Citations de Orlando de Rudder (20)
De rigueur dans les bacchanales antiques où elle a gardé son aspect religieux et général; tolérée dans les festins entre amis; moralement, voir légalement condamnée quand elle est solitaire, l'ivresse ne trouve sa justification que dans la communion et, à travers elle dans une évasion de la réalité qui pourrait tenir lieu de mysticisme.
L'alcoolisme n'est qu'un symptôme. Faire disparaître un symptôme n'éradique pas toujours la maladie.
Carpe diem
[…]
Il suffit donc de ne plus tergiverser et de mettre à profit le jour présent pour arranger tout ça. Courage, Macte animo ! Bref, c'est extrêmement simple.
À tel point qu'on se demande pourquoi tout ça n'est pas déjà fait…
N'y a-t-il pas, cependant, dans ce désir exprimé, comme la volonté d'une "fin de l'histoire", quasi millénariste et tout à fait illusoire, voire réactionnaire ?
Alfred Nobel était l'un de ces hommes extrêmement organisés qui trouvent toujours le temps de lire.
Panem et circens
(Du pain et des jeux)
Les aspirations, les désirs, l'idéal des Romains se réduisent à avoir du pain et des distractions, déclarait Juvénal (Satires, 10, 81). Les choses, sur ce point, n'ont pas beaucoup changé.
Margaritas ante porcos (ne jetez pas des perles devant les pourceaux ) .
Paroles tirées de l'Evangile ( Matthieu , VIII , 6 ) signifiant qu'il ne faut pas parler devant un ignorant de choses qu'il ne peut pas comprendre .
C'est évidemment en ne tenant aucun compte de ce genre de préceptes que le monde a pu avancer : l'ignorant , le"porc" , peut maintenant accéder à un peu plus de culture tandis qu'il deviendra de plus en plus nécessaire , sinon indispensable , de répandre les connaissances .
Comme pour le tabac, le premier contact avec l'alcool est désagréable.
Talismans
Mieux vaut prévenir que guérir... forts de cet adage, beaucoup ont imaginé des talismans pour prévenir l'ivresse, comme ses conséquences.
Améthyste
Cette belle pierre porte un nom grec signifiant : "Qui n'est pas ivre." C'est la "pierre de tempérance" de la tradition. Il semble que ce soit pour cette raison que les évêques la portent : ils doivent gérer leur diocèse en se gardant de toute ivresse, fût-elle spirituelle. Ceci contrairement aux ermites qui doivent entièrement s'y donner.
Nunc est bibendum ( MAINTENANT , IL FAUT BOIRE )
Début d'une ode d'Horace ( Odes I , 37 ) composée pour célébrer la victoire d'Actium . Ces mots s'emploient généralement pour signifier qu'il convient de fêter dignement un succès .
Boire , comme offrir à boire en l'honneur d'un évènement heureux ou de quelqu'un qu'on apprécie , est une forme de libation . Les libations étaient des rites consistant à offrir , au cours d'un repas auquel ils étaient censés assister , des boissons aux dieux . A Rome , le prêtre goûtait et faisait goûter à ses assistants la liqueur offerte avant de la verser entre les cornes de l'animal du sacrifice ou encore dans les flammes du feu sacré . Au cours des repas ordinaires , l'usage se répandit d'offrir des libations initiales afin d'obtenir la faveur des dieux . L'usage devint peu à peu une forme de politesse , une manière d'honorer ses convives .
La libation conviviale s'oppose à l'alcoolisme solitaire , plus redoutable encore que l'alcoolisme mondain . (...)
Il y a un temps pour boire , comme il y a un temps pour tout . Il convient donc de ne pas dire à toutes les heures "nunc est bibendum" . Toutefois , l'abstinence est mauvaise conseillère , en tout cas pour les poètes , puisque Horace affirme :
Nec vivere carmina possunt
Quae scribuntur aquae potoribus
(Epîtres , I , 19 ,3 )
Ce qui signifie : " Ils ne peuvent vivre , les vers qui sont écrits par des buveurs d'eau . "
Autant dire qu'il s'ait aussi d'une sorte de "méthode" amusée, d'un "mode d'emploi" ironique de l'alcool, d'un itinéraire.
Des génies ont usé de l'alcool, y ont trouvé - ou ont cru y trouver - l'inspiration créatrice. Il ne faut pas oublier qu'on peut trouver cette inspiration sans alcool, tout en sachant que les boissons fortes peuvent tout aussi bien annihiler tout effort créateur. On pourra lire à ce propos le livre de Jack London intitulé en anglais John Barleycorn, mais qu'un traducteur avisé a intitulé Le Cabaret de la dernière chance, en langue française London y montre avec précision comment le whisky en arrive à le gêner pour écrie. Il décrit, de plus, la lente progression de l'alcoolisme. Aucune substance ne donnera du génie.
Carpe diem : mets à profit le jour présent
Ainsi s'exprime chez Horace la mélancolie épicurienne.
La vie est courte, effectivement, et sans doute faut-il se dépêcher d'en jouir et vivre un peu plus intensément. Il convient cependant pour cela de ne pas remettre au lendemain le règlement des problèmes qui nous rendent le présent si difficile à vive (...)
Il suffit donc de ne plus tergiverser et de remettre à profit le jour présent (...) Courage ! Macte animo.
Docus cum libro : savant avec le livre.
Rappelons qu'il ne faut jamais appliquer une connotation morale au mot perversion. Une perversion, c'est tout simplement ce qui rend malheureux. La définir autrement est quasiment pervers !
Imaginons saint Colomban, ou saint Patrick, perdu dans les brumes d'Irlande et surveillant l'évaporation d'un moût à l'odeur de moisi. Il faut déjà supporter ce magma nauséabond. Imaginer qu'on en pourra tirer quoi que ce soit de consommable, d'ingérable, semble assez peu réaliste. Notre saint ne se laisse pas dégoûter. Il allume son feu, prépare son alambic, ajuste le serpentin... Voici que tombent les gouttes incolores de l'alcool... Le vénérable missionnaire trempe son doigt dans le liquide obtenu, avant de le porter à ses lèvres, c'est alors qu'il frisonne... quelle horreur ! Ce liquide est, de prime abord, complètement répugnant ! Peut-être que notre saint s'arrêtera là, et ne recommencera pas à boire.
S'il recommence, pourtant, il s'accoutume à l'amertume, à la force du breuvage. Puis, il sent son esprit vaciller. Quoi qu'il en soit, la première expérience n'est pas agréable...
... méfions-nous des discours moralisateurs qui ne tiennent pas compte de la nécessité, certes construite, de l'alcool, voire de l'ivresse occasionnelle dans nos rituels sociaux.
J'y ai songé comme un autre, et je suis tenté de
mettre l'appétence des liqueurs fermentées, qui n'est pas
connue des animaux, à côté de l'inquiétude de l'avenir,
qui leur est également étrangère, et de les regarder l'une
et l'autre comme des attributs distincts de la dernière
révolution sublunaire.
Brillat-Savarin, La Physiologie du goût.
Après la guerre, deux choix s'offraient à moi, finir
ma vie comme député, ou la finir comme alcoolique, je
remercie Dieu d'avoir si bien guidé mon choix : je ne suis
plus député.
Winston Churchill,
Conférence, mars 1959.
Jus de fruit
Le sucre contenu dans les fruits aide à combattre l'hypoglycémie produite par l'alcool. Le fructose accélère la destruction de l'alcool.
Herbe
Lorsqu'on a été soûl comme une vache on peut... brouter. En effet, il semblerait que la mastication d'une poignée d'herbe dûment rincée favorise l'élimination, draine l'intestin. C'est du moins ce que nous ont déclaré plusieurs personnes que nous avons interrogées pour les besoins de ce livre.