Citations de Patricia Gaffney (21)
Les femmes sont très douées pour se bercer d'illusions. Elles gobent toutes les histoires qu'elles se racontent.
Certaines choses sont incontournables. Il faut simplement les affronter.
Les enfants ont des dons, des défauts, des bizarreries, des tendances, des aspetcs d'eux-mêmes qui n'ont rien à voir avec leurs parents. C'est un soulagement, non ? Au moins, on n'a pas à assumer tous leurs échecs.
Ce fut ainsi avec Jess, mais bien plus encore. Entre nous, tout était multiplié, exacerbé, comme dans une galerie des glaces, avec notre reflet dans le présent et des centaines de reflets de nous dans le passé. Nous étions dans le présent, et nous avions aussi tout ce qui s'était passé entre nous auparavant. La plus extraordinaire des combinaisons. C'était à la fois exactement pareil et complètement différent. Nous avions raison tous les deux. (p 370)
En fait, trois qualités me font craquer, chez un homme. Outre la timidité et l'intelligence, j'ai du mal à l'admettre, il y a la beauté physique. Je sais, je suis superficielle et je déteste ça. Parfois je sors délibérément avec des moches pour ne pas être taxée de frivolité.
Trois évènements se sont produits en même temps: l'ami de Simon s'est assis à côté de moi, Emma est revenue avec deux boissons, l'air contrarié et j'ai croisé le regard de Curtis.
Je suis vivante à cette seconde précise. Je peux cueillir des fleurs, caresser le chien, manger des roulés à la cannelle. Je serais bien bête de laisser ma mortalité gâcher le plaisir de ces petites choses. Il n'en sera rien. Dorénavant, je me rappellerai que j'ai l'intention de vivre jusqu'à ma mort.
Je ne l'ai pas fini ... Ce n'est pas qu'il soit mauvais. Mais il m'ennuyait ...
Ça ne doit pas être suffisamment mon style de lecture finalement.
Ce qu’il faut faire, avant que la migraine s’installe, c’est visualiser votre douleur sous une autre forme, celle d’un petit lutin, par exemple. Engagez la conversation avec lui, sympathisez. Tentez la négociation : vous promettez de manger plus sainement et de dormir davantage, et votre lutin s’engage à disparaitre pour cette fois.
Je me demande ce que je fais de mal. Quel est mon défaut impardonnable ? Toute mère jure ne vouloir que le bonheur de ses enfants, mais dans mon cas, c’est la vérité. J’aime ma fille plus que toute autre personne au monde, plus encore que ma petite-fille. Hélas, elle me repousse. Elle est comme une ombre qui recule à mesure que j’avance : je ne peux pas la toucher. Elle s’écarte, s’éloigne, elle me fuit. Ai-je élevé une enfant distante ? Ou bien cela vient-il de moi ? Nous ne sommes pas assez proches pour nous disputer...
On peut en penser ce qu'on veut, le meilleur comme le pire – moi-même, je suis tiraillée entre les deux. Quoi qu'il en soit, je crois que ma culpabilité d'être vivante et en bonne santé quatre mois après la mort de mon mari a dépassé les limites de la normalité. Ruth et ma mère affirment qu'il est temps pour moi de me ressaisir, de redémarrer, de trouver un vrai travail, de continuer ma vie. Sont-elles sans cœur pour autant ? Certes, je suis dans un sale état, je ne suis utile à personnes, pourtant ma fille a plus que jamais besoin de moi...
Quelle délicieuse ironie ! Se rapprocher peu à peu de l'objet de notre ressentiment et le comprendre enfin et, par quelque coup du destin, devenir cette personne. Une récompense et une punition à la fois. (p 306)
- Mais non, on peint pour partager sa vision personnelle de l'objet avec le reste du monde. C'est une expression. (p 289)
Avec le temps, je me transforme en une personne à laquelle j'ai peine à croire : une vieille dame. Les autres vieux se sentent-ils vieux ? J'ai toujours cru que ce serait le cas, mais je vais bientôt avoir soixante-dix ans et je ne suis pas plus avancée, ni plus sage, ni plus heureuse, ni plus épanouie ou satisfaite qu'à quarante ans. Je le suis même moins. (p 262)
Ce pouvait être formidable ou désastreux, une de ces idées si attirantes dans l'absolu, qui semblaient inévitables, écrites, ne serait-ce parce que les arguments contre un tel projet semblaient relever de la névrose. (p 189)
Avant, je tenais souvent des propos de ce genre : "Je préfère avaler du désherbant que de me retrouver sénile, à porter des couches." C'est drôle, mais plus on vieillit, plus on perd tout intérêt à se donner la mort. Ce devrait être le contraire, non ? (p 158-159)
Ce n'était pas un accès de lucidité, mais un désespoir grandissant, comme un brouillard sombre qui assombrit un ciel limpide. Cette histoire était vouée à l'échec car elle faisait mal à trop de monde. Plus nous nous enfoncions, plus cela semblait irrémédiable. J'ai commencé à pleurer avant la fin. (p 149)
A cet instant, j’ai compris ce qu’était l’immobilité, la stagnation, sans en connaître le nom, bien sûr, et la futilité d’espérer le moindre changement. Pas ici, dans cette pièce où régnait un silence omniprésent. Toute communication entre eux, entre nous, était impossible. Mon père parlait davantage le dimanche, à l’église, qu’à la maison durant le reste de la semaine. Telle est la notion qui m’a sauvée : quelque chose ne va pas. Les autres ne sont pas comme ça. (p174)
« -[…] Je n’ai pas peur d’avoir tort. Je me trompe tout le temps. Demandez à Curtis. Le problème, c’est que, en optant pour une opinion tranchée, on élimine toutes les autres. Ce n’est pas juste. Pourquoi choisir ? Il est tellement moins brutal de ne pas choisir. » (p.61)
Certains savent dès le départ ce que d'autres n'arrivent pas à apprendre en toute une vie.