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Critiques de Nicolas Delisle-L`Heureux (21)
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Un grand bruit de catastrophe

Le prologue met en scène deux personnages centraux de cette histoire : Wendy, simple d’esprit et son frère Willy qui apparaît d’emblée comme le diable incarné. Lorsque Louise se rend compte de la situation, elle organise le départ de Wendy. Ce qui relie les deux femmes sera l’objet du développement du roman.



Le décor est singulier : Val Grégoire est un lieu déshérité, gouverné de façon oligarchique par un homme qui confond gestion communale et monarchie absolue de droit divin avec les privilèges que cela implique. Même son épouse ne se fait aucune illusion sur les cornes qui ornent son front.



Louise, Marco et Laurence sont liés par une profonde amitié. Mais déjà l’infâme Willy sera à l’origine d’un événement qui modifiera la dynamique du trio à tout jamais.



A l’âge adulte alors que Laurence a disparu, et que Marco vit sa vie loin de là en couple mal assorti, Louise fera le chemin pour mettre en lumière ce qui s’est passé des années plus tôt.





Avec la musicalité de la langue, et l’humour qui traverse les pages, cette histoire dramatique se lit avec un immense plaisir. La force de l’intrigue, la construction, l’ambiance particulière de la communauté isolée de Val Grégoire, qui malgré l’irruption de la modernité semble figée hors du temps, font un ensemble passionnant et difficile à lâcher.



320 pages Les Avrils 25 janvier 2023

Sélection prix Orange 2023


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Un grand bruit de catastrophe

Une histoire tragique, sombre, racontée par petites touches. Louise revient sur les pas de son enfance, marquée par un drame. La description de la petite ville étriquée est rendue plus réaliste par le vocabulaire canadien. Les différents récits qui s'entremêlent laissent peu à peu voir l'étendue du drame qui s'est joué là.

Un récit fort
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Un grand bruit de catastrophe

Le pacte de Marco, Louise et Laurence



Trois adolescents se promettent de faire leur vie loin de ce coin perdu du Canada où ils étouffent. En suivant les pas de Marco, Louise et Laurence, Nicolas Delisle-L’Heureux raconte une amitié qui va virer au drame dans une société loin d'être émancipée.



Commençons par planter le décor, essentiel dans ce roman. Nous sommes en 1956, une année qui a marqué le narrateur, «puisque c’est celle où nous avons commencé à naître, infatigablement, comme une diarrhée mal soignée» à Val Grégoire, une de ces cités loin de tout, qui a poussé comme un champignon, dans le Nord du Québec. «Après L’hôtel de ville on y construisit l’épicerie, l’école primaire, puis secondaire, la piscine, l’aréna, le poste de police, la caserne de pompiers, la station-service, les rues asphaltées, les ballons qui roulent devant la voiture à la dernière seconde, les panneaux de limite de vitesse, le bureau des examens de conduite. On vit apparaître un des hôpitaux les mieux équipés de la province, une prison tout inclus (avec buffet à volonté, activités de groupes tous les matins et spectacles amateurs des geôliers le vendredi), un asile psychiatrique tout ce qu’il y a de plus innovant, ainsi que la Plaza du monde, un centre commercial fait sur le long où on vendait du linge comme on en voyait à la télé.» La dynastie Desfossés a mis la main sur la mairie et règne sur la communauté. C'est au tour de Jean-Marc, qui n'est pas le plus fûté, d'entrer en scène. Avec son épouse Marie-Pierre, ils sont à l'origine du désastre à venir, en mettant au monde, de 1972 à 1978, «comme de vilains lapins, sept garçons: Ricardo, Julio, Bruno, Théo, Mario, Léo et Marco – ils l’expliquaient avec le plus grand sérieux: "Le o, c’est pour l’onneur."»

C'est Marco, le dernier de la lignée, qui va s'acoquiner avec Louise Fowley et Laurence Calvette, formant un trio aussi inséparable qu'improbable. Ils essaient de tuer leur ennui et leur scolarité médiocre en participant à quelques mauvais coups. Mais l'élément déclencheur du drame à venir, est une virée durant laquelle Louise perdra sa virginité. Pas avec Laurence, comme la logique le voudrait, mais avec son grand-frère William qui va la forcer et la mettre enceinte.

Une situation que Louise gère en prenant la fuite pour Montréal, espérant que ses deux amis la suivront bientôt. Mais si Marco et Laurence disparaissent effectivement et sont officiellement portés disparus, personne ne sait ce qui leur est arrivé.

La seconde partie du roman, qui court sur une quinzaine d'années, fera la lumière sur ce «traumatisme collectif jamais convenablement soigné et qui a gangrené l’âme de la ville.» On y verra Louise revenir à Val Grégoire. Pour se venger ou pour retrouver la trace de ses amis d'enfance?

Nicolas Delisle-L’Heureux met habilement en place les pièces du puzzle, dévoilant peu à peu ces destins bousculés jusqu'à l'épilogue très réussi. Des amitiés adolescentes au poids du déterminisme social, de l'envie de fuir un environnement désespérant à la force des liens familiaux, l'auteur réussit à dresser un vaste panorama de quelques questions existentielles majeures. Servi par l'exotisme de la langue, il confirme avec ce second roman toutes ses qualités de narrateur. Une belle réussite!




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Un grand bruit de catastrophe

A Val Grégoire, une petite ville désespérante du nord canadien, trois adolescents essaient d’échapper à leur funeste destinée : Louise, adoptée par une famille ultra-religieuse ; Marco, un des fils du maire ; Laurence, troisième enfant d’une famille de déjantés.

Car il apparait comme inéluctable pour les habitants de rester prisonnier de cette bourgade gangrénée par la bienséance, le chômage et l’alcool. Tous les trois se sont juré de partir un jour, de quitter la médiocrité inscrite dans les gènes de cette ville.

Le premier drame foudroie la douce Louise dont la famille, honteuse, choisit l’exil. Cloitrée, humiliée, Louise s’accroche aux futures retrouvailles avec ses deux amis. En vain ! Et c’est elle qui devra revenir à Val Grégoire pour solder ses comptes et découvrir la triste vérité.

Cette très belle histoire de rêves d’adolescents confrontés à la rudesse d’une société archaïque et repliée sur elle-même est magnifiée par la truculence des dialogues et le style très original de l’auteur.
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Un grand bruit de catastrophe

Il y a des endroits éloignés du monde et dont il est difficile voire impossible de s'extraire. Comme Val Grégoire, une petite ville du nord-est du Canada où Louise Fowley a passé son enfance, au sein d'une famille adoptive étouffante. Son oxygène c'était Marco et Laurence, deux garçons rencontrés sur les bancs de l'école primaire ; ensemble ils formaient un trio flamboyant, bien loin de l'insignifiance de chacun lorsqu'il était seul. Ils rêvaient de partir à l'aventure et de réussir ce à quoi nombre de leurs camarades avaient renoncé : traverser le pays sur les traces de légendes plus vieilles qu'eux, découvrir les villes et peut-être ainsi forcer le destin qui les assimile à des ouananiches, ces saumons enfermés en eaux douces pour ne pas avoir su retrouver le chemin de la mer. Pourtant, un événement tragique va rebattre les cartes et jeter chacun sur son propre chemin. L'auteur nous offre un voyage haletant dans les pas de chaque protagoniste, reconstituant au fil des chapitres les pièces manquantes pour comprendre ce qui s'est vraiment joué dans les esprits des uns et des autres. Il campe des personnages marqués et abîmés par la vie, un certain atavisme familial, la violence attisée par l'isolement et la rudesse des paysages. Il dessine des parcours hantés mais guidés par une farouche volonté d'émancipation et de liberté qui les mène jusqu'à la possibilité d'un apaisement même si le chemin pour en arriver là se révélera tragique. J'ai été captivée par l'écriture inventive et puissante, par la force des personnages et particulièrement de Louise, par l'immersion dans des paysages à l'immensité écrasante. L'ensemble est pourtant lumineux (même si certaines scènes peuvent choquer les âmes sensibles), servi par une construction habile qui rend la lecture terriblement addictive. Encore une jolie découverte, encore un nom à retenir et à suivre.
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Un grand bruit de catastrophe

Une histoire d'amitié entre trois personnages, de l'enfance à l'âge adulte, voilà qui au départ n'est pas vraiment le genre d'histoire qui me plaît le plus, mais un coin reculé du nord-est canadien, cela me parle plus. Louise, arrivant enfant dans la petite ville de Val Grégoire, aux confins du canada, près du Labrador, ne se sent pas à sa place, ni en classe, ni dans sa famille, mais se lie vite d'amitié avec Laurence et Marco, deux garçons aussi dissemblables que possible. Et pourtant, leur trio fonctionne, se fait remarquer et bâtit des rêves d'avenir, loin de Val Grégoire. Car une sorte de malédiction semble peser sur les habitants de la ville, qui tels des ouananiches, ces saumons qui vivent seulement en eau douce, même si l'accès à la mer ne leur est pas bloqué, ne réussissent jamais à quitter leur région.

Le roman est fort bien construit puisque partant d'un événement intrigant, quand Louise est adulte, il revient sur son enfance, puis, vers le milieu du roman, amorce une explication à ce qui s'est passé au début, avant, au final, de dénouer le tout. Les personnages sont forts, fascinants, et les lieux le sont tout autant. Mais ce qui est le plus remarquable, c'est la langue utilisée par l'auteur, pleine d'imagination, de couleurs et de fureur. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il nous régalera de nouveau de ses mots.
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Un grand bruit de catastrophe

Au nord du nord du Canada, vive les Ouananiches, une espèce endémique de saumons sauvages. Leur particularité tient au fait qu’ils ne migrent pas, coincés dans les eaux douces où ils ont trouvé refuge après le retrait de la mer voilà des millénaires. Les ouananiches ce sont aussi les habitants de Val Grégoire, cette ville, sortie de rien, grossie au fil des décennies, et nichée dans la forêt. Une ville, où les habitants vivent et demeurent, repliés sur eux mêmes, paradoxalement prisonniers de ces grands espaces.

C’est là que vivent Marco, Laurence et Louise. Trois ados avec la farouche envie de partir chevillée au corps, trois ados qui « tenaient en équilibre sur la pointe effilée d’un large cône », un trio marqué implacablement par un atavisme familial, écrasant, et liés à jamais par un traumatisme indélébile et fondateur.

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Attention pépite, ce livre est superbe! Entre tragique et déterminisme,il nous conte le récit d’une adolescence fracassée. Un thème récurrent si l’en est et pourtant il renouvelle le genre. Cela tient à ce trio, improbable et évident. Marco, le fils du maire, dernier né d’une fratrie de bras cassés. Laurence, le dernier fils désespérément normal d’une famille complètement frappée . Et entre eux, Louise, fille de prêcheurs illuminés, impertinente et lumineuse, courageuse et meurtrie. Cela tient au lieu aussi, ce Canada méconnu et lointain, isolé, et enfermant. Cela tient enfin, et surtout,à la langue, ample, riche, et totalement Immersive, alternant entre réalisme et tragédie, où se glissent ça et là des pointes d’humour délicieuses. C’est un bonheur aussi d’y retrouver autant de locutions québécoises, tellement imagées et si savoureuses, accentuant encore le dépaysement.

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La découverte d’un auteur à suivre et un titre que je défendrai avec enthousiasme dans le cadre du #prixorangedulivre2023

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Un grand bruit de catastrophe

L'histoire se déroule à Val Grégoire, une ville fictive sur la côte nord du Québec aux confins du Labrador à 700 kms de Montréal, une ville perdue au milieu de nulle part, créée dans les années 1950 pour exploiter la forêt.



Trois amis d'enfance, une fille et deux garçons, Louise, Marco et Laurence, issus de familles plus dysfonctionnelles les unes que les autres, deviennent inséparables, unis par leur rêve de s'échapper un jour de Val Grégoire qui ne leur offre aucun avenir. Ils forment "Un clan sacré, intouchable, inviolable".



Louise, gamine éprise de liberté, gamine indocile surnommée " La Petite Sale", est élevée sans chaleur par des parents adoptifs qui appartiennent à une Eglise, "une étrange secte pas catholique". Marco est le fils du despote local, les hommes de sa famille sont tous plus voyous les uns que les autres, il va tenter désespérément d'échapper à cette filiation perverse en coupant les ponts avec sa famille. Quant à Laurence il vit auprès d'une mère illuminée, d'un frère monstrueux et d'une sœur fragilisée par son handicap.



Un évènement dramatique survenu en 1991 alors que ces trois amis avaient treize ans brisera leur amitié. Dans le premier chapitre du roman, plus de quinze ans après, Louise revient dans l'ancienne station de ski du mont Brun près de Val Grégoire pour se venger.



Ce roman noir est remarquable par sa construction et par sa langue.

Avec une construction très habile l'auteur nous révèle au fil des pages, au détour des points de vue de chacun des principaux personnages, dans un désordre chronologique savamment orchestré, l'histoire de Louise, Marco et Laurence. Sont intercalés dans le récit des chapitres dénommés "Ouananiches" du nom du saumon qui reste dans les plans d'eau douce même si l'accès à la mer ne lui est pas bloqué. Dans ces chapitres, un chœur de voix de jeunes du village raconte Val Grégoire, ces voix illustrent le déterminisme social, la fatalité à laquelle les jeunes ne peuvent pas échapper dans l'impossibilité qu'ils sont de quitter un lieu où ils sont coincés par leur naissance comme les ouananiches sont coincés dans leur eau douce. Quand le lieu de naissance devient un piège...

La langue québécoise est savoureuse, les dialogues peuvent être très drôles allégeant cette histoire très rude mais dans laquelle l'auteur fait preuve d'une grande sobriété sans jamais tomber dans des descriptions glauques.

L'atmosphère pesante, les paysages grandioses, la complexité des différents personnages tous plus amochés les uns que les autres, l'ambivalence des sentiments... tout est parfaitement restitué dans ce roman très romanesque au suspense très bien entretenu. Un roman au sujet grave dans lequel l'auteur parvient à faire émerger une belle lumière.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Un grand bruit de catastrophe

S’il est une langue – ou dialecte ? – que j’adore, c’est bien le français du Canada. A la lecture du roman de Nicolas Delisle L’heureux "Un grand bruit de catastrophe", j’ai retrouvé intact cet engouement lié à un séjour professionnel dans ce pays il y a quelques années. La musicalité de son écriture, son vocabulaire imagé m’ont enchantée.



L’histoire de Louise et de ses amis est certes noire, très noire même. Et pourtant, l’écriture, la construction très intéressante, l’humour disséminé çà et là rendent lumineux ce récit d’amitié. Une amitié née à Val Grégoire, tout au nord de la forêt boréale, entre Louise Fowley, Marco et Lawrence, un trio inséparable jusqu’à ce que…un événement, oui L’événement… Le trio éclate, la famille de Louise quitte la région. Ce serait dommage d’en connaître davantage. Il est important de se laisser porter par cette histoire tragique animée par des personnages attachants, voire fascinants. Des personnages prisonniers, comme les ouananiches, ces saumons arrêtés dans les eaux douces – en quelque sorte fil conducteur de ce récit – qui rêvent de briser les chaînes de leur atavisme familial.



Ce roman est d’une grande beauté, on y ressent l’attrait des grands espaces, la profondeur des drames familiaux, l’esprit de vengeance qui va ramener Louise sur ces terres quittées quelques années auparavant. J’ai eu l’impression d’admirer une fresque, d’écouter les voix chantantes de ceux qui racontent, se racontent. Ce sont trois voix qui à tour de rôle disent leurs problèmes, leurs sentiments, ressentiments. Le ton est envoûtant, touchant, émouvant. J’ai eu l’impression, en lisant ce roman de mettre bout à bout des morceaux de l’histoire pour arriver à une fin magistrale. J’ai eu l’impression de passer par toutes les émotions : la peur, la joie, l’admiration, l’étonnement…



Je n’avais pas lu le premier roman de cet auteur, mais je le ferai à coup sûr, impressionnée par la qualité de celui-ci : un roman, un vrai !


Lien : https://memo-emoi.fr
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Un grand bruit de catastrophe

Fan des éditions @lesavrils, car toujours étonnée, j'ai postulé pour ce roman à la masse critique littérature Babelio. Bonne idée ! Quel savoureux récit à la fois dur, émouvant et drôle. Dans la petite ville de Val Grégoire - quelque part au Québec - trois enfants lient une amitié salvatrice....mais pour combien de temps ? Suffira-t-elle à déjouer la puissance paralysante de leurs origines ?

Terriblement intelligent.

Et des personnages secondaires incroyables, hauts en couleur et bien bizarres...et si réalistes à la fois...un régal.

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Un grand bruit de catastrophe

Val Grégoire, petite ville perdue dans l'immensité de la forêt québécoise, bien loin au nord de Montréal est une véritable cour des miracles. Ceux qui y naissent sont comme les ouananiches, lointains descendants des saumons, qui ne peuvent plus sortir de leur lieu de naissance.

Louise, Marco et Laurence, le trio d'enfants inséparables de ce conte moderne, y étouffent. Ces trois jeunes pieds-nickelés que le drame sépare, mettent du temps à se retrouver. Il est des comptes à régler pour avancer dans la vie.

Nicolas Delisle-L’Heureux dénonce le déterminisme social qui prévaut dans les quartiers pauvres. Chômage, alcool, grossesses non désirées, petite délinquance, drogues, la vie est rude mais les habitants semblent passifs devant tant de fatalité.

Sans trop de chronologie, l'auteur passe d'un personnage à l'autre. Le réalisme très noir n'empêche pas l'humour. L'écriture nous fait entendre l'accent. Ce qui me semble de l'inventivité n'est peut-être que la particularité du québécois des campagnes, mais quel régal !



Merci aux éditions Les Avrils et à Babelio pour ce Masse critique


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Un grand bruit de catastrophe

Le fin fond du Québec dans les années 90, ça n’a pas grand chose de différent avec le fin fond de la France de la même époque. Ce texte m’a permis de le découvrir ! Les mêmes villages aux habitants taiseux, le même ennui, les mêmes rêves d’ailleurs dans la tête des enfants et les mêmes horizons bouchés, espoirs brisés, la même fatalité. Ici, le village fictif de Val Grégoire.



Ce roman est donc un roman social québécois dans lequel des générations entières se reconnaîtront sans doute. Il y est question de trois personnages principaux, trois amis d’enfance qui se sont perdus de vue à l’âge adulte mais qui n’ ont rien oublié de leur jeunesse et des aventures vécues comme promises à l’époque.



Le sujet est désormais régulièrement traité en littérature, notamment française. Pour autant, j’ai trouvé ce texte original. Les portraits sont complets et remontent sur plusieurs générations pour expliquer la situation de chacune des familles. J’ai pu avoir l’impression de lire plusieurs romans en un. La construction est intelligente et c’est en mêlant la chronologie et les narrateurs avec une partie dédiée à chacun des trois personnages principaux, que l’on reconstitue l’ensemble et que les fils se raccrochent.

Ce texte m’a plu. Le ton employé est juste et présente quelques pointes d’humour. Évidemment l’usage de la langue vernaculaire ajoute beaucoup à l'atmosphère et j’ai aimé, comme à chaque fois, croiser quelques expressions de français québécois.



Et puis une belle touche d’originalité avec les quelques chapitres portées par les “ouananiches”, du nom de ces saumons qui restent éternellement bloqués dans le lac sans parvenir à rejoindre la mer.

Une jolie découverte et un auteur qui a retenu mon attention, je suis ravie d’avoir lu ce roman publié aux Avrils. Une maison qui fait bien souvent mouche avec moi !
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Un grand bruit de catastrophe





« Val Grégoire est en apparence telle qu'elle l'a toujours été, au nord du monde, mais elle est, à notre image, fatiguée. »



Val-Gregoire c’est cette ville au Nord du Nord du Canada où plane une atmosphère de gueule de bois, qui plonge l’esprit dans une brume opaque. Une petite ville créée en 1950 où l’ennui s’est cristallisé.

Le trio incandescent de Val Gregoire est composé de Louise et ses deux potes Marco & Laurence, la compatibilité sociale du trio paraît impossible de prime abord mais leur rêve est commun : quitter un jour Val-Grégoire et sa chape de plomb qui appelle la catastrophe.



Louise est la fille adoptive d’une famille qui voue un culte à la religion sans bornes, Marco est le cadet d’une fratrie dont le père est le maire de la ville, plutôt prédisposé à une vie marginale et sans socle familial solide. Quant à Laurence, il a une mère fantasmagorique, sa sœur Wendy est d’une naïveté confondante et son frère Willy d’une violence bête.



En septembre 1991 un acte d’une gravité extrême a lieu, la famille de Louise est contrainte à quitter la ville mais les 700 kilomètres qui les sépareront de Val Gregoire n’empêcheront pas Louise d’avoir le cœur embourbé à Val Gregoire. Alors, elle va y retourner des années après le drame. Son retour prendra l’allure d’une sorte de mythe où la vengeance détient sa place.



Un grand bruit de catastrophe c’est la noirceur d’un atavisme fatal, d’un drame social, d’une inertie familiale. Notre trio d’adolescents devenus adultes tentent de s’extirper du sable mouvant dans lequel ils sont nés, motivés par l’amour, ce battement du coeur qui dégouline jusque dans le bas ventre et fait naître une chaleur déroutante.



Cette histoire d’amitié est écrite dans une langue effervescente qui fourmille de dialecte canadien, avec des mots soutenus tout en conservant une atmosphère nébuleuse. Ce roman c’est le combo de tout ce que j’aime dans la littérature ✨⚡️



« Nous sommes violents, anxieux et irritables et nous ne rions presque jamais, sauf devant nos télés qui rediffusent des galas d'humour ou des farces et attrapes faites à des vraies personnes dans de grandes capitales de la planète. On se frappe les genoux : « Ha! ha ! Imagine si on vivait en ville! »





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Un grand bruit de catastrophe

Ce roman nous plonge dans les grands espaces du Canada, qui paradoxalement enferment ses personnages. Ils sont comme empêchés de partir de Val Grégoire. Leurs pères ont fui, abandonnant femmes et enfants. Une sorte de fatalisme s’abat sur eux. La vie est rude : chômage, alcoolisme, femmes trompées, délinquance, etc.

L’histoire tourne autour de l’amitié de trois enfants : Marco, Louise et Laurence. Ils rêvent d’échapper à leur destin et de quitter Val Grégoire. Devenus adolescents, un événement (que je vous tais pour ne pas divulgâcher) va les séparer. Les parents de Louise partent précipitamment de Val Grégoire avec Louise et ses sœurs. Louise aura pour unique objectif de revenir et de retrouver ses amis. Et puis les « circonstances » comme le dit l’auteur, changent le cours des choses.

Difficile de parler de ce roman sans trop en dévoiler. En tout cas j’ai trouvé l’histoire originale et prenante. La structure du roman également car elle n’est pas linéaire. On passe d’un point de vue à l’autre des personnages habilement, en alternant le présent et le passé. Les parties sont entrecoupées du point de vue des ouananiches, ces enfants, camarades du trio d’amis qui sont toujours restés à Val Grégoire et ont compris eux : « nous, natifs de Val Grégoire, étions condamnés à ne jamais pouvoir partir d’ici ». Peu à peu on retrace la vie de Louise, Marco et Laurence. Louise est solaire, forte, tenace, impossible de ne pas s’attacher à cette jeune fille.

Nicolas Delisle-L’Heureux dans ce second roman parle très bien de l’amitié et de l’adolescence. Il interroge la reproduction du schéma familial, le déterminisme social, peuvent-ils échapper à leur destin ? Il est aussi question de vengeance, du rapport entre femmes et hommes, de familles dysfonctionnelles, de Wendy, la sœur de Laurence, handicapée mentale. J’ai aussi beaucoup aimé les mots et expressions québécoises. L’écriture est vive et inventive, bref c’est une voix singulière. Ce roman peut paraître noir mais il se révèle aussi drôle par moment et il y a toujours une lueur d’espoir. Impossible de savoir ce que les personnages vont faire ou dire, je me suis laissée totalement embarquer, porter par la plume de cet auteur canadien. Encore une belle découverte grâce aux Avrils.

Un coup de cœur lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2023 !
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Un grand bruit de catastrophe

Val Grégoire, petite ville au nord du nord de la forêt boréale, au Canada, sous la coupe de la famille Desfossés. Val Grégoire où les habitants finissent par se convaincre qu'ils sont des ouananiches (saumon d'eau douce incapable de migrer). On ne quitte pas Val Grégoire ou alors on y revient immanquablement.



Louise étouffe dans ce lieu et dans sa famille, bigote à outrance. Sa seule bouffée d'oxygène sont les deux copains qu'elle se fait à l'école, Marco, un Desfossés, fils du maire et Laurence, dont le frère Willy va être à l'origine de la catastrophe qui pèsera lourd pour la suite.



L'histoire s'ouvre sur le retour improbable de Louise qui avait fini par fuir à Montréal. Elle croise Wendy, soeur de Laurence et comprend vite la situation de cette jeune femme un peu simplette, ce qui va la décider à repartir en l'emmenant avec elle.



Plusieurs personnages prennent la parole à tour de rôle, sans souci chronologique ; à chaque narrateur et époque différente, les évènements du passé se dévoilent un peu plus jusqu'à donner une claire vue d'ensemble.



Le coeur du livre c'est l'amitié indéfectible entre Louise, Laurence et Marco ; ils sont inséparables et les deux garçons promettent à Louise de la rejoindre lorsqu'elle part en douce pour Montréal. Ils ont en commun des familles plutôt déjantées et déstructurantes. La force de caractère de Louise leur sert de moteur.



Les habitants de Val Grégoire suivent de près les évènements, supputent et commentent ce qu'ils croient savoir et ils n'hésiteront pas à aider Louise lorsque le moment sera venu des règlements de compte. Je dois dire que, vu tout ce qui avait précédé, j'ai apprécié la fin même si elle n'est pas morale.



Le style de narration maintient une tension qui pousse à tourner les pages, mais ce qui m'a le plus emballée dans ce roman, c'est la langue, directe, inventive, savoureuse.



Un auteur à découvrir.
Lien : http://legoutdeslivres.haute..
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Un grand bruit de catastrophe

C'est un livre très surprenant ! C'est l'histoire d'une bande de potes dans un trou paumé canadien. De familles dysfonctionnelles en aventures surprenantes, les protagonistes ne rentrent jamais dans les cases.

Illuminé(e)s, bien ou mal élevé(e)s, ils énervent, touchent, font rire, pleurer. Je les ai beaucoup aimé.

Je ne connaissais pas cet auteur, mais j'aime vraiment son univers. J'adore la façon de parler des canadiens : je n'y peux rien, ça m'éclate !

Merci aux Editions Les Avrils et Net Galley de m'avoir permis de rencontrer Nicolas Delisle-L'Heureux : il est épatant !
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Un grand bruit de catastrophe

Huis clos saisissant dans le temps et l’espace. Enclave des émotions, du destin sans destin, de la vie, Val Grégoire effraye, retient les âmes, ancre le mal, la violence des silences, les pas qui ne partent jamais.





Roman percutant et d’une justesse étouffante. Trois vies, trois destins emmêlés, trois regards tournés vers l’avenir radieux en quête d’un monde idyllique où les riens deviendraient des possibilités.





Roman aux sonorités de prédictions. Une atmosphère tendue où le moindre événement gonfle les chapitres d’une tragédie tentaculaire.





Je vous invite chaudement à découvrir le roman de Nicolas Delisle-L’Heureux. Il vous portera au cœur d’une histoire bouleversante. Un récit émouvant aux tonalités canadiennes. Trois voix, trois vies, narrant la folie des hommes et des rêves. Évasion des sens, effervescence des espoirs ensevelis sous une tonne de résignation.





Vraiment à découvrir !
Lien : https://misschocolatinebouqu..
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Un grand bruit de catastrophe

Un texte qui nous entraîne dans une région du Canada, à la frontière du Labrador canadien.

A Val Grégoire, une petite ville du nord canadien, trois adolescents se rencontrent au collège et leur amitié va essayer de perdurer : Louise, adoptée par une famille ultra-religieuse, Marco, un des fils du maire, Laurence, troisième enfant d'une famille de déjantés.

Ce livre va relater la vie des ces trois jeunes et ce qu'ils sont devenus.

L'auteur décrit sans concession la vie dans cette ville, les relations sociales, le déterminisme social mais aussi les espoirs en partant mais le passé resurgit.

Un texte sur une vie difficile mais aussi de belles pages sur les amitiés adolescentes et j'ai apprécié de lire quelques expressions de français québécois mais qui ne dérange aucunement dans la lecture de ce texte bouleversant.

L'auteur parle si bien de ces régions rudes, de ces petites villes avec leur hiérarchie sociale, leurs non dits, leurs cruautés entre les habitants, mais aussi un beau texte sur l'adolescence et les espoirs à travers le portrait de ces trois jeunes gens.

#Ungrandbruitdecatastrophe #NetGalleyFrance
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Les enfants de chienne

Un trio d’amis inséparables qui se perdent de vue à l’âge adulte, ça semble un air connu. Mais il faut voir quelles failles ont fait tout dérailler.
Lien : https://www.journaldequebec...
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Les enfants de chienne

Un roman excellent, où l'auteur crée un village en entier, ainsi que sa mythologie.

Val-Grégoire est une municipalité fictive, située entre Forestville et le Sagnenay-Lac-Saint-Jean. Et dans ce coin perdu, à part boire et fumer, il y a peu de choses à faire!



Louise Fowley, jeune adolescente nouvellement arrivée, se lie d'amitié avec Marco Desfossé, fils du célèbre maire, et Laurence, fils d'une femme dont la spiritualité est au centre de la vie. Rapidement, les trois formeront un trio inséparable jusqu'à ce qu'un terrible événement se produise. Maintenant séparée de plusieurs centaines de kilomètres, Louise ne pense qu'au jour où elle retournera à Val-Grégoire.



Dans un univers où tous les jeunes rêvent de s'enfuir du village pour enfin connaître la vraie vie, nous suivons le destin de 3 adolescents meurtris par leur vie qui essaient coûte que coûte de se retrouver pour ainsi redonner un sens à leur vie.



J'ai été emporté par ce récit et la belle plume de l'auteur ne fait qu'ajouter au plaisir que j'ai eu à lire ce livre.
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