C’était donc décidé, j’allais la rechercher. Mais réellement cette fois-ci, pour la revoir. Pas pour rêver ou me contenter d’une apparition chimérique. J’avais mieux à faire cette fois que m’acharner sur ma mémoire ou de tenter de m’introduire par effraction dans un passé révolu.
- Disons que pour être heureux, il faudrait se tenir au-dessus de la mêlée, n’avoir ni désir ni passion, proposai-je.
A mon habitude, je cédai à la tentation d’enfourcher des généralités et de pousser les idées à leur terme jusqu’à produire des aphorismes tranchants. Souvent, on ne sait trop quoi me répondre et je sais à quel point cela a pu exaspérer Denise, ma première femme. Ce n’est pourtant qu’un jeu de l’esprit, mais un jeu qui provoque bien souvent aussi l’amertume. Je ne pensais pas un traître mot de ce que je venais d’avancer, et corrigeai d’ailleurs de moi-même :
- Mais franchement, je ne crois pas que ce serait une existence méritant d’être vécue.