Paul Rudzki

Ce qui sévit à Pearl St., ce n'est pas de la came de boîte de nuit qu'on scniffe pour resteréveillé et pour ne pas subir les affres de l'alcool. C'est davantage celle qui te fait pioncer dans ta merde durant deux jours, trois nuits alors que tu rêves d'une balade avec le mahatma Gandhi dans ta jungle d'idées aux proportions célestes. Le Nirvana qu'ils l'appellent. Un condensé du meilleur et de l'horrible en un sens. Les réflexions philosophiques les plus développées émises par des cadavres marginaux en marge d'eux-mêmes.
Ceux qui ont le courage de perdre leur vie à Pearl St. au nom de la recherche philosophique restent environ un peu moins de trente-six heures, éclairés par La Perle avant d'être délogés par un voisin envieux et dérangé par l'odeur.

Le temps donne parfois à un don la chance de s’épanouir. Les médocs dont elle fut gavée, à raison de six cachetons par repas, avaient exacerbé ses facultés psychiques. Nina n’entendait plus seulement des petites phrases, il y avait du monde là-dedans. Un jour elle avait même organisé un gospel blues comme à Harlem. Dans sa tête, ça jouait tout le temps. Toutes les voix de la terre lui chantaient leur blues. Nina si elle en avait si gros sur la patate, c’est parce qu’elle était accablée par le malheur de ses congénères. Sa vielle tête de cocker camé sous cachetons n’était qu’empathie. Mais la médecine en avait jugé tout autrement, et avait même payé le taxi pour qu’elle dégage.

Elle était pourtant une vraie beauté, un joyau dans un écrin de poussière, une funambule sur un champ de mine. Lorsqu’elle dansait, elle s’envolait. Elle dépassait la cime des plus hauts bâtiments du quartier. Donnant un spectacle d’une rare poésie au milieu de cette dureté sociale. Elle était une de ces femmes qui par leur grâce captent tous les rayons du soleil. Elle était une reine.

Tu ne remplaceras rien dans ce monde.Tu ne peux qu'additionner ou soustraire, tu accumules ou tu perds. Les minutes égrainées à ressasser le passé sont autant de pistils non fécondés. Regarde-toi dans le fond des yeux ; fais place à d'autres nuances. Ne soit pas le charbon attisant le feu ardent de ta souffrance. Deviens le vent qui souffle sur ses flammes.