- Paisaje ocular
Si tus miradas
salen a vagar por las noches
las mariposas negras huyen despavoridas
tales son los terrores
que tu belleza disemina en sus alas.
Pongo la punta de mi lengua golosa en el centro
mismo
del misterio gozoso que ocultas entre tus piernas
tostadas por un sol calientísimo el muy cabrón
ayúdame
a ser mejor amor mío limpia mis lacras libérame de
todas
mis culpas y arrásame de nuevo con puros pecados
originales, ya?
Desventurados los que divisaron
a una muchacha en el Metro
y se enamoraron de golpe
y la siguieron enloquecidos
y la perdieron para siempre entre la multitud
Porque ellos serán condenados
a vagar sin rumbo por la estaciones
y a llorar con las canciones de amor
que los músicos ambulantes entonan en los túneles
Y quizás el amor no es más que eso:
una mujer o un hombre que desciende de un carro
en cualquier estación del Metro
y resplandece unos segundos
y se pierde en la noche sin nombre
Comme il est étrange d’entendre le bruit de la pluie
quand il ne pleut pas
de regarder par les fenêtres les rues sèches
et d’entendre le bruit incessant de la pluie
Maintenant j’écoute le grincement d’un fauteuil à bascule
Quelqu’un tricote quelqu’un s’arrête
quelqu’un entre avec les tasses de thé
quelqu’un fait du bruit avec la vaisselle
Comme il est étrange d’entendre le gémissement
d’un fauteuil à bascule
quand personne ne se balance
le tintement de la vaisselle
quand personne ne met la table
le brouhaha des convives
quand les chaises sont vides
et le bruit de la pluie
le bruit persistant de la pluie
quand il ne pleut pas
Me charger de moi-même de par le monde
n’est pas chose facile
Me défaire de moi
ou me laisser abandonné en quelque lieu non plus
Non je ne suis pas le nageur d’Héraclite
Je me baigne toujours dans le même fleuve
Et si ce fleuve va se jeter dans la mer
qui est la mort
là-bas je m’en vais avec lui
Parce que moi je suis le fleuve
mais aussi la mer
Où que je veuille aller
où que je veuille me déplacer
rien ne va se passer
rien ne va changer
car c’est moi-même que j’emporte avec moi
Je ne reste pas derrière
je ne m’éloigne pas de moi :
je me porte sur le dos
Autre maison autre ciel autre temps
ce sera la même chose : c’est la même chose
la vie n’est pas ailleurs
la vie c’est là où l’on est
…