Entretien Nicolas Jones-Gorlin par Dahlia à propos de la parution de Mérovée aux Éditions Léo Scheer
Non, j'étais pas préparé à cette pression. Pas préparé à me prendre chaque jour les regards de haine des gosses de 7 ans à qui on a spontanément envie de faire un sourire la première fois qu'on les croise au pied des grandes cités mortes.
Ils vous regardent comme si vous étiez le mal.
Et chaque jour leur haine vous sature un peu plus les neurones.
Sans parler de la peur. Celle qui vous prend aux tripes dès le réveil, chaque matin, avec votre café.
Celle qui monte d'un cran quand vous grimpez dans votre voiture de patrouille.
La bonne stratégie c'est de dire qu'on est timbré, qu'on a eu l'enfance la plus dégueulasse du monde, et qu'on est devenu fou, fou, fou. Encore mieux : il faut qu'un spécialiste, un psychiatre, vous examine, et qu'il reconnaisse que bébé, votre mère ne vous prenait pas dans ses bras, qu'entre zéro et six mois vous avez souffert d'un manque d'affection terrible, et comme ça, on peut se passe de la théorie du papa qui vous encule.
Montvermeil. Si vous regardez derrière la vitrine numérique, c'est 25 000 habitants, un revenu annuel moyen de 4 500 euros par tête de pipe, plus de 30% de la population issue de l'immigration, plus de 40% de chômeurs, zéro service public dans les cités, pas de poste, plus d'autobus après 18h.
Il ne reste plus que les flics.
Comme toujours.
Bienvenue à Montvermeil. 40% de barres HLM d'un côté, 30% de petites maison en meulière de l'autre, 30% de hangars et autres bâtiments au milieu.
100% de mecs en colère, d'un côté comme de l'autre.