AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

2.85/5 (sur 23 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) le : en 1977
Biographie :

Paula Porroni est née à Buenos Aires en 1977. Après des études universitaires de lettres dans la capitale argentine, elle a suivi un master en études latino-américaines à l’université de Cambridge puis en écriture créative à New York. Elle vit actuellement à Londres. Bonne élève est son premier roman, remarqué par la critique dès sa parution. Elle est aussi l’auteure de nouvelles publiées dans diverses revues. [Source: Editions Noir sur blanc]

Source : Editions Noir sur Blanc
Ajouter des informations
Bibliographie de Paula Porroni   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le wagon sent le poulet frit et les vêtements qui ont pris la pluie. Il sent l'Angleterre.
Commenter  J’apprécie          40
Sur Internet, j'épluche les annonces classées des journaux. J'ouvre les descriptions de postes dans les musées, galeries et revues. Quand je ne trouve rien, j'écris espagnol, art et Amérique du Sud dans le moteur de recherche. Il n'y a que des annonces destinées à des professeurs d'espagnol, que j'écarte immédiatement. Enseigner les langues est humiliant. C'est ce que font les gens sans bagage. Ceux qui n'ont ni talent ni formation. Maman les appelle les gens qui n'ont pas de chance. Je vais sur la page de mon université et clique sur l'onglet dédié aux jeunes diplômés. J'examine les postes concernant le premier niveau et trouve une longue liste de stages dans des galeries et des salles de ventes. Aucun n'est rémunéré. En relisant les descriptions, je sens le poison refluer en moi, et je pense que je donnerais n'importe quoi pour avoir de nouveau vingt-trois, vingt-quatre ans, et pouvoir ainsi me présenter à ce genre de job. Parce que, aujourd'hui, jamais les directeurs de galerie et de musée ne me sélectionneraient.
Commenter  J’apprécie          00
Ils arrivent avec de lourdes valises. Autour du cou, ils portent les écharpes de leurs différents colleges. On reconnaît facilement les nouveaux. Âgés de dix-huit ans, ils ont le visage plus rond, les pupilles dilatées par la peur. Ils se sont procuré les sweat-shirts à écusson de l’université. Le lion rampant avec sa crinière de feu. La nuit, ces mêmes étudiants représentent la plus grande des menaces. Ils sentent la solitude, le vide. Il faut les éviter, ne pas croiser leur regard. En groupes, parfois déguisés, ils entrent et sortent des différents pubs. L’un après l’autre.
Commenter  J’apprécie          00
Les mots se brisent. Les lettres avancent au premier plan, se remplissent de crêtes et de crochets. Comme des hiéroglyphes. Je pense que les rimes pourraient peut-être relier les mots, mais ces lettres n’en comportent pas. Il s’agit d’une pensée comique, conçue par mon esprit dans le but de m’annihiler. Je regarde le clavier sale, couvert de miettes. Je ferme les poings, les serre et me frappe les cuisses avec force. J’ouvre les mains. Je ferme les poings. Je recommence à me frapper. Et la douleur se répand, elle palpite dans son centre un instant et se dessèche.
Commenter  J’apprécie          00
e sais très bien qu'il n'y a plus de place en moi pour la peur. Ni pour la faiblesse. Parce que c'est ma dernière chance de grandir et de me réaliser avant qu'il ne soit définitivement trop tard.
Commenter  J’apprécie          10
Comme une étoile, elle a mille pointes de lumière. Je retire l’épingle, je m’effondre. Je n’ai plus de force. La blessure palpite, brûle. L’air appuie sur ses contours. Puis je m’arrête et je passe un tee-shirt lâche. La blessure ne doit pas s’infecter, sinon ça se terminerait à l’hôpital. Je range mes vêtements, mes chaussures. J’étale la couverture sur le lit. Pendant ce temps, je suis ouverte, attentive à la douleur, dans toute son étendue, au-delà des distractions et de la pensée.
Commenter  J’apprécie          00
Je me promets que demain, après-demain au plus tard, je vais me préparer. Retourner à mes notes. Sans faute. Même s'il n'y a pas de bureau ni de chaise, je vais me remettre au travail. Je n'aurais jamais dû entreprendre ce voyage avec Anna. Surtout si près du doctorat. J'aurais dû rester à Londres, à lire, travailler, faire des résumés. À les corriger. Le bétail ne doit pas sortir de l'enclos. Je vais retourner à mes notes sur la nature morte. Et m'y tenir.
Commenter  J’apprécie          00
J’ai choisi ce pays presque au hasard. Je n’en connais pas grand-chose à part la langue et un peu la musique. Dans une localité du Sud, un ami de papa délire dans un hôpital psychiatrique. Papa est mort depuis presque trois ans. J’insiste, je persuade maman que je dois perfectionner mon anglais. L’anglais du lycée n’est pas mauvais, mais il n’est pas bon non plus. Et sans un bon niveau en langue, personne ne trouve de travail de nos jours.
Commenter  J’apprécie          00
J’apprends la langue très facilement. Une langue n’est qu’une longue chanson. Il suffit d’étudier la musique et les paroles. De supprimer les erreurs. J’imite d’abord la prof, puis Anna. Et, si j’avais pu, j’aurais laissé la nouvelle langue ronger l’ancienne. Comme un acide. Je l’aurais laissée la remplacer entièrement. Je ne résiste pas. Une fille abandonne sa mère, son père mort. À dix-huit ans, elle peut recommencer.
Commenter  J’apprécie          00
Dans le vide règne la liberté. Les professeurs se suicidaient eux aussi. Et les bibliothécaires. Les étudiants, s’ils ne se jetaient pas par la fenêtre, se pendaient avec les draps du college. Ils utilisaient parfois les écharpes de couleur que l’on trouve dans les commerces de l’université. Les professeurs, en revanche, se tiraient une balle, déjà vieux, ou se jetaient sous un train.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Paula Porroni (34)Voir plus

¤¤

{* *} .._..