En librairie le 19 août
Pierre passe la journée en garde à vue après que sa toute jeune femme a porté plainte contre lui pour violences conjugales. Pierre a frappé, lui aussi, comme il a été frappé, enfant. Comment en est-il arrivé là ? Cest en replongeant dans son enfance et son adolescence quil va tenter de comprendre ce qui sest joué, intimement et socialement, dans cette famille de « privilégiés ».
Dans ce premier roman à vif, Nicolas Rodier met en scène la famille comme un jeu de construction dont il faut détourner les règles pour sortir gagnant.
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Elle continue à me regarder droit dans les yeux et entame la liste de toutes les choses qu’elle regrette d’avoir faites et me demande pardon pour les coups, les claques, la violence chronique, l’instabilité émotionnelle, l’insécurité, le poids qu’elle a fait peser sur moi, sur nous, le regret infini qu’elle a de ne pas avoir pris les choses en main plus tôt, et la souffrance que c’est encore, pour elle, tous les jours, d’avoir été la mère qu’elle a été. (pages 203-204)
Ma mère ne perd plus ses moyens comme avant, mais tous, autour de la table, avons hérité de cette fragilité et de cette faculté à créer des débordements singuliers. Mon père, lui, ne supporte pas d’être mis en difficulté dans ses émotions ; lorsqu’il est pris à partie et qu’il ne sait pas comment faire, il attaque comme une bête, sans retenue.
L’angoisse est une torture.
Elle (la policière) me tend alors la déposition pour que je la relise et me précise que c’est bientôt la fin de l’interrogatoire.
Je n’ai jamais vu autant de fautes d’orthographe. Je ne sais pas si je dois les corriger, ou les signaler. (page 196)
Bonne-maman est là. Dès le début du repas, elle s’énerve et injurie la moitié des personnalités politiques de gauche – en particulier Martine Aubry -, et vomit sur les 35 heures.
Mon père est tendu. L’angoisse est sourde. Pour faire plaisir à Olivier, ma mère a cuisiné du jambon à la Saulieu – son plat préféré lorsqu’il était plus jeune.
Je prie intérieurement pour que mon père ne critique pas devant tout le monde la cuisson ou l’assaisonnement. (page 123)
Sans trop me l’avouer, je suis en train de tomber amoureux de Laura. Elle a deux ans de plus que moi, des oreilles percées et se maquille déjà.
Ma mère la traite souvent de pute. (page 67)
Je me sens ficelé, ciselé. Je hais notre société de confort. Le positivisme et la bonne humeur. J’ai été façonné autrement. Dressé. Névrosé comme un chien. Le bonheur des gens, leur bien-être m’écœurent. Je n’arrive pas à tenir mes émotions à distance – je suis même prêt à me laisser entièrement dominer par elles. (page 164)
Prendre les gens qu’on aime dans les bras lorsqu’ils en ont besoin, est-ce un signe de soumission ? Qu’est-ce que je risque si je la console ?
Elle en demande trop.
Cette phrase jaillit dans mon esprit.
Je ne vais pas me sacrifier pour elle quand même.
Ces formules ne sont pas liées au présent, je le sais – j’ai peur. (page 157)
Elle (Maud) m’embrasse, s’assied en face de moi, engage la conversation. Ses yeux sont bleu-vert. Je parviens à lui répondre.
Lorsqu’elle est gênée, elle passe sa main derrière son cou. Sa beauté me saisit. J’ai envie de la prendre dans mes bras.
Je reste sobre jusqu’à la fin de la soirée. (page 134)
J'ai envie d'écraser quelque chose, de rabaisser le monde, de le mettre au niveau de l'estime que je me porte présentement, à savoir le mépris le plus total.