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4.17/5 (sur 3 notes)

Né(e) : 1903
Mort(e) à : Moscou , 1958
Biographie :

Né en 1903 près de Kazan, mort à Moscou en 1958, Nikolaï Zabolotski est l’un des grands poètes russes du XXe siècle. En France, son œuvre reste à découvrir, car jusqu’à ce jour elle n’a fait l’objet que de rarissimes et très ponctuelles traductions dans des anthologies.

La première phase de l’itinéraire poétique de Zabolotski prend essor dans la deuxième moitié des années vingt, décennie d’une extraordinaire richesse dans les arts comme dans le mouvement de la société. Il règne en ces années une atmosphère où l’esprit de l’utopie prospère comme jamais, avant qu’un terme brutal y soit mis au début des années trente. Zabolotski fut à ce moment-là l’un des « derniers modernistes » avec ses amis de l’Oberiou, cette « Association pour un art réel » qu’il contribua à fonder en 1928, à côté de Daniil Harms et d’Alexandre Vvendenski.

En 1929, Zabolotski publie Colonnes, un premier livre qui suscite à la fois l’étonnement admiratif et le scandale. Il a lu tous les grands poètes des générations précédentes, mais celui dont il se sent le plus proche est à l’évidence le futurien Vélimir Khlebnikov. C’est aussi un fin lecteur de la poésie russe des XVIIIe et XIXe siècles. Enfin, c’est un poète-philosophe utopiste dont un grand poème, Le Triomphe de l’agriculture, paru en 1933 dans la revue Zvezda, sera incompris tant en Union soviétique — à de rares exceptions près — que dans les milieux de l’émigration qui se demanderont si l’auteur y glorifie le régime ou le tourne au contraire en ridicule. Zabolotski essuya les foudres de la censure et dut publiquement faire son autocritique devant l’Union des écrivains en s’excusant de s’être égaré en pleine utopie. Du coup, il garda dans ses tiroirs un autre long et merveilleux poème utopique, Le Loup toqué, ainsi queLes Arbres où se fait jour le même état d’esprit.

À mesure que l’on se rapproche des années tragiques de la Grande Terreur (1937-1938) et de leurs funestes prolongements, c’est dans des conditions de plus en plus difficiles que Zabolotski s’efforce de ne pas renoncer à sa probité de poète. Jusqu’à l’arrestation de Boukharine, il publie à plusieurs reprises des poèmes dans les Izvestia, journal le plus lu en URSS et sur lequel veille le dirigeant bolchevique. Lorsque la Grande Terreur se déclenche et fait rage (1937-1938), Zabolotski est l’une de ses innombrables victimes. Arrêté en 1938, il passera cinq ans dans l’extrême orient sibérien, puis à Karaganda (Kazakhstan), avant d’être libéré et réintégré au se
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les voûtes de la maison toujours verte
Ne se sont pas encore effondrées.

Nous ne siégeons pas encore dans des cages
Pour manger les rogatons d'autrui.
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DANS NOS DEMEURES
[1926]



Extrait 3

Dans nos jambes courent des vagues,
Une humidité qui monte et ruisselle
Jusqu’à notre visage feuillu :
Ainsi la terre caresse-t-elle ce qu’elle crée
Tandis qu’au loin fument les becs de gaz,
Hastes dressées au-dessus de la ville.

Cette ville était un bourriquet, une maison à quatre murs.
Sur deux roues de pierre,
Avec ses cheminées obliques
Elle se déplaçait vers le solide horizon.
En ce jour si clair, les nuages déserts
Naviguaient comme des bulles plissées.
Le souffle du vent contournait la forêt.
Et nous restions là, arbres graciles
Dans le vide incolore des cieux.


/traduit du russe par Jean-Baptiste Para
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DANS NOS DEMEURES
[1926]



Extrait 2

Nous ne pouvons pas comprendre cette beauté –
L’haleine humide des arbres.
Délaissant la hache, les bûcherons les regardent
Immobiles dans un profond silence.
Qui sait quelles pensées les traversent,
Quels souvenirs, quelles découvertes,
Et pressant leur visage contre le tronc froid
Pourquoi ils ne résistent plus aux larmes ?

Ici nous avons trouvé une jeune clairière,
Nous avons fait halte et quelque chose en nous
Est devenu plus effilé, plus subtil.
Nos têtes poussaient, le ciel descendait vers nous.
Notre chair flaccide était raffermie,
Nos veines s’engourdissaient de béatitude,
Nous ne soulevions plus nos pieds enracinés,
Nous n’abaissions plus nos bras ouverts.
Nos yeux étaient clos, le temps avait fait sécession,
Le soleil ami nous touchait le front.



/traduit du russe par Jean-Baptiste Para
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DANS NOS DEMEURES
[1926]



Extrait 1

Dans nos demeures
Notre vie se règle sur le bon sens, non sur la beauté.
En célébrant la vie, les nouvelles naissances,
Nous oublions les arbres.

Sous l’éclat vert de leur tignasse drue
Ils ont en vérité le poids du métal.

Soulevant leur couronne vers les cieux
Certains semblent cacher là-haut leurs yeux.
Leur feuillage de mousseline
A le charme versatile des mains d’enfants
Et s’ils ne sont pas encore chargés de fruits charnus
Ils prodiguent déjà leurs fruits sonores.

Ainsi scintillent les fruits opportuns
À travers les siècles, les villages, les jardins.



/traduit du russe par Jean-Baptiste Para
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