Nicolas Grenier

Un coup de tonnerre
Dans le ciel lumineux d’août
Fend la jupe en deux
Sa peau blanche comme neige
Inonde les draps fuchsia

Paris le jour, c'est tout Prévert; Paris-Doisneau, ville-filles. Paris-Amour... Paris-bisous, dans le cou?

Envoi

Sur papier bouffant
Ivoire combien de grammes
Tracés en un jet
Quant à Saint-Germain-des-Prés
Tanka sur la main d'après

Ralentir travaux
Tanka au bord de la fête
Sur son trente et un
Avec un signe et des lettres
Parmi les cristaux de quartz

XIII

À pleines volées
L'été sème des ombrelles
Au détour de l'air
Sommes-nous là près d'Edo
Ou à Paris zéro sept

Étude de Nathanaël Gobenceaux :

« C’est un quartier-surface, c’est une église-point, c’est un boulevard-ligne. Saint-Germain-des-Prés, c’est un repère dans l’espace. » (p. 38)

Au fond de la cour / Ô vasistas entrouvert / Il n'y a plus d'heure / Le chat gris sur la gouttière / Dort matin midi et soir

face à l'infini
dans le noir le plus total
éclats de lumière

sortie de tunnel
de l’autre côté du mur
les phares s'éteignent

Échangeur de vent
À l’Odéon rendez-vous
Bus 63
Pour Maubert-Mutualité
Là-bas l’horloge s’agite

Loin de l’herbe folle
Au crépuscule doré
Sur la chaussée brute
Entre les automobiles
Mon scooter bleu se faufile

Étude de Nathanaël Gobenceaux :

« L’espace géographique peut se mesurer en tanka. » (p. 44)

radio matinale
peut-on redresser la France
chômage de masse

le long des glissières
dans un instant de bonheur
j'oublie la vitesse

Paris, serait-elle la ville la plus poétique au monde? Dans cette cité des arts, des poètes français, petits et grands, sont nés et morts.

C'est là que, l'autre soir, entre deux balivernes,
Un beau jeune homme imberbe, aux jambes en cerceaux,
Découpaient un enfant en tout petits morceaux.

Amélie Villetard

Quel spectacle du haut de cette tour Eiffel,
Qui domine Paris et poignarde le ciel !

Paul Avenel

Dans un hôtel, une pension, un meublé, des poètes des quatre coins de France ont déposé leur valise, musette, sac à dos. Ils ont vécu quelques nuitées, quelques amours... pour quelques sous, sous les auspices de Sainte-Geneviève.

passager à bord
le module Philae
ouvre grand les yeux

Parmi ces divertissements, aucun n’est plus à la mode depuis quelques années que le football. J’ai assisté l’automne dernier, dans la paisible et douce ville de Cambridge, à une partie que les champions du collège de Harvard – le team, comme on dit ici – soutenaient contre les champions de l’Université de Pennsylvanie. Il me faut remonter en pensée à mon voyage en Espagne pour me rappeler une fièvre du peuple égale à celle qui palpitait le long de la route, entre Boston et l’arène réservée au combat. Les voitures des tramways électriques se suivaient à une minute d’intervalle, remplies de voyageurs, qui assis, debout, qui suspendus aux marchepieds, se pressaient, se tassaient, s’écrasaient. Le rendez-vous était, comme à Rome, pour des combats de gladiateurs, et quoique les journées de Novembre soient cruellement froides sous le ciel du Massachusetts, dans une espèce d’enclos en plein air. Paul Bourget, Outre-mer, notes sur l’Amérique (1895).