poser.
( p.71)
Je songeais aux écrivains ratés représentés dans les romans.(...)
" Exit le fantôme " de Philippe Roth met en scène Lonoff, bloqué dans son écriture pendant les cinq dernières années de sa vie. Faut-il réellement être malheureux, solitaire et enfermé pour écrire ?
( p.128)
Je me souviens du début d' " Anna Karénine"," Toutes les familles heureuses de ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon ", qui annonce la complexité de la vie chez les Karénine.
Enfermée dans ma chambre de jeune fille, je m'étais plongée à corps perdu dans ce roman. Ma mère s'était inquiétée, je n'étais pas sortie pendant plusieurs jours, je devais avoir treize ou quatorze ans et j'avais été envoûtée par la passion qu'éprouvait Anna.Avec elle, j'étais tombée amoureuse de Vronski et j'avais été bouleversée qu'elle se jetât sous un train.Ce livre avait suscité mon désir de me calfeutrer dans la fiction (...)
Je me demandais si le fait d'écrire sur un écran ou sur une feuille de papier changeait quelque chose à la manière dont on pensait.
- Est-ce que la littérature permet de s'emparer de la vie des autres ? demanda Stéphane. Serge Doubrovski, celui qui a inventé le terme " autofiction ", ce genre qui mêle l'autobiographie et la fiction, se prend pour modèle mais ne peut s'empêcher d'évoquer ses proches, et c'est là que les conflits surviennent .
( p.149)
Ian McEvan était un de mes auteurs favoris.Il parvenait à me faire vibrer avec une description de la pluie contre les vitres dans la lumière déclinante du jour.C 'est ainsi que commence " L'intérêt de l'enfant" pour souligner la séparation d'un couple après trente-cinq ans de mariage.
( p.166)
Les goûts disent de nous qui on est, c'est probablement pour cela qu'on y attache tant d'importance.Mais ce qui me fascinait le plus dans l'exercice de l'énumération, c'était le pouvoir des mot, leur juxtaposition.
Je me lançai : je n'aime pas le bruit de la craie sur un tableau noir, les factures, les choux de Bruxelles, les files d'attente, Bartok, les géraniums, les cris, la pipe, les gens qui fument la pipe, ceux qui se plaignent, les disputes, les certitudes, l'ail, la foule, le sifflement, l'apparition du printemps lorsque tout le monde se réjouit...
( p.54)
J'enfonçai le clou en rappelant que, comme le disait si bien Marcel Proust, les seuls vrais amis sont les livres.
- Merci, Esther! dit Stéphane. Superbe transition, car cela me permet de lire un extrait de " Sur la lecture" (...)
C'est un texte formidable !Lumineux ! Jugez par vous-même .
Il fouilla dans le classeur devant lui où il avait noté des citations et lut : " Sans doute, l'amitié, l'amitié qui a égard aux individus, est une chose frivole, et la lecture est une amitié. Mais du moins c'est une amitié sincère et le fait qu'elle s'adresse à un mort, à un absent, lui donne quelque chose de désintéressé, de presque touchant." Mais le passage que je préfère, le voilà, énonça Stéphane avec enthousiasme: " Avec les livres, pas d'amabilité. Ces amis- là, si nous passons la soirée avec eux, c'est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent qu'à regret.(...)"
( p.236)
2e atelier
Une amitié inconditionnelle
" La littérature a ceci de particulier qu'elle dialogue continuellement avec sa propre impossibilité."
Yannick Haenel, " Diane et Actéon"
La valorisation des histoires vraies m'horripilait. Je ne sais pas vraiment dater quand était apparu " d'après une histoire vraie" au cinéma, sans parler de la prolifération de l'autofiction en Littérature. Je m'en désolais, j'aimais la transformation du réel, l'imagination qui rendait la vie plus intense, qui ajoutait d'autres dimensions à la réalité .
( p.243)
En exergue du 3ème atelier
" Il y a trois règles à respecter pour un roman .Malheureusement, personne ne les connaît "
Somerset Maugham
( p.121)
Typique de Stéphane d’utiliser la littérature pour parler de l’existence. Cela lui permettait d’être authentique sans être familier. (p. 102)
Je lui offrais une citation de Lola Lafon: " Pourquoi préférer la solitude de l' écriture, pourquoi consacrer tellement de temps à des vies irréelles mais vraies, à des créatures ni mortes ni vivantes ?"
Stéphane venait , lui aussi,de lire " Quand tu écouteras cette chanson."
Il avait été ému par le récit de sa nuit dans la fameuse Annexe, au musée d'Anne Frank à Amsterdam.Il avait retenu une autre phrase:
- "Écrire n'est pas tout à fait un choix: c'est un aveu d'impuissance.On écrit parce qu'on ne sait pas par quel autre biais attraper le réel. "
( p.182)
Stéphane évoqua l'espace littéraire cher à Blanchot, cet espace plus grand que la pièce d'où s'élanceraient d'autres univers.J'étais sensible à ce que Blanchot disait de la " solitude essentielle ".Il évoquait les pouvoirs de la langue, la puissance du silence, le temps distendu où la matière de la vie prend de l'épaisseur.
( p.37)
(p.119-120)
Puis elle se tourna vers Rebecca et lui parla comme si les autres n'existaient pas.
- Vous avez très bien fait de choisir un job pour votre fils. On ne sait jamais ce qu'ils vont inventer.
- Je suis parfaitement d'accord avec vous, dit Mina. Rebecca n'a sans doute pas été assez autoritaire.
- J'aurais tant souhaité qu'il soit heureux, dit Rebecca.
- Vous voyez ? C'était son bonheur qui vous importait, pas sa profession.
- Évidemment.
Il n’arrête jamais, il recommence, reprend, ne lâche rien. Son conseil : ne jamais regarder en arrière mais avancer et passer à autre chose. « Un échec n’est jamais une mauvaise expérience, c’est juste une courbe d’apprentissage. » N’est-ce pas là le secret de la réussite ? Ne jamais perdre confiance en soi, tenter toutes les expériences sans jugement parce qu’il s’agit d’un jeu, ne pas considérer l’échec comme une fin, mais comme un épisode ?
Personne ne lit le même livre puisqu'il l'interprète avec sa propre sensibilité.
Fiche
Les questions essentielles.
QUI ? (...)
QUOI ? (...)
OÙ ? (...)
QUAND ? (...)
COMMENT ? (...)
POURQUOI ? (...)
Je n'avais pas écrit une ligne qui en vaille la peine. Je retrouvais à cet instant ma frustration insupportable devant la page blanche. Pourtant j'avais noirci des dizaines de carnets. Je regrettai ceux de mon adolescence car j'aurais aimé retrouver ce que je pensais entre 13 et 18ans. On croit s'en souvenir mais on reconstitue les fautes avec l'expérience acquise ensuite.
C'est incroyable le nombre de livres cachés dans les rayonnages dont elle ne soupçonnait pas l'existence!