Nicole Buresi

"Il marmonne quelque chose comme :
- Acheter des voix, au XXIe siècle ! Comme dans les "bourgs pourris" du XIXe siècle anglais ! Mais on n'apprendra donc jamais rien !"
(p.124)

Lorsque je t'ai demandé : " C'est quoi, être mobilisé?", tu m'as souri. J'aime bien quand tu souris, je vois tes deux fossettes au coin de ta bouche... Mais ce n'est pas pour autant que tu m'as répondu, tu m'as juste dis : "Ma Jeanne, va t'occuper de ta petite sœur, maman est bien fatiguée."

Non, vous ne comprenez pas. Laissez tomber. Vous ne pouvez pas comprendre. Je l’ai mis au monde, oui, mais je ne le ressentais pas comme le mien. J’ai vécu cette grossesse comme une maladie et la délivrance comme une guérison. Oui j’ai été guérie quand il est né. Je ne l’ai pas voulu. Je ne l’ai pas attendu, donc je n’étais pas enceinte.

Par moments on voyait encore ses reflets sur le dos de l’océan pareil à un immense dragon. Soudain le vent se leva, geignant d’abord, lançant sa plainte puis sa colère avec une énergie de plus en plus impérieuse. Le ciel se mit à déverser des seaux d’eau. Effrayé, Pierre posa son stylo qui roula par terre.

Et d’ailleurs, qu’aurait-il pu faire contre la force immense qui, à présent, faisait danser les murs et chanter la maison, d’un chant sourd et inquiétant ? Han ! han ! han !

Tout compte fait, il souhaitait même ce départ. Si la maison s’en allait, il pourrait enfin essayer de trouver les secrets et les plans que voulait la sorcière Macdaredare, et avoir la paix. Elle ne viendrait plus l’effrayer la nuit dans ses cauchemars où elle savait si bien se glisser sans bruit : il ne l’entendait jamais arriver, mais elle se mettait tout de suite à ricaner et son rire explosait comme une série de pétards. Elle lui répétait en boucle : « Quand me donneras-tu les plans de ta maison magique ? Quand me donneras-tu les secrets de ta maison magique ? »


Il ne voulait pas se décourager puisque son père lui faisait confiance. Il se souvint de la phrase : « je serai toujours à tes côtés », et aussitôt il entendit son chant :
Tiens bon la barre et tiens bon le vent !
Il comprit le message 

Elle voit dépasser des murs le sommet de quelques monuments funéraires témoins d'une prestige posthume. Pauvres métallos écrasés par leur tombeau, ils auraient mieux fait de s'alléger, de partir prendre l'air au lieu de construire le rocher qui les écrase. Vivant, on n'est pas grand-chose, alors après.

Identité. Identité, identique ? Mais à quoi ou à qui suis-je
identique ? J’en sais rien. À moi ? Je tourne en rond. Il est vrai que je n’aime toujours pas les glaces à la vanille, c’est comme ça depuis l’enfance. Mais, depuis que je me suis fait désensibiliser, je les tolère mieux qu’autrefois. Je suis donc devenu plus tolérante. À la vanille, du moins. Et pas seulement à la vanille.