Au fond, il y a peut-être pire que de se sentir seule en étant seule, c’est de se sentir seule au milieu d’une foule. C’est ce que je ressens ce soir au restaurant. J’observe les gens mais je sens qu’on ne parle pas le même langage. J’ai envie de les rencontrer, car il y a forcément un point de jonction, mais le mur qui nous sépare me semble trop épais. Je pourrais m’adapter et essayer d’entrer dans leur univers, mais ça me demanderait un effort important. Je sens surtout qu’ils ne pourraient pas pénétrer dans le mien, ce qui creuse davantage le puits de ma mélancolie. Juste avant de rejoindre le sommeil, je me dis qu’il me faudra apprivoiser cette solitude.
J’ai toujours eu la sensation que le monde ne se résume pas à des considérations matérielles. Qu’il y a un mystère à découvrir. Même si le mystère reste mystère, il y a tant de joie à s’y ouvrir et le laisser se dévoiler.