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Critiques de Nathan Harris (33)
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La Douceur de l'eau

J’ai repéré ce roman chez Les Bibliomaniacs grâce à Laure et j’ai tout de suite su que je le lirai pour l’African American History Month challenge et ça a été un coup de coeur!



Cette histoire se passe à la fin de la guerre de Sécession et immédiatement après l’abolition de l’esclavage. Nous sommes dans le Sud des Etats-Unis, en Georgie, mais les esclaves comme les Blancs sont pris au dépourvu avec cette nouvelle situation… La plupart des anciens esclaves continuent à travailler pour leurs anciens propriétaires pour un salaire dérisoire et un certain nombre essaie de survivre dans des camps autour de la ville de Old Ox avant d’essayer d’aller dans le Nord.



George Walker, un propriétaire terrien de Old Ox, vient d’apprendre que son fils Caleb ne reviendra pas de la guerre et alors qu’il n’a pas encore eu le courage d’annoncer la mort de leur fils à son épouse Isabelle et qu’il se retrouve très perturbé, perdu dans ses propres bois, il fait la rencontre de Prentiss et Landry, deux frères, anciens esclaves de son voisin, qui campaient là après avoir fuit leur ancienne plantation où ils ne voulaient plus travailler.



George, qui n’a jamais eu d’esclaves et qui vivait des profits de la vente de ses terres, décide, pour conjurer son deuil, de cultiver une parcelle et demande l’aide aux deux frères, en les payant à un tarif normal. Il les considère comme des êtres humains à part entière, contrairement à la plupart des Blancs du cru qui voient d’un mauvais oeil cette association.



Puis Caleb revient finalement de la guerre… Il a beaucoup de secrets et certains auront des conséquences dramatiques pour la vie de tous les protagonistes.



J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui est d’une grande richesse et c’est même difficile de vous en parler car j’ai préféré vous raconter uniquement le début mais il y a tellement à dire! Bien entendu, les relations raciales, entre les esclavagistes blancs et les anciens esclaves Noirs, mais également les Blancs comme George et Isabelle qui n’ont pas cet état d’esprit et le fait que la déclaration de la fin de l’esclavage n’est pas une fin en soi pour les Noirs qui n’ont connu que ça et n’ont pas les moyens de vivre autrement. Il y a aussi l’évocation de la fin d’une guerre civile avec ce que cela entraine comme tensions au sein d’une ville ayant perdu et qui se retrouve humiliée. L’homosexualité est aussi un thème abordé.



J’ai aimé les personnages principaux que j’ai trouvés très finement écrits avec des personnalités très bien développées avec tous leurs bons côtés et leurs démons intérieurs. Ils ne sont pas manichéens, pas parfaits mais attachants et cherchant tous à trouver le meilleur autour d’eux et une meilleure vie. Et puis, il y a une palette de personnages durs et méchants autour d’eux, qui représentent sans doute l’ancien monde incapable d’évoluer.



J’ai trouvé ce roman très bien écrit et à la fois instructif sur cette période et terriblement humain. Je vous le recommande chaudement!



Sur cette période de l’après-guerre de Sécession, fin de l’esclavage, j’ai aussi lu « Jubilee » de Margaret Walker que je vous conseille aussi.



Petit clin d’oeil : aujourd’hui, c’est le 14 février et les personnages de George et Isabelle forment un vieux couple avec toutes les tensions et les ressentiments qu’il peut y avoir après des années ensemble mais c’est surtout un très beaucoup couple avec beaucoup d’amour malgré les non dits et c’est aussi une facette très intéressante dans ce roman.
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La Douceur de l'eau

À Old Ox, en Géorgie, comme partout dans le pays, la guerre de Sécession vient de connaître ses dernières heures. Prentiss et son frère, Landry, deviennent alors, ainsi que les nombreux esclaves, affranchis. C'est non sans un certain soulagement qu'ils quittent la plantation de Ted Morton et comptent profiter de leur nouvelle liberté. Sans travail et sans argent, ils trouvent refuge au cœur d'une forêt mais, au bout de quelques jours, ils sont surpris par le propriétaire, George Walker, parti à la chasse d'une bête qui lui échappe depuis l'enfance...

Ce soir-là, George n'est pas pressé de rentrer chez lui. Voilà une journée entière qu'il n'a pas parlé à sa femme, Isabelle. Depuis qu'il lui a annoncé que leur fils, Caleb, est mort au combat. Une terrible nouvelle, apportée par August, le meilleur ami de leur fils, que la douleur et le chagrin laissent muets. Sa rencontre avec les deux frères allait, à tout jamais, bouleverser leurs vies...





Si la Géorgie a rejoint la Confédération sudiste en 1961 et a tenu un rôle très important durant la guerre de Sécession, la victoire des Confédérés n'en a été que plus amère. Nombre de blancs ont alors bien du mal à laisser partir leurs esclaves noirs, aussi de nombreux soldats ont occupé, pendant de longues années, certains états afin d'imposer la loi fédérale. C'est dans cette ambiance pour le moins tendue que Nathan Harris plante le décor, ô combien passionnant, de son premier roman. Et c'est à travers l'histoire de deux frères, nouvellement affranchis, dont l'un est un grand gaillard muet, et d'un propriétaire terrien, qui vient de perdre son fils, que l'auteur nous narre les tragédies à venir. Particulièrement touchante, la relation entre eux ne va, évidemment, pas plaire à tout le monde, mais George n'en a que faire des rumeurs et autres racontars. Portés par ces personnages inoubliables, profonds et finement dépeints, mais aussi par Caleb, dont le retour, inespéré et incroyable, va chambouler la vie de chacun, ce premier roman fait la part belle à la liberté, l'espoir, le courage, la solidarité...

Un premier roman fort, empreint de poésie et d'émotions... Prometteur !
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La Douceur de l'eau

De mémoire, on n’était encore jamais tombé sur un roman relatant cette période très sombre de l’histoire américaine. Période durant laquelle des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont été émancipés et lâchés dans la nature sans pour autant avoir un peu de chance de s’en tirer. Un bijou.
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La Douceur de l'eau

Printemps 1865 en Géorgie, la guerre est terminée. Enfin presque. Lee s’est rendu et ses soldats sudistes vaincus rentrent au pays. Mais pas tous, à l’image de Caleb, dont le meilleur ami vient annoncer la mort à ses parents, Georges et Isabelle, qui l’attendent dans la petite ville de Old Ox.



Pendant ce temps, les Yankees victorieux libèrent les esclaves nègres, exploitation après exploitation, qui deviennent instantanément des hommes de couleur enfin libres. Prentiss et Landry, deux frères, quittent ainsi le domaine de Ted Morton, le voisin de Georges.



Alors qu’Isabelle s’enfonce dans la douleur muette et la dépression, Georges décide de se remettre à exploiter sa propriété en souvenir de son fils, et pour l’aider à replanter de l’arachide, embauche Prentiss et Landry, ce qui ne plaît pas à tout le monde en ville. Jusqu’au jour où Caleb reparaît…



La douceur de l’eau de Nathan Harris – traduit par Isabelle Chapman – nous transporte dans le vieux Sud où les canons se sont tus, sans que les haines et rancœurs ne soient éteintes, ni même apaisées. Le monde a basculé certes, mais dans la belle société géorgienne, rien n’a encore changé : les propriétaires restent les maîtres et les affranchis sont bien loin de l’égalité.



Difficile d’en dire davantage sans divulgacher, mais Harris nous livre ici une grande saga, sans temps mort, où l’injustice et la violence jouent les premiers rôles. Avec un soin particulier apporté à ses personnages, travaillés, profonds, attachants.



Le style alterne parfaitement les séquences rythmées dont certaines très cinématographiques et dignes des grands classiques du genre (L’incendie de la plantation, le lynchage ou la chasse à l’homme), avec de longs et beaux passages plus lents, réfléchis et flirtant parfois avec le nature writing.



Pour un premier roman, Harris maîtrise parfaitement son sujet et réussit à rafraîchir un genre pourtant déjà beaucoup traité, le prix de la liberté : « Je ne vois pas l’intérêt de courir après la liberté si on ne la saisit pas quand elle se présente juste sous votre nez. »
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La Douceur de l'eau

Ce roman nous plonge dans une période où les acquis commencent à se déliter et où chacun doit trouver un nouvel ordre dans sa vie.

La fin de l'esclavagisme amène certains vers une liberté et comment se l'approprier alors que d'autres, les anciens dominants, doivent composer avec les anciens esclaves. Cette période amène de grandes espérances mais aussi des désillusions.

Une leçon forte est donnée ici.
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La Douceur de l'eau

C’est un livre à la fois rude et d’une sensibilité qui mène à la pure beauté ! Bien plus qu’un énième roman américain sur les suites immédiates de la guerre de Sécession dans un État du Sud, c’est une merveilleuse histoire de relations humaines complexes autour de plusieurs couples de personnages : les propriétaires et époux Warren, les liens troubles de leur fils Caleb avec son ami d’enfance et les deux frères, Prentiss et Landry, tout juste affranchis. C’est aussi l’entrée fracassante de Nathan Harris dans le paysage littéraire américain !
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La Douceur de l'eau

Que fait-on et où va-t-on lorsqu’on est soudain affranchi après une vie d’asservissement dans la même plantation ? Comment dispose-t-on de sa liberté quand il faut reconstruire jusqu’à son identité-même, dans une société aux mentalités sudistes encore intactes qui ne vous y reconnaît aucune place, aucun droit, et surtout pas celui d’y trouver un emploi ? Leur émancipation à peine proclamée en ces lendemains de guerre de Sécession, les deux frères Prentiss et Landry acceptent le travail que, plongé dans la douleur et le désarroi parce qu’il pense son fils mort à la guerre, le fermier voisin de leur ancienne plantation leur propose sur ses terres, au grand dam des habitants de la petite ville d’Old Ox, en Géorgie. Les esprits sont dans un tel état d’échauffement qu’un rien pourrait bientôt suffire à mettre le feu aux poudres...





Entre espoirs et désillusions alors que la défaite sudiste bouleverse leur vie et les entraîne vers un inconnu à l’évidence plus hostile qu’accueillant, c’est la peur au ventre que les anciens esclaves abordent ce qui, en fait de statut d’hommes libres, ressemble plutôt désormais à un grand vide. Les uns partent tenter leur chance dans le nord, amorçant un long périple vagabond pendant lequel il leur faudra trouver moyen de survivre. Les autres s’entassent encore dans des campements de fortune, désemparés et indécis. Les forces d’occupation nordistes ont beau commencer à occuper le terrain pour y asseoir la paix, l’atmosphère est explosive, alimentée par la colère et la rancoeur des planteurs qui, convaincus de n’avoir perdu qu’une bataille, ne pensent qu’au retour de l’ordre ancien. Qui ose s’entremettre entre blanc et noir se retrouve au ban de la ville entière, la peur aux tripes face à la menace de terribles représailles.





C’est de cet impossible rapprochement entre les deux bords que vont faire les frais la non-conformiste famille Walker et ses deux protégés, très vite exposés à la vindicte générale dans une dramatique escalade de violence dont personne ne sortira indemne. Allant crescendo dans un déchaînement de péripéties pleinement crédibles mêlant lynchage, incendie et chasse à l’homme dans la touffeur humide d’une nature luxuriante, la narration nous fait toucher du doigt les racines de la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Finement campés dans leurs plus infimes déchirements et contradictions, les personnages y prennent vie et épaisseur avec une parfaite justesse. Et c’est avec un immense plaisir que, subjugué par la maturité et la maîtrise de ce premier roman souvent très cinématographique, l’on s’accorde à son rythme soutenu, entrecoupé de beaux passages plus amples, empreints de réflexion et de nature-writing.





Un très beau et puissant roman, sur les prémices d’une liberté que l’on aurait tort de croire acquise par simple décret anti-esclavagiste… Coup de coeur.


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La Douceur de l'eau

En Géorgie, la fin de la guerre de Sécession s’approche tout doucement. George, un propriétaire terrien, qui n’a jamais eu d’esclaves, se plait dans une existence oisive. Une de ses rares occupations consiste à se promener dans la forêt pour y chercher une bête mystérieuse que lui seul a déjà vue. Alors qu’il vient d’apprendre la mort de son fils, il croise sur son domaine deux frères tout juste affranchis. Une relation va alors se nouer entre les trois hommes. Les esprits (voisins esclavagistes, soldats du Nord et opportunistes du Sud) vont s’échauffer et les tensions vont devenir de plus en plus fortes, jusqu’au point de non-retour…



Quel roman ! Je m’y suis glissée tout doucement, comme on entre dans l’eau, en retenant sa respiration, en ne sachant pas où on met le pied. Puis je m’y suis coulée en me laissant submerger par le bonheur d’être là. Et à la fin, j’ai lutté pour ne pas me noyer dans les vagues de plus en plus fortes et les courants contraires.



Quel roman ! Les personnages y sont tous extrêmement forts, dans leurs croyances, dans leurs luttes, qu’ils soient courageux, résilients ou veules et méprisables.



Quel roman ! Il raconte l’histoire du Sud, une histoire différente mais l’histoire quand même. Il raconte l'horreur et l'entraide, la quête de liberté et les choix.



Quel roman (enfin !) ! C’est le premier roman de Nathan Harris, un jeune auteur de 29 ans et ce ne sera pas le dernier j’espère, tant sa plume est différente et forte.



C’est un coup de cœur, était-il utile de le dire ?
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La Douceur de l'eau

Une magnifique histoire teintée d'amour, de résilience et aussi de douleur. L'auteur nous plonge dans le sud des États Unis à la fin de la guerre de cécession, au moment de l'affranchissement des esclaves. On y suit plusieurs familles de planteurs dans une petite ville, où les tensions, jalousies et règlements de compte sévissent en toute impunité. Une seule famille se distingue par sa discrétion, son indépendance et sa tolérance et c'est là que les ennuis commencent....

Les descriptions de la nature sont omniprésentes, ainsi que celles des sentiments des principaux personnages, ce qui apporte une grande sensibilité au roman. Toutefois, quelques longueurs surtout en fin de récit où on ressent l'urgence de connaître le destin des personnages, qui se dévoile dans le dernier chapitre, quand même. Le récit reste assez lent.
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La Douceur de l'eau

Je ne joindrai pas ma voix au concert de louanges qui entoure ce texte. A sa lecture, on se trouve tout simplement face à des personnages du vingt-et-unième siècle, déguisés en personnages des années 1860. le problème tient principalement à leur psychologie et leur vécu émotionnel et relationnel. L'auteur dépeint en effet, par exemple, la rencontre entre le vieux blanc George et les deux esclaves noirs à peine émancipés, comme si rien ne faisait obstacle, d'une part à leur communication, d'autre part, à ce qu'il partagent des émotions dans cette rencontre. Tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une méfiance, une prévention de la part de ces deux hommes noirs abîmés par la vie est gommé et vite balayé. Tout ce qui pourrait faire obstacle à une compréhension entre eux, du fait de leur position sociale et de leur histoire, est absent. On a le sentiment d'assister à une rencontre de campus dans une mégalopole américaine des années 2020. Et je ne mentionne pas l'omniprésence d'anachronismes comportementaux et langagiers qui émaillent le texte.

Par la suite, la dramaturgie ressemble à une superproduction hollywoodienne, les évènements tragiques semblent avoir pour vocation de remuer le lecteur dans jamais vraiment le heurter, dans un déploiement romanesque aseptisé.

Ce genre de texte pose un grave problème, d'ordre politique, dans le champ littéraire (et devrais-je dire, commercial) : il s'agit là d'une production qui brosse le lecteur dans le sens du poil, ayant au fond comme présupposé que finalement, rien n'est bien grave, et que l'humanité et l'amitié entre les hommes vaincra tout, que l''entraide et la solidarité sauvent l'humain, et que la fameuse et bien-pensante « résilience » est au coin de la rue.

Et bien, non : il y a des traumatismes qui ne passent jamais, des blessures irréparables, des communications à jamais impossibles. La malhonnêteté de cette vision de l'existence, idéologiquement tellement dans l'air du temps (Oprah Winfrey ne s'y est pas trompée, dont l'admiration pour ce roman est un argument de vente de la couverture), m'a fait tomber ce livre des mains, et la nausée qui en subsiste est tenace.
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La Douceur de l'eau

En Géorgie, juste après la fin de la guerre de Sécession, les soldats reviennent- ou pas. Ainsi Caleb et August, qui d'ailleurs ne furent pas des héros. Les esclaves sont affranchis, ainsi Prentiss et Landry, mais leur sort n'est guère meilleur qu'avant, ils sont libres, et errent autour de la ville.



George Walker, père de Caleb, propose à Prentiss et Landry de l'aider à cultiver ses terres, contre rémunération correcte.



Pour ma part j'ai rarement lu sur cette époque. Sans insister, l'auteur évoque les conséquences pour différentes couches de la société, et crée des personnages qu'on n'oubliera pas. Les femmes d'abord, Isabelle, Mildred et Clementine. Georges aussi, dont la décision d'engager Prentiss et Landry contribue à le mettre quasiment hors la bonne société (et il n'en a cure, d'ailleurs). Des petits détails émouvants, comme ces chaussettes.



Le rythme du roman est assez étonnant, parfois très lent en fait, et puis une accélération, un drame, se produisent, qu'on n'avait pas vu venir.



Un très beau roman.
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La Douceur de l'eau

La douceur de l'eau se passe au moment de l'Émancipation des Noirs, après la guerre de Sécession. Les riches propriétaires du Sud doivent à regret se séparer de leurs esclaves, et des hommes comme Ted Morton, grand cultivateur de coton, ont bien du mal à accepter cette décision et la perte de leur pouvoir de maîtres.

À Old Ox, il y a aussi George, qui n'a jamais été comme eux et qui s'est toujours refusé à exploiter des hommes. Il l'a payé en étant traité de fainéant et en possédant des hectares de terre qui ne produisent rien. Un peu à la marge, cet homme, marié à Isabelle, aime se promener dans la forêt avec son âne, où il espère voir la "bête" dont lui parlait son père quand il était petit. Mais, un jour, ce n'est pas sur elle qu'il tombe, mais sur deux fugitifs, Prentiss et Landry, anciens esclaves de Morton. Ces deux frères, qui font penser aux deux garçons dans Des Souris et des hommes, se méfient de George Walker, mais ils se rendent vite compte qu'il n'est pas dangereux, que c'est même un homme bon.

Peu après cette rencontre, August, un ami de son fils Caleb parti à la guerre, vient annoncer aux Walker que celui-ci est mort au front. George décide alors de faire prospérer sa terre en y plantant des arachides. Il embauche, et paye "comme des Blancs", les deux frères noirs qui vont peu à peu s'imposer comme des gens de sa famille.



Voilà l'histoire de base de ce roman passionnant, dans lequel tous les personnages sont brossés parfaitement : les bons, les mauvais, les faibles, les repentis. Sur ces terres rurales, les commérages se répandent vite, et il n'est pas question, par exemple, que quiconque apprenne qu'August et Caleb ont une liaison, tout comme il est impossible d'accepter que George emploie des Nègres, alors que les autres propriétaires ont perdu leurs esclaves et considèrent toujours ces hommes comme de la marchandise.

On est pris par la narration , aux liens qui se créent entre les personnages. Le meurtre de Landry, frère attardé et attendrissant de Prentiss, va déchaîner la haine ou faire naître la compassion, pousser tous les gens d'Old Ox à révéler qui ils sont.

La ténacité de George, le courage des veuves et celui de ceux qu'on croyait lâches, les nombreux personnages secondaires qui contribuent à bâtir cette histoire, donnent à ce premier livre de Nathan Harris la force de ces romans familiaux qu'on imagine très bien adaptés au cinéma.



Voir Le Manoir des lettres


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La Douceur de l'eau

Dans un déjà bien long parcours de lectrice, je n’ai jamais rencontré de romans évoquant la fin de la Guerre de Sécession et les conséquences sociales dans les états du Sud vaincus. Après la reddition du Sud, l’émancipation des esclaves a dû être une déflagration dans l’économie des Etats Confédérés, s’ajoutant à une situation d’occupation par les troupes de l’Union, et à un traumatisme sans pareil pour les soldats exsangues rendus à la vie civile.



C’est dans ce contexte que s’inscrit cette histoire entre peines et espoirs au cœur d’une petite ville rurale où macèrent des rancœurs de racisme, de honte, de perte. L’évolution des mentalités vers une cohabitation harmonieuse entre Blancs et Noirs, est encore un sujet tabou. Et le lien fraternel qui se noue entre deux frères affranchis et un couple de fermiers géorgien sera le terreau d’un drame aux multiples répercussions.



De beaux personnages, une approche sensible des sentiments et des liens avec la nature, une réflexion induite par toutes formes d’amour, une charge pesante et pertinente sur les préjugés, le racisme et l’inégalité.



Une très beau livre, fait de violence et de courage dans la reconstruction des individus.

J’ai beaucoup aimé, saluant le premier roman d’un jeune auteur plein de promesses.

Et je vous laisse deviner la raison de cette jaquette flamboyante cohabitant avec un titre si aquatique.

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La Douceur de l'eau

Le premier ( !) roman de Nathan Harris n'est rien d'autre qu'un début vraiment impressionnant !

Nous sommes en 1865 et l'esclavage américain a enfin pris fin. À Old Ox, une petite ville du Sud (fictive), un couple, George et Isabelle Walker pleure son fils Caleb, présumé mort pendant la guerre de Sécession. Un jour, George rencontre dans les bois, deux esclaves récemment affranchis, les frères Prentiss et Landry. Il leur demande de se joindre à lui pour cultiver et utiliser une partie de la terre qu'il possède.

De leurs échanges, il en résulte une histoire vraiment remarquable, aussi grandiose qu'intime. Les personnages sont poignants et si brillamment dessinés, c'est nuancé, c'est horrible, c'est beau.

"La douceur de l'eau" parle également de hiérarchies, de racisme, de liens familiaux, d'amour interdit et de travail acharné. C'est aussi une histoire sur le courage de défier l'autorité et sur les femmes qui prennent enfin leur place dans la société.

Cependant, vers la moitié du roman, il y a un tournant violent et un changement de style. J'ai eu l'impression qu'il y avait quelques clichés surprenants pour ce genre de roman- un shérif corrompu, un adjoint paresseux, un méchant violent et mais lâche, même un groupe des cavaliers enragés - j'ai commencé à me demander si je lisais un western plutôt qu'un roman du Sud. L'histoire s'est un peu perdue pendant un moment, mais heureusement, l'attention s'est recentrée sur les personnages plus complexes et sur une fin moins conventionnelle.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé qu'il s'agissait d'une histoire captivante sur les familles, l'amitié et l'amour, sur la lutte contre les traumatismes et les pertes dans la période précaire qui a suivi la guerre civile, ainsi qu'une image de l'humanité qui réchauffe l'âme, le cœur et le cerveau. J'ai hâte de voir ce que ce jeune écrivain peut faire d'autre.

Nathan Harris, est un écrivain généreusement doué. Il a créé un roman époustouflant et l'a enveloppé dans une prose intemporelle qui semble à la fois classique et farouchement moderne !
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La Douceur de l'eau

La guerre de Sécession (1861-1865) vit ses dernières heures. Elle aboutit à la victoire de l'Union face aux Confédérés et à l'abolition de l'esclavage. En Géorgie, au sud des États-Unis où se déroule « La Douceur de l'eau », cette émancipation juridique va-t-elle conduire à une réelle libération des Noirs ?

Les personnages de Prentiss et de son frère Landry vont illustrer le combat des Afro-Américains pour devenir des citoyens comme les autres. La première difficulté pour ces anciens asservis est de trouver un travail rémunéré.

Prentiss et Landry auront la chance de rencontrer George à qui on vient d'annoncer la mort de son fils à la guerre. Cet homme tolérant saura les accueillir. Lui et sa femme Isabelle, aussi ouverte d'esprit, forment un duo détonnant dans cet environnement raciste, bien-pensant et persuadé de son bon droit. Pourtant, ils se sont éloignés l'un de l'autre et vont trouver dans la défense des opprimés un nouveau départ pour leur couple.

En choisissant la fiction pour raconter une page de l'histoire de ses ancêtres, Nathan Harris a nourri de son imagination la complexité d'une société dominée par des Blancs incapables de considérer les Noirs comme leurs égaux.

Avec une vraie puissance romanesque, parfois gâchée par quelques maladresses dans l'expression, il nous fait vibrer aux aventures de ses héros si touchants par leur humanité.

Magistralement narrée par le primoromancier, la fracture originelle entre les deux communautés continue à marquer les mentalités.




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La Douceur de l'eau

Dans ce premier roman puissant, au terme de la guerre de Sécession, le Sud compte ses morts alors que les esclaves viennent d'être émancipés.
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La Douceur de l'eau

La Guerre de Sécession à peine terminée le Congrès américain ratifie un amendement (le 31 janvier 1865) qui abolit formellement l'esclavage. Une émancipation immédiate et sans indemnité dans les états du sud où vivent 80% des 4 millions d'esclaves noirs, qui sera progressive, négociée et indemnisée dans les États intermédiaires, esclavagistes et néanmoins fidèles à l'Union nordiste. Quelques mois après, un 14e amendement garantit aux Noirs le droit de vote et l'égalité avec les Blancs devant la loi (des principes qui resteront longtemps lettre morte, le Sud des États-Unis voyant même s'installer la ségrégation raciale),



L'état de Géorgie, dont l'économie repose sur d'immenses plantations de coton, a fait sécession en 1861 et rejoint la Confédération sudiste. Mais 1864, il est envahi et dévasté par l'armée de l'Union, commandée par le général William T. Sherman. La population d'Old Ox vit alors, comme partout en Géorgie, une période difficile, buttant contre les soldats de l'Union vainqueurs, les Sudistes défaits, et les affranchis qui errent à la recherche d'un travail rémunéré, d'un toit et de nourriture. Dans ce contexte, seuls les riches propriétaires gardent plus que jamais leur morgue. D'abord contre leurs anciens esclaves, ensuite contre ceux qui les soutiennent... Une ambiance délétère, de défiance et de violence, remarquablement restituée dans ce premier roman pétri d'humanité narrant l'histoire tragique de deux frères affranchis, aidés par une famille blanche.
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La Douceur de l'eau

1865, la Guerre de Sécession s’achève et les soldats sudistes rentrent défaits à la maison. En Géorgie, comme dans tout le Sud, certains ont évidemment du mal à digérer les changements radicaux que cela suppose, alors que les Yankees apportent la bonne nouvelle à tous les esclaves, à savoir qu’il sont libres désormais.

Dans la petite ville d’Old Ox, la rencontre entre deux frères noirs affranchis et le couple Walker, prêt à faire confiance à ces deux hommes, va faire trembler les fondations d’un monde qui résiste au changement.

Voilà comment commence ce premier roman rythmé et maîtrisé qui n’a cessé de me surprendre. La narration de Nathan Harris ne va jamais où on l’attend, et le destin de ses personnages, complexes et attachants, s'en trouve constamment chamboulé.

J’ai adoré George Walker, son indéfectible optimisme et sa grande générosité. J’ai aimé Isabelle, son caractère indépendant et son silence armé. J'ai succombé à la relation tendre et lumineuse qui unit les frères, Prentiss et Landry le colosse innocent (Lenny et George ne sont jamais loin #DesSourisetDesHommes) et la formidable capacité de Harris à raconter les sensations nouvelles de ces hommes émancipés, le plaisir de la nature, la douceur de l’eau. Que la violence du monde viendra troubler inévitablement.

Original et vibrant d’émotions, ce roman porte un regard très (trop?) moderne sur cette période passionnante, la lâcheté des uns et le courage dès autres, le prix de la liberté.

Malgré quelques maladresses vite oubliées, le roman de Harris entre avec panache dans mon panthéon des grands romans sur la reconstruction après la guerre de Sécession. Du labyrinthique Faulkner d’"Absalon, Absalon", au formidable "Jubilee" de Margaret Walker, en passant par le troublant "Des jours sans fin" de Sebastian Barry.

Vous aussi vous adorez cette période? Des conseils de lecture? J’ai repéré "L’oiseau du bon dieu" de James Mc Bride, déjà dans ma wishlist!
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La Douceur de l'eau

Le commentaire de Lynda :

On se retrouve, dans cette histoire, aux États-Unis, la guerre de Sécession, vient tout juste de se terminer. C’est également la fin de l’esclavagisme dans ce pays.

Mais il faut savoir que même si l’esclavage n’est plus permis, la mentalité de bien des gens elle, n’a pas changé, et ça deux frères, Prentiss et Landry, le constatent, puisque personne ne veut les engager.

Malgré tout, les 2 frères se cachent et c’est souvent dans la forêt, ils sont encore une fois décidés à y passer la nuit, quand ils sont découverts par George Walker le propriétaire du domaine.

Il est perdu, et les 2 frères acceptent de le ramener chez lui, en remerciement, lui, qui vit sévèrement le deuil de son fils, leur propose de travailler pour lui, en recevant un salaire.

Tout va bien, de beaux liens se créent entre les frères et Georges Walker, du moins jusqu’au retour du fils prodigue, ce qui va changer la donne.

Un roman historique très riche sur l’histoire de la ségrégation américaine et sur l’esclavagiste. Un thème que j’ai eu l’occasion de lire avec d’autres lectures, je peux confirmer que ce roman est d’une très bonne qualité.

Tout y est décrit, l’auteur met également beaucoup d’emphase sur la nature, sur l’entourage, le climat, et tout ce qui entoure cette période historique. On ne peut que constater que beaucoup de recherches ont été faites pour arriver à produire un tel roman.

On espère de tout cœur, que les deux frères vont pouvoir retrouver une vie acceptable, même si ce n’est pas une vie paradisiaque, juste le fait de vivre en toute liberté dans une Amérique assez déchirée et divisée.

Je vous recommande cette lecture si cette période de l’histoire vous intéresse.
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La Douceur de l'eau







Magnifique ! Et c’est un premier roman ! Géorgie 1865 - Après la guerre de Sécession, Georges Walker rencontre, lors d’une ballade en forêt, deux jeunes noirs nouvellement affranchis. Il leur propose de travailler sur sa terre avec un salaire équitable. S’ensuit une belle relation, mais c’est sans compter sans les aléas de la vie et du racisme qui sommeille encore dans le cœur des hommes. Ce roman est construit comme une tragédie : d’abord, l’auteur prend bien son temps pour nous présenter, avec subtilité et profondeur, les différentes forces en présence, puis, dans une lente et très belle montée dramatique, le ressort de l’action est bandé et les évènements se précipitent. Y aura-t-il à la fin apaisement comme au théâtre ? Je vous laisse le soin de le découvrir. Il y a de tout dans ce roman : bonté, méchanceté, amour, tendresse, suspense, remords, rédemption, silences, liberté, fuite, poursuite, symboles et j’en passe. L’auteur n’a que vingt-neuf ans quand il publie ce roman d’une très grande richesse. Très beau et très émouvant !
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