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4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Odette Hardy-Hémery, Agrégée d'Histoire, docteur ès lettres, est professeur émérite d'Histoire contemporaine à l'Université Charles-de-Gaulle - Lille 3 et spécialiste des problèmes industriels et régionaux. Ses ouvrages et articles portent sur l'histoire des entreprises et des entrepreneurs, les mutations technologiques, le monde du travail et les relations sociales dans le temps et l'espace industriels.




Source : www.lcdpu.fr/auteur
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Les lettres que nous analysons renvoient à l’existence passée du
narrateur que nous avons jugé nécessaire d’explorer en utilisant de
multiples sources. Pour compléter cette reconstitution, nous avons
recherché et retrouvé les familles des victimes ; toutes ont collaboré
à notre travail, nous communiquant photographies, objets, archives
personnelles, nous transmettant ce qu’elles savaient du vécu familial
après l’exécution du père ou de l’époux. Recueillir ces témoignages,
parcourir les lieux nous a permis de nous imprégner du sujet.
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Le lecteur réalisera combien les exécutions peuvent être aléatoires.
Waterlot et ses compagnons n’ont pas failli lors des combats de fin
août en Belgique ni lors de la retraite vers la Marne ; tous sont de
parfaits soldats citoyens. Pourquoi a-t-il fallu que, au milieu de la
funeste nuit du 6 au 7 septembre 1914, la vindicte d’un général tombe
sur eux, les plus appréciés, les plus confiants ? Un huitième réserviste
se retrouve dans le lot des infortunés ; méfiant, il s’esquive à temps.
Contrairement à une opinion répandue, c’est au début de la
guerre, en 1914 et en 1915, et non à la fi n que les fusillés sont les
plus nombreux. Vincent Suard est le premier historien à l’avoir établi,
révisant les chiffres donnés par Guy Pedroncini, qui plaçait le
maximum d’exécutions lors de la répression des mutineries entre mai
et juillet 1917. La moyenne mensuelle des fusillés français est d’environ
vingt-cinq en 1915 contre cinquante de septembre à la fin de décembre 1914. Pour Vincent Suard les « cas de fusillés par erreur
sont célèbres mais limités. Ils ne constituent qu’une infime partie du
total ». Selon lui, on compte au moins un fusillé par division et seize
par armée en moyenne pour octobre 1914. Ce mois regroupe le plus
grand nombre d’exécutions : si cinquante-cinq cas sont certains, le
nombre réel est d’une centaine, explique l’historien. De telles marges
montrent combien les incertitudes sont grandes.
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Un fait extraordinaire apparaît : le soldat a le courage d’écrire aux siens et à un ami quatre lettres relatant l’exécution collective dont il a été victime et témoin : ses circonstances, son déroulement, comment les choses se sont passées devant le peloton chargé de l’abattre, ainsi que ses six camarades, les suites de cette extraordinaire aventure.
Aventure que François Waterlot qualifie de « drôle de tour », de « tour extraordinaire ».
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François Waterlot, quant à lui, se déclare maçon dans son livret de famille, en
1912, et lors de son mariage avec Élise Corroyez la même année.
Dans un acte de location daté de 1911, il est dit magasinier aux mines
de Courrières, c’est-à-dire ouvrier du jour . C’est cette même
profession que lui attribue "Le Télégramme du Nord", le 7 octobre 19213,
invitant la population de Montigny à sa réinhumation le 9 octobre.
Nous nous heurtons aux difficultés inhérentes à l’énoncé des professions
par les intéressés eux-mêmes. Il est probable que François
Waterlot ait occupé successivement ou de façon alternative ces deux
emplois.
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Dans un suprême réflexe de survie, dès la première salve, le soldat
se laisse tomber : il n’est pas atteint. En quelques minutes, l’incroyable
survient : placé à l’extrémité droite de la rangée, il est de nouveau
épargné par le coup de grâce, commencé à gauche, puis inachevé.
Quand on se trouve devant un peloton d’exécution, le mieux, si l’on
peut dire, est de se mettre à une extrémité : ce choix laisse une chance
sur deux d’échapper aux balles.
Laissé pour mort, le « fusillé » se relève plus tard. Rejoignant son
régiment et gracié, il reprend le combat. Nous ne connaissons pas un
tel fait dans les nombreux travaux d’historiens traitant des fusillés.
François Waterlot est donc un miraculé, un survivant : il a conscience
de la situation insolite dans laquelle il se trouve : « C’est un revenant
qui t’écrit », note-t-il à l’un de ses correspondants.
Loin d’être anecdotique, le cas personnel de Waterlot est à la fois
unique et représentatif : avant notre recherche, qui connaissait cet
obscur 2e classe, originaire du Pas-de-Calais, ouvrier d’entretien aux
mines, un anonyme parmi les millions d’anonymes jetés dans la guerre en août 1914 ? Le soldat Waterlot est cependant une figure
fantastique : lui seul peut dire ce qu’est une exécution.
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Jusqu’à sa mobilisation, François Waterlot réside avec sa femme, Élise, à Montigny-en-Gohelle, dont ils sont tous deux originaires.
Il s’agit d’un ancien village en cours de mutation. Approchant les 6 000 habitants au recensement de 1911, Montigny appartient au chapelet des villes minières de petite taille qui prédominent alors dans le bassin houiller du Pas-de-Calais.
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Waterlot écrit aux siens et à ses amis un total
de deux cent cinquante lettres entre le 8 août 1914 et sa mort le
10 juin 1915, à raison de trois lettres tous les quatre ou cinq jours, soit
en moyenne une missive par jour, sans compter une quinzaine de
cartes-lettres fournies par l’armée permettant au soldat de donner de
brèves nouvelles.
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Au bout du pont il y avait des officiers et des carabiniers, debout de chaque côté, munis de lampes électriques [...]. Les officiers dévisageaient chaque homme de la colonne [...] ils firent sortir quelqu'un juste au moment où nous passions [...] c'était un lieutenant-colonel [...] il avait les cheveux gris [...] le carabinier le poussa derrière la rangée d'officiers [...] puis, l'un d'eux me désigna du doigt et parla à un carabinier. Je vis le carabinier s'avancer vers moi. Il se fraya un passage au milieu des fuyards, et je me sentis pris au collet [...] ils faisaient partie de la police des armées [...] les deux qui m'avaient appréhendé me poussèrent dans le groupe qui allait être interrogé [...] les juges avaient tout le zèle, le flegme, le sang-froid d'Italiens qui tuent sans risquer d'être tués [...].

"Si vous voulez me fusiller, dit le lieutenant-colonel, veuillez me fusiller tout de suite [...] l'interrogatoire est idiot."

Les officiers se consultèrent. L'un d'eux écrivit quelque chose sur une main de papier. "Abandon de troupes. Condamné à être fusillé", dit-il. Deux carabiniers conduisirent le lieutenant-colonel sur le bord du fleuve [...] je ne le vis pas fusiller, mais j'entendis les détonations. Ils en interrogeaient un autre. C'était également un officier qui s'était trouvé séparé de ses troupes [...] quand on le fusilla, ils en interrogeaient déjà un autre [...] ils exécutaient tous les officiers supérieurs qui avaient été séparés de leurs troupes [...] jusqu'alors ils avaient exécuté tous ceux qu'ils avaient interrogés. Les juges avaient ce beau détachement, cette dévotion à la stricte justice d'hommes qui dispensent la mort sans y être eux-mêmes exposés. Ils étaient en train de questionner un colonel d'infanterie de ligne [...] je bousculai deux hommes, et tête baissée, je m'élançai vers le fleuve.



Pages 214-217 du livre L'adieu aux armes de Ernest Hemingway

Extrait cité à la page 204 du livre Fusillé vivant
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J'entends les balles siffler à mes oreilles et en même temps j'eus la figure inondée ainsi que ma capote du sang de mon voisin de gauche, mais je constatai que je n'avais pas été touché.
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C'est la première fois que j'entends siffler un obus. Cela me fait une singulière impression. On entend, pendant plusieurs secondes, une sorte de ronflement comme le bruit d'un train lancé à toute vitesse ou d'un aéro. Puis, à l'endroit où est tombé l'obus, un panache de fumée noire s'élève du sol. La terre, les briques, des morceaux de ferrailles, des débris de toute sorte, sont projetés en l'air et volent dans toutes les directions [...] après un nouveau laps de temps [...], on perçoit des sons assez semblables au bourdonnement des fils télégraphiques. Ce sont les éclats d'obus qui, par la force de l'explosion, arrivent, parfois même par ricochet, dans des endroits où l'on peut se croire parfaitement à l'abri.



Pages 56-57
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