Patricia Bouchenot-Déchin

Prônant l'art de penser par soi-même, nourri par une culture digérée et non révérée, il se fit le chantre de la légèreté de ton et de la souplesse de la pensée contre le goût pesant et docte. (p.293)

Avec ce ton léger de fantaisie qui une fois de plus renvoie à ses contes, il aborde les sujets les plus graves en donnant des conseils qui demeurent d'une modernité étonnante. (p.272)

Charles Perrault est trop bien élevé pour laisser paraître une colère, un dégoût, un sentiment qui ne lui paraîtrait pas conforme à la bienséance et à l'art de bien dire. Les émotions intenses ne s'expriment chez lui que transformées, métamorphosées. (p.239)

Attentifs au seul bruit de la Renommée ... Cette intime conviction d’œuvrer pour quelque chose qui les dépasse, un moment unique dans l'histoire depuis l'Antiquité, c'est elle qui tient les Colbert, les Le Brun, les Le Nôtre et Charles Perrault éveillés quand tout homme "normal" tomberait d'épuisement. C'est elle qui leur donne cette imagination et cette énergie qu'on leur voit déployer sur tout les fronts. (p.134)

En ce monde baroque, il faut se méfier des apparences. Ces fêtes sont bien plus sérieuses qu'il n'y paraît puisqu'elles sont destinées à être relatées, gravées et diffusées dans toute l'Europe pour montrer le prestige de la France. (p.100)

[...] La place dédiée à l'Antiquité, référence absolue pour Racine pour qui les dieux doivent être traités en divinité et donc en êtres parfaits, ce à quoi Perrault se refusera toujours. (p.78)

Jusqu'à la fin de sa vie, Charles Perrault ne travaillera pas autrement que sur le mode collaboratif, une pratique peu courante sur le plan littéraire, plus fréquente dans le monde des arts tels l'architecture ou la peinture ou celui des sciences, domaines auxquels tous les frères vont s'intéresser. (pp.52-53)

Les arts occupent plus que jamais une place de choix dans la politique de Louis XIV. Mazarin a chaussé définitivement les mules de Richelieu et exerce désormais un mécénat culturel de fait. Se faire remarquer de l'homme le plus puissant à ce jour est la meilleure promesse en vue d'une carrière hors norme.
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Rosa n'a jamais recherché la célébrité. Elle a travaillé par amour de l'art, par vocation, s'y consacrant de manière exclusive. Elle a travaillé comme un homme, sans jamais chercher à prendre la place de qui que ce soit, simplement en conquérant la sienne.

La Révolution a fait de l'égalité sa devise mais a supprimé l'Académie de peinture et de sculpture, dans laquelle les femmes étaient admises, pour instaurer l'École des beaux-arts, dont elle les a exclues.

Un soleil bas et doux d'automne appelle ces grands enfants dehors. S'ils ne viennent pas cueillir les derniers rayons et les emporter sur la palette de leurs cœurs, qui le fera ?

L'aube éclairé la chaîne des Pyrénées comme il y a deux ans quand elle a découvert ici même et pour la première fois cette sensation de liberté que procure la notion de limite. La franchir, ou pas, pour s'affranchir soi-même. Risquer le passage, se confronter au vide.

- En Ecosse, les réalités historiques prennent une teinte qui se rapproche de celle de leurs contes de fées, conclut Saint-Germain-Leduc tandis que Rosa se laisse imprégner par ces impressions dont son imagination se repaît.

- Je promets de consacrer ma vie à l'art, de vivre en vestale jusqu'à ce que la mort nous réunisse.
Ayant prononcé ce serment sacré, elle sait qu'en lui restant fidèle, elle le sera à la mémoire de sa mère.
Les témoins se pressent, gênés de n'avoir voulu ni voir, ni savoir. Non loin, parmi eux, Enfantin est là. Pour son ami Raimond. Il a préparé quelques paroles qui se veulent consolatrices. Rosa, pétrifiée entend la logorrhée éthérée de cet homme qui, malgré sa belle allure, a tué sa mère. Les mots coulent sur son âme sans trouver la moindre crique où reposer.

- Ma chère grande artiste, convenez que quand on dit d'une oeuvre d'art que c'est de la peinture ou de la sculpture de femme, on entend par là : c'est de la peinture faible ou de la sculpture mièvre.
- Et quand on a à juger une oeuvre sérieuse due au cerveau et à la main d'une femme, poursuit Rosa amusée, on dit : c'est peint ou sculpté comme par un homme. Je suis bien placée pour avoir entendu ces deux réflexions désobligeantes.
- Cette comparaison de deux expressions convenues suffit à prouver, sans qu'il soit nécessaire de la commenter, qu'il y a un parti pris d'avance contre l'art pratiqué par les femmes.

- Ne vous attendez pas à voir une femme ! On assure que ses manières sont horriblement masculines et qu'elle ressemble à un homme à s'y tromper ! affirme une petite blonde aussi boudinée dans les baleines de sa robe que dans celles de ses idées.
- Et elle fume le cigare ! ajoute une autre, horrifiée.
Les rumeurs vont bon train et la charité ne semble pas avoir été conviée, quand l'une d'elles fait remarquer :
- Il faut sans doute avoir une certaine forme de virilité pour être capable de peindre des oeuvres aussi puissantes !

- Jamais je ne leur ressemblerai ! Jamais je ne dépendrai d'un homme ! Jamais je ne me marierai !
(...) Elle a onze ans et ne mesure pas ce qu'implique sa résolution. (...)
- Je promets de consacrer ma vie à l'art, de vivre en vestale jusqu'à ce que la mort nous réunisse.
Ayant prononcé ce serment sacré, elle sait qu'en lui restant fidèle, elle le sera à la mémoire de sa mère.

Londres, 17juillet 1855

(...)
-C'est une vraie souffrance physique que m'inspirent les traitements inhumains qu'endurent les animaux.Personne ne semble tenir compte du fait que,comme nous,ils ont une âme ! confie-t-elle avec une sincérité bouleversante.La création en France de la Société protectrice des animaux est une étape importante, mais il faut aller plus loin,poursuit-elle.(p.211)

Paris,Ecole des Beaux-Arts,octobre 1845

Rosa travaille "comme un cheval",comme elle le dit elle-même,.A force de côtoyer les animaux,ils peuplent ses croquis,ses toiles,ses pensées et sa manière de s'exprimer. Entre les oeuvres qu'elle présente chaque année au Salon et les autres toiles qu'elle exécute pour répondre à des commandes, elle peint le jour et sculpte la nuit,car ses doigts n'ont pas besoin de la lumière pour faire surgir les formes de ses amis à quatre pattes.Elle les étudie tellement avant de s'attaquer à un sujet que les volumes viennent instinctivement .(p.126)

Paris, avril 1848

De Théophile Gautier

"Mademoiselle Rosa Bonheur marche en première ligne à la tête des peintres d'animaux ; on n'est pas plus étudié, plus sincère de forme et de ton !" Quand on sait le rôle que joue l'écrivain dans le monde des arts et la difficulté pour une femme artiste d'être remarqué,ces quelques lignes ont retenti comme les trompettes de la Renommée .(p.137)