Nicholas n’était qu’à quelques pas d’elle. Elle ne l’avait pas entendu la suivre et ne s’attendait pas à le trouver si près. Même si seule la lune les éclairait, Nicholas ne se trouvait plus dans l’ombre du monument , si bien que lorsqu’elle se tourna vers lui, elle le surprit, et elle eut le temps de percevoir son expression avant qu’il la dissimule.
— Vous m’attendiez, je crois. Entendant cette voix, Lioslath, du clan Fergusson, cessa de faire les cent pas dans sa chambre et resserra les doigts sur la garde du petit poignard qu’elle tenait à la main. Grâce à des années d’entraînement, elle savait à l’oreille où se trouvait Bram, laird Colquhoun, dans la pièce — tout comme elle saurait précisément trouver son cœur battant sous ses vêtements. Le laird avait raison : elle l’attendait comme on attend qu’éclate un orage qui noircit déjà l’horizon. Elle l’attendait depuis que ses hommes et lui, comme un attroupement de nuages lourds, étaient apparus au sommet de la colline ; depuis que leur présence avait alerté les jeunes frères de Lioslath qui s’étaient précipités au fort pour fermer les portes. Hélas, pendant ce temps, l’orage préparé par laird Colquhoun et ses hommes avait enflé. Ils s’étaient alignés sur la crête de la colline, en face du fort, rassemblant leurs forces. Même de loin, leurs épées tirées et leurs flèches brillaient au soleil comme autant d’éclairs sur le point de frapper. Cependant, la foudre ne s’était pas abattue. Et cela faisait déjà près d’un mois. Pendant ces dernières semaines, Lioslath n’avait cessé de grimper sur la plate-forme hâtivement rebâtie pour observer les remparts. Elle avait entendu nuit et jour les hommes de Colquhoun au pied des murs sans même avoir besoin de gravir les marches branlantes.
Hélissent soupira et réarrangea les pichets sur son plateau. Encore lui… C'était la troisième fois qu'il venait, mais ce n'était pas là la seule raison pour laquelle elle l'avait remarqué.