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Critiques de Nathalie Azoulai (264)
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Python

Loin de la langue littéraire, une nouvelle élite réécrit le monde en différents langages, informatiques ceux-là, qui ne supportent pas non plus le moindre écart de virgule, mais, contrairement à elle, impactent désormais si bien le quotidien du monde que rien ne semblerait pouvoir encore fonctionner sans eux. Interpellée par cette puissance nouvelle en complet contraste avec la déshérence littéraire moderne – bientôt seules les vieilles dames liront des livres, écrivait récemment Luc Chomarat –, l’auteur est partie à la rencontre de l’univers du code, dans une enquête en territoire inconnu qui, paradoxalement, va la ramener au roman.





Décidée, à cause de son nom et parce qu’il est réputé abordable, à apprendre à coder en langage Python, la narratrice quinquagénaire, alter ego de l’auteur, se cherche des professeurs dans le monde très jeune et masculin des geeks, dos voûtés et capuches rabattues sur le mystère de leurs claviers. Mais, malgré ses efforts pour cadrer son esprit dans la logique binaire de la condition et de la négation censée transcrire en numérique tous les champs possibles du réel, cette apprentie codeuse décalée ne fait que de piètres progrès dans la maîtrise du code. De façon inattendue, ses rendez-vous avec ces jeunes gens bien décidés à impacter le futur la renvoient en fait vers le passé et le souvenir d’une autre attraction contrariée, vécue au temps de sa jeunesse auprès d’un homme qui préférait les hommes.





C’est ainsi que, partie explorer de nouveaux territoires langagiers dénués d’émotion et de poésie, l’auteur frappée par la rigueur extrême de la grammaire du code en même temps que replongée dans ses réminiscences au contact de la jeunesse, voit son récit bifurquer vers l’intimité de l’introspection et de la libido. Possiblement déconcerté, voire un tantinet frustré, par ce changement de pied inattendu, opéré sans préméditation, qui le propulse soudain dans un registre très personnel et bien peu connecté au sujet initial, le lecteur aura pour consolation l’intelligence de réflexions enrichies par cette confrontation ouverte et curieuse à la codification numérique du monde et aux impacts possibles de l’intelligence artificielle sur le langage et l’écriture au sens large.

Entre le monde construit par « le langage informatique, sa précision, sa clarté univoque » et celui, pluriel, « de la littérature qui ne tranche pas », pourquoi ne faudrait-il voir qu’opposition et obligation de choisir ? Ce roman se fait la preuve que le second peut se nourrir du premier, que la poésie peut fleurir partout et que la littérature se doit de se nourrir de la multiplicité des angles et des points de vue.





Indéniablement intelligente et talentueuse, la plume de Nathalie Azoulai suffira-t-elle à convaincre de la complémentarité entre la complexité humaine et l’efficacité de la machine en matière de littérature et d’écriture ? Il faudra pour cela au lecteur beaucoup de souplesse pour l’accompagner sans broncher dans la construction d’un récit faisant si bien le grand écart entre deux sujets - l'un intime, l'autre général - d’intérêt quand même très inégal.


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La fille parfaite

Deux grandes amies, lycéennes brillantissimes, Rachel Deville et Adèle Prinker, prennent des voies opposées : la première fait des études de lettres et la seconde de mathématiques. Cette orientation est en grande partie déterminée par leurs familles, les Deville étant une dynastie de grands bourgeois littéraires et les seconds, d’extraction plus modeste, ne jurant que par la science. Nous allons suivre leur parcours à la fois professionnel et d’amitié, celle-ci connaissant des moments de « fusion » et aussi de longs moments de silence complet. ● Je crois que je n’ai absolument pas compris où Nathalie Azoulai voulait nous emmener : à déterminer qui des deux en compétition est cette « fille parfaite » ? A faire l’histoire d’une amitié en dents de scie ? A s’interroger sur le suicide ? Sur la prédominance de la science dans le monde contemporain ? Sur la perfection qui n’est pas de ce monde ? Tout cela à la fois ? ● Je n’avais déjà pas aimé son roman le plus connu, Titus n’aimait pas Bérénice, prix Médicis 2015, j’ai voulu récidiver avec celui-ci dont la thématique, une amitié entre deux jeunes filles opposées, me paraissait à première vue intéressante. ● Mais Nathalie Azoulai a une façon d’opposer les sciences et les lettres qui sonne très années quatre-vingt ; il me semble qu’aujourd’hui on a dépassé ce genre d’oppositions stériles sur lesquelles on pouvait à l’époque demander aux lycéens de disserter. ● Du coup, la chronique analytique de cette amitié m’a semblé vaine, creuse et lourde, et surtout très ennuyeuse. ● L’alternance aujourd’hui (Adèle Prinker s’est pendue à 46 ans – je ne divulgâche rien, c’est dans les toutes premières pages) et hier (la vie des deux étudiantes) ne suffit pas à dynamiser un récit d’une grande platitude, dans lequel des analyses spécieuses succèdent à la narration de micro-événements sans aucun intérêt. ● Je ne me suis attaché à aucun des personnages, les familles Deville et Prinker réussissent l’exploit d’apparaître à la fois caricaturales et superficiellement caractérisées. ● On peut cependant sauver le style, et quelques moments de grâce : « On ne se pend pas sans penser à l’image qu’on va produire, la stupeur, le face à face des deux corps à la verticale, le vivant et le mort, l’effet du poids qui pend, l’effroi pantois du premier témoin, la misère crue de la dépouille. » ● « [Q]uand je lis de la philosophie, j’ai l’impression de mâcher du vide. » ● « J’adorais Darwin, je trouvais qu’il expliquait notre existence mieux que tous les romans du monde. Mais les littéraires n’aiment pas Darwin et n’aiment pas qu’on aime Darwin, ils trouvent que c’est une vision du monde qui manque de douceur et de vertu. » ● Ou encore : « Le problème, c’est que je me méfiais de mes nouveaux pairs, les écrivains. Leur sentiment d’importance, leurs poses, leurs pétitions et leurs cascades de vertu m’incommodaient et me rappelaient le salon de ma mère. Plus je les côtoyais, plus je remarquais qu’ils inventaient toutes sortes de mythes et de figures pour pourfendre, incriminer, s’indigner, sans la moindre connaissance ni en économie, ni en géopolitique, ni en rien de ce qui faisait réellement tourner le monde. Au réel, ils préféraient leurs cosmogonies où des dieux vils et sanguinaires se déchaînaient invariablement contre des peuples sans ressources. Ça leur donnait une position, une chaire depuis laquelle juger, pérorer, proclamer l’existence du Bien et, par la même occasion, la leur. »
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Titus n'aimait pas Bérénice

Je vous la fais courte (c'est, finalement, pour agréer la demande de Krout, cf. sa critique, de plus cette oeuvre a déjà été superbement commentée).



C'est l'histoire d'une meuf, la narratrice, emplie de ressentiment à l'endroit d'un homme qui n'a pas, au cours des deux années de leur histoire, su convoquer le courage d'abandonner son contexte familial pour aller au bout d'une logique affective.

C'est une histoire répétée chaque nuit dans le poste, chez Caroline Dublanche sur RTL, lorsque la culpabilité fait faire plus de choses que l'amour, de ces choses indécises et d'entre-deux que l'on rencontre aussi dans le théâtre d'Anouilh, les histoires de Marguerite Duras et qui conduisent l'homme irrésolu à attraper la maladie de l'amour ou plutôt celle de la mort. (Titus non plus ne survivra pas longtemps à son renoncement - et pas davantage l'homme irrésolu -). Elia Kazan (l'Arrangement), Moravia (le Mépris) ont aussi implacablement écrit sur la lâcheté des mâles qui, au bout de l'attente n'induit plus précisément que le mépris de l'autre, avant l'affreuse indifférence.

Il y a du Titus dans chaque homme et forcément des Bérénice qui, à bout de bras, portent un amour plein d'atermoiements et qui un jour, sur le chemin de leur Palestine, de lutte lasses, par-dessus le parapet d'un pont (c'est un rêve récurrent chez elles) jettent ce fardeau sentimental.



L'idée magistrale de l'auteure est d'élaborer un parallélisme entre la renonciation d'état et une résignation domestique.

Pour éloigner le chagrin, la haine parfois, d'aucunes font du macramé, écrivent sur des réseaux sociaux ou appellent Caroline Dublanche ; la narratrice, invitée par Bérénice, s'investit dans la vie et l'oeuvre de Racine, qu'intimement, toujours elle nomme Jean. Comme disent de leurs mets les cuisiniers , elle raconte une histoire et revisite la vie de Racine à Port-Royal, Paris, Versailles près du roi. C'est sa thérapie.

Et c'est un beau travail d'écriture, classique, original, richement documenté.



"Selon les jours, le roi lui pose une question de latin ou de vocabulaire, lui demande une lecture, surtout, lorsque, souffrant, il ne quitte pas son lit. [...] cette promiscuité ne ternit rien, au contraire. L'admiration qu'on a pour les idoles, loin de retomber quand on les voit déglutir ou cracher, ne fait que s'emporter d'avantage et les élever plus haut, comme si elle relevaient de deux règnes différents, puisaient à deux métaphysiques, celles des hommes et celle des dieux, augmentaient leur mérite par cette ambivalence extraordinaire."



Et puis, cette ultime confidence de la narratrice :

"Que Titus n'a jamais aimé Bérénice ou qu'il l'a aimée, que vouloir comprendre ce qu'on appelle l'amour, c'est vouloir attraper le vent. Au jeu de la marguerite, on pourrait arracher n'importe lequel des pétales, à la folie, passionnément, pas du tout. [..]

On dit qu'il faut un an pour se remettre d'un chagrin d'amour. On dit aussi des tas de choses dont la banalité finit par émousser la vérité."



Tout de même, Madame,



Une année dites-vous, c'est là bien peu de temps

Pour que de ces transports fuie le ressentiment.



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Titus n'aimait pas Bérénice

Racine, maître es tragédie, grand ordonnateur des passions amoureuses contrariées, l'auteur de Phèdre, Andromaque, Bérénice peut-il aider à guérir d'un chagrin d'amour ? C'est en tout cas le chemin qu'emprunte l'héroïne et narratrice de ce roman qui séduit autant par sa langue, belle, riche, mélodieuse que par son originalité et donne envie de se replonger dans les œuvres de Racine.



Quoi de plus actuel qu'une Bérénice quittée par Titus parce qu'il ne veut pas se séparer de Roma, sa femme qu'il n'aime plus assure-t-il à Bérénice mais qui est la mère de ses enfants ? Situation banale, mille fois croisée. Qui laisse pourtant notre Bérénice contemporaine totalement détruite. Jusqu'à ce qu'un simple vers s'insinue dans son esprit, la titille et la pousse à relire les tragédies de Racine. "Elle trouve toujours un vers qui épouse le contour de ses humeurs, la colère, la déréliction, la catatonie...Racine, c'est le supermarché du chagrin d'amour, lance-t-elle pour contrebalancer le sérieux que ses citations provoquent quand elle les jette dans la conversation." Pour comprendre son chagrin et se donner une chance de le dompter, elle part sur les traces de Racine, tente de comprendre comment cet homme en est arrivé à si bien disséquer et traduire la passion amoureuse. Pour si bien le dire, faut-il l'avoir vécu ?



Même s'il s'agit de revisiter la vie et le cheminement de Racine, nous ne sommes pas dans une quelconque biographie mais bien dans un roman dont le dramaturge est le héros. Ce que cherche à savoir Bérénice c'est ce que l'homme a pu éprouver, quelles émotions l'ont assailli, quels drames l'ont forgé, quelles frustrations l'ont poussé. Rien dans son enfance ni son éducation ne le destinait au théâtre. Au contraire. A Port-Royal où il est pensionnaire sous l'autorité d'une tante après le décès prématuré de ses parents, on ne connaît d'amour que celui de Dieu. C'est dans l'étude des textes grecs et latins qu'il puise son inspiration mais c'est en cachette qu'il se nourrit de textes "subversifs" évoquant des passions entre les individus, des émotions dont il est interdit de faire état dans l'enceinte de l'établissement. Seule la tragédie l'inspire, et l'amour de la langue, sa volonté de simplifier pour la rendre plus limpide.



"Il n'a qu'une ambition, celle de composer des vers qui plaisent et qui restent. A l'idée de naissance ou de providence, il doit résolument substituer celle de carrière. Le verbe plaire entre dans son vocabulaire".



Son parcours sera flamboyant, favorisé par Louis XIV (d'un an son aîné seulement) et son goût pour les Arts, à une époque où il côtoie Boileau, La Fontaine, Corneille, Molière et Lulli, tous au service du rayonnement du Roi Soleil. C'est un Racine courtisan et habile que découvre Bérénice, un séducteur qui rattrape largement le temps perdu de son adolescence dans les bras des actrices suspendues aux rôles qu'il crée pour elles. Un Racine totalement subjugué par son Roi au point d'abandonner le théâtre pour se consacrer à son histoire. Mais un Racine tiraillé entre deux influences, celle rigide de l'Abbaye de Port-Royal et celle du théâtre qui lui offre un terrain d'expression autant que la reconnaissance. Un homme qui néanmoins ne boude aucune émotion, les vit à fleur de peau ou bien cherche à les étudier, à mieux comprendre les ressorts de la passion en obtenant le témoignage de femmes qu'il utilisera ensuite pour forger ses personnages. Et sublimer leurs sentiments.



Pour Bérénice, revenir aux sources c'est aussi retomber sur terre. Faire le tri entre fantasmes et réalité. Entre le théâtre et la vie. Comprendre que si Titus l'a quittée, c'est qu'il ne l'aimait pas. Tout simplement.



Ce roman est un vrai cadeau qui fait chanter le texte aux oreilles du lecteur, servi par une belle érudition et un propos limpide. Il propose une réflexion salutaire sur les illusions de la passion et ses effets secondaires. Incitant pourtant à s'y laisser prendre plutôt qu'à s'en méfier. Quitte à relire Racine pour s'en guérir.
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Titus n'aimait pas Bérénice

J'aime un alexandrin, posé, calme et serein

Pour les tourments d'un coeur, alarmé, incertain

Oui mais, j'aime mieux

Sous mon ciel pluvieux

La musique de l'impair

Et la liberté des vers.

Entendez cependant que les monuments je les aime fonctionnels. Je n'ai point propension à vénérer les illustres morts. Ni adulation. Ni vouloir de les singer. Ni admiration pour ceux qui s'y essayent.



Je retrouve ici tout ce qui m'a longtemps écarté des biographies. Ces défauts patents que l'on me présente comme autant de qualités. Cet aveuglement que l'auteur veut à toute force partager par de longues et pompeuses incantations. Ces rodomontades à l'envi pour se faire remarquer, dit platement : ces phrases pleines de mots et vides de sens. Tout cela me laisse froid, sans le moindre frisson. Huitres : les plus creuses sont les plus baveuses; phrases en longueur sans saveur : idem.



Ils sont bien cruels, zébrant cette étale prose nous peignant Racine jeune ou vieux d'un seul aplat si pâle, ces quelques emprunts érudits. Et bien trop peu nombreux pour illuminer cet épais brouillard qui m'engourdi. Comme il me semble vain et vaniteux ce récit d'une groupie nécrophile dont j'entrevois le fantasme "Et quand, un moment plus tard, il la pénètre, l'énergie qu'il met dans le mouvement de ses hanches vient confirmer que le chasseur n'est plus la proie." Et ce Jean abusif revenant sans cesse m'est de plus en plus insupportable. Vingt fois j'ai manqué laisser là cet ouvrage, vingt fois un sursaut mortifère me fit continuer. Je prends Racine et son amour des arbres qui n'écrivent ni ne s'agitent et qui ne s'abaissent à d'avillissants ronds de jambes, la tragédie c'est d'aimer ce qu'on n'est pas, madame.



Et pourtant le début ... "Titus mange goulûment. Il a une faim proportionnelle à l'énergie que lui demande ce moment. Bérénice ne touche pas à son plat. Elle reste immobile, le regard fixé sur son assiette. Puis elle pleure." Déjà monte en moi une ancienne houle, irrépressible, du plus profond de mes entrailles, que j'avais de longtemps enfouie et les moiteurs de mon front blême qui saura les rafraîchir ? Déjà mon cœur accablé. Déjà ... J'avais rêvé une autre suite :

Elle pleure, se lève, disparaît dans la nuit ...



Deux étoiles pour ce livre, c'est un cadeau, je voudrais mettre plus, je devrais mettre moins. "Titus n'aimait pas Bérénice" et moi de ne l'aimer point.
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Titus n'aimait pas Bérénice

J’ai adoré ce bain dans ce flot tumultueux de mots, de phrases magnifiques. Quelle écriture sublime ! Quelle passion distillée au cours de ces pages ! Jamais Racine ne m’aura autant subjuguée qu’à travers les mots de Nathalie Azoulai. Les descriptions sont tellement vivantes qu’on a l’impression que le tableau proposé se met à respirer, à vibrer. Il prend corps !



Car voici ici sous couvert d’une rupture dans un couple, une biographie de Racine, orphelin éduqué à l’abbaye de Port-Royal, connaissant son grec et son latin, jouant sur les mots et avec eux. Car oui Racine est le biographe de la rupture, de l’amour impossible entre A qui aime B qui aime C.

Je ne connaissais pas grand chose de la vie de cet auteur, sinon ces tragédies étudiées en classe. Et quel régal ici de découvrir enfin sa vie, de le voir évoluer, hésiter, se questionner, de s’approcher petit à petit du roi Soleil pour enfin être consacré auteur favori puis historien. Quel parcours !



« À vingt kilomètres du château de Versailles se trouve un vallon. Cent marches y creusent le sol jusqu’en son point le plus bas, l’abbaye de Port-Royal. Sur les contreforts, autrefois, une grange, une ferme, quelques boules de buis, un verger, des arbres immenses. Au plus grand faste français de tous les temps, le vallon oppose son calme, son dénuement, un sentiment de réclusion aussi salutaire que celui d’un refuge. Elle émet une hypothèse : toute la vie de Racine se tient dans l’écartèlement que provoquent en lui ces deux lieux. »

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Les spectateurs

Peut- être suis - je la seule ?

Impossible de suivre ce roman.

Pas de dates, ni prénoms, ni situation pour se repérer, seule la conférence de presse du Général de Gaulle pour s'orienter , car toute la famille la regarde, inquiéte ou passive, en direct, en 1967., le 27 novembre, à 15 heures .........

Le fils , dont nous ne saurons jamais le prénom , treize ans , comprend qu'on peut quitter son pays natal , lequel ? Égypte ? Un pays d'orient sans doute,........sa langue, sa culture , sa maison.

On devine que ses parents ont été chassés de chez eux quelques années plus tôt.

À toutes ses questions , personne ne répond vraiment .

Il a une petite soeur handicapée de la hanche ,12 ans les séparent ...... un ami Pepito dont la mère Maria, couturière douée crée des modèles inspirés du cinéma de Hollywood, Rita Hayworth, la MGM ...Olivia de Havilland, Marlene-Dietrich , .Kim Novak, ..et beaucoup de références ........pour sa mère : dont on n'en peut plus d'entendre parler des magazines des années 4O qu'elle a conservés et de satin , de brocart , de tulle, de velours, de la robe des rêves de la mère, et encore de fourreau rouge ......les robes blanches, les robes bleues , les fronces , les volants , les ceintures ......... Trop de description des tenues de la mère tuent la description..........

La référence constante aux films hollywoodiens lasse et l'on ne sait toujours pas où l'on va .........il est très rare que je me montre négative mais là , avec la meilleure volonté pour comprendre je suis restée "spectatrice" , coincée dans mon train , à l'aller et retour à tenter de décrypter........

Peut- être , était - ce le but ? Après tout ........

Dommage !

Je ne connais pas l'auteur !
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Titus n'aimait pas Bérénice

Une amoureuse plantée là par son amant qui préfère sa femme légitime, avouez que l’on a fait plus original, oui je le concède mais dès que vous les appelez Titus et Bérénice tout change.



Inconsolable notre Bérénice trouve un peu d’apaisement et de consolation dans la lecture à voix haute des pièces de Racine et fait revivre pour nous un Jean Racine lui aussi très partagé entre religion et théâtre, entre la rigueur de Port-Royal et le faste de Versailles.

On découvre un Racine qui cherche ses mots, qui s’initie à la versification, qui découvre la souffrance amoureuse et qui saura nous l’offrir avec Bérénice.



C’est un livre ambitieux et chatoyant, l’auteur nous dit que les mots d’aujourd’hui ne suffisent pas à apaiser la douleur et que son héroïne finit par la trouver très loin dans le temps. Son portrait de Racine est riche et il est fait avec brio même si sont gommés les travers du grand homme qui laissa à leur triste sort ses amis jansénistes pour s’approcher au plus près du Soleil royal et en retirer bien des avantages.



J’ai aimé ce roman et ce rapprochement entre deux amoureux dévastés, la Bérénice actuelle et Racine qui perd à la fois sa maitresse et son actrice fétiche La Duparc.

L’écriture est belle, le propos habile et délicat.
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La fille parfaite

“Adèle pendue comme un homme”. Ainsi s’ouvre le roman de Nathalie Azoulai. A quarante-six ans, la brillante mathématicienne était au sommet de sa gloire. Celle qui choisissait depuis toujours la voie la plus difficile, avait su conquérir un monde d’hommes tout en se réalisant en tant que femme. Elle laisse derrière elle un mari aimant et un adorable garçon tout juste âgé de dix ans. Pour Rachel, sa meilleure amie, celle qui était sa jumelle, son double littéraire, c’est inconcevable, ou presque… Pour comprendre comment elles ont pu en arriver là, cette dernière, devenue une autrice de renom, va enquêter, revenir sur leur passé, sur ce qui les a construites, leurs moments de fusions transcendantales comme leur jalousie destructrice... Un portrait sulfureux et sans concession d’une amitié indéfectible.



A travers le récit de cette amitié fusionnelle, Nathalie Azoulai va tenter de faire cohabiter, tout au long de son roman, deux mondes qui semblent, a priori, antinomiques et irréconciliables. D’un côté les lettres et l’art avec leur abstraction, leur fantaisie et leur créativité et de l’autre, les sciences, avec leur rigueur, leur précision, leurs certitudes. Les mathématiques étant considérées, bien évidemment, comme le savoir noble. “La fille parfaite” c’est elle, cette combinaison entre Rachel et Adèle, une entité bicéphale qui, à elle seule, balaie tout le spectre du savoir.



J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir comment s’était construite cette amitié, le poids de l’environnement ainsi que l’influence des deux jeunes filles l’une sur l’autre. Car, si l’alchimie est intellectuelle, la ressemblance touche aussi le physique entre les deux amies “à la blondeur abrasive”, Rachel recherchant à tout prix la symétrie dans sa quête obsessionnelle des mathématiques.



Le roman est très bien écrit, truffé de références intellectuelles, qu’elles soient artistiques ou scientifiques, tout en restant accessible. C’est intelligent, bien mené et on se laisse aisément prendre au jeu du “je t’aime, moi non plus”. Par ailleurs, j’ai trouvé les personnages fouillés et attachants. Certes, Nathalie Azoulai n’évite pas certains clichés et cette opposition incessante de l’art et des sciences peut paraître répétitive à la longue, néanmoins, je ne me suis pas ennuyée une seconde et j’ai passé un très bon moment de lecture!
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Python

Lors d'un déjeuner avec des amis, l'autrice remarque Boris, le fils de la maison, à l'écart, penché sur son ordinateur, un casque sur les oreilles. Son père explique qu'il code, code, code de jour comme de nuit. Interloquée, l'autrice va chercher à en savoir plus. Les explications fournies par internet sur le code et les langages de programmation se révèlent vite trop complexes et réservées à des initiés. Elle comprend qu'il s'agit d'un monde jeune, à majorité masculine. Elle se sent dépassée, en tant que femme d'une cinquantaine d'année, mais souhaite relever le défi. Elle va rencontrer des spécialistes du langage informatique pour en savoir plus sur l'un d'entre eux : Python, un nom qui lui plaît. Plus que le monde des ophidiens, il évoque pour elle tout un imaginaire, et surtout de belles références cinématographiques. Elle découvre, étonnée, que le langage Python a été ainsi nommé par son inventeur, Guido van Rossum, en référence aux Monty Python, acteurs emblématiques des années 1970 à l'humour surréaliste….Les découvertes vont se succéder.



Python est un roman qui m'a intéressée en raison des thèmes qu'il développe : celui de langages informatiques qui s'écrivent et disposent, tout comme les langues humaines, de syntaxe et de lexique précis, et de questions : peut-on établir des liens entre ces sortes de langages ? Et où se situe la création artistique ? Peut-on vraiment écrire un roman en ayant recours à l'intelligence artificielle ? L'autrice va s'y employer, et reconnaître très vite les limites d'un tel ouvrage. « En fait, c'est un vrai métier d'écrire, c'est comme le code », reconnaît finalement Enzo, un des jeunes codeurs qui apporte une aide précieuse à l'autrice.



La forme du roman est quelquefois déroutante : difficile de mêler l'histoire d'une autrice à la recherche d'un sujet de roman, de renseignements sur le code et les codeurs ainsi que des exemples précis de codes avec le récit de rencontres avec de jeunes spécialistes et une ébauche de roman écrit grâce à l'Intelligence Artificielle. On a quelquefois du mal à s'y retrouver. Par ailleurs, le recours excessif aux parenthèses alourdit le texte.

C'est un vrai roman, écrit par une intelligence bien humaine, qui se construit sous nos yeux, grâce à un tableau magnétique qui rassemble les divers éléments du récit. Ce tableau permet de mettre en lumière les liens qui unissent les différents personnages. C'est l'amitié qui l'emporte, bien plus puissante que l'amour à bien des égards.



Une lecture un peu exigeante, qui ouvre vers d'autres horizons, d'autres langages !

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La fille parfaite

Adèle et Rachel, ce sont deux faces d'un même Louis d'or, c'est un peu réducteur mais l'idée est presque cernée, un côté pile littéraire et un côté face scientifique, ou l'inverse. Deux filles pour un titre qui reste au singulier. En cela, elles suivent l'héritage familial, sauf au bac qui sera un choix risqué : une rébellion ? ou un challenge encore pour se démarquer du contexte familial ? Elles sont amies, soeurs, complétudes, unies-vers la recherche de l'excellence. Elles ne sont pas en concurrence, même si la frontière entre deux "jumelles", est toujours floues. Elles sont exigeantes l'une envers l'autre : se persuadant d'être hors la compétition, l'arrogance pour carapace mais l'ego fragile. Et, en effet, Adèle en arrive à se suicider, enfin ça c'est le début du roman... Ce roman réclame de la concentration, et confirme une belle plume française, pas toujours aisée, hautement riche d'informations et de réflexions. Mon bémol quand même : une fin heureusement atteinte parce qu'un peu plus de cette guéguerre littérature/mathématiques et ça aurait été l'indigestion.
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Titus n'aimait pas Bérénice

Intéressante introspection, les recherches du jeune Racine sur la musique des mots, l'influence de sa rigoureuse formation classique de Port-Royal sur sa recherche de perfection, de concision.



Intéressant contexte aussi, comment faire sa place auprès du roi Soleil parmi les Molières et autres Corneille.



Par contre j'ai le sentiment que Nathalie Azoulai s'adresse à des connaisseurs et ne nous apprend pas grand chose sur le contenu des tragédies à part cette anachronique Bérénice refusant de décrocher son portable pour le moribond Titus.

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Titus n'aimait pas Bérénice

Le roman commence de nos jours. Une femme nommée Bérénice, est quitté par son amant, Titus, qui préfère rester avec sa femme, Roma. Bérénice est dévastée par le chagrin, et décide, en guise de thérapie, de se plonger dans l’oeuvre et la vie de Racine, qui de son point de vue, a décrit cette souffrance d’être quitté, du point de vue d’une femme, comme personne. La plus grande partie du roman va donc dérouler la vie de Racine, la création de ses œuvres, une analyse de celles-ci.



La langue de Nathalie Azoulai dans ce roman est classique, dépouillée, elle tente de retrouver une forme d’épure, comme les pièces de Racine, tout en tentant de percer le mystère de la passion. C’est sans aucun doute très ambitieux, et cela n’est pas complètement tenu de mon point de vue dans le roman. Le personnage de Racine m’a paru pendant la majeure partie du roman étrangement dépourvu de passion, tout au moins pour les femmes. Mais cette passion, le personnage de Racine imaginé par Nathalie Azoulai semble l’avoir ressenti pour un seul être, Louis XIV. Sans oublier un lieu peuplé de différents personnages, qui a été la matrice de toute sa personnalité, qu’il a renié avant d’une certaine manière y être ramené comme malgré lui vers la fin de sa vie : Port Royal. Une manière de concurrence s’instaure entre le souverain et le lieu saint et ses habitants. D’autant plus déchirant que Louis XIV semble jusqu’à un certain point partager les sentiments de Racine, et se montre d’une jalousie impitoyable vis à vis de l’homme des lettres, devenu son biographe. Et il a raison sans doute, au final, Racine semble faire un choix, et trahir le souverain pour un concept, une autre idée de l’humanité, de rapports entre les êtres, et d’idéal de vie. Ce conflit passionnel est ce qui m’a paru de plus vivant, de plus authentique, dans le livre.



C’est évidemment très contestable du point de vue historique, Racine n’a pas été cet interlocuteur privilégié, ce presque alter ego du roi que nous propose Nathalie Azoulai. Comme Molière n’a pas été ce buveur de lait aigri et pitoyable qu’elle nous dépeint. Connaissant un peu l’époque et l’histoire littéraire, j’ai été un peu gênée par moments par les inventions de l’auteure. Mais nous sommes dans un roman, et non une biographie, ce qui autorise les entorses à la vérité.



Plus gênante sont à mon sens quelques lieux communs sur l’amour, la passion. Comme par exemple : « Ce que l’on nomme amour n’est ni doux ni tendre, rien n’en est proche comme la haine, soupire-t-il. » Et il y un côté artificiel entre les deux parties du livre, la souffrance de la femme quittée, et la vie de Racine. Parce que même si ses pièces évoquent la passion, il y peu de passion amoureuse pour les femmes dans sa vie telle que nous la raconte Nathalie Azoulai, et j’aurais tendance à la suivre sur ce point, même si nous ne savons que très peu, par quelques rares lettres, de ce qu’il a pu éprouver. L’enjeu, comme je l’ai indiqué plus haut, paraît être une lutte entre le Roi, ce qu’il représente, ce qu’une allégeance implique, et Port Royal, son éthique, sa vision de la vie.



Je suis donc quelque peu mitigée suite à la lecture de ce roman, qui a d’indéniables qualités et qui se lit avec fluidité, certaines pages, vers la fin, sont très touchantes. Mais à mon sens tout cela manque d’unité, part dans des directions différentes, pas toutes convaincantes.



Je ne voudrais pas être trop négative, et ne pas décourager ceux qui voudraient lire ce roman, car encore une fois, il a de réels atouts et vaut la peine d’être découvert.
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Titus n'aimait pas Bérénice

Titus n'aimait pas Bérénice. Andromaque n'aimait pas Pyrrhus qui n'aimait pas Hermione qui n'aimait pas Oreste.



L'amour spolié peut-il trouver consolation dans les tragédies de Racine ? Cet ouvrage est-il une biographie qui ne dirait pas son nom ? Il ne se veut pas comme tel. Il se veut être la biographie du désamour. Lequel a ses classiques. Jean racine y trouve bonne place.



"Il faut plusieurs voix pour raconter une séparation". (page 240)



Ecrire, c'est parler avec la certitude ne pas être interrompu. Nathalie Azoulai nous livre une somptueuse tirade sur cet arrachement que vivent les amours décues. Qui aurait entendu pareille complainte féroce sans le recours au maître du genre ?



"On ne quitte jamais impunément ce qu'on a aimé". (page 119)



C'est très bien fait.

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Juvenia

« Juvenia », conte satirique qui mêle à la fois une vision de la société, de l’humour et du libertinage.



Quelque part en Europe, une loi interdit aux hommes de vivre avec une femme de plus de vingt ans sa cadette, sous peine d’être sévèrement punis. La société est chamboulée, les certitudes ébranlées, les couples illégitimes sont arrêtés.

Le livre commence le jour de la promulgation de la loi…



Nathalie Azoulai s’attache aux femmes de plus de 50 ans, parfois abandonnées au profit d’une plus jeune, qui vont avoir du mal à refaire leur vie, et se trouver réduites à n’être sollicitées que par des hommes plus âgés. A travers le destin de six personnages, l’auteure observe notre société et explore les méandres des parcours sentimentaux en faisant sauter les codes habituels. Sa manière légère d’aborder ce sujet et de forcer le trait a pour objectif d’amuser, de faire réfléchir et de jouer avec les fantasmes des lecteurs.



Nathalie Azoulai a pour habitude d’écrire des romans longs et mélancoliques, elle écrit ici un divertissement singulier. Elle va pour la première fois aussi loin dans l’humour et dans le libertinage en proposant des scènes et des détails crus assez inhabituels chez elle. Livre court, 120 pages, Juvenia se veut être un ouvrage drôle et divertissant, je me suis pourtant sérieusement ennuyé ; je n’ai jamais adhéré à cet humour et à ces détails crus qui n’apportent rien à l’histoire. Deux heures perdues.

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Titus n'aimait pas Bérénice

Eh bah moi non plus j'aime pas.

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Leurs contes de Perrault

Les contes, les légendes, la mythologie, les versions pour adultes, pour enfants, originales, détournées, revisitées, décortiquées, psychanalysées, leur symbolique - tout ça, j'adore ! Sauf les resucées édulcorées à la Disney, rose bonbon, chantonnantes, sautillantes et tourbillonnantes.



J'étais curieuse de découvrir ces onze contes de Charles Perrault réécrits par autant d'auteurs différents, à destination d'un public adulte. Ces adaptations s'inspirent très librement des originaux, j'ai parfois dû retourner voir le titre du récit pour saisir les références. Il s'avère immédiatement que l'ouvrage ne s'adresse pas aux jeunes lecteurs : le recueil s'ouvre sur une adaptation crue de Riquet à la Houppe par Gérard Mordillat qui ne m'a vraiment pas emballée. Si les autres récits sont moins grotesques, aucun ne m'a enthousiasmée, pas même mon préféré de tous les temps, 'Barbe-Bleue', que j'attendais impatiemment et dont le sens m'a semblé éloigné de celui de l'original (ou de ce que je veux en percevoir), contrairement à ce qu'annonce la quatrième de couverture : "Les histoires de Perrault en ressortent transfigurées, sans que leur âme en ait été perdue." Pas d'accord, pas du tout.



Aux amateurs de contes traditionnels et de leurs symboliques, je conseille : 'Les contes de Grimm' (en Folio), 'Psychanalyse des Contes de Fées' (Bruno Bettelheim), le roman policier 'Contes barbares' (Craig Russel), 'Une faim de Loup' (Anne-Marie Garat), etc.

Et dans les contes revisités pour enfants, plein d'excellents albums, dont les Geoffroy de Pennart, Emile Bravo...
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Les spectateurs

Dans les années 60, un jeune garçon de treize ans se pose des questions sur la vie en général et sur l'exil de ses parents, juste avant sa naissance, en particulier.

Mais il n'obtient guère de réponses.

Son père est plus préoccupé de politique et du général de Gaulle que des questionnements de son fils.

Sa mère est plus passionnée par les tenues des vedettes hollywoodiennes des années quarante, dont elle connaît la vie et les films par cœur, que des attentes du garçon. Heureusement qu'il a sa toute petite sœur à qui il voue une véritable passion.

Natahalie Azoulai a parfaitement réussi à se mettre dans la peau d'un enfant.

Le cheminent des pensées, la curiosité,les questions, les ruses, les frustrations, les obsessions, les angoisses....

Je trouve tout parfaitement maîtrisé.

Et c'est une réussite justement d'avoir raconté tout ça par le biais d'un enfant qui voit la vie par le prisme de ses parents et des quelques adultes qu' il côtoie.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de la famille, des progrès des années 60, comme l'arrivée de la télévision en même temps que celle de la petite sœur, des confidences avec Maria, la couturière attitrée, des délires de la mère sur les acteurs américains.

Beaucoup de choses sont suggérées plus qu'affirmées, et ça donne un ton particulier au roman.

Je vois que les critiques ne sont pas très élogieuses , et pourtant, personnellement, j'ai trouvé ce livre vraiment sincère et puissant.
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Titus n'aimait pas Bérénice

Nouvelle exploration des prix littéraires avec cette fois le prix Médicis. Il fait partie de ces prix fondés en parallèle au Goncourt puisqu'il était d'abord décerné en même temps que le Femina qui lui a tout de suite été fondé en opposition à la misogynie (pour ses fondatrices) dudit Goncourt. Le Médicis a lui pour philosophie de récompenser des auteurs méconnus, dont la renommée n'est pas encore installée (même si je vois que Marie Darieussecq a été récompensée en 2013 alors qu'elle avait fait un succès retentissant avec Truismes dès 1996). En consultant la liste des lauréats, je me rends compte que c'est bien mon premier Médicis que cet ouvrage de Nathalie Azoulai.



Et ce ne sera sans doute pas mon dernier puisque je me suis vraiment régalé. Autant la mode actuelle de l'autofiction a tendance à me laisser de marbre, autant la tendance aux biographies romancées et à la recréation de périodes historiques me fascine. Ici c'est le grand Racine qu'on suit tout au long de son existence, avec une simple introduction à partir d'une histoire d'amour moderne entre un Titus et une Bérénice (et qui a peut-être une part d'auto-fiction, mais qui reste fort limitée).



Ce livre est intelligent, passionnant et accessible, trois qualificatifs qui en font un vrai bijou. Je me suis régulièrement demandé, comme souvent dans ces livres, la part de vérité historique et la part de liberté fictionnelle. Mais je n'ai jamais rien trouvé d'incohérent, tout était logique, la construction progressive du style de Racine, ses différentes discussions avec les protagonistes. Chaque phrase attribué à Racine me paraissait tellement couler de source que le mérite en revient forcément à l'auteure : soit elle a fait un travail de recherche précis et impressionnant pour retrouver des citations aussi simplement belles, soit elle s'est tellement imprégnée de ses mêmes recherches que ses dialogues sonnent immédiatement juste... donc c'est quoi qu'il arrive génial.



On apprend énormément de choses sur ce génie français et ses hésitations, sur l'enfance tellement corsetée par la religion, sur la libération parisienne remplie de culpabilité, sur la compétition avec Molière et Corneille, sur l'amitié avec La Fontaine. J'ai dévoré le livre en deux trois jours, sans aucune lassitude, en me laissant guider dans des réflexions philosophiques, littéraires. J'ai conversé avec le roi Louis XIV, assisté aux balbutiements De l'Académie Française, le bonheur total.



Aucune esbroufe portant dans le style, volontairement très simple et pas du tout dans une recherche de compétition (et il ne valait mieux pas) avec l'auteur. Racine n'est jamais évoqué que comme Jean, on a l'impression de faire partie du cercle des intimes et on cherche à rester le plus disret possible, ayant toujours l'impression que quelqu'un finira par nous dire "Mais qu'est-ce que vous faites là, retournez dans votre siècle, vous n'avez pas à connaître l'envers du décor de notre époque" ! Il faut beaucoup de talent pour installer cette atmosphère, et je remercie donc humblement Madame Azoulay de m'avoir ouvert ce portail temporel pour assister à des moments historiques du théâtre français, fondateurs également de ce que notre langue est devenue. Que la langue française continue à évoluer, surtout dans sa construction, tout en respectant le canevas de base. C'est cela Racine et son génie français, une contradiction permanente, l'innovation perpétuelle dans le respect d'une certaine tradition
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La fille parfaite

J'ai bien aimé lire ce livre. Je ne connais pas Nathalie Azoulai ni aucun de ses livres. J'y découvre une plume qui joue avec les mots, dissèque les émotions et les relations.

C'est le roman des oppositions : les sciences /la littérature, la rigueur /la liberté, la vie/la mort. C'est dans ces oppositions que Rachel et Adèle deviennent amies entre proximité, confidences et entraide mais aussi éloignement, silences et jalousies

Il y a certains passages plutôt noirs. Si vous êtes déprimé passez votre chemin et revenez quand vous serez bien dans vos baskets.

Je me suis demandée s'il y avait une part de réalité dans ce livre. Rachel a-t-elle quelque chose de Nathalie ? Qui est Adèle ?

Ce livre me donne envie de découvrir d'autres romans de l'autrice.
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Paysage : Villes

Tolède. Ce peintre né en Grèce l'a quittée à vingt-cinq ans puis a travaillé près du Titien à Venise pour ensuite gagner l'Espagne et rejoindre Tolède où il réalise cette extraordinaire "Vue de Tolède" une des première représentation urbaine se réclamant comme telle (1597/99) :

B. E. Murillo
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