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Critiques de Patrick Barbier (15)
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Marie-Antoinette et la musique

Un essai biographique sur Marie-Antoinette et son rôle dans l’évolution de la musique à la fin du XVIIIème siècle, aussi captivant et agréable à lire qu’un roman !!



On est loin du tableau de la reine frivole et égocentrique qui est le seul retenu dans l’Histoire de France, même si la royauté et la Cour étaient totalement déconnectées de la réalité quotidienne du peuple !



Elle n’aura de cesse de faire évoluer la musique qui était figée dans les genres depuis Lully et Rameau ! Elle va introduire à Versailles et à Paris des musiciens tels que Gluck, Piccinni, Sacchini et Grétry, pour ne citer qu’eux ! Elle fréquente assidument l’Opéra-comique, la Comédie Française et autres salles parisiennes où elle n’hésite pas à montrer son plaisir à ces spectacles.



Il n’y a d’ailleurs pas que la musique qui va évoluer mais aussi les représentations des diverses variétés d’opéras. Des conflits voient régulièrement le jour entre les tenants du Baroque et ceux du Classicisme déjà développé dans le reste de l’Europe.



A lire cet essai j’ai pris conscience que la musique dite classique, en France, a pris un tournant important en ouvrant son répertoire à des compositeurs étrangers, à des idées innovantes, parce que Marie-Antoinette était non seulement férue de musique mais avait en plus un haut niveau de connaissances.



Une facette oubliée ou méconnue de Marie-Antoinette dans cette époque, appelée “Siècle des Lumières”, qui n’aura pas été qu’un tournant politique !



#MarieAntoinetteetlamusique #NetGalleyFrance



Challenge Jeux en Folittérature XI

Pioche dans ma PAL mai 2022
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Histoire des castrats

Magnifique.

Ce livre s'adresse au "tout public". mélomane, historien ou pas, dès lors que nous nous intéressons à nos semblables. Il relate certes un long épisode de l'histoire de la musique, mais également un épisode de l'histoire de l'humanité. On en apprend énormément sur les origines de la castration en général, mais tout particulièrement sur la castration "à visée musi

cale ", en Italie, par conséquent. Il est étonnant de constater à quel point la population italienne, ceux qui en avaient les moyens bien sûr, s'est mobilisée pour faire "fleurir" ces fabuleux opéras. Émouvant aussi de suivre le parcours de ces garçonnet s. Comment ne pas leur pardonner leurs caprices, une fois devenus adultes ? Ce "droit aux caprices et à la grosse

tête", ne l'ont-ils pas, eux, gagné de hautes luttes ?

Une enfance qui commence par la séparation d'avec leurs parents, la castration pratiquée dans des conditions que je qualifie

d'épouvantables, une vie de labeur et de privations, et j'en passe. Leur vilaines manières m'ont bien amusée. Car primo, Je répète qu'il ont gagné ce "droit " de hautes luttes. Secondo, ils vont, eux, juqu'au bout de leur logique. Entre Velutti qui refuse purement et simplement de chanter alors que la princesse de Galles se trouve dans l'assemblée, ou Caffarellli qui invective son public,

force est de constater qu'en matière

d 'irrévérences, eux, ne sont pas sélectifs.

Le lecteur en apprendra beaucoup. L'origine de leur prénom, la position hypocrite de l'église, les effets spéciaux de l'époque, enfin, une mine d'informations. Je ferme ce livre et n'ai qu'un regret, c'est que tous ces castrats, qui peuvent aux yeux de certains lecteurs, paraître proprement antipathiques, n'aient pas tous été des Caffarelli, des Farinelli ou des Pasqualini. Ils le méritaient, pourtant. ..

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Histoire des castrats

Ecrit en 1989, le livre de Patrick Barbier n’a rien perdu de son intérêt ni de sa pertinence, pour ceux qui aiment ou s’intéressent à la musique d’une manière ou d'une autre ou qui veulent découvrir la musique baroque, en particulier. Cette Histoire des castrats que m’a fournie un ami musicien, à l’ouverture de la saison des concerts et des festivals, m’a semblé, au-delà des développements artistiques, historiques et sociologiques richement documentés, un vibrant rappel à la mémoire de ces chanteurs d’exception aux voix à tout jamais disparues ; c’est également un texte qui, en exhumant quelques obscénités, sarcasmes et autres cruautés qui se sont exercés à l'encontre d'individus, adulés par certains et jugés anormaux ou monstrueux dans le pire des cas par d'autres, pointe la force et la permanence de préjugés récurrents dans toute société.



Comme bien souvent dans ce type d’histoire, des contours assez flous président aux origines du phénomène qu’il s’agit d’analyser et d’amener à la connaissance du public. Le lecteur sera donc satisfait qu’on lui présente d’emblée un premier chapitre consacré à la castration, geste chirurgical compris, décidant du (plus ou moins triste) sort réservé à ces enfants, condamnés à la plus cruelle des solitudes en cas de ratage, ce qui était courant chez les barbiers chirurgiens du XVIIe siècle, comme on s’en doute. Extrême solitude de beaucoup d’autres, parmi les plus connus, malgré les conquêtes féminines, ainsi que l’illustre le chapitre des relations entre les castrats et les femmes.



Des méthodes et des pratiques connues depuis la nuit des temps, certes. Pour ce qui est de la castration à des fins musicales, il semble bien que l’Espagne, en avant-coureur (au contact de la culture du harem), ait pu fournir à quelques eunuques chanteurs, convertis, le cadre d’une migration possible vers des chœurs de chapelles, afin d’y exploiter leurs talents vocaux. A la Chapelle papale, les chœurs furent longtemps espagnols bien avant la fin du XVIe siècle, date à laquelle la castration se répand dans la plupart des états de la péninsule italienne et y perdure tout le XVIIe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, au moment où s’amorce le déclin du goût pour les castrats et surtout, au moment où les femmes seront autorisées à chanter dans les églises et à tenir les partitions de sopranos à l'opéra.



Panorama de la vie musicale profane et sacrée, aux XVIIe et XVIIIe siècles donc, où l’Italie occupe une position majeure. Parmi les villes italiennes concernées, Naples, par la présence de quatre conservatoires et la création précoce, en 1737, du théâtre San Carlo, et Rome, par le rayonnement de la création musicale et vocale à la Sixtine, mais aussi Venise et Florence, initient la folie baroque qui va se propager dans toute l’Europe. Ecrit dans un style qui en rend la lecture très attrayante, le livre rend compte également de destins de castrats italiens – parmi ceux qui furent les plus célèbres comme Caffarelli, Pacchariotti ou Farinelli et de nombreux autres –, et aborde la question des origines sociales et géographiques, ou celle des motivations des familles de ces jeunes garçons, ainsi que celle de leur formation et de leur recrutement hypothétique ; leurs déboires, pour ceux dont la voix, si elle n’a pas mué n’en est pas devenue pour autant une voix d’exception (ils n'auront souvent pas d'autre choix que celui de la prêtrise, un paradoxe quand on connaît la position de l'Eglise à leur égard), leurs succès ou leurs aventures tantôt romanesques, tantôt tragiques, sont évoqués.



L’histoire des castrats est passionnante à plus d'un titre car, par delà les polémiques et les controverses qu’elle a pu susciter, depuis le XVIIe siècle et qui sont précisément chroniquées par l’auteur, elle permet également de s’immerger dans les mœurs et les goûts italiens contemporains. Elle révèle et souligne, par ailleurs, toutes les contradictions d’une société soumise aux diktats de ses modes et de ses engouements, ainsi qu’à l’obscurantisme et aux ambiguïtés de l’Eglise elle-même, condamnant d’un côté fermement cette mutilation, au nom du respect de l’intégrité des corps et qui, à la fin du XVIe siècle (Clément VIII, 1592-1605), recrute officiellement des castrats pour le chœur de la Chapelle pontificale. Les cathédrales et les maîtrises paroissiales, à sa suite, vont accueillir à bras ouverts, ceux qu’il est convenu d’appeler alors, les sopranistes, pour chanter à la gloire de Dieu ! L’exclusion des femmes du chant religieux d’abord, la condamnation de leur présence sur les scènes de théâtre et plus tard à l’opéra, peut être regardée comme un encouragement indirect à la pratique de la castration. La France, en concurrence avec l'Italie et cultivant ses propres standards lyriques, échappe à cette pratique, sans pour autant ignorer les castrats que Louis XIV, par exemple, apprécie beaucoup. Voltaire et Rousseau condamnent plus tard la castration.



La relation des rapports entre l’Eglise et les castrats est au moins aussi instructive que celle de la concurrence effrénée à laquelle se livrent les théâtres et les cours italiennes ou européennes, à grands renforts d’appointements et de cadeaux, pour séduire les chanteurs les plus en vue, et les détourner de leur chapelle. L’Eglise sera d’ailleurs la dernière à employer des castrats, longtemps après que l’opéra les ait définitivement relégués (au début du XIXe siècle, à l’avènement de l’opéra romantique). C’est Léon XIII qui signe en 1902, après bien des péripéties, l’ordonnance qui met fin à l’utilisation des castrats au Vatican. Le dernier d’entre eux, Alessandro Moreschi, part en 1913 et meurt en 1922, laissant un témoignage sonore techniquement trop médiocre pour se "faire une idée" de sa voix, achevant un cycle lyrique, inauguré trois siècles plus tôt par le premier castrat italien de renom lancé à la Chapelle pontificale en 1622, Loreto Vittori.



On ne s’ennuie pas une minute.



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Pour l'amour du baroque

Patrick Barbier, historien de la musique et écrivain, mais également passionné par l’art a décidé de nous plonger en plein dans le baroque au travers d’un essai comportant pas moins de soixante entrées, le tout d’une manière ludique et abordable pour tout les publics.



Je dois bien avouer que mes connaissances en matière d’art baroque sont assez restreintes et c’est avant tout l’envie de combler mes lacunes qui m’a donnée l’envie de découvrir cet ouvrage. Je peux parler d’une réussite pour ma part, puisque cet essai a totalement répondu à mes attentes, me faisant découvrir des notions dont je n’avais jamais entendu parler pour ainsi dire.



L’auteur va aborder des notions tant temporelles, musicales, sociétales, que des lieux, des mots propres à cette période artistique. Cet ouvrage est très enrichissant, et j’en ai appris énormément. L’auteur a su s’adresser à son public de manière simple et ludique.



La plume est tout à fait abordable. Cet ouvrage s’adresse aussi bien aux spécialistes qu’aux néophytes. Chaque entrée est de longueur très moyenne, mais aborde le principal. J’ai été immergée dans cette période artistique, et j’ai vraiment apprécié que Patrick Barbier ne réserve pas cet ouvrage aux connaisseurs uniquement. Toutes les entrées m’ont intéressée à leur manière. Évidemment, inutile de vous conseiller de ne surtout pas lire cet ouvrage d’une traite. C’est un essai à entrecouper avec d’autres livres pour ne pas en faire un trop-plein et risquer de gâcher toute la beauté de la lecture.



Une très belle découverte pour la néophyte que je suis en matière d’art baroque. L’auteur a su m’intéresser, et grâce à une plume abordable pour tous, découvrir ces notions a été un réel plaisir de lecture. Je le conseille tant aux fins connaisseurs, qu’aux simples amateurs. Un très beau livre.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Marie-Antoinette et la musique

On connaît tous l'image de la Dauphine frivole, de la reine qui a préféré Trianon et sa bergerie au château de Versailles, l'Autrichienne qui a proposé au peuple de manger de la brioche... On oublie trop facilement qu'elle monte sur le trône à 18 ans a peine, qu'elle a davantage déserté le protocole de l'étiquette versaillaise que la Cour elle-même, et qu'elle n'a jamais parle de brioche...



Dans cet ouvrage entre biographie et essai, on découvre une reine mélomane, mécène des arts, entretenant avec les musiciens et les compositeurs de son temps les relations que Louis XIV avait avec les siens... Seulement, elle est Reine, dans une monarchie qui n'accorde aucun pouvoir aux femmes... Elle soutient donc les compositeurs qu'elle apprécie, français ou étrangers, et tente de faire évoluer les goûts musicaux d'une France qui s'est engluée dans les opéras et les ballets du siècle d'avant...



J'ai beaucoup apprécié cette biographie incroyablement bien documentée qui présente une Marie Antoinette assez différente des images d'Épinal habituelles. On la découvre affectueuse avec ses enfants, chaleureuse avec les musiciens qu'elle rencontre, soucieuse de son peuple et de ses besoins...



Bref, une belle découverte !! Un grand merci à #netgalleyfrance et @editionsgrasset
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La Venise de Vivaldi

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre qui se propose de nous faire découvrir Venise au temps de Vivaldi (1678/1741), en suivant de très près la vie et l’activité musicale de celui qu’on appelait alors «Le prêtre roux » et qui se rendit célèbre en écrivant des concertos pour les jeunes filles des Hospices tout en se montrant fils respectueux d’un père barbier et violoniste, prêtre dévot mais déserteur de messe pour cause d’asthme ou par commodités, ce qui lui valut bien des soucis, violoniste virtuose, compositeur recherché et homme d’affaires rusé et avisé.

(...)
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Pergolese

Ouvrage de vulgarisation parfaitement adapté à mon ignorance en la matière. Après la vive émotion ressentie à l’écoute du Stabat mater de Pergolèse, j’ai voulu en connaitre plus sur ce compositeur italien du XVIIIe siècle, mort très jeune et ayant composé en cinq ans des partitions unanimement reconnues comme des chefs-d’œuvre, tant dans le sacré que le profane. Artiste novateur, il dénota par rapport aux compositions baroques de ses confrères et contribua à la grande renommée de la musique napolitaine qui brilla sur toute l’Europe à cette époque.
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La Venise de Vivaldi

Barbier Patrick – "La Venise de Vivaldi : musique et fêtes baroques" – Grasset Fasquelle, 2002 (ISBN 2-246-58871-5) –format 23x14cm, 298p.

– Annexes : Notes bibliographiques pp. 271-276 ; bibliographie et sources d'archives pp. 277-284 ; index des noms pp. 287-291 ; table détaillée pp. 295-298



Un ouvrage fort bien écrit, solidement structuré, abondamment documenté, qui se lit avec plaisir. L'auteur ne produit pas une énième biographie de Vivaldi : il expose le contexte historique, social, politique dans lequel vivait ce compositeur qui est l'un des piliers fondateur de la musique instrumentale baroque.



Le titre de l'ouvrage est sans doute un peu réducteur, il devrait plutôt s'intituler "la vie musicale à Venise à l'époque baroque" car d'autres compositeurs comme J.A. Hasse, Marcello, Legrenzi, Porpora, ou des interprètes comme Farinelli et Giro/Giraud sont au moins autant, si ce n'est plus souvent, cités que Vivaldi lui-même.



Un très bon ouvrage, indispensable pour toutes celles et ceux s'intéressant à la musique baroque.

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Voyage dans la Rome baroque

Amoureux de Rome et de l’époque baroque ce livre est fait pour vous ! L’érudit Patrick Barbier y fait d’abord le point sur la notion même de baroque, sur l’organisation du pouvoir dans la ville de Rome au XVIIème et XVIIIème siècle et s’attarde ensuite sur la vie artistique bouillonnante de cette époque. Il analyse l’influence des papes tour à tour mécènes ou censeurs, le rôle de la noblesse, l’influence de personnalités exceptionnelles comme Christine de Suède. Puis il passe en revue les génies des arts qui enthousiasmèrent, fascinèrent cette société si particulière en s’attardant particulièrement sur le domaine musical qui est sa spécialité. Un voyage dans le temps , dans l’art et une très bonne préparation à une visite de la Ville Éternelle.
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Pour l'amour du baroque

Un essai sous forme de dictionnaire pour englober ce phénomène artistique multiforme que l’on nomme baroque . Musique , architecture , peinture mais aussi joaillerie et cinéma (mais oui !) sont passés en revue et fournissent matière à nouvelles connaissances et surtout à l’envie de découvrir les lieux et les œuvres citées . Lecture très agréable , érudite sans être exagérément technique .
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Farinelli. Le Castrat des Lumières

Pas mal documenté au début. Le livre tombe cependant des mains à partir de la deuxième partie. Le style est banal et les anecdotes ne sont pas palpitantes.

On apprend peu de choses sur les castrats et finalement peu de choses sur Farinelli lui-même par manque de documentation existante.
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La Venise de Vivaldi

Patrick Barbier présente une histoire de la musique baroque dans la Venise des XVIIeme et XVIIIeme siècles, et, dont le maître incontesté fut Vivaldi.



En accueillant en 1612, Monteverdi et son opéra Orfeo, Venise devient, dus le XVIIe siècle la capitale de l’opéra. Sous l’impulsion de la ville, l’opéra devient une spectacle populaire, et, n’est plus réservé à une élite.



Les meilleurs castrats du moment sont formés dans des Ospedali : orphelinat accueillant des enfants, des adolescents. Ces derniers recevaient une éducation musicale de très haut niveau.



C’est également une présentation de la vie quotidienne des XVIIe et XVIIIe siècles dans une ville en fêtes perpertuelles, avec différents spectacles musicaux.

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La Malibran : Reine de l'opéra romantique

souvenir de lecture en suivant l'éphéméride ...



1808 naissance de Maria Malibran, cantatrice (mezzo-soprano)



***



A la Malibran d'Alfred de MUSSET



Stances



I



Sans doute il est trop tard pour parler encor d'elle ;

Depuis qu'elle n'est plus quinze jours sont passés,

Et dans ce pays-ci quinze jours, je le sais,

Font d'une mort récente une vieille nouvelle.

De quelque nom d'ailleurs que le regret s'appelle,

L'homme, par tout pays, en a bien vite assez.



II



Ô Maria-Felicia ! le peintre et le poète

Laissent, en expirant, d'immortels héritiers ;

Jamais l'affreuse nuit ne les prend tout entiers.

À défaut d'action, leur grande âme inquiète

De la mort et du temps entreprend la conquête,

Et, frappés dans la lutte, ils tombent en guerriers.



III



Celui-là sur l'airain a gravé sa pensée ;

Dans un rythme doré l'autre l'a cadencée ;

Du moment qu'on l'écoute, on lui devient ami.

Sur sa toile, en mourant, Raphaël l'a laissée,

Et, pour que le néant ne touche point à lui,

C'est assez d'un enfant sur sa mère endormi.



IV



Comme dans une lampe une flamme fidèle,

Au fond du Parthénon le marbre inhabité

Garde de Phidias la mémoire éternelle,

Et la jeune Vénus, fille de Praxitèle,

Sourit encor, debout dans sa divinité,

Aux siècles impuissants qu'a vaincus sa beauté.



V



Recevant d'âge en âge une nouvelle vie,

Ainsi s'en vont à Dieu les gloires d'autrefois ;

Ainsi le vaste écho de la voix du génie

Devient du genre humain l'universelle voix...

Et de toi, morte hier, de toi, pauvre Marie,

Au fond d'une chapelle il nous reste une croix !



VI



Une croix ! et l'oubli, la nuit et le silence !

Écoutez ! c'est le vent, c'est l'Océan immense ;

C'est un pêcheur qui chante au bord du grand chemin.

Et de tant de beauté, de gloire et d'espérance,

De tant d'accords si doux d'un instrument divin,

Pas un faible soupir, pas un écho lointain !



VII



Une croix ! et ton nom écrit sur une pierre,

Non pas même le tien, mais celui d'un époux,

Voilà ce qu'après toi tu laisses sur la terre ;

Et ceux qui t'iront voir à ta maison dernière,

N'y trouvant pas ce nom qui fut aimé de nous,

Ne sauront pour prier où poser les genoux.



VIII



Ô Ninette ! où sont-ils, belle muse adorée,

Ces accents pleins d'amour, de charme et de terreur,

Qui voltigeaient le soir sur ta lèvre inspirée,

Comme un parfum léger sur l'aubépine en fleur ?

Où vibre maintenant cette voix éplorée,

Cette harpe vivante attachée à ton coeur ?



IX



N'était-ce pas hier, fille joyeuse et folle,

Que ta verve railleuse animait Corilla,

Et que tu nous lançais avec la Rosina

La roulade amoureuse et l'oeillade espagnole ?

Ces pleurs sur tes bras nus, quand tu chantais le Saule,

N'était-ce pas hier, pâle Desdemona ?



X



N'était-ce pas hier qu'à la fleur de ton âge

Tu traversais l'Europe, une lyre à la main ;

Dans la mer, en riant, te jetant à la nage,

Chantant la tarentelle au ciel napolitain,

Coeur d'ange et de lion, libre oiseau de passage,

Espiègle enfant ce soir, sainte artiste demain ?



XI



N'était-ce pas hier qu'enivrée et bénie

Tu traînais à ton char un peuple transporté,

Et que Londre et Madrid, la France et l'Italie,

Apportaient à tes pieds cet or tant convoité,

Cet or deux fois sacré qui payait ton génie,

Et qu'à tes pieds souvent laissa ta charité ?



XII



Qu'as-tu fait pour mourir, ô noble créature,

Belle image de Dieu, qui donnais en chemin

Au riche un peu de joie, au malheureux du pain ?

Ah ! qui donc frappe ainsi dans la mère nature,

Et quel faucheur aveugle, affamé de pâture,

Sur les meilleurs de nous ose porter la main ?



XIII



Ne suffit-il donc pas à l'ange de ténèbres

Qu'à peine de ce temps il nous reste un grand nom ?

Que Géricault, Cuvier, Schiller, Goethe et Byron

Soient endormis d'hier sous les dalles funèbres,

Et que nous ayons vu tant d'autres morts célèbres

Dans l'abîme entr'ouvert suivre Napoléon ?



XIV



Nous faut-il perdre encor nos têtes les plus chères,

Et venir en pleurant leur fermer les paupières,

Dès qu'un rayon d'espoir a brillé dans leurs yeux ?

Le ciel de ses élus devient-il envieux ?

Ou faut-il croire, hélas ! ce que disaient nos pères,

Que lorsqu'on meurt si jeune on est aimé des dieux ?



XV



Ah ! combien, depuis peu, sont partis pleins de vie !

Sous les cyprès anciens que de saules nouveaux !

La cendre de Robert à peine refroidie,

Bellini tombe et meurt ! - Une lente agonie

Traîne Carrel sanglant à l'éternel repos.

Le seuil de notre siècle est pavé de tombeaux.



XVI



Que nous restera-t-il si l'ombre insatiable,

Dès que nous bâtissons, vient tout ensevelir ?

Nous qui sentons déjà le sol si variable,

Et, sur tant de débris, marchons vers l'avenir,

Si le vent, sous nos pas, balaye ainsi le sable,

De quel deuil le Seigneur veut-il donc nous vêtir ?



XVII



Hélas ! Marietta, tu nous restais encore.

Lorsque, sur le sillon, l'oiseau chante à l'aurore,

Le laboureur s'arrête, et, le front en sueur,

Aspire dans l'air pur un souffle de bonheur.

Ainsi nous consolait ta voix fraîche et sonore,

Et tes chants dans les cieux emportaient la douleur.



XVIII



Ce qu'il nous faut pleurer sur ta tombe hâtive,

Ce n'est pas l'art divin, ni ses savants secrets :

Quelque autre étudiera cet art que tu créais ;

C'est ton âme, Ninette, et ta grandeur naïve,

C'est cette voix du coeur qui seule au coeur arrive,

Que nul autre, après toi, ne nous rendra jamais.



XIX



Ah ! tu vivrais encor sans cette âme indomptable.

Ce fut là ton seul mal, et le secret fardeau

Sous lequel ton beau corps plia comme un roseau.

Il en soutint longtemps la lutte inexorable.

C'est le Dieu tout-puissant, c'est la Muse implacable

Qui dans ses bras en feu t'a portée au tombeau.



XX



Que ne l'étouffais-tu, cette flamme brûlante

Que ton sein palpitant ne pouvait contenir !

Tu vivrais, tu verrais te suivre et t'applaudir

De ce public blasé la foule indifférente,

Qui prodigue aujourd'hui sa faveur inconstante

À des gens dont pas un, certes, n'en doit mourir.



XXI



Connaissais-tu si peu l'ingratitude humaine ?

Quel rêve as-tu donc fait de te tuer pour eux ?

Quelques bouquets de fleurs te rendaient-ils si vaine,

Pour venir nous verser de vrais pleurs sur la scène,

Lorsque tant d'histrions et d'artistes fameux,

Couronnés mille fois, n'en ont pas dans les yeux ?



XXII



Que ne détournais-tu la tête pour sourire,

Comme on en use ici quand on feint d'être ému ?

Hélas ! on t'aimait tant, qu'on n'en aurait rien vu.

Quand tu chantais le Saule, au lieu de ce délire,

Que ne t'occupais-tu de bien porter ta lyre ?

La Pasta fait ainsi : que ne l'imitais-tu ?



XXIII



Ne savais-tu donc pas, comédienne imprudente,

Que ces cris insensés qui te sortaient du coeur

De ta joue amaigrie augmentaient la pâleur ?

Ne savais-tu donc pas que, sur ta tempe ardente,

Ta main de jour en jour se posait plus tremblante,

Et que c'est tenter Dieu que d'aimer la douleur ?



XXIV



Ne sentais-tu donc pas que ta belle jeunesse

De tes yeux fatigués s'écoulait en ruisseaux,

Et de ton noble coeur s'exhalait en sanglots ?

Quand de ceux qui t'aimaient tu voyais la tristesse,

Ne sentais-tu donc pas qu'une fatale ivresse

Berçait ta vie errante à ses derniers rameaux ?



XXV



Oui, oui, tu le savais, qu'au sortir du théâtre,

Un soir dans ton linceul il faudrait te coucher.

Lorsqu'on te rapportait plus froide que l'albâtre,

Lorsque le médecin, de ta veine bleuâtre,

Regardait goutte à goutte un sang noir s'épancher,

Tu savais quelle main venait de te toucher.



XXVI



Oui, oui, tu le savais, et que, dans cette vie,

Rien n'est bon que d'aimer, n'est vrai que de souffrir.

Chaque soir dans tes chants tu te sentais pâlir.

Tu connaissais le monde, et la foule, et l'envie,

Et, dans ce corps brisé concentrant ton génie,

Tu regardais aussi la Malibran mourir.



XXVII



Meurs donc ! ta mort est douce, et ta tâche est remplie.

Ce que l'homme ici-bas appelle le génie,

C'est le besoin d'aimer ; hors de là tout est vain.

Et, puisque tôt ou tard l'amour humain s'oublie,

Il est d'une grande âme et d'un heureux destin

D'expirer comme toi pour un amour divin !






Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Pour l'amour du baroque

Trop souvent claquemuré dans l'antichambre d'une démonstration étouffante et désordonnée aux yeux du simple spectateur, le BAROQUE- XVII/ début XVIII-, art dionysiaque à plus d'un titre est une réelle illusion gaie et décoiffante pour le visuel et l'ouïe de prime abord, sans négliger son entrée en lice dans la vie apparentée quotidienne poussant ainsi son paroxysme à se confronter à l'irrationnel dans les cadres tantôt d'une messe lyrique de couleurs et de reliefs tantôt dans un tableau-puzzle musical d'opéra.

Patrick BARBIER, bel canto littéraire avéré, s'est délecté de cette potion-liqueur diapre et dans ses veines coule le sang de la joie, joie de vivre et des connaissances partagées, preuve en est cet excellent livre-missel, dévolu à tous, aux illustrations personnelles dithyrambiques riches et nourries qui [ Invite-nt- Au Voyage ]avec la touche unique de charme contée à l'identique d'un pizzicato.



L'étincelante insolente du BAROQUE, qui n'a pas son pareil, a trop souvent parfois souffert d'un rejet calqué d'écoeurement immersif, là ou il est mèche de toute initiative créatique originale car l'Homme n'est il pas composé dans sa vie de déchirements - la tristesse représentée par la blessure comme de joie- le bonheur représenté par la surcharge colorée : véritable base de l'hypotypose le nourrissant d'une jouissance extasiante de liberté et de luxuriance abondante contrecarrée, assujettissant le Baroque tel un relief exacerbé comme un trompe l'oeil excroissant ou le dichroïsme est toutefois omniprésent. La fontaine de TREVI- ROME- est Baroque et ne cesse d'être admirée bénie d'un enchantement universel.

Patrick BARBIER est un conteur émerveillé et bienveillant d'émerveillance. N'est il pas le plus Baroqueux d'entre nous ? Assurément et avec Philippe CASSARD (France Musique) illustre conteur musical , Formez, Messieurs, un cénacle parfait lié à ce même goût de l'Ivresse dans l'art.

Ainsi soient ils !!

Les arts florissants W. CHRISTIE
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La Venise de Vivaldi

Un essai qui décrit de manière précise et documentée ce que fut la musique à Venise au XVIIIème siècle , où, certes la ville est sur son déclin mais où les arts y brillent d’un éclat incomparable. La musique est partout , tout le temps , alliant profane et sacré grâce en particulier à l’institution des Hospices et à la formation musicale qu’y recevait les jeunes filles.
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