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Critiques de Olivier G. Boiscommun (153)
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Halloween

Halloween , fête vénérée par les gamins avides de bonbons et les dentistes cupides et mercantiles assoiffés d'immanquables profits qui en découleront . Abracarambar !



Asphodèle devrait avoir , tout comme ses amis , le cœur à rire . Seulement voilà , l'envie n'y est pas . Cette commerciale fête des morts ne lui occasionne que tristesse et mélancolie . Le souvenir de son frère récemment disparu est encore un fardeau bien trop lourd à porter pour ses jeunes et frêles épaules . Sur le chemin du retour , seule , elle vagabonde au gré des rues , perdue dans ses funestes pensées , et tombe sur un personnage fort singulier avec qui elle devisera posément sur le sujet du jour : la mort .



Petite , toute petite BD d'à peine 35 planches .

Sorte de parenthèse désenchantée de laquelle l'on s'extrait avec le sentiment diffus d'avoir côtoyé l'excellence , frôlé la perfection pour finalement regretter la brièveté de ce si joli conte philosophique . La perte d'un être cher , difficile d'évoquer l'absence et la douleur qui en découle . Boiscommun la suggère pudiquement , poétiquement , à coups de vers bien sentis qui appellent à une certaine réflexion sur le deuil et son acceptation .

Le gros point fort de ce récit , la douceur et la délicatesse qui en émanent . L'énorme déception , la concision de l'objet concernant le traitement de cette problématique universelle . Dommage .

Impossible d'évoquer Halloween sans souligner la magistrale claque visuelle qu'il procure ! Tout y est juste parfait . Le trait et l'encrage sont sublimes , les expressions des personnages significatives...encore une fois , on est vraiment passé à ça...
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Danthrakon, tome 1 : Le grimoire glouton

C’est dans la mythique cité de Kompiam qu’un jeune apprenti-cuisinier Nuwan, apprend le métier de… cuisinier ! Mais étant au service d’un des plus grands mages, Waïwo, son rêve, c’est de devenir le premier mage cuisinier. Rêve impossible puisqu’il ne sait ni lire ni écrire et qu’il est de basse extraction comme ne manque jamais de le lui rappeler le prétentieux snobinard Didore, qui est en apprentissage chez le grand mage en compagnie de deux autres étudiants, dont la splendide et remarquablement intelligente Lerëh. Or cette belle et généreuse demoiselle s’est mise en tête d’apprendre à lire et à écrire à Nuwan pour lequel elle éprouve une certaine sympathie malgré leurs origines sociales ô combien différentes…



Critique :



Une fois de plus Arleston a concocté un scénario original, très grand public, plein de péripéties dans un univers où la magie est omniprésente. Tout tourne autour d’un grimoire unique, le Danthrakon acquis par le mage Waïwo. Le grimoire des grimoires… illisible…

Il faut bien entendu qu’il y ait un méchant cruel et despotique. C’est le terrifiant inquisiteur Amutu qui peut se transformer en dragon gigantesque ne laissant aucune chance à celui qu’il poursuit.



Les dessins d’Olivier Boiscommun, servis par une excellente mise en couleurs de Claude Guth, servent à merveille cet univers le rendant très crédible malgré la présence sur Kompiam de diverses races se côtoyant en bonne intelligence : humains, kohatolas (sorte de batraciens), bursus (plantigrades), nabires (dragonidés), mandrioles (reptiliens). Chacune de ces races a des activités qui lui sont plus spécifiques.

L’histoire complète se décline en trois tomes, tous parus à ce jour.

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Lueur de nuit

Je ne me souvenais même plus que je possédais cette BD. En la feuilletant, je me suis dit « oh non, des aquarelles »... C'est superbe les aquarelles, je dis pas, mais dans une BD, ça fait toujours bizarre...



Et finalement, je suis bien contente de mon achat car c'est une superbe BD où les aquarelles s'adaptent très bien à l'histoire sombre et teintée de fantastique que nous fait découvrir cet auteur (inconnu pour moi). L'histoire laisse un goût doux-amer dans mon esprit, elle parle d'un petit garçon qui perd sa famille dans d'étranges circonstances mêlées de fantastique. Curieuse histoire mais très belle en même temps car parlant de chagrin et d'amitié nouvelle. Je ne sais comment résumer cette belle BD.



Comme vous l'aurez compris, je vous conseille expressément de découvrir cette très belle BD. Pour ma part, j'ai été émerveillée par cette découverte, je compte bien acheter et lire les autres BD de cet auteur. Petit bonus, j'ai un magnifique cahier graphique à la fin de cette BD qui m'a permis de voir le travail de recherches de cet artiste.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Anges, tome 1 : Psaume 1

Dans l'église Saint-Eustache, à Paris, des anges plutôt originaux -par rapport à l'image qu'on s'en fait habituellement- et quelque peu je-m'en-foutistes veillent à la morale des paroissiens. La vie est belle et tranquille dans la petite paroisse... Jusqu'au jour où des petits démons rouges s'invitent dans l'église !



Ce 1er tome de la série peut parfaitement se lire comme un one-shot car il se finit de manière cohérente et autonome. La lecture est agréable, le dessin tout en rondeur et paré de belles couleurs est chaleureux, le récit sympathique et très divertissant. Un plaisant conte fantastique mâtiné d'humour, où les petits anges ne sont pas toujours très... catholiques ! !



Critique plus complète sur le blog: http://chaosdecritures.over-blog.com/article-24602595.html
Lien : http://chaosdecritures.over-..
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Danthrakon, tome 1 : Le grimoire glouton

La terreur. Une technique peu originale, mais toujours efficace.

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Ce tome est le premier d’une trilogie, indépendante de tout autre. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée, et sa première parution date de 2019. Il a été réalisé par Christophe Arleston pour le scénario, Olivier Boiscommun pour les dessins et Claude Guth pour les couleurs. La première édition se termine avec un cahier graphique de huit pages, comprenant des illustrations du dessinateur et des commentaires du scénariste.



Le marché de Kompiam ne ferme jamais complètement : de jour comme de nuit, on y trouve ce qui peut être façonné, tissé, forgé, cueilli, chassé ou fermenté jusqu’à un degré d’alcool suffisant. Les premiers clients du matin sont les chefs cuisiniers et leurs commis. Ce matin-là, le chef Rumbopöh fait ses emplettes, comme tous les matins, accompagné par son commis Nuwan. Le premier est revêtu du tablier et de sa toque de ses fonctions, le second a déjà les bras chargés de paquets. Ils s’apprêtent à remonter les escaliers interminables qui mènent à la demeure du mage Waïwo, quand Nuwan est projeté à terre par un bursus bien habillé qui fuit à tout allure. Les provisions tombent à terre. Une dizaine de gardes armés arrivent en courant. Le bursus est acculé dos à un mur. Il bombe le torse pour exprimer son animalité, ses habits se déchirant. Face à lui, se tient l’inquisiteur Amutu, un nabire, qui lui aussi laisse son animalité s’exprimer, ce qui le rend beaucoup plus impressionnant que son vis-à-vis. Le combat prend fin en un instant, Nuwan étant éclaboussé par un peu de sang de l’hérésiarque. Rumbopöh recolle d’autorité les paquets dans les bras de son commis et ils entament l’ascension des innombrables marches, le chef se gardant bien de porter quoi que ce soit.



Ça faisait 239.786 marches, c’est-à-dire deux mois, que Nuwan était marmiton pour la demeure du mage Waïwo. Le chef Rumbopöh et lui devaient nourrir quotidiennement le maître, ses trois élèves et tout le personnel. À un palier de l’escalier monumental en plein air, Nuwan est saluée par Lerëh d’Aplemont, l’une des trois élèves de Waïwo, qui lui propose de l’aider à porter. Il décline son aide, à la fois pour montrer qu’il est capable de le faire tout seul, à la fois parce que cette tâche ne relève de la condition de la jeune femme. Ils entament une discussion sur ce qui est arrivé au bursus. Les uns et les autres ont utilisé de la magie pour se transformer. Elle confirme qu’il s’agit de magie bestiale du sang. Le nabire a dû y recourir car on ne peut pas contrer cette magie sans l’utiliser soi-même. Arrivés en haut, ils se font interpeller par le cuisinier qui demande à la jeune fille d’arrêter de distraire son marmiton. Didore, autre élève du maître, en rajoute : le cuisinier a raison, eux, étudiants, ne doivent pas frayer avec le personnel de basse extraction. Lerëh lui rétorque que son avis ne l’intéresse pas, et qu’en plus, Nuwan est son élève : elle lui apprend à lire et à écrire. Le marmiton explique à Didore que cela lui sera utile s’il veut un jour savoir quoi répondre à un puant prétentieux. Puis il s’éloigne pour aller éplucher ses navets.



Une série (courte) de plus pour Christophe Alerston, scénariste et créateur de Lanfeust de Troy, de ses suites, et de ses séries dérivées, mais aussi de séries comme Les forêts d’Opal, Les naufragés d’Ythaq, Ekhö monde miroir, Les maîtres cartographes, Chimère(s) 1887 et tant d’autres. En découvrant la couverture, le lecteur se dit qu’il s’agit d’une déclinaison de plus dans le genre que cet auteur maîtrise et qui a fait sa renommée : la Fantasy. La couverture dégage un effet de séduction très puissant, avec la belle jeune femme en premier plan et son généreux décolleté, ses mains fines et son abondante chevelure blonde. Le jeune homme derrière arbore la curiosité et la vigueur de la jeunesse, avec un charmant petit animal de compagnie au pelage duveteux, et derrière une bibliothèque généreuse aux étagères intrigantes. La mise en couleurs ressort avec une grande richesse, appuyant les trois plans (celui de Lerëh un peu plus sombre, celui de Nuwan plus clair, celui de Waïwo plus uniforme), les effets spéciaux autour du Danthrakon, la manière de remplir les étagères avec des livres, très sophistiqué et très construit. Le fil de l’intrigue apparaît très simple : un ouvrage magique aux propriétés maléfiques (quelqu’un a dit Necronomicon ?), un jeune marmiton innocent, des mages très intéressés par cette source de pouvoir. Les autres composantes semblent s’apparenter à des clichés : du méchant inquisiteur à la petite bestiole duveteuse qui rappelle Le Fourreux, l’animal de compagnie de Pélisse, La quête de l’oiseau du temps, par Régis Loisel & Serge Le Tendre.



En feuilletant ce tome, une chose saute aux yeux : la quantité de cartouches de texte et de phylactères, pas étouffants comme peuvent l’être de ceux d’un tome de Blake & Mortimer, mais conséquents. À la lecture, le ressenti ne se révèle pas pesant, mais consistant. Le scénariste écrit dans une langue soignée, sans être pédante ou démonstrative, très agréable, vivante et apportant des informations à la fois sur la personnalité de chaque protagoniste et sur l’intrigue. Le lecteur n’éprouve aucune difficulté à se mettre au diapason de ce mode narratif, d’autant que lesdites informations sont dispensées avec fluidité et naturel, sur un mode adulte sans condescendance. Il remarque également une forme d’humour espiègle ou ironique, sans cynisme ou méchanceté. Cela commence doucement avec le cuisinier qui refuse à s’abaisser à porter des courses alors que son commis est visiblement surchargé, puis les échanges de piques entre le marmiton et l’élève issu de la haute société, sans oublier les facéties de la bestiole Tinpuz avec sa longue queue. Cela continue avec une alliance de termes, quand maître Waïwo explique que la personne qui lui a amené le Danthrakon est une amie des lettres et de l’or (le lecteur comprend bien que l’or passe avant les lettres). Puis Garman, le troisième élève, qui se met à noter servilement les paroles de maître Waïwo, car il est persuadé qu’il s’agit d’un moment historique. Sans oublier la négociation sur la rémunération de Dreled par son geôlier Funkre d’Aplemont. Une fois qu’il a noté cette forme d’humour, le lecteur le décèle facilement, par exemple la pique discrète contre les privilèges du mâle blanc, jeune et riche qu’est Didore.



La narration visuelle charrie également sa part d’éléments humoristiques. Les plus évidents : Rumbopöh goûtant une fleurotte fraîche en s’en mettant partout sur sa veste de cuisine, le bursus fonçant droit devant et les achats portés par Nuwan, volant dans les airs, les expressions de visage un peu exagérées pour mieux faire passer les émotions et les états d’esprit, les yeux ronds du homard fendu en deux pas un coup de tranchoir asséné avec force et dextérité, le fuff en train de baver sur le crâne du cuisinier, une grosse onomatopée BAF lorsque Lerëh décoche une gifle cinglante à Nuwan, ou encore une statue de pierre décochant une baffe à un soldat comme un écho de la précédente (mais avec une autre onomatopée). Comme le scénariste, le dessinateur sait aussi se montrer plus fin : des expressions de visage très nuancées et un langage corporel qui va avec, Tinpuz se soulageant sur la veste de Didore en fond de case, ou encore le regard distrait de Nuwan quand le décolleté de Lerëh se rapproche. Le lecteur relève également la coordination entre scénariste et artiste, en particulier avec la présence de Dreled en page onze quand maître Waiwo parle de la manière dont il est entré en possession du Danthrakon, alors qu’elle n’est présentée qu’en page trente-et-un.



Certes, Olivier Boiscommun sait faire usage des cases avec uniquement un dégradé en fond, mais le lecteur le remarque à peine, grâce à la richesse de la narration visuelle. Dès la première page, il peut prendre tout loisir pour admirer les étals et les clients du marché de Kompiam. Il se rend compte que les marches menant à la demeure de maître Waïwo sont déjà présentes en arrière-plan. Au fil de cette séquence et des suivantes, il fait le constat de la cohérence de l’architecture des bâtiments, et de leur disposition des uns par rapport aux autres. Il prend le temps de regarder les tenues vestimentaires, et pas uniquement la robe élégante et sophistiquée de Lerëh, ou la tenue de travail du chef cuisinier, ou encore l’habit luxueux de Didore. Il se rend compte qu’il ralentit sa lecture régulièrement pour admirer une case spectacle : la vue globale de la ville, les victuailles sur la table de la cuisine, la fuite de Dreled alors qu’un temple s’écroule derrière elle, le grimoire s’emparant de Nuwan avec des effets spéciaux de couleurs très réussis, la transformation du jeune marmiton avec un jeu sur le lettrage qui en impose, etc. La narration visuelle rend ce monde de Fantasy palpable, consistant, élaboré et développé, lui apportant autant que les cartouches de texte.



En effet, le lecteur se projette dans un monde qui a bénéficié de l’investissement des auteurs pour qu’il soit plus qu’un environnement générique et insipide. Trois sortes de magie : magie du verbe, magie du sang, magie des éléments. Six races : humain, kohatola, bursu, nabire, landriole, Kobl. Tout le monde convoite le grimoire, et Nuwan a le malheur d’être reste seul dans la bibliothèque avec le Danthrakon. Il n’aurait pas dû. Le lecteur peut voir dans cette situation la démarche des charognards qui vont essayer de tirer profit du talent de Nuwan. Il peut également considérer la situation du marmiton comme un individu ayant un talent hors du commun à un jeune âge, et se retrouvant réduit à un objet de convoitise pour toutes les personnes qui voudraient l’utiliser pour leur profit. Un individu mis trop vite sur le devant de la scène et ne pouvant faire autrement que d’apprendre sur le tas à faire face à des situations qui le dépassent. Une sorte de fuite en avant en espérant qu’il y survive.



Ce premier tome s’inscrit dans la production pléthorique du scénariste avec tous les attributs qu’on lui associe : des dessins tout public avec une mise en couleurs chatoyante pour rendre le produit très attractif, et des éléments qui semblent prêts à l’emploi, sans réelle épaisseur, sans réelle saveur. La lecture ne réserve que des bonnes surprises : un monde original bien étoffé, aussi bien par les informations délivrées par les personnages, que par les informations visuelles. Une intrigue avec un fil directeur simple et solide, plusieurs factions souhaitant profiter de l’aubaine, chacune avec leur objectif. Des personnages immédiatement attachants. Une narration visuelle inventive et détaillée qui donne à voir ce monde, avec une mise en couleurs riche et séduisante. Une aventure tout public et grand spectacle, avec des thèmes intéressants.
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Le Règne, tome 1 : La saison des démons

La saison des démons a débuté. Le prince Jason et Daphnis sa conjointe entament à la tête d'un convoi la transhumance vers le Shrine où ils trouveront, contre un lourd tribu, l'abri nécessaire à la survie. Surviennent des pillards, la garde est débordée. Plus qu'opportunément interviennent trois mercenaires, Octavia, Pantacrius et Isaac. A la suite de leur salvatrice intervention, ils sont engagés par le prince. Le reste du voyage est marqué par d'autres confrontations, toutes gérées par nos trois héros jusqu'à ce que la caravane atteigne le fameux Shrine…



L'action de cet album, bien menée, est cependant plutôt répétitive. Le voyage est marqué par d'incessantes démonstrations de la hiérarchisation et du racisme de la société qui nous est dépeinte. Les races dominantes se montrent hautaines et méprisantes envers les plus faibles et les espèces en voie d'extinction. Ces dernières préfèrent vendre leurs services et survivre, assumant l'affront permanent d'être rabaissé.



Le principal point fort de l'album est l'ambiance mise en place par les auteurs, Runberg au scénario et Boiscommun au dessin. Un contexte post-apo écologique dans un lieu qui nous est suggéré comme le futur de la France. L'homme, disparu, endosse le rôle d'une créature mythique et malfaisante à l'origine des désastres qui menacent toutes vies. Les auteurs nous suggèrent amplement que l'état actuel de leur monde est dû à l'incurie humaine. Armés traditionnellement, pour ne pas dire moyenâgeusement, les personnages portent les parures de multiples cultures, Japon traditionnel, XIXè européen, etc. Ajouté à cela le récit de ce convoi malmené, on obtient un savoureux et original western.

On notera l'intention louable d'une colorisation traditionnelle, plutôt réussie au demeurant. Malgré tout certaines scènes d'action paraîtront légèrement figée. Pour ma part je trouve les blancs trop présents mais ils donnent une véritable identité à l'ensemble. Sans véritable originalité, l'anthropomorphisme est de qualité, en particulier dans les expressions. du point de vue graphique cet album est donc globalement un succès.



A mes yeux cet album est une promesse. Les faiblesses de scénario, par trop linéaire, sont patentes, mais un univers aux bases solides, des personnages attachants permettront certainement par la suite aux auteurs de s'exprimer pleinement, reste à espérer qu'il ne manque pas la marche du deuxième album.
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Le Règne, tome 1 : La saison des démons

J'ai vu des critiques mitigées concernant "le Règne"...Pour ma part, je suis tout à fait enclin à laisser sa chance à cette série.

D'abord pour les dessins de Boiscommun, qui est, non seulement un très grand dessinateur (probablement un des dix meilleurs dessinateurs français actuels), mais également un excellent coloriste. Et puis l'univers proposé par ce premier tome dépote, je trouve...



Si on se contente de feuilleter, comme ça en passant, on va se dire, "tiens de la fantasy animalière"...Oui, c'est vrai que les personnages sont zoomorphes (en l'occurrence le trio de personnages principaux est composé d'un tigre, d'une guéparde et d'un bouc) mais, en s'arrêtant plus sérieusement sur l'histoire, donc en la lisant, on va fatalement se demander si l'ouvrage est à classer dans le genre SF ou Fantasy (en tous cas moi je me le demande). Et puis on conclura que c'est sans doute sans importance^^...et que la réponse viendra surement en son temps.



La porte d'entrée de cette univers singulier est certes constituée d'un choix narratif qui peut ne pas être apprécié (du genre, on pose plein de questions, sans donner la moindre piste...) Mais personnellement j'ai furieusement envie de croire que l'ensemble a été mûrement réfléchi...Et puis on est pas complètement largué, puisqu'on comprend vite qu'on se trouve dans un contexte post-apocalyptique (du genre qui dénonce, en creux, le réchauffement climatique...) et que le monde a connu, non seulement une régression technologique spectaculaire mais que les maîtres de la Terre ne sont plus les humains (si ce n'est peut-être sur le plan symbolique^^).



Au final, l'ensemble de ce premier tome est plutôt bien foutu, c'est rythmé, on rentre d'emblée dans l'histoire sans préambule, les personnages (bien qu'archétypaux) fonctionnent bien (un trio de mercenaires) et l'univers, surtout, retient l'attention. J'attends donc de pied ferme le tome 2, et espère en découvrir davantage sur les dynamiques et l'histoire de ce monde étrange, peuplés d'animaux humanisés...
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Le Règne, tome 2 : Le Maître du Shrine

J'avais beaucoup apprécié, dans le tome 1, l'imaginaire des auteurs (entre sf post-apo et fantasy animalière), tout en sentant bien le tome d'exposition, certes un peu linéaire au niveau du scénario, mais j'avais vraiment envie de croire en cette série. Ce deuxième tome n'a fait que confirmé ma première impression, et je ressors ravi de ma lecture.



Notre trio de mercenaires zoomorphes (Octavia la guéparde, Pantacrius le bouc et Isaac le tigre) arrive enfin en vu du Shrine, le sanctuaire des moines cathardis (des vautours), qui font payer fort cher l'entrée, à tous ceux qui souhaitent s'abriter de la saison des démons humains...Pour mémoire rappelons que nous nous situons dans un univers post-apocalyptique, dans lequel les animaux (sans que l'on sache comment) ont supplanté les humains. Ceux-ci ont acquis une dimension légendaires et sont associés aux catastrophes climatiques qui reviennent chaque année, et dont on comprend qu'ils en sont à l'origine.

C'est dans ce contexte qu'Isaac et ses compagnons sont chargés de convoyer une famille vers le Shrine...



Si le tome 1 était donc assez linéaire, surtout axé sur la présentation de l'univers, ce deuxième tome fait en revanche la part belle à l'action, d'une part, et à l'approfondissement des héros, notamment Octavia et Isaac, dont des bribes de leur passé nous sont révélées, d'autre part...Ça castagne dans tous les sens, que ce soit en duel ou dans la mêlée d'une bataille rangée, et nos trois héros ont fort à faire, pris entre les moines cathardis et les hommes de Sertor, déjà aperçu dans le tome précédent.



Si l'ensemble demeure une savoureuse distraction, Runberg ne se prive pas pour autant de promouvoir les valeurs de solidarité et d'entraide, face à l'iniquité et la cruauté du système érigé par ces crevards de vautours cathardis. C'est bien grâce à elles qu'Octavia, Pantacrius et Isaac s'envolent, à la fin du tome, vers d'autres aventures^^

En ce qui concerne les dessins ils sont de Boiscommun, c'est donc du très, très bon, à tous les niveaux, car il envisage son travail comme un ensemble, où le trait et la couleur sont d'égale valeur, et apportent chacun quelque chose à l'histoire. Pour vous en convaincre, allez donc jeter un coup d'oeil aux vidéos, présentes sur babélio, qui le montrent au travail...Ça donne également une bonne idée du temps qu'il faut pour tout faire en couleur direct.



PS : Boiscommun, avec qui j'ai eu la chance de pouvoir discuter à Quai des Bulles, est un mec super sympa...il est né à Neuilly, mais avec son physique à la Corto Maltese, il aurait pu être malouin^^







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Le Règne, tome 1 : La saison des démons

Nous sommes dans un futur très lointain, la race humaine a disparu au profit d'espèces animales qui se sont "humanisés". C'est une ère de grand dérèglement climatique et chaque année il faut passer la mauvaise année dans un abri, "le shrine". Mais les places sont chères!



Nous avons là une série post apocalyptique où il ne reste que des ruines de civilisation humaine. On peut ainsi voir notre chère Tour Eiffel brisée. J'ai même cru reconnaitre la gare de Rouen...

Le contexte s'installe petit à petit. Il faut commencer à cerner le décors et les enjeux. Les personnages sont également présenté. Nous avons un trio de mercenaires qui protège un clan afin de gagner une place dans l’abri.

Les humains sont relégués en terme de croyance. ce sont des divinités qui lancent sur eux les cyclones et les coulées de boue. Il y aurait comme un petit message écologique...

Une mise en place pour ce premier tome mais un univers plutôt intéressant. J'espère que ça va se développer par la suite.



Les dessins sont très sympathiques. Un zoomorphisme auquel on adhère facilement. Il est expressif et vraiment bien conçu. J'aime assez le clan des phacochères avec leur coté un peu rock! Et j'ai particulièrement apprécié le coté aquarelle aux très jolies couleurs.
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Danthrakon, tome 1 : Le grimoire glouton

Nuwan est marmiton chez le mage Waiwo et pour apprendre à lire il passe parfois ses nuits dans sa bibliothèque. Mais ce soir là, il ouvre un grimoire qu'il n'aurait pas dû. Sa magie s'infiltre en lui.



Drakoo est un nouveau éditeur sous la houlette de bamboo et chapeauté par Arleston. C'est donc tout naturellement qu'il signe la première bd du catalogue.

Nous retrouvons dans Danthrakon tout ce qui fait le succès d'Arleston. Une histoire légère où se mêle aventure et humour dans un cadre fantastique. Les personnages dont assez creux et stéréotypés mais il y a des rebondissements et un bon dynamisme. Pour ceux qui ont lu Lanfeust, Naufragés d'Ythaq ou autres il n'y a guère de dépaysement au rendez-vous. Néanmoins nous avons entre les mains une bonne bd de divertissements pour tous les âges.

Le dessin de Boiscommun est sympa et les couleurs chatoyantes des univers fantasy à la Arleston lui vont bien.
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Danthrakon, tome 1 : Le grimoire glouton

Appréciant la ligne éditoriale des éditions Drakoo, j’ai emprunté le premier tome de la trilogie Danthrakon sans même en lire le résumé. Et puis, une histoire de grimoire glouton, ça ne pouvait que me tenter !



Je me suis donc plongée avec plaisir dans cette BD qui nous permet de faire la connaissance de Nuwan, un apprenti marmiton travaillant dans la demeure d’un grand mage. Malgré le mépris de l’un des trois apprentis de ce dernier, Nuwan est bien décidé à devenir mage cuisinier. Et pour ce faire, il apprend à lire et à écrire aux côtés de la belle Lerëh, une apprentie du mage qui ne le laisse pas indifférent.



Volontaire et déterminé, Nuwan n’avait néanmoins pas prévu une rencontre haute en couleur et en encre avec un puissant grimoire magique attisant les convoitises. Un grimoire qui va lui compliquer singulièrement la vie ! Nuwan rêvait de devenir mage cuisinier, le voilà devenu quelque chose de bien plus dangereux et puissant… Reste à espérer que cet étrange et bien mystérieux grimoire ne le consume pas entièrement, et que notre marmiton arrive à échapper à un inquisiteur bien décidé à le capturer, voire pire.



Ce premier tome pose les bases d’un univers intéressant où différentes espèces et formes de magie coexistent. Pour ma part, j’ai apprécié de me laisser porter par une histoire rythmée qui nous permet de découvrir les protagonistes principaux et secondaires : un jeune homme devenu héros ou homme d’importance malgré lui, une jeune femme sympathique d’une grande intelligence et à l’esprit particulièrement affûté, une créature mignonne et adorable dont la vie ressemble pas mal à celle d’un chat puisqu’elle consiste à manger, dormir et se faire câliner, un personnage plutôt timoré dont on s’interroge sur le rôle dans la suite de l’aventure, une femme de caractère qui semble avoir la tête sur les épaules… On saluera d’ailleurs que dans cette série, les femmes ne jouent pas les potiches, bien au contraire.



Quant aux méchants, ils sont quelque peu caricaturaux, mais ils campent à merveille leur rôle que ce soit l’inquisiteur obsédé et totalement dévoué à sa tâche, ou le jeune arriviste de bonne famille qui estime que tout lui est dû et qui fait montre d’un mépris et d’une condescendance incroyables envers les moins nantis que lui. La galerie de personnages plutôt variée fonctionne donc très bien et contribue fortement au plaisir que l’on prend à tourner des pages riches en action, en magie et en mystère.



En conclusion, si vous avez envie de vous plonger dans un univers de fantasy foisonnant aux côtés d’un jeune homme banal devenu, en raison d’un concours de circonstances, extraordinaire, n’hésitez pas à vous laisser tenter par ce premier tome. S’il reste finalement assez introductif, il nous laisse entrevoir toute la richesse de l’intrigue, tout en nous donnant envie d’en apprendre plus sur un grimoire glouton doté d’une volonté propre. Un grimoire qui entre littéralement dans la peau… pour le meilleur et le pire.
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Meutes, tome 2 : Lune rouge

Il est temps pour Oscar Keller de se préparer. Sa famille compte sur lui, malgré son jeune age, pour prendre la tête de sa confrérie. Mais il a un concurrent...

Pendant ce temps Otis va découvrir les malheurs de l'amour déçu.



Un tome 2 qui va apporter quelques réponses à ce monde de vieilles familles et de loup garous. Nous allons avoir le droit à une guerre de succession à la tête de cette confrérie de loup-garou un peu mondain. Ils se livrent à des chasses, se soutiennent entre eux, mais derrière cette unité il y a des rivalités, des familles écartées qui ne souhaitent que leur retour. La famille Keller sera le centre de cette animosité et de ses espoirs.

Comme on s'y attendait ce n'est guerre Oscar qui va être l'enfant de la prophétie, mais la jeune Otis. Pas vraiment de surprise la dessus. Et comme la jeune fille, le scénario devient un peu plus sombre.

Le cycle est terminé mais pas l'histoire. Nous attendons donc la suite, avec une Otis Keller déchainée, pour en savoir plus. Il reste encore beaucoup de mystères à lever et surtout tout un univers à découvrir. Pour l'instant le monde de loup-garou et de leur relation avec les gueux restent un peu floue.



Les dessins sont par contre une belle réussite. Les couleurs sont sympas et donne un charme tout particulier à la série.

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Pietrolino - Intégrale

Confident de ses silences

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Cette intégrale regroupe les deux parties, initialement parues en 2 albums, le premier Pietrolino, tome 1 : Le clown frappeur en 2007, et le second en 2008 Pietrolino, tome 2 : Un cri d'espoir 2008. C'est l'œuvre d'Alejandro Jodorowski pour le scénario, et Olivier Boiscommun pour les dessins et les couleurs.



En pleine seconde guerre mondiale, à Paris, les soldats allemands tirent sur un immeuble, puis finissent par balancer des grenades à travers les fenêtres du premier étage. Sous les ordres d'un officier nazi, ils pénètrent ensuite dans le bâtiment. Les piétons entendent une série de rafales, ce qui signifie que les soldats ont tiré à bout portant. Ils font ensuite sortir les survivants avec les mains sur la tête. Dans la rue, la scène a été observée par Pietrolino, un homme tout habillé de blanc, Colombella vêtue d'une robe rouge collante et suggestive, et Simio un nain en habit de singe avec une flute à la ceinture. Ils regardent les soldats faire monter les prisonniers dans une camionnette. La rafle étant terminée, ils pénètrent dans un bistrot, en se demandant si le patron les acceptera. Ce dernier Pantalone s'exclame dès qu'il les voit qu'il ne veut pas de mendiant dans son établissement. Pietrolino s'offusque en le reprenant, car ils sont des saltimbanques, pas des mendiants. Colombella s'approche du comptoir et fait son numéro de charme : Pantalone accepte qu'ils donnent une petite représentation.



Un peu de temps plus tard, Pietrolino installe son castelet, pendant que Simio joue de la flute pour faire patienter les clients attablés en train de prendre un petit ballon. Une fois les tringles et les rideaux installés, Pietrolino se tient debout immobile pour se concentrer. Tout à coup, il s'anime à nouveau. À partir de ce moment-là, il n'est plus maître de lui-même, il est comme possédé. En faisant illusion de son corps, il est capable de faire voir à son public, une multitude de chose. Ce jour-là, c'est un monde sous-marin avec ses poissons, ses plantes aquatiques, ses méduses et ses algues qui apparaissent comme par magie aux yeux des spectateurs, stupéfaits par tant de beauté. Curieusement, c'est en disparaissant totalement derrière les choses auxquelles il donne vie, qu'il est le plus vivant. Pendant ce temps-là, Pantalone agite une liasse de billets sous les yeux de Colombella, sous-entendant qu'ils peuvent être pour elle si elle se montre sage. Le mime a fini la première partie de son numéro, mais les spectateurs ne donnent qu'un unique ticket de rationnement J3. Il se prépare pour la deuxième partie, enfilant un gant aux couleurs du drapeau français à la main droite, et un avec la croix gammée sur la main gauche. Avec ses mains, il mime un combat entre animaux préhistoriques. L'Allemagne nazie était un monstre fort mais stupide qui tentait de dominer le faible. Lorsque ce dernier est en difficulté face au géant, les spectateurs retiennent leur souffle. Discrètement Pantalone appelle les Allemands pour dénoncer le mime.



Il s'agit d'un album dont la genèse remonte en 1970 quand Marcel Mangel rencontre et engage Alejandro Jodorowsky, artiste chilien, ayant utilisé le mime dans son premier film Fando et Lis (1968). Il lui demande de lui écrire un spectacle vivant qui ne verra pas le jour faute de financement, puis de le transformer en un album. Celui-ci est dédié au mime Marceau (1927-2007). Le lecteur découvre donc un trio : le héros dont l'histoire porte le nom, une belle jeune femme dont il est amoureux, et un compagnon faire-valoir. La scène d'introduction montre la barbarie des occupants lors de la seconde guerre mondiale, le pouvoir de l'imagination et la puissance d'évocation d'un artiste, d'un créateur. Dès la page 14, le lecteur constate qu'il est bien dans une histoire de Jodorowski avec une séquence d'une violence éprouvante : l'officier nazi martèle les mains du mime à grands coups de bottes, jusqu'à ce qu'elles soient brisées et qu'il ne puisse plus s'en servir. L'artiste ne peut plus créer car son moyen d'expression est irrémédiablement détruit. Le lecteur frémit en voyant le talon appuyer sur la main, avec des taches de sang. C'est d'une terrible cruauté, sans que les dessins ne virent au gore. Le dessinateur réalise des planches descriptives, avec une mise en couleurs sophistiquée apportant relief, textures et ambiance lumineuse.



S'il peut être a priori intimidé à l'idée de plonger dans un ouvrage d'un auteur aussi ambitieux qu'Alejandro Jodorowski, le lecteur se rend vite compte que l'histoire se déroule de manière linéaire et simple : l'arrestation de Pietrolino & Simio par les nazis, le passage en camp de travail, le retour à Paris après la Libération, et la tentative de remonter un spectacle. Pietrolino est très touchant en artiste brisé, devenu incapable de créer à nouveau, à la pensée de ne plus jamais faire rêver les gens. Le personnage est très touchant dans sa gentillesse, ses convictions morales, son empathie, ses élans du cœur. Simio est tout aussi touchant avec son dévouement pour l'artiste, son amitié indéfectible, son partenariat professionnel l'incitant à aider le mime à trouver d'autres façons d'exprimer son talent. Il n'éprouve donc aucune difficulté à entrer dans l'histoire, à ressentir de l'empathie pour ces individus malmenés par la vie, mais animé par un réel goût pour la vie. Dès la première page, il est impressionné par la consistance des dessins. Il identifie aisément les immeubles haussmanniens, la belle berline Citroën, les uniformes militaires allemands, la belle devanture du bistro. Le dessinateur combine les formes détourées par un trait encré fin et la couleur directe pour l'intérieur de ces formes, apportant de nombreuses informations visuelles supplémentaires. Au fil des séquences, le lecteur admire d'autres lieux : les bouteilles d'alcool sur les rayonnages derrière le comptoir, les rideaux du castelet, la locomotive à vapeur, le Champ de Mars et les pieds de la Tour Eiffel, les petits fanions tricolore lors du bal, le petit chapiteau avec sa toile de tente rapiécée, les roulottes en bois, le très grand chapiteau du cirque de grande envergure avec sa toile impeccable, dans une belle plaine enherbée, les gradins du cirque.



L'empathie avec les personnages fonctionne dès la première page. En découvrant Pietrolino, le lecteur voit un grand échalas un peu dégingandé, dont l'apparence évoque un peu celle de Marcel Marceau, sans être une représentation photographique, ni une caricature. Il remarque l'expressivité un peu appuyée de son visage, ce qui est cohérent avec son mode d'expression artistique. Il découvre également Simio, sa petite taille, son langage corporel un peu exagéré pour son rôle de faire-valoir comique, aussi un physique qui atteste bien de son âge, avec sa calvitie précoce et son visage un peu empâté. Colombella fait penser à Jessica Rabbit, avec ses cheveux roux, sa longue robe rouge même si elle n'est ni lamée ni fendue jusqu'aux hanches, et ses courbes généreuses que ce soit sa poitrine ou son bassin. Pantalone est un peu plus caricatural, très empâté, avec un visage méprisant vis-à-vis des individus qu'il ne peut pas utiliser, doucereux et servile avec les représentants de l'autorité. Le dessinateur ajoute donc régulièrement une touche humoristique dans la représentation des personnages, les rendant plus sympathiques, et plus agréables à regarder. Le lecteur peut percevoir que l'intention de ce registre graphique est de rendre le récit accessible à un lectorat de jeunes adolescents, en cohérence avec le ton du scénariste.



Par moments, le lecteur remarque que l'artiste a choisi de simplifier la représentation d'un élément ou d'un autre. Dès la première page, il a épuré le dessin de la chaussée et du trottoir des rues de Paris. Par la suite, les roues des wagons du train semblent trop petites, les allées du Champ de Mars manquent de texture de gravier, les gradins du chapiteau sont uniformes, mais cela ne reste que quelques éléments. D'un autre côté, chaque page s'avère très riche visuellement, et l'équilibre entre le degré de précision descriptif, et les choix d'exagérer une expression, de simplifier un élément, d'aller vers une vision plus imaginaire permettent d'intégrer les éléments poétiques du récit, sans solution de continuité. À de nombreuses occasions, le lecteur ralentit son rythme pour prendre le temps de savourer un visuel inattendu, ou en décalage avec la réalité concrète : la méduse et les poissons exotiques nageant devant les clients du café de Pantalone, l'imperméable de l'officier nazi entre armure et déguisement grotesque, la liesse populaire lors du bal de la Libération, le mime du boxeur contre le kangourou, Pietrolino offrant son cœur, les tourterelles venant se poser sur les bras étendus de Pietrolino (même si l'une d'elle en profite pour se soulager), la capacité d'emporter le public avec les mimes, et bien sûr la séquence de fin.



Pietrolino est donc un mime qui en effectue quelques-uns au cours du récit, et la narration aussi bien en dialogue qu'en images incite le lecteur à considérer ce récit plus comme un conte que comme la biographie d'un personnage de fiction. Il termine le récit avec le sourire, et une forme de contentement modéré pour une histoire gentille et tout public. Dans le même temps, il a bien conscience de la qualité de l'hommage rendu au Mime Marceau, par exemple avec le chapeau candélabre de Pietrolino lors d'une représentation. En outre, il a ressenti que tout au long du récit, il est question de création artistique. Pietrolino a eu les mains brisées et la pensée de ne plus jamais faire rêver les gens l'anéantit chaque jour un peu plus. Il se dit également que les différents mimes du personnage comportent une dimension politique, que ce soit le théâtre de mains au cours duquel il ridiculise l'occupant, ou le spectacle final au cours duquel il étend par coup de poing avec gant de boxe, des officiels représentant l'autorité hypocrite. En revenant au début de l'histoire, il retrouve la phrase de l'officier nazi dans le café disant : Dommage que la fin de l'histoire manque autant de réalisme. Or elle s'applique littéralement à la fin de l'histoire. En y repensant, il se dit qu'Alejandro Jodorowsky a construit ce récit comme une allégorie de l'artiste, le mime Marceau, mais de lui aussi. Avec cette prise de recul, il est alors possible de considérer cette bande dessinée à la fois hommage, métaphore, et roman, comme une profession de foi : celle du créateur Jodorowsky sur la nature de son art, son engagement, sa vision de sa place d'artiste dans la société.



Une bande dessinée remarquable. Il s'agit d'un récit relativement court (92 pages) et accessible d'Alejandro Jodorowsky, avec une narration visuelle agréable, conjuguant une approche descriptive et une sensibilité poétique. Cette histoire peut être lue par de jeunes adolescents, aussi bien que par des adultes. Les premiers sont séduits par ce mime aux mains cassées, mais continuant à créer, avec des images souvent douces, savoureuses, concrètes et poétiques. Les seconds s'attachent tout autant aux personnages, apprécient plus l'hommage au Mime Marceau, et perçoivent l'allégorie de la vocation de l'artiste, véritable profession de foi du scénariste.
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Danthrakon, tome 1 : Le grimoire glouton

Nuwan est un humble apprenti cuisinier. Mais au service d'un mage, il souhaite à son tour apprendre la magie. Mais pour l'instant c'est la belle Lereh qui l'initie... à la lecture !



Mais le maître a pu acquérir un célèbre grimoire dont les pouvoirs sont à découvrir. Par mégarde, Nuwan sert de réceptacle à sa magie. Il est aussitôt poursuivi sans avoir appris à maîtriser ses nouveaux pouvoirs.



Que peut faire un petit marmiton contre les terribles forces en présence ?



J'ai beaucoup aimé tous les détails qui enrichissent cette bande dessinée. Il y a d'abord le côté cuisine où les légumes comme les crustacés sont traités avec beaucoup de cruauté à l'image de la dureté de cette société.



Ensuite, le personnage du Fuff, un animal agile et affectueux, donne un contrepoids intéressant à la société de l'argent et du pouvoir qui règne.



Enfin, l'univers de Nuwan va s'élargir peu à peu. De la cuisine au bureau, de la demeure à la ville, de la cité à l'au-delà.



C'est une véritable promesse de voyage et d'aventure que constitue ce premier volume.



À découvrir !


Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Meutes, tome 1 : Lune rouge

Otis est une jeune adolescente qui essaie de se construire, comme toute les filles de son age. Sauf que de grands mystères entourent sa famille. Elle aimerait comprendre ce que fait son père, ce que sont "ces chasses", pourquoi les mais de son père ont tant d'espérance sur son petit frère.



Dufaux nous emmène dans un mythe du loup-garou revisité. Une ambiance plus bourgeoise que fond des bois.

Pour ce premier tome je trouve le scénario un peu confus. C'est peut être pour conserver le mystères et réserver les surprises pour le tome 2 mais du coup on se pose beaucoup de questions et nous n'arrivons pas à éclaircir la situation en fin d'album. Les éléments sont nombreux et un peu brouillons mais c'est un premier tome... A voir donc la suite avant de porter des conclusions trop hâtives...

J'ai du mal à accrocher aux personnages pour le moment. L'héroïne est clairement la jeune Otis et heureusement c'est à elle que l'on s'attache le plus. Les autres sont effacés ou peu sympathique.



Les dessins de Boiscommun sont sympas. Les couleurs aquarelle directe donne une ambiance un peu désuète mais appréciable. C'est même un point fort de cette bande dessinée.
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Le Règne, tome 2 : Le Maître du Shrine

Isaac, Pantacrius et Octavia sont enfin arrivés au Shrine avec les enfants de leur employeurs décédés. Mais pour pouvoir bénéficier de la protection de ces murs, il faut payer l'entrée...



Un second de qualité pour cette série post apocalyptique, je ne me suis pas ennuyée!

Avec cette course contre la montre, contre les éléments déchaînés, tout le monde cherche des offrandes suffisantes pour se protéger du dérèglement climatique. Mais malgré tout règne amitié et sens de l'honneur.

Et à la fin un nouveau but : trouver Kama, un continent sur serait épargné par les démons humains.



Au niveau du dessin, Boiscommun continue de nous régaler avec ses aquarelles. Le zoomorphisme des personnages est bien réalisé.
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Le Règne, tome 2 : Le Maître du Shrine

Dans ce tome 2,la suite mais pas la fin des aventures de nos personnages en route pour Shrine afin d’éviter les démons humains; ils trouvent encore sur leur route d’autres réfugiés qui comme eux cherchent à se mettre à l ’abri mais il n’y aura pas de place pour tous et , et les combats à morts continuent.

Toujours de beaux dessins et d autres maculés d’hémoglobine.

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Le Règne, tome 1 : La saison des démons

un roman graphique antropomorphique, une fois n'est pas coutume, dont le thème principal est l’exode de populations essayant d’échapper aux démonst humains ; entendez par là les éléments naturels tels que la grêle ou les tsunamis.

De magnifiques paysages mais aussi beaucoup d’images " gores" , on y voit ainsi la tour Eiffel ensevelie et dégradée comme peut l’être la statue de la liberté dans le film la planète des singes .

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Le Règne, tome 2 : Le Maître du Shrine

Suite des aventures de nos mercenaires qui sont maintenant arrivés au fameux Shrine. J’avoue ne toujours pas être convaincue.

L’histoire brasse pas mal de choses et les données ne sont pas suffisamment exposées pour que la compréhension soit vraiment limpide. Les données s’ajoutent les unes aux autres sans qu’on aie le temps de vraiment en comprendre l’essence et, finalement, ça finit pas passer sans qu’on s’y arrête.

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Le Règne, tome 1 : La saison des démons

J’aime beaucoup les BD zoomorphes. Le petit plus qu’apporte les caractéristiques animales aux personnages est, si ils sont bien retranscrits et bien exploités, inégalable tant par des mots que par des descriptions. L’histoire adopte ainsi une dimension supplémentaire que j’apprécie beaucoup.

Mais, pour le coup, ici, je ne sais pas trop sur quel pied danse. Le dessin est assez bon, les animaux bien caractérisés mais je ne perçois pas l’intérêt de la chose ici.

Le scénario n’est pas mauvais mais reste assez obscur dans ses tenants et aboutissants…et les quelques explications, nécessaires à mon sens, se trouvent uniquement dans les quelques feuilles du making of à la fin.

Bref, pas vraiment conquise mais comme ce n’est que le début de l’histoire, je remets mon jugement à plus tard

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