Citations de Patrice Romain (130)
Dès son entrée en classe, le conseiller pédagogique rassure l'institutrice:
" ne vous en faites surtout pas, je vous ferai un bon rapport. Pour la bonne et simple raison que je n'y connais rien en maternelle!"
L'inspecteur s'assied sur une chaise, au hasard. Un gaillard d'au moins un mètre s'avance façon "château branlant", se plante devant le brave homme en mode "T'es qui toi?" puis lui bourre son épaule de coups de poing en disant:
"Pousse-toi, c'est ma place!"
L'homme en costume sourit, se lève et obéit docilement
J'en ai profité pour appeler un nouvel enseignant qui, je m'en doutais, ne s'est pas présenté. En mai dernier, il avait librement formulé des voeux pour sa future affectation. Notre collège figurait parmi ses souhaits.
Hier, il m'a téléphoné pour me faire part de sa colère car l'administration lui avait donné satisfaction en le nommant dans notre établissement.
Régime.
Monsieur,
Vu son poid, Jordan ne mange pas de bonbon. Pourquoi il faut qui ramasse les papiers dans la cour ? Il est deux fois punis !
Merci d'avoir pitié de lui.
Hulk
Alors que j'étais devant ma classe en attendant que mes élèves arrivent, j'ai vu au fond du couloir Guylain en train de jeter son sac en direction du plafon. Au moment du choc avec son sac, une partie des dalles se sont brissées et son tombés sur le sol.
REGLEMENTS DE COMPTES A OK CORRAL
Jihad et Majid se battent à mon arrivée dans la salle de cours. Si tous les 2 sont d'accord sur le motif de la bagarre (Jihad a dit à Majid "Ta mère, elle a ses règles"), en revanche, aucun n'a été capable de me préciser en quoi il était insultant pour une femme d'être indisposée.
INCULTE
Je vous demande de coller Nourredine afin qu'il révise son orthographe ("putin" s'écrit "putain", "suse ma bite" s'écrit "suce ma bite", etc.) et enrichisse son vocabulaire par des synonymes moins grossiers ("prostituée" ou "péripatéticienne"). Cela lui servira pour ses prochains graffitis.
Ceux qu'ils a écrits étant donc de piètre qualité, il devra naturellement les effacer de sa table avec un produit approprié.
Monsieur,
Votre version concernant Robespierre le sanguinaire qui serait en fait doux comme un agneau est pour le moins étonnante de la part d'un professeur payé par l'état et soumis au devoir d'obéissance. Je serais curieux d'avoir l'opinion de votre ministre sur ces pratiques pédagogiques pour le moins contestables.
Je compte sur votre honnêteté intellectuelle pour rétablir la vérité conforme aux programmes que vous vous devez d'appliquer.
Salutations.
C'est facile a dire que ma fille était en retard, mais vous n'avez jamais pensé que c'était vous qui êtes en avance ? Parce que j'ai l'heure de la télé ! Vous avez qu'à vous mettre a mon heure et ma fille sera a l'heure, c'est pas plus compliquer !
Contraception :
Madame, Veuiller escusé mon fils qui en se moman na pa le tant de faire ses devoirs passque je suis encore enceinte passque mon ex mari est revenu me voire et sa na pas loupé pourtan sétait juste une fois. Du cou je vomi tout le tant et Franck pleure a la maison passque je cri et il doit socupé de ses frères et seurs mais moi je ne peus pas.
Lapsus orthographique révélateur :
Monsieur, J’ai parié avec mon mari que Louis XIV était mort de la gangrène. Quand pensez-vous ? Merci de nous départager !
Crainte de représailles :
Madame Iher soir j’ai eut une alctercation avec le père a Bryan. Je l’ai étandu par terre. Fete attention car je veut pas que mon fils subit a lecole la vengence de bryan car il a les boule que sont père a mangé dur a cause de moi mais ses lui qui a cherché et sa y faut pas. Merssi davance madame la maitresse.
Délateur Madame, Je vous informe confidentiellement qu’il y a dans votre classe un ou plusieurs élèves assez sales pour avoir des poux. La preuve : mon fils en a attrapé.
onseil pédagogique :
Madame, En classe, quand vous en serez à la règle du pluriel des noms en « ou », pensez à insister auprès de certains de vos élèves sur les « poux » : Frédéric en avait plein la tête hier soir…
Madame,
Vous voulez que j'achète la photo de classe de ma fille ? Non mais vous avez vu la tête des autres ? Alors c'est non merci. Cordialement.
Parler le même langage
La professeure présente l’étranger à sa classe :
« Monsieur Dupont, inspecteur ! »
Puis commence son cours.
Nombreux sont les élèves qui refusent de se mettre au travail. Ils jettent des regards haineux au brave homme en costume cravate. Lequel, à l’instant précis, recroquevillé sur sa chaise, n’en mène pas large. On n’est pas loin du lynchage.
L’enseignante comprend alors l’origine du malaise. Elle précise :
« M. Dupont ne travaille pas dans la police. Il est inspecteur à l’Éducation nationale. Et à l’Éducation nationale, l’inspecteur est juste là pour observer notre travail. Il n’a aucun rapport avec les forces de l’ordre ! »
Soupirs de soulagement. Des élèves et de l’évaluateur. La séance peut démarrer pour de bon.
B.A. BA du B.O.
L’Inspectrice bienveillante – oxymore ? – attaque la discussion en chargeant l’enseignant plus fort que les cavaliers français à la bataille de Reichshoffen :
« Ce que vous avez fait, ce n’est pas au programme ! »
Devant ce postulat catégorique, le présumé coupable se lève sans un mot, sous l’œil interloqué du Fouquier-Tinville au féminin. Il va à son bureau, fouille dans son sac, en sort le bulletin officiel de l’Éducation nationale, l’ouvre à une page dont un paragraphe est surligné, retourne s’asseoir face à son évaluatrice, avance délicatement le livret vers elle, la regarde droit dans les yeux, sourire ironique aux lèvres, et la conseille :
« Un peu de lecture pour actualiser vos connaissances, peut-être ? »
Canossa
Le directeur raccroche le combiné et, un peu gêné, annonce à l’inspectrice que la professeure qu’elle vient visiter ce matin est malade.
La femme, austère, serre les mâchoires, contracte ses narines, inspire longuement par le nez et siffle entre ses dents :
« Je suis bien obligée de la croire… Quand même, il y a de fâcheuses coïncidences… »
Elle sort un carnet et reporte l’inspection en avril, non sans ajouter d’un ton sarcastique :
« En espérant qu’elle sera rétablie ! »
En fait, la visite n’aura lieu qu’en juin. Car, le jour prévu, la secrétaire de l’inspection appellera :
« Bonjour, Monsieur le Directeur ! Madame l’inspectrice vous fait savoir qu’à cause d’une grève inattendue des trains, elle est bloquée à Paris. Pouvez-vous transmettre à votre collègue, s’il vous plaît ? »
Vis ma vie !
C’est un peu le bazar : ça court et ça crie dans tous les sens. La pauvre professeure paraît un peu dépassée par la horde de tous ces Ostrogoths qui semblent la craindre autant qu’un député a peur de la justice française. L’inspectrice à l’air revêche vient à sa rescousse. Elle prend son inspiration et crie à la cantonade :
« Oh ! On se calme un peu, s’il vous plaît ! »
Suggestion reçue cinq sur cinq : une vingtaine de pleurs et de hurlements à la mort lui répondent en écho…
À côté de la p(f)laque !
L’inspectrice – tailleur, chemisier et talons hauts – regarde la tenue sportswear de l’enseignante avec réprobation. Elle en comprendra mieux la raison un peu plus tard lorsque, glissant sur une flaque d’eau dans l’atelier, elle s’agrippera par réflexe à un grand bidon de peinture pour se rattraper.